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Fig. 17.

Kairouan.

Grande Mosquée. Vue extérieure et plan à deux niveaux de la coupole en avant du mihrab. Croquis montrant l'analogie des niches de Samarra avec celles de Kairouan. Vne extérieure des coupoles de la Grande Mosquée de Tunis.

(856-863). Nous avons vu d'autre part qu'un détail important de l'édifice, la coupole précédant le mihrab était datée de l'an

1 En-Nowayri, ap. Ibn Khaldoun, Hist. des Berbères, tr. de Slane, I, 421. Ibn Ab! Dînår (El-Kairouâni, tr. Pellissier et Rémusat, p. 86.

864 par une inscription, où le nom de l'émir aghlabide alors régnant n'était pas mentionné 1.

Placée au milieu du quartier commerçant de Tunis, avec ses dépendances parmi lesquelles figure une riche bibliothèque, la Mosquée Zaytoûna offre un ensemble imposant. Quoiqu'elle ait, à plusieurs époques, subi de sérieuses retouches, elle semble bien avoir conservé les traits essentiels que la mosquée de Kairouan nous a permis d'étudier. Nous y retrouvons la cour entourée de portiques, la salle de prières hypostyle, avec ses nefs parallèles au grand axe Nord-Sud, couvertes de terrasses 2. La nef médiane et la nef transversale suivant le mur du fond sont plus larges et plus hautes que les autres. Elles portent à leur rencontre la coupole de 864, œuvre de l'architecte Fath. A l'autre extrémité de la nef médiane s'élève une seconde coupole, comme, à Kairouan, la Qoubba de Bâb el-Behoû.

Les arcs en fer à cheval, surmontant des impostes à sommiers et à corniches, reposent sur des colonnes antiques. Celles-ci sont, soit isolées, soit accouplées. En avant du mihrab, on trouve même des groupes de 5 colonnes formés d'une grosse colonne centrale cantonnée de quatre colonnes plus maigres.

On ne saurait trop désirer une bonne description et des relevés précis de cet édifice considérable. On ne saurait trop souhaiter également qu'un décapage soigneux restituât aux deux coupoles la parure de leur appareil. Déjà ce que l'on peut voir de la coupole antérieure est de grand intérêt. Assez différente comme ordonnance de celle de Kairouan, elle présente, comme cette dernière, une calotte côtelée (fig. 17), mais le tambour circulaire sur lequel cette calotte repose n'est pas enveloppé d'un massif octogonal, ce qui a permis de percer des fenêtres tout autour. Le massif carré qui vient au-dessous et qui doit correspondre à la zone des trompes est orné de niches à fond plat et de niches demi-cylindriques à coquille. L'appareil en deux tons, avec sa frise de carreaux, ses assises et ses claveaux alternés, blancs et rouges, qui évoque le souvenir de nos édifices romans d'Auvergne, nous rappelle également la Qoubbat eç-Çakhra de Jérusalem.

1 Supra p. 13.

2 Cf. Saladin, Nouvelles arch. des missions. 1892, pp. 381-385. C'est par erreur que le Manuel (p. 215) lui attribue des nefs transversales. I suppose que

la Mosquée primitive avait 4 nefs en profondeur et 7 en largeur.

La Grande Mosquée de Sousse. La Grande Mosquée de Sousse, de dimensions beaucoup plus réduites, appartient au même temps. Elle fut construite en 236 de l'hégire (850 J. C.) par l'émir Aboù l'Abbas Mohammed sous la direction de son affranchi Moudâm. On y rencontre la même disposition des nefs dominantes en T, avec les deux coupoles aux extrémités de la nef médiane. La coupole antérieure présente un tambour octogonal intermédiaire comme celle de Kairouan.

La plupart des arcs, très bas et en plein cintre outrepassé, portent directement sur des piliers de maçonnerie de plan en croix. D'autres, surmontant des colonnes antiques, ont des impostes à sommiers et à corniches. Les impostes semblent inséparables des colonnes, qu'ils surélèvent suivant les besoins de l'ordonnance générale.

