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arcades des, nefs. Au mihrab et aux portes, il forme, avec ses claveaux décoratifs, un motif de grande allure. Les claveaux sont appareillés, non au centre de l'arc, mais au milieu d'une corde le sous-tendant un peu au-dessus de la retombée. Leur bord supérieur est limité par un are qui n'est pas concentrique à l'arc d'ouverture. Au mihrâb de Cordoue, aux ouvertures qui le flanquent et aux portes latérales, s'indique ce décentrement des deux arcs, qui s'accentuera par la suite.

L'arcature qui couronne le cadre du mihrab a des arcs trilobés; de même les défoncements qui ornent l'intérieur de la niche. Les arcs découpés en multiples lobes circulaires, qui n'avaient qu'un rôle réduit à Kairouan et étaient réservés aux organes décoratifs, sont partout dans la Mosquée de Cordoue. Ils prennent un développement considérable avec les grands arcs qui enjambent les nefs et forment tambour sous les coupoles. Nous les avons trouvés à la Grande Mosquée de Kairouan et j'ai émis à leur sujet l'hypothèse d'une influence mésopotamienne. Et certes, il n'est pas impossible que l'Andalousie soit redevable de cette forme à la Palestine omeiyade (mihrab de Zacharie à la Mosquée el-Aqçâ de Jérusalem), mais on doit se souvenir de la place qu'elle tient dans les monuments 'abbâssites de la vallée du Tigre, à Raqqa (porte du Sud-Est) comme à Samarra (palais d'El'Achiq).

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teaux empruntés aux édifices préexistants, la Grande Mosquée de Cordoue en compte un grand nombre de fabrication musulmane :

1 De même d'ailleurs qu'à la porte du minaret de Kairouan.

2 Voir fig. 140, le tracé d'appareillage d'un arc trilobé relevé à Medinat ez-Zahra (d'après Velazquez Bosco, Medina Azzahra, pl. XXIII).

chapiteaux des nefs de la Mosquée d'El-Hakam et El-Mançoûr, chapiteaux des colonnettes en encorbellements de la Mosquée d'El-Hakam; les ruines de Medînat ez-Zahrâ en ont aussi fourni un contingent important; la cathédrale de Tarragone en conserve deux datés de 349/960 (fig. 141).

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Qu'ils soient traités en épannelage, comme ceux de la Mosquée, ou criblés de défoncements et de détails intérieurs comme ceux d'Ez-Zahrâ, ces chapiteaux procèdent constamment de deux modèles antiques bien reconnaissables: le chapiteau corinthien

1 Sur les chapiteaux d'Ez-Zahrá datés d'El-Hakam, et dont l'un est au Musée du Louvre, cf. Migeon, Manuel d'art musulman, p. 74.

et le chapiteau composite, combinaison romaine du corinthien. et de l'ionique. Dans le premier (fig. 143), la corbeille disparaît sous trois couronnes de feuilles, la couronne supérieure étant interrompue par de massives volutes d'angle que des tasseaux rattachent au tailloir. Dans le deuxième (fig. 142), une échine en quart de rond, épaississement du rebord de la corbeille (?), réunit les gros disques qui représentent les volutes d'angles. Dans l'un et dans l'autre, les feuilles de la couronne inférieure tendent à se souder par le bas. Aux chapiteaux du cloître de Tarragone, de type composite, il n'y a qu'une couronne de feuilles. Nous verrons par quel processus le chapiteau moresque sortira de ces chapiteaux omeiyades.

La plupart des grandes colonnes qui soutiennent les nefs de la Mosquée reposent directement sur le sol. Celles d'Ez-Zahrâ ont des bases musulmanes très voisines encore des modèles antiques. Il en est de même des colonnettes en encorbellement de la Mosquée d'El-Hakam.

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Fig. 144.

Les corbelets. Ces colonnettes en encorbellement, ou les pilastres à pans coupés qui en tiennent lieu dans la nef centrale, reposent sur des corbelets sculptés. Ces organes offrent une curieuse disposition d'enroulements horizontaux placés de part et d'autre d'un nerf saillant, et rappellent étrangement les modillons à copeaux du roman auvergnat'. Un croit pouvoir y reconnaître une déformation du modillon antique à feuille

Cordoue.

Grande

Chapiteau de type

Mosquée.

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corinthien avec sommier et corbelet.

1 M. E. Mâle a montré ces rapports avec le roman, ap. Les influences arabes dans l'art roman (Revue des Deux Mondes, 15 nov. 1923), et La Mosquée de Cordoue et les églises d'Auvergne et du Velay (Revue de l'art ancien et moderne, 1911, t. II, p. 81 et ss.) - Cf. mon étude Sur trois formes décoratives de la Grande Mosquée de Cordoue, ap. Actes du congrès des Orientalistes, Alger, 1905, 7 section, p. 11 ss.

d'acanthe. Une retombée meublant la concavité du corbelet vient souvent préciser l'analogie '.

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On ne

Les ensembles décoratifs. Le mihrab de Cordoue. saurait attacher trop d'importance à la composition du mihrab de la Grande Mosquée de Cordoue, car elle doit nous aider à comprendre la composition des mihrâbs et des portes que nous

rencontrerons par la suite, voire l'ordonnance du décor des salles, dans les palais comme l'Alhambra. L'arc en fer à cheval et les claveaux sont inscrits dans un rectangle formé par un large bandeau à inscriptions, ce qui détermine quatre écoinçons cantonnant l'arc enveloppant. Pour éviter de donner au rectangle une proportion disgracieuse, parce que trop large et écrasée, une frise à inscription est interposée entre les écoinçons. supérieurs de l'arc et la bande horizontale du cadre. Une arcature décorative règne au-dessus. Le haut de cette arcature atteint le niveau de la corniche, que surmontent les niches d'angle de la coupole et de petits arcs évidés en claustra. Deux grands panneaux à décor floral forment le soubassement de ce cadre (fig. 154). Des filets courant au pourtour des bandeaux, les quatre écoinçons et les panneaux du soubassement sont sculptés dans le marbre; le reste du décor est en mosaïque.

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Fig. 145,

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Cordoue. Grande Mosquée. Chapiteau de type composite, avec sommier et corbelet.

Avec beaucoup de sagacité, R. Velazquez Bosco a rapproché le mihrab de Cordoue de la porte de la bibliothèque de la Grande Mosquée de Kairouan. L'arc en fer à cheval inscrit dans un rec

1 Une silhouette inspirée par ces modillons, présentés de profil et montrant leurs enroulements et leur retombée, forme amortissement au départ de l'arc du mihrâb. (Cf. fig. 154).

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