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relève, comme édifices civils, que des hôpitaux pour les malades et les fous et des médersas (collèges) 1, œuvres méritoires s'il en fut jamais. Entre tous, l'hôpital qu'il fit construire à Merrâkech nous apparaît, d'après la description qu'en donne El-Merrâkechî 2, comme une fondation digne de ce bâtisseur magnifique :

<< I commença par choisir un vaste emplacement dans la partie la plus plane de la ville, et donna l'ordre aux architectes de le construire aussi bien que possible, de sorte que ceux-ci y déployèrent un luxe de sculpture et d'ornementation plus grand qu'on ne le leur avait demandé. Il fit planter toute sorte d'arbres d'agrément et d'arbres fruitiers; l'eau y fut amenée en abondance et circulait dans toutes les chambres; en outre, quatre grands bassins étaient situés au centre de l'établissement et l'un était en marbre blanc. Il garnit l'édifice de tapis précieux de laine, de coton, de soie, de cuir, etc., si bien que cela dépasse tout ce qu'on en saurait dire. » Puis l'auteur nous parle de la rente par laquelle le Khalife assurait le fonctionnement de l'hôpital, des médicaments dont il l'avait pourvu, des vêtements de jour et de nuit, d'été et d'hiver, que l'on distribuait aux malades, de la somme d'argent qu'on leur remettait à leur sortie, spécifiant que l'établissement n'était pas destiné aux pauvres seuls, mais à quiconque avait besoin de soins, même aux riches, s'ils étaient étrangers à la ville.

Il n'est pas resté, sauf erreur, de médersa datant des Moùminides. Les édifices de cette nature que nous pouvons étudier datent des dynasties qui les ont remplacés.

A

Les bains publics. Bain des Teinturiers à Tlemcen. défaut de fondations officielles, il convient de signaler certains édifices privés qu'il est possible d'attribuer au x1° ou xe siècle. Ce sont des bains publics. Le plus complet est le Bain des Teinturiers à Tlemcen; malgré les transformations importantes qu'il a subies, il est permis d'y reconnaître encore les dispositions caractéristiques que le hammam musulman emprunta aux thermes romains.

La pièce principale (apodytérium, unctorium) est une salle carrée de 5 m. de côté, formée de quatre galeries entourant

1 Qirtás, 113, tr. 190.

2 Merrakechi, 209, tr. 249.

1

une coupole centrale. Une partie des galeries est surélevée; des matelas y étaient étendues pour le repos après le bain. Un jet d'eau s'élevant au-dessus d'une vasque grossièrement taillée et d'un bassin occupe le centre de la coupole. Celle-ci est

une

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Tlemcen.

Plan du bain des Teinturiers.

Fig. 186.
A vestibule; B:
apodyterium (salle de repos, couverte en coupole); C: étuve. Primitivement
on pénétrait dans l'étuve après avoir traversé une salle tiède (D); E F. G. :
cabinets et débarras.

calotte à côtes et à cannelures rayonnantes établie sur un tambour octogonal porté sur 13 colonnes. Ces colonnes, groupées par trois, soutiennent les arcs du tambour et les trompes en demi-voûtes d'arête qui font passer du plan carré au plan octogonal. Le style des chapiteaux de pierre épannelée, la forme des

sommiers divisés suivant la retombée des arcs, le tracé en fer à cheval qu'affectent ces arcs, la coupole à côtes, rattachent le style de cette salle à l'art du xr° siècle. La trompe en demivoûte d'arête, déjà rencontrée au palais du Fanal de la Qal'a figure dans les monuments marocains du XIIe siècle.

De la salle centrale, on passe directement dans l'étuve (caldarium), qui s'ouvre sur un des côtés ; c'est une salle longue, à chaque extrémité de laquelle deux arcs portés sur deux colonnes engagées et une colonne médiane déterminent des alcôves. Un bassin à eau froide occupe un côté d'une des alcôves. Des trous percés dans le grand mur du fond permettent l'arrivée de la vapeur. La chambre de chauffe est contiguë au centre de ce mur, dont un renfoncement contient une cuve à eau chaude.

