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en avant, entourée de portiques et munie d'un puits, de canaux maçonnés bordant les murs et de banquettes où l'on peut, s'asseoir pour s'acquitter commodément des minutieuses purifi-cations imposées par l'Islàm.

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Le minaret. Une autre annexe des mosquées, mieux connue des Européens, est le minarel, la tour du haut de laquelle le crieur (en Berbérie moueddin) appelle cinq fois par jour les

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Fig. 11. - Kairouan. La Grande Mosquée. La cour, du côté du minaret.

fidèles à la prière. L'origine en a été plus controversée encore que celle du mihrab. Mais la question d'origine ne se pose plus à propos des minarets occidentaux. Ils reproduisent des types fixés, en Orient. Celui de Kairouan semble bien procéder des vieux minarets syriens, qui dérivaient eux-mêmes des clochers et dont quelques-uns mêmes n'étaient, comme à Damas, que des clochers transformés.

Le minaret actuel de Kairouan se compose de trois tours carrées superposées. La plus haute est couronnée d'une coupole.

1 Il fait, dans une certaine mesure, penser au phare d'Alexandrie, comme l'a indiqué H. THIERSCH (Pharos, Leipzig-Berlin, 1909, pp. 123 126). Mais on

La tour inférieure présente cette particularité que les faces n'en sont pas verticales; cette grosse tour va en s'amincissant légèrement vers le sommet. Une porte s'ouvrant dans la cour de la mosquée donne accès dans l'escalier. Cet escalier, couvert par des portions de berceaux rampant, tourne autour d'une pile centrale. Les parties hautes la coupole supérieure notamment portent la trace de retouches; cependant l'appareil est très homogène de la base au sommet. La tour inférieure paraît bien telle qu'elle existait au x1° siècle, et on la considérait alors comme faisant partie de la mosquée agrandie par le Khalife Hichàm. El-Bekri lui assigne 25 coudées de large; 25 coudées de 0,2 cm. donnent 10 m. 50: ce qui est la largeur moyenne du minaret actuel. I lui attribue 60 coudées de haut, soit 25 m. 20. · La hauteur, jusqu'à la première plate-forme, est de 19 m., jusqu'à la seconde de 23 m. 45. Une coupole de 1 m. 75 pouvait être posée directement sur celle seconde tour.

Telle qu'elle se présente à nous, cette tour massive, élargie par sa base comme un pylône égyptien, dressée au bout de la cour énorme encadrée de portiques, complète un décor d'une majesté saisissante. La salle de prières, avec ses innombrables colonnes, dépouilles de tant d'édifices antiques, avec ses nefs éclairées par le jour bas venant des portes, produit également une puissante et mystérieuse impression.

Construction. Les organes de support et les arcs. Les colonnes en marbre de diverses natures sont isolées ou groupées par deux ou trois. L'entrée de la nef principale comporte même des associations de six colonnes. Les groupes de colonnes reposent parfois sur le sol par l'intermédiaire de massifs sculptés d'origine antique ou chrétienne. Le plus souvent les fûts n'ont pas de base.

J'ai indiqué précédemment ce que nous savons des réquisitions, des achats et des dons qui avaient procuré des colonnes aux constructeurs. Dans la forêt de fûts de marbre de ce grand temple, il n'en est guère qui ne soit de travail romain

ou

pen! douter que le minaret primitif de Kairouan ait comporté une troisième tour. Sur la question du minaret, cf. Becker, Islamstudien, p. 493, el divers articles du même, ap. der Islam; Gottheil, ap. Journ. american oriental Society, 1910, pp. 132, ss.: Strżygowski, Amida, pp. 331, ss.

byzantin et remployé. On en trouverait cependant deux au moins qui furent sculptés tout exprès à l'époque aghlabite. Ils sont de marbre rouge et presque cylindriques. L'un et l'autre

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Fig. 12.

Kairouan.

Grande Mosquée.

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Ins-
cription sculptée en relief
sur un fût de colonne
<< Mahomet est l'envoyé
d'Allah. »

portent des inscriptions coufiques sculptées en relief, ce qui indique assez qu'ils ont été taillés et polis à l'époque musulmane. Sur le premier on lit la première partie de la profession de foi: « Il n'y a de Dieu qu'Allah ». Le second complète par la formule « Mahomet est l'envoyé d'Allah » (fig. 12). On peut supposer que ces deux colonnes se faisaient pendants de part et d'autre de la nef médiane.

Les chapiteaux des nefs de Kairouan ne portent pas directe

ment la retombée des arcs. Suivant une pratique courante de l'architecture byzantine, l'abaque du chapiteau est surmonté d'un surabaque ou sommier en trone de pyramide, le plus souvent ce sommier est taillé dans le bois; mais la mosquée possède une collection de sommiers de pierre sculptée, qui constituent pour nous de précieux documents d'art décoratif aghlabite. Nous les examinerons plus loin. Une imposte maçonnée surmonte le surabaque; elle est elle-même couronnée assez fréquemment d'une corniche de pierre moulurée ou sculptée. C'est le plus souvent à la base de l'imposte que s'enfoncent les tirants de bois, qui, reliant les colonnes entre elles, maintiennent l'écartement des arcs et empêchent le fléchissement des supports. La retombée des arcs fait légèrement saillie sur la corniche.

Les arcs des nefs de Kairouan, appareillés avec soin, sont en fer à cheval brisé ou déformé au sommet, la brisure étant remplacée par un raccord incurvé.

On est naturellement tenté de voir dans la combinaison du sommier, de l'imposte et de la corniche une simplification de la solution romaine, qui consiste à placer au-dessus de la colonne une portion d'entablement complet portant la retombée des arcs, comme aux Thermes de Caracalla, par exemple. L'architecture romaine d'Afrique n'a pas ignoré ces empilements illogiques de

moulures interposés entre l'arc et la colonne 1, qui, réduits, dans la mosquée, à leurs éléments essentiels, avaient l'avantage de surélever les arcs au-dessus des fûts, dont on ne pouvait augmenter la hauteur, et de donner de l'élégance à l'ensemble. Toutefois il ne semble pas qu'il faille faire honneur aux architectes

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kairouanais de cette adaptation d'un thème classique à l'art de l'Islâm. A l'époque où se bâtissent les nefs de Sidi 'Oqba, le motif fait déjà partie du répertoire musulman. Le modèle qui l'a inspiré semble bien un modèle égyptien : la mosquée de 'Amr à Fostât ou les autres mosquées du même groupe l'ont fourni. On sait que la mosquée de 'Amr, fondée en 641 de notre ère, avait été augmentée en 673. Démolie et entièrement rebâtie en 698, de nouveau rebâtie en 710, elle reçut des accroissements

1 Cf. S. GSELL, Monuments antiques de l'Algérie, II, 129.

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