Images de page
PDF
ePub

Ces renseignements sont assez précis pour nous permettre de déterminer l'espace de la mosquée actuelle occupé par la mosquée primitive, au moins dans le sens de la profondeur. Une

[graphic][subsumed][subsumed][ocr errors][subsumed][ocr errors][ocr errors][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][merged small][ocr errors][merged small]
[ocr errors]

A: Bâb el-Khalwa; B: Bâb es Sha Iowiya'; C Bâb Ben Haïyoûn; D: Bab Ibn 'Omar (nom ancien); E: Båb El-Khaçça (n. ancien); F: Báb El-'Omyân (?) (n. ancien); G. Bâb el-Houfât (Porte des Pieds-nus); H: Báb El-Mouattaqin (n. ancien); I: Båb el-Chemmâ'in; J: Bâb el-Koutoublyn (?) (n. ancien); K: Bâb El-Aoûliya (?) (n. ancien); L: grand lustre; M: minaret; N: Bâb el-Guenâïz; O: Bab el-Ktoub; P tribunal du qâdî; Q: boutiques : R: oratoire pour la prière des funérailles; S: bibliothèque; T maison du qâdî; U: oratoire des femines; V et V: pavillons abritant des fontaines (XVI et XVII s.); X: emplacement présumé de l'ancien mihrab; Y: 'anaza.

1 La largeur reste à déterminer. M. Pauty (Hesperis, 1923, pp. 515, ss.) indique comme limites latérales les deux arcades qui, enjambant les nefs, bordent les 12 travées moyennes. Il faut cependant rappeler que, d'après les chroniqueurs, la mosquée comptait 10 arcs de l'Est à l'Ouest et non 12.

K

[graphic][merged small][merged small][merged small][merged small]

nef Nord-Sud, plus haute que le reste de l'édifice, était établie en avant du mihrâb, comme à la Grande Mosquée de Damas. Cette nef surélevée existe encore 1. Les nefs qui s'étendent au Nord ont dû recouvrir l'aire de la cour primitive. Quant au minaret, il était placé sur la façade de la mosquée opposée au mihrâb de même que les minarets de Kairouan et de Cordoue et le minaret de la Fiancée, à la Grande Mosquée de Damas.

Cette première mosquée fut agrandie en 345/956, c'est-à-dire un siècle après la fondation, par le chef berbère qui reconnaissait tenir le pays du Khalife omeiyade. Celui-ci 'Abd er-Rahmån III envoya de fortes sommes d'argent qui permirent d'étendre les bâtiments vers l'Est, l'Ouest et le Nord. De cette époque daterait le minaret qui subsiste encore. Il devait être placé à l'angle Nord-Est de l'enceinte, ce qui nous indique les limites de cette seconde extension. Le Qirtâs lui attribue un carré de base de 27 empans ( il a environ 5 mètres) et une hauteur quadruple « selon les règles de l'architecture ». Ce minaret fut construit en pierres de taille; l'appareil en resta visible un certain temps. Il fut ensuite garni de plâtre et de chaux que tenaient de grands clous de fer plantés dans les joints de distance en distance. Ce revêtement fut soigneusement poli. Plusieurs travaux furent exécutés à la mosquée du temps d'El-Modhâfir. le fils d'el-Mançoûr, notamment la « citerne allongée » et la <«<fontaine ». Peut-être faut-il entendre par là le jet d'eau abondant qui sort au-dessus d'une vasque au centre de la cour.

A l'époque des Almoravides, la population de Fès s'était très sensiblement accrue, au point qu'une partie des fidèles était obligée, à la prière du vendredi, de se tenir dans les rues et les soûqs avoisinants. Le qâdî de la ville obtint de l'émir 'Alî ben Yousof l'autorisation d'agrandir le temple. Les fonds furent réunis, grâce à la rentrée exacte des revenus de la Mosquée frauduleusement détournés par les gestionnaires. On acheta à l'amiable ou l'on expropria les terrains nécessaires et on les déblaya. La mosquée put ainsi s'étendre vers le Sud, l'Est et l'Ouest. Aux environs de 1135, elle avait atteint ses limites actuelles.

La cour est très peu profonde; elle mesure à peine la moitié de la salle de prières. C'est là un trait qui distingue la Qarawiyn

1 Cf. la vue perspective, fig. 169.

de la Grande Mosquée de Cordoue primitive, mais qui la rapproche de la même mosquée après ses agrandissements successifs et d'autre part de la mosquée almoravide d'Alger. De même que dans cette dernière, des nefs multiples prolongeant les parties extrêmes de la salle de prières règnent le long des côtés latéraux de la cour. Au milieu de ces côtés des pavillons très élégants font saillie. Ce sont des œuvres très postérieures que j'étudierai par la suite. Derrière le pavillon de l'Ouest s'élève le minaret du 1° siècle. Une sorte de porche faisant légèrement saillie interrompt, ici comme à Alger, la façade de la salle de prières. C'est la 'anaza, qui sert de mihrâb aux fidèles priant dans la cour. Elle marque l'axe de l'édifice, qui est sensiblement à l'Ouest de l'axe géométrique.

Les nefs de la salle de prières sont bordées par des pieds droits portant des arcs en fer à cheval plein-cintre. Ces nefs sont couvertes de toits de tuile à deux pentes. J'ai dit quelle en était l'orientation très particulière.

La Grande Mosquée de Tlemcen 1. Une inscription cursive nous apprend que la Grande Mosquée de Tlemcen fut bâtie en 530/1135. Le nom du fondateur, qui figurait aussi dans le plâtre, a été gratté. Tout fait supposer que les Almohades sont responsables de cette mutilation. La date suffit d'ailleurs à établir que le nom disparu est celui de l'Almoravide 'Alî ben Yoûsof, le même sous qui furent faits les derniers agrandissements de la Qarawîyn.

La Mosquée mesure environ 60 m. de profondeur sur 50 de large. La cour est un carré à peu près parfait. Elle est bordée du côté Nord par deux galeries qu'interrompt un minaret carré. Ce minaret est de soixante-dix ans plus jeune que la Mosquée. Une partie certainement ajoutée au Nord, en masque la base à l'extérieur. Sa face Nord s'alignait avec le mur d'enceinte de la Mosquée suivant la disposition des Grandes Mosquées anciennes. Sur les côtés Est et Ouest, la cour est encadrée par des nefs prolongeant celles de la salle de prières. On en compte trois à l'Est et quatre à l'Ouest. Cette multiplicité de galeries latérales, déjà rencontrée aux mosquées d'Alger et de Fès, apparaît comme un trait proprement almoravide.

1 Cf. W. et G. Marçais, Les monuments arabes de Tlemcen, pp. 140 ss.

Toute cette partie antérieure de la Mosquée est désaxée vers l'Est, amputée suivant un angle obtus. Tandis que la face orientale de la Mosquée est percée de 4 portes, la face occidentale en est dépourvue. Ces particularités laissent supposer l'existence d'un édifice voisin antérieur au sanctuaire; il est permis de supposer que le pan coupé indique la place et l'orientation du Qaçr elQadim, fondation almoravide, qui voisinait avec la Mosquée,

[ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small]

comme l'Alcazar omeiyade avec la Grande Mosquée de Cordoue. La salle de prières, qui est plus profonde que la cour, est formée de 13 nefs parallèles au grand axe et reposant sur 5 rangs de piliers. Elles sont couvertes de charpentes apparentes portant des toits de tuiles à deux versants. La nef médiane est plus large que les autres. Le toit de cette nef est interrompu par deux coupoles couvertes l'une et l'autre en pavillon une coupole est placée au centre (fig. 173), en arrière de l'estrade appelée sedda;

:

1 Cf. Brosselard, Tombeaux des émirs Beni 'Zeiyân (Ext, du Journal Asiatique, 1876), p. 53.

« PrécédentContinuer »