2

La mosquée des Trois portes à Kairouan. Outre son admirable Grande Mosquée, œuvre des émirs, Kairouan possède un de ces petits oratoires où s'affirmait la religiosité de leurs sujets. Une chronique et l'inscription se développant sur la façade de la Mosquée dite des Trois portes nous apprennent qu'elle fut élevée en 252/866 par Mohammed ben Khayroûn el-Ma'afirî, originaire d'Andalousie. Nous examinerons plus tard le décor si curieux de la façade, avec les arcatures en fer à cheval qui lui ont valu son nom. Aucune cour ne précède cette entrée de la salles de prières. Celle-ci, très simple, se compose de trois nefs divisées en profondeur par trois travées couvertes de charpentes. Les colonnes antiques de la première rangée sont groupées par deux. Les arcs sont en fer à cheval déformé au sommet.

Une enquête méthodiquement conduite à travers la Tunisie nous révélerait sans doute d'autres édifices religieux se rattachant à ce groupe. A l'énumération provisoire qui précède nous devons, au moins pour mémoire, ajouter un nom celui de la Grande Mosquée de Qaçr el-Qadim, dont rien, il est vrai, ne subsiste, mais qui nous est connue par une courte description d'ElBekri. Parlant de cette résidence princière fondée dans les premières années du xe siècle, il dit : « Elle possède un jàmi' dont

1 Tijânî, Rihla, Ms. d'Alger, 12 v., 1. 4; tr. Rousseau, ap. J. Asiatique, 1852, II, 103; voir aussi El-Wazîr, El-Hulal es sundusiya, p. 114, I, 18, qui reproduit Tijani.

2 Bayan, I, 108, tr. I, 148.

la tour, de forme cylindrique à sept étages, est construite de

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Fig. 18. - Kairouan. La Mosquée des Trois porles.

Cette façade, bâtie

en 866, a été démontée et remontée pierre à pierre en 1440, époque où fut sans doute élevé le minaret. La dernière ligne d'inscription indique la date de ces travaux. Pour faire place à cette inscription, il fallut amputer une partie des écoinçons (cf. infra, fig. 35), et le décor entier fut décalé vers la droite pour faire place au minaret.

briques et ornée de colonnes. Jamais on n'a rien fait de plus solide ni de plus beau '. » El-Bekri est, nous l'avons vu, fort bien

1 Bekri, p. 28, 1. 10, ss., tr p. 64.

informé sur Kairouan; on a tout lieu de croire ce renseignement exact. Comme plusieurs constructions de ces centres aghlabites de la région kairouanaise, la tour était en briques; mais sa forme inaccoutumée paraît avoir frappé les contemporains, et nous avons, nous aussi, quelque peine à nous l'imaginer.

Nous possédons des tours cylindriques des VIII et Ix siècles : relles qui dominent les ribâts de Monastir et de Sousse, que nous étudierons plus loin. Toutefois il semble difficile d'assimiler ces phares aux parois verticales et lisses avec la tour à étages dont parle le géographe. Elle nous ferait penser plutôt au phare d'Alexandrie, avec ses étages en retraits; mais le phare était rectangulaire. Bien mieux encore elle évoque l'image des minarets mésopotamiens que les maîtres des Aghlabides construisaient à la même époque à Samarra et dans la région. On sait que le minaret de Samarra, construit en briques, est établi audessus d'un soubassement carré et comporte un noyau cylindrique autour duquel s'enroule une rampe en hélice. Le sixième étage de cette tour se termine par un lanternon de base hexagonale ornée de niches en arc brisé. Il était surmonté d'une calotte hémisphérique dont on voit encore l'amorce. Le minaret de la Mosquée d'Aboù Dolaf, à 15 kilomètres de Samarra, est moins élevé mais de forme analogue. La base rectangulaire est ornée de niches longues s'ouvrant par des arcs en fer à cheval. On imagine sans peine la tour construite en Ifrîqya, où les fûts de marbre abondaient, ornée à sa base (comme celle d'Aboù Dolaf) et à son sommet (comme celle de Samarra), voire à tous ses étages intermédiaires, d'arcatures reposant sur des colonnes engagées. Le minaret de la mosquée princière des Aghlabides nous apparaîtrait volontiers comme une réplique occidentale des tours mésopotamiennes bâties par les Khalifes de Baghdad sur le modèle des ziggourat de Perse; il aurait précédé de trois quarts de siècle l'imitation qu'Ibn Toûloûn devait en donner au Caire.

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Si la piété des fidèles a conservé, non sans y apporter de fréquentes retouches, les édifices religieux de l'époque aghlabite, les édifices civils, fondations somptuaires des émirs, n'ont pas

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