Une voûte en berceau couvrant cette étuve est percée de trous où s'encastrent des tuyaux de poterie. Ces ouvertures dispensent un jour avare à la salle. Toutes les autres salles, y compris l'apodyterium, étaient éclairées de la même façon.

Précédemment, il semble bien qu'on ne pénétrait dans l'étuve qu'après avoir traversé une salle de température modérée (tepidarium), encore existante, mais affectée à d'autres usages. Ainsi se trouvait respectée la gradation traditionnelle de l'hydrothérapie romaine.

Des bains analogues ont été signalés à Palma (Mayorque) 1, à Grenade 2, à Cordoue, à Valence. Le trait le plus persistant est la salle à coupole portée sur des colonnes et entourée de galeries.

A Palma, 12 colonnes soutenant quatre trompes d'angle déterminent un tambour circulaire. Les arcs sont des fers à cheval plein cintre. Le reste du bain, sauf une salle couverte en berceau, a disparu.

Le bain de Valence, décrit et reproduit par de Laborde, est plus complet. La coupole de l'apodyterium, coupole à 8 pans sur trompes, est portée par deux rangées de colonnes seulement

1 Girault de Prangey, Essai, p. 57; Atlas Pl. 2 et 22; .B. Ferra, Banos arabes en Palma, ap. Boletin de la Sociedad arqueologica luliana, III, 1889, p. 129 ss.

2 Girault de Prangey, Atlas, Pl. 11, 30 et 22; Gomez Moreno, Guia de Granada.

3 de Laborde, Voyage pittoresque et historique en Espagne, Paris, 1806-1820.

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et par les deux longs murs latéraux ; il n'y a de galeries qu'aux deux extrémités de la salle. Deux autres salles flanquent cet apodyterium. Elles sont voûtées en berceau: l'une comporte, comme l'étuve de Tlemcen, des alcôves limitées par des doubles arcades et une piscine placée dans une sorte de niche à fond plat.

En dehors du domaine de l'Islâm, le bain de Barcelone et celui de Girone, signalés par Girault de Prangey et très complè tement étudiés par Puig i Cadafalch', attestent la persistance et l'extension de l'influence musulmane aux XII et XII siècles dans la Catalogne chrétienne.

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Enceinte de Taza.

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Puerta de Visagra à Tolède. Les forteresses almoravides. Merrâkech. Beni Tâouda et Amargou. Fortifications almohades. Enceinte de Tinmål. - Enceinte de Tlemcen. Enceinte et forteresse de Tenès. Enceinte de Fès el-Bâlî. Enceinte de Rabat. Bâb er-Rouâh. Porte des Oudaïa. Enceinte de Merrâkech. Bab Aguenâou. - Enceinte de Séville. La Tour de l'Or. Alcala de Guadayra. Enceinte de Ronda.

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Comme pour l'architecture civile, l'Espagne des Reyes de taïfas ne nous apporte que des documents d'architecture militaire imparfaitement datés ou défigurés par des retouches; telle est la porte de Visagra de Tolède.

Puerta de Visagra à Tolède. La Puerta de Visagra est d'un plan assez compliqué. Deux doubles vantaux la fermaient à l'extérieur et à l'intérieur de la ville. Entre ces deux portes, une rainure marque la place d'une herse. Deux ouvertures latérales sont percées du même côté ; l'une permet d'accéder par un escalier à deux étages de chambres de tir munies d'archères et couronnés d'un crénelage 2.

1 Girault de Prangey, Essai, p. 58 ss.; Puig i Cadafalch, Els banys de Girona i la influencia moresea a Catalunya, ap. Anuari de l'Institut d'estudis Catalans, 1914.

2 Rodrigo Amador de los Rios, Monumentos arquitectonicos de Espana. Toledo, p. 124, ss.

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