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tronçon Sud de l'enceinte, qui, semble-t-il, sépare la ville haute de la ville moyenne, était un couloir à deux étages. Le bas est voûté en berceau établi sur arcs doubleaux en fer à cheval. Des lucarnes percées dans le mur l'éclairaient; une poterne s'ouvrant sur la ville moyenne y donnait accès. Plus haut se trouvent les bâtiments reconnus durant la même campagne de fouilles. Un ensemble, entre autres (fig. 134), me paraît digne

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d'être signalé malgré ses proportions modestes. Il se compose d'un patio pavé de marbre, bordé, à l'Ouest, par un mur percé d'une porte, au Nord et au Sud, par des salles carrées qui pouvaient être couvertes d'une petite coupole (dans l'une de ces salles sont aménagées des latrines). A l'Est s'étend un portique à deux baies sur lequel s'ouvre par deux portes une salle profonde de 7 m. 50. On notera l'existence du portique d'un seul côté de la cour, et le groupement du portique large et de la salle profonde.

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Par là, ce plan n'est pas sans analogie avec celui des maisons égyptiennes du Ix° siècle mises au jour à Fostât1.

Une seconde série de recherches entreprises par le même archéologue en 1922 a porté sur un vaste ensemble contigu à celui que je viens de mentionner. On y retrouve patio, galeries

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Plan d'un grand bâtiment (fouilles de 1922). d'après R. Velazquez Bosco.

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Medinat ez-Zahra.

et salles disposées en profondeur, mais ici le patio mesure 49 m. 30 sur 52 m. 90. Encadré sur ses faces Sud et Est par deux murs, il est bordé par une galerie précédant des pièces de dimensions

1 Cf. Ali Bahgat bey et Gabriel, Fouilles d'Al-Foustát, Paris, 1921, ch. V. Peut-être convient-il de rappeler ici qu'un des artisans du palais d'Ez-Zahra était un nommé 'Ali ben Ja'far, originaire d'Alexandrie. Maqqari, Analectes, tr. Gayangos, I, p. 235, d'ap. Ibn Haïyân.

médiocres du côté Ouest et par une galerie précédant des salles plus grandes vers le Nord. C'est ici la partie la plus remarquable de l'ensemble et vraisemblablement une des plus magnifiques du palais (fig. 135).

Trois salles prennent jour sur la galerie, sorte d'antisalle, qui longe le patio. L'une de ces salles, très large, est flanquée de pièces étroites mais de même profondeur qui communiquent avec elle par trois baies. Cette disposition rappelle dans une certaine mesure celle du corps de bâtiment principal du Dâr el-Bahr hammâdite, précédemment étudié (p. 124, fig. 60, S.). Mais un trait essentiel différencie cette salle d'apparat omeiyade des salles de même nature que les siècles suivants verront élever à la Qal'a ou à Grenade: elle ne peut avoir été surmontée d'une grande coupole. L'architecte des Khalifes a dû diviser l'espace à couvrir en trois nefs d'environ 7 mètres de large (la nef centrale paraît un peu plus large que les autres) pour y établir des plafonds. L'écartement des murs est légèrement supérieur à celui des nefs de la Grande Mosquée de Cordoue.

S'aidant des nombreux fragments sculptés qu'il y avait exhumés, Velazquez Bosco a donné, de l'ornementation, une restitution somptueuse, très analogue à celle de la Mosquée et en somme fort vraisemblable. Il a indiqué la ressemblance existant entre les baies à trois arcs outrepassés, qui faisaient communiquer les nefs, et les triples baies du Salon des Ambassadeurs à l'Alcazar de Séville.

L'effort des archéologues espagnols ne s'est pas arrêté là. De nouvelles recherches ont été amorcées en 1923 par l'établissement d'un plan à grande échelle du terrain que couvrait la ville khalifienne. Ce travail permettra d'orienter méthodiquement les futures campagnes de fouilles.

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El-'Amiriya. Des travaux ont également été entrepris à El-'Amiriya, fondation du tout puissant ministre Ibn Abî 'Amir El-Mançoûr, dont on a identifié les ruines à deux kilomètres d'Ez-Zahra. Placée comme Ez-Zahrà sur les pentes de la montagne, elle présentait de même des constructions disposées en étages. Les fouilles ont entamé la terrasse supérieure ; elles ont

1 Velasquez Bosco, Medinat Azzahra, pp. 23, ss.

permis de dégager trois corps de bâtiments flanqués d'un grand bassin. L'appareil des murs prouve que les constructions appartiennent à plusieurs époques. On y retrouve de petites salles carrées pouvant porter des coupoles. Six de ces salles se voient de part et d'autre d'un logis central et sont reliées entre elles par trois salles étroites et longues (13,50 × 3,50). Le bassin mesure près de 50 m. sur 30. Il est bordé d'arceaux surbaissés reposant sur des contreforts et sur de massives consoles à redans. Ces organes, qui consolident les murs, ont permis d'élargir la circulation autour du bassin.

son

El-Medînat Ez-Zâhira. Aucune recherche, sauf erreur, n'a été tentée sur le site présumé d'Ez-Zâhira. Comme El-'Amiriya, Ez-Zahira fut l'œuvre personnelle d'El-Mançoûr. C'est en 368/976 que le puissant ministre fit cette fondation, à la fois pour assurer existence menacée et pour affirmer son indépendance vis-à-vis de son maître le Khalife 1. C'était en principe un palais, mais qui devint bientôt une ville, contenant non seulement le logis d'El-Mançoûr et des siens, avec les salles de réception et les dépendances, mais les locaux pour son administration, les hôtels de ses officiers et de tous ceux qui recherchaient le voisinage du pouvoir, des casernes, des bains et des marchés. Elle s'élevait sur une des pointes formées par les méandres du Guadalquivir, et ses faubourgs allaient rejoindre ceux de la ville khalifienne. On a cru en reconnaître la place à quatre kilomètres au Sud-Ouest de Cordoue.

c. L'Architecture militaire.

La guerre tient trop de place dans les deux siècles et demi que dura la puissance des Omeiyades et des 'Amirides pour que la défense des villes n'ait compté parmi leurs principales préoccupations. L'édification de murs et de tours, le renforcement des ouvrages existants apparaissent fréquemment dans les chroniques. Toute place menacée, conquise ou reconquise sur les chrétiens

1 Bayân II, 294 297, tr. II, 457-462.

ou sur les musulmans rebelles, est pourvue de nouvelles fortifications. Les guerres civiles surtout, dont le tumulte stérile encