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affecte semble rompre avec la tradition. Elle est constituée par un ensemble de onze nefs occupant un espace rigoureusement carré, que bordent deux cours latérales exactement aussi longues

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que la cour antérieure, mais rétrécies chacune par deux galeries suivant les longs murs de la Mosquée. Vers la qibla, trois travées régnant de l'Est à l'Ouest semblent constituer un triple transept. On ne retrouve naturellement pas ici les dispositions habi

tuelles des sanctuaires almohades. Je ne connais, dans l'art d'Occident, d'exemple antérieur de cours latérales qu'à la Mosquée fâtimite de Mahdiya. La nef médiane aboutissant au mihrab mesure 8 m. 24 de large, d'axe en axe; les autres nefs ont 6 m. 42. Une coupole était sans doute établie en avant du mihrab. On peut imaginer que quatre autres coupoles jalonnaient le transept deux aux extrémités, deux à égale distance des extrémités et de l'axe, et qu'elles laissaient entre elles des groupes de quatre nefs et non de trois, comme à la Kotoubîya.

Deux petites portes flanquaient le mihrab, ainsi qu'à Tinmål et à Merrakech.

La majorité des supports est formée de tambours cylindriques de marbre, que surmontent des chapiteaux très simples, sortes de tailloirs aux angles inférieurs arrondis. Quelques rangées de piliers (autour des cours et le long de ce que j'ai considéré comme un transept à trois nefs) affectent la forme de piles rectangulaires auxquelles s'accolent des demi-colonnes, comme celles que nous avons trouvées à Tinmâl.

Les colonnes composées de tambours sont très rares. Je n'en connais guère d'exemple dans l'Occident musulman. Faut-il y voir la trace d'une main-d'œuvre chrétienne ? Le fait n'aurait rien de surprenant dans une fondation du vainqueur d'Alarcos, à une époque où les prisonniers chrétiens étaient nombreux en Maghreb.

Au Nord des cours latérales s'alignent trois rangées de supports, dont la disposition est difficilement explicable. Dans l'intervalle entre deux piliers cylindriques consécutifs, s'intercalent deux piliers rectangulaires en brique. On imagine mal des groupes de trois petits arcs interrompant l'ordonnance générale à cet endroit. On peut supposer que ces supports ont servi à l'établissement des cintrages et n'ont pas été démolis, ce qui ne pourrait surprendre, puisque les travaux exécutés à cette énorme mosquée ont été interrompus au bout de deux ans. Dieulafoy, se basant sur quelques fragments de voussures de briques exhumés dans les fouilles, a cru pouvoir affirmer que les colonnes étaient surmontées d'arcs en fer à cheval brisés.

4 Dans un sanctuaire aussi vaste, il peut sembler utile de multiplier les çahn avec vasques d'ablution. Ces çahn latéraux sont aussi munis de réservoirs en sous-sol. Sur la mosquée de Mahdiya, cf. supra, p. 107.

Il semble probable que les autres découpures observées notamment à Tinmål s'y retrouvaient aussi.

Que les tambours de marbre préparés dans un ou plusieurs chantiers éloignés de la Mosquée (le mot jâmi', Grande Mosquée,

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Mosquée de Hassan. La nef centrale et le minaret.

relevé sur certains tambours 1, n'aurait pas raison d'être si le travail avait été fait sur place) aient été taillés suivant un gabarit unique, cela est tout à fait vraisemblable. Les irrégularités - et il y en a devaient disparaître après un soigneux ravalement. Le diamètre semble avoir été fixé à o m. 8o3. Dieulafoy a cru y

1 Cf. Dieulafoy, La Mosquée d'Hassan, p. 299 (lir. à part, 139). Sur la néces sité du ravalement, ibid., pp. 302-303 (tir à part, 142-143).

découvrir le module qui aurait servi à établir toutes les mesures de la Mosquée. La hauteur de la colonne égale huit diamètres ; l'entr'axe des colonnes est aussi de huit diamètres ; le côté du minaret a 20 diamètres, etc... On ne peut nier l'intérêt de telles constatations. Elles ne sauraient d'ailleurs nous étonner dans un art qui devait accorder une telle place à la géométrie. J'ai déjà indiqué que, dans l'esprit des Musulmans, les proportions du minaret-type étaient déterminées par une formule. L'idée de se servir du diamètre de la colonne comme module n'était en somme qu'un retour aux traditions romaines. Toutefois, il ne convient peut-être pas d'appliquer ce canon à toutes les parties. Jencore existantes de l'édifi

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On ne peut affirmer que toutes les nefs de la Mosquée de Hassân aient été achevées en deux ans. Les colonnes qui reposaient sur des murs de fondation de I m. 20 de large dirigés dans les deux sens 3, présentent encore une facture d'épannelage qui laisse supposer un arrêt des travaux. L'édifice fut cependant couvert dans ses parties essentielles. Les fouilles ont mis au jour, vers le fond de la salle de prières, des fragments de charpentes, des tuiles et des lames de plomb ayant servi pour les chêneaux.

En ce qui concerne le minaret, les textes et l'examen même de l'édifice prouvent qu'il ne reçut jamais son couronnement.

1 Cf. supra, p. 312; voir aussi infra, pp. 334-335.

2 Dieulafoy, loc. cit., p. 177 (tir. à part, 17).

3 Dieulafoy, loc. cit., p. 187 (tir. à part, 27).

Dans les parties hautes, plusieurs madriers émergent encore du mur et se sont brisés sous le poids de l'échafaudage qu'ils portaient, celui-ci n'ayant jamais été enlevé. Des trois grandes tours. almohades, une seule nous apparaît dans son entier. C'est celle de la Kotoubîya de Merrâkech, la plus ancienne des trois, le premier minaret où s'expriment les dispositions classiques des minarets hispano-maghribins. J'examinerai plus amplement par la suite la composition de leur décor; il convient de donner ici quelques détails sur leur aspect général, leurs proportions et leurs dispositions intérieures.

Les minarets hispano-maghribins.

Les minarets d'Anda

lousie et du Maghreb ne sont pas sans analogie avec ceux que nous avons déjà rencontrés en Berbérie orientale, à Kairouan, à Sfax et à la Qal'a. Les uns et les autres sont des tours de plan carré et semblent bien dériver des tours syriennes, notamment du minaret de la Fiancée (El-Arous) et du minaret de Jésus de la Grande Mosquée de Damas. Comme le minaret de Jésus, ils s'ornent souvent de plusieurs étages de baies géminées. De même leur plate-forme est surmontée, non de deux tours en retrait l'une sur l'autre comme à Kairouan, mais d'un lanternon unique ('azrî) posé au centre. Cet édicule est, en Maghreb, de plan carré comme la tour elle-même. Il contient une logette et est couvert soit d'une coupole côtelée, comme à la Kotoubiya, ou unie comme au minaret de la Qaçba de Merrakech, soit d'un toit en pavillon ou de glacis de plâtre c'est la forme qui prévaudra dans les tours tlemceniennes. Une tige de métal portant trois boules enfilées sert d'épi de faîtage (jâmoûr). C'est de la plate-forme que le mueddin appelle cinq fois par jour les fidèles à la prière. Le parapet de la plate-forme et la crête du lanternon sont l'un et l'autre ornés de merlons en dents de scie.

Pour le rapport des proportions entre la largeur et la hauteurde la base à la plate-forme, entre la hauteur de la tour et la hauteur du lanternon, il semble que de bonne heure un canon se soit établi. On se souvient que le minaret de la Qarawîyn (qui est dépourvu de lanternon) aurait été, suivant une formule reconnue parfaite par les architectes, quatre fois plus haut que large.

Le minaret de la Grande Mosquée de Cordoue tel que nous le décrit Maqqarî était à peu près conforme à ce type (18 coudées.

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