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bour carré inférieur. Des banquettes s'enfoncent dans les murs latéraux. Une seconde salle est couverte en coupole sur pendentifs. La troisième salle, où l'on accède par quelques marches, est couverte en berceau. Sur le côté droit de ces dernières salles s'ouvrent une grande porte et une petite, toutes deux en fer à cheval brisé, donnant dans l'intérieur de la forteresse. La porte principale (fig. 192 C, fig. 220) n'est flanquée que de deux antes au sommet desquelles des colonnettes surmontées de consoles portaient l'auvent, couronnement traditionnel des portes maghrebines. Les arcs qui s'ouvrent entre les trois salles et ceux des défoncements latéraux sont des cintres déformés au sommet, non outrepassés. Un escalier placé dans le fond de la dernière salle permet de monter à la terrasse.

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Enceinte de Merrakech. Bâb Aguenâou 1. Nous avons dit que l'on pouvait considérer l'enceinte de Merrakech Merrâkech comme datant surtout des Almohades. Ce rempart de pisé, avec les tours carrées qui le flanquent, est très analogue à celui de Rabat. La porte de la Qaçba, Bâb Aguenâou, présente en façade l'aspect majestueux de la porte que nous venons de décrire. Les voussures en fer à cheval plein cintre avec leurs claveaux simulés et leurs festons à entrelacs sont, comme celles de la façade intérieure des Oudâïa, accostées de deux antes à colonnettes.

Ces beaux motifs d'architecture de Rabat et de Merrâkech sont d'un appareil soigné. Dans certaines parties, on note le principe

1 On l'appelle aussi Porte des Portugais. - Voir infra, la fig. 223.

d'une alternance systématique d'assises épaisses et d'assises minces. Nous étudierons par la suite le décor qui les revêt.

J'ai indiqué que l'emploi du pisé pouvait être une importation de l'Espagne dans la Berbérie, qui l'avait elle-même anciennement pratiqué. Il semble en effet que l'Espagne soit restée fidèle aux méthodes byzantines qui s'étaient imposées à l'époque du Khalifat. Ainsi nous avons cru pouvoir nous aider, pour préciser les traits de la fortification du xe siècle, des éléments anciens que présente l'enceinte de Séville. Or cette enceinte si nous en croyons Ibn Abî Zar'est dans une large mesure almohade. Le Khalife El-Mostancir en aurait ordonné la reconstruction en 618/1221; il aurait fait précéder ces murailles d'un fossé. Mur de pisé à chemin de ronde et à merlons couronnés de pyramidions, saillants carrés dominant la crête de cette courtine, avantmur beaucoup plus bas mais également crénelé et dont les redans enveloppent les saillants du mur principal: tels sont les caractères archaïques de cette enceinte, notamment entre la porte de la Macarena et la porte de Cordoue. Parmi les tours de flanquement, il en était dont les pans multiples leur donnaient l'aspect et les avantages stratégiques des tours circulaires, le pilonnage du pisé dans une forme arrondie présentant évidemment d'assez grosses difficultés 3.

La Tour de l'Or. Un plan analogue a été adopté pour la Tour de l'Or, qui paraît être construite en briques. Placée sur la berge du Guadalquivir, non loin de l'Alcazar, elle faisait sans doute partie de l'enceinte de la ville et de celle du palais. On peut supposer que sa porte, assez élevée au-dessus du sol, était de plain-pied avec le chemin de ronde du rempart. Elle avait, diton, pour pendant une tour semblable sur l'autre berge ; et une chaîne était au besoin tendue entre ces deux tours pour barrer le fleuve. Elle a 12 côtés et n'est percée que de rares ouvertures, sans doute modifiées depuis l'époque arabe. Vers, le sommet, des arcatures aveugles, groupées deux par deux, rappelient peut-être l'ordonnance primitive. De la plate-forme qui la surmonte et que bordent des merlons à pyramidions s'élève une

1 Rappelons que la première Qarawiyn était en moellon et pisė.

2 Qirtás, 181, tr. 237. Comp. Ad-dakhira es-santya, éd. Ben Cheneb, p. 57. 3 Les tours rondes de Bàb el-Qermâdin à Tlemcen semblent assez exceptionnelles.

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tour plus petite également dodécagonale, ornée d'arcades aveugles en fer à cheval brisé et couronnée d'un crénelage. Là s'arrêtait le donjon almohade. Au XVIIIe siècle, on y adjoignit un lanternon circulaire à coupole.

Alcala de Guadayra. Datant de l'époque almohade et, prétend-on, de Ya'qoûb el-Mançoûr, est la forteresse dite Alcala de Guadayra, qui s'élève à 15 kilomètres de Séville 1. Elle fut sans doute assez remaniée après la prise de Séville par Saint Ferdinand (1246). L'enceinte est en pisé, avec tours flanquantes

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d'un fort commandement sur la courtine; un avant-mur beaucoup plus bas, également flanqué, encadre le mur principal et couronne le bord du plateau. Il serait à désirer que l'on fit un relevé exact de cette ruine majestueuse.

Enceinte de Ronda. Ainsi le pisé semble avoir été d'un emploi constant en Espagne. L'appareil de moellons y fut rare. Je dois cependant signaler l'enceinte de Ronda, avec ses saillants barlongs et son avant-mur, dont la construction de pierres non taillées rappelle beaucoup celle des fortifications berbères. Une porte accostée de deux tours arrondies présente, sur une base de

1 On l'appelle aussi Alcala de los Panaderos. (Cf. Kühnel, Maurische Kunst, p. 66. C'est peut-être Qal'a Jâbir du Qirtás, p. 138. tr. p. 186. Cf. infra, p. 360.

grand appareil, un arc en fer à cheval brisé en briques. L'arc de la face intérieure et celui qui séparait les doubles vantaux sont des arcs brisés non outrepassés. J'ignore l'âge de cette porte, de l'enceinte ainsi que de la Qaçba dont les ruines subsistent. Elles peuvent appartenir au x1° ou x1° siècle.

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Les Almoravides

créèrent-ils

Travaux des Almoravides. beaucoup d'oeuvres d'utilité publique ? Cela semble douteux Les textes n'en mentionnent guère. Cependant 'Alî ben Yoûsof dota Merrakech, fondée par son père, d'installations qui y facilitaient la vie. On lui attribue notamment l'adduction des eaux aux jardins de la ville et la construction d'un pont sur le Tensîft. Le géographe Edrîsî nous décrit le premier de ces travaux. Il s'agit d'un large puits carré captant les eaux en amont des terres à irriguer et les amenant, par un canal souterrain d'une pente insensible mais savamment calculée pour leur permettre de déboucher à la surface du sol'. D'autres aqueducs tout semblables furent aménagés en grand nombre pour conduire à Merrakech l'eau qu'ils prenaient au pied de l'Atlas. Ce sont les khettâra, si semblables aux foggâra sahariennes, et dont quelques-unes servent encore aujourd'hui.

Quant au pont sur le Tensîft, je l'ai déjà mentionné à cause de l'origine de ceux qui en furent chargés. L'Almoravide 'Alî ben Yousof avait fait venir « des architectes espagnols et d'autres personnes habiles », qui en firent une construction ingénieuse et que l'on jugeait solide. Au bout de quelques années une crue de l'oued démolit les piles et disloqua les arches.

Des faits qui précèdent on peut au moins retenir ceci : les Almoravides, agents de liaison entre l'Espagne et l'Afrique, eurent recours, pour leurs fondations, à la fois aux hydrauliciens sahariens et aux architectes andalous.

1 Edrisi, 68, tr. 78.

2 Edrisi, 69, tr. 79.

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