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que l'on a soi-même presque inventé. Quelles que fussent la vigueur et l'originalité que conservait le style hispanomaghrebin un siècle après la chute du Khalifat, et peut-être justement parce que ce style restait très vivace, il était très accessible aux influences des provinces orientales. La conquête de ces provinces, amorcée par les Almoravides, réalisée par les Almohades, le mit en contact avec des nouveautés qu'il incorpora sans effort à son propre fonds.

APPENDICE I

J'ai signalé (p. 115), au nombre des travaux exécutés à la Grande Mosquée de Kairouan par les émirs Zirides et plus par

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ticulièrement, semble-t-il, par El-Mo'izz, les portes qui fermaient la salle de prières. Mon dernier séjour à Kairouan, en juillet 1925, m'a permis de reconnaître que quelques tympans datant de cette époque avaient subsisté. Ils sont ornés de motifs en bas-reliefs et à grande échelle, bien adaptés à leur emploi. Des galons ondulés y circonscrivent des étoiles, dont les six pointes affectent le tracé d'arcs à contre-courbure. L'allure

générale de l'entrelacs, la garniture des galons et des boutons, qui marquent le centre des étoiles, ne peuvent se localiser qu'au x siècle. Je crois utile d'en donner un croquis (fig. 252). I s'ajoutera aux documents sur le décor floral et géométrique contenus dans le même chapitre.

Dans une étude complète sur la Grande Mosquée, il y aurait lieu de grouper les œuvres de cette brillante période que conserve le vieux temple aghlabite. Outre les colonnes et chapiteaux de marbre provenant sans doute de Çabra et remployés après la ruine de cette ville, on rencontrerait surtout des ouvrages de bois les portes et les tympans que je viens de mentionner, les plafonds peints, la maqçoûra d'El-Mo'izz, les clôtures de la bibliothèque et le coffre si curieux signalé par B. Roy (Bulletin archéologique, 1921, p. 125). Quelques objets de métal seraient également à mentionner un grand lustre de cuivre, maintenant au Musée du Bardo, et quelques couronnes de lumière en bronze, encore suspendues dans la partie voisine de la qibla. Je ne crois pas me tromper en attribuant ces dernières œuvres au temps d'El-Mo'izz.

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APPENDICE II

Trois pièces de vers citées par Et-Tijânî (vers 1306)
sur les monuments de la Qal'a des Beni Hammâd (1).

Où sont les « Deux Fiancés » ? Nulle trace n'en subsiste. Où sont ce qu'en édifièrent les chefs d'antan ?

Et la Salle du Sommeil ? Le temps a éveillé pour elle des événements auprès desquels les plus grands événements sont peu de chose.

Les vestiges du Manâr ne sont pas encore penchants, mais ce ne sont plus que des fragments passés en proverbe.

Pourrais-je savoir si je passerai une nuit à Wâdî ej-jawâ parmi ces ruisseaux ?

Entendrai-je ces oiseaux, à l'aube, se répondre dans les ramures penchées ?

Irai-je, en proie à la soif, à la Source de 'Aïn es-Salam, éteindre le feu de mes flancs altérés ?

Et verrai-je les arcades du Manâr dominant les joues des parterres touffus?

On dirait que les coupoles, se levant à son horizon, sont des étoiles apparues dans le signe du Verseau.

Que si le sort a détourné d'elles mes rênes et m'a donné pour séjour d'autres lieux...

Patience

mais mon amour n'en durera pas moins tant que les étoiles monteront à l'horizon et y disparaîtront.

(1) Cf. supra, pp. 122-123.

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