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Pour meubler l'espace tout en hauteur où il devait développer le cadre de la niche et que restreignait encore le logement du minbar, il a superposé deux rangs de claveaux concentriques,

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que les bordures verticales viennent couper. Des défoncements en coupolettes marquent le centre des écoinçons très rétrécis qui cantonnent ces voussures. Une frise à arcatures règne au-dessus et relie le cadre de la niche à l'étage supérieur, que trouent deux fenêtres, au lieu de trois comme à Tinmâl.

L'intérieur de la niche est garni, au-dessus de la cimaise, par quatre bandes superposées. Une coupole à décor floral couronne cette superposition, qui témoigne d'une invention un peu indigente.

On notera toutefois, comme une innovation intéressante (je

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n'en connais pas d'exemple antérieur), l'artifice employé par le sculpteur pour varier l'effet des registres de la niche et des claveaux de l'arc il en a creusé plus ou moins profondément le champ. A cette différenciation de valeurs pouvait s'ajouter la diversité introduite par la polychromie.

Toute cette ornementation est étonnamment fournie. La douelle

de l'arc d'ouverture s'enrichit elle-même d'ornements sculptés et repose sur quatre colonnettes de plâtre. La plus grande partie des panneaux se rattache à ce genre distinct de l'arabesque que l'on peut nommer le « décor compact» et qui n'admet que des palmes enchevêtrées ou juxtaposées à différents plans. Très éloignée de la sobriété de Tinmål, elle ferait songer plutôt à celle de l'Aljaferia ou à celle de la Grande Mosquée de Tlemcen; mais la distribution des reliefs est bien différente. Les éléments du décor attestent un art plus évolué, moins libre et déjà soumis à des formules, assujetti à des rythmes (Comparer fig. 242 et 243).

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Fig. 2.2.

C: Merrakech. Bab Aguenàou. - Clef en coupolette verticale : A Bab Aguenȧou: palmette creuse au centre des écoinçons; B: Rabat. Porte des Oudâïa. Palmette creuse formant frise.

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que les Almohades nous ont laissées s'apparente naturellement à celle des mihrabs. Le cadre est plus large que haut, l'entourage de la porte, du sol au sommet du cadre, étant à peu près carré et le décor ne commençant qu'au niveau de l'arc d'ouverture. Les variations portent sur le nombre et la forme des voussures qui enveloppent cet arc. La première de ces voussures est, dans les portes de Rabat, dépourvue de décor. A Merrâkech, Bâb Aguenâou compte quatre voussures: la première et la dernière formées de claveaux alternativement en saillie et en retrait; les deux autres sont des arcs lobés. A Rabat, Bâb er-Rouâh présente des claveaux en relief affectant une ligne sinueuse. Les monuments syro-égyptiens offrent des voussures analogues en matériaux colo

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Fig. 223.

Merrakech.

Bab Aguenaou.

On a supprimé sur la photographie

le mur moderne qui rétrécit le cintre almohade

rés. Les deux faces de la porte de la Qaçba des Oudâïa ne font intervenir que lobes circulaires et pointus enveloppés d'entrelacs.

Comme aux mihrabs, on trouve, dans les portes, les écoinçons à décor floral timbrés au centre d'une forme circulaire. Cette forme semble bien être une palmette - souvenir lointain de la palmette antique avec ses lobes rayonnant d'une base formée de deux volutes symétriques. Dès cette époque, elle s'associe à des formes végétales proprement musulmanes. On ne peut nier d'ailleurs qu'elle rappelle aussi la coquille connue à l'époque du Khalifat (conque de la niche de Cordoue) et qu'elle se rattache étroitement à la coupolette verticale, qu'elle tend à supplanter au centre des écoinçons (fig. 222).

Des bandeaux de nature variable dessinent autour de ces écoinçons un cadre rectangulaire. Il y a lieu d'ailleurs de distinguer, dans les portes comme celle des Oudàïa ou Bâb er-Rouàh, la face qui regarde l'intérieur (l'intérieur du ribât des Oudâïa ou l'intérieur de la ville à Bâb er-Rouâh) et celle qui s'ouvre sur le dehors. Dans cette dernière, l'espace resserré par les saillants puissants, que nécessite la défense, n'admet que des bandeaux étroits à inscriptions. Sur la face intérieure, l'absence de saillants a permis le développement d'un bandeau large formé de ces réseaux à losanges que nous retrouverons dans le décor des minarets.

Au-dessus de ce rectangle règne une frise d'arcatures. Un auvent couronnait la composition; il était porté par des colonnettes plaquées de part et d'autre du cadre. Tous ces auvents ont disparu et les poutres qui les soutenaient ont entraîné dans leur chute la crête des murs où elles étaient engagées.

Le décor des minarels. Le motif de l'arcature à lobes, à festons ou à lambrequins, qui figure en frise en haut des mihrabs et des portes, constitue par excellence, avec les entrelacs qu'il engendre, le thème décoratif des minarets.

Il ne nous est pas resté de minaret omeiyade. D'après Edrisî, celui de la Grande Mosquée de Cordoue comportait, sur chaque face, « deux rangées d'arcs reposant sur des colonnes du plus beau marbre 1».

Cette indication assez sommaire est complétée dans une certaine mesure par la description de Moralès, qui visita Cordoue

1 Edrisi, texte Dozy et de Gorje, p. 211, 1. 19, tr. p. 261.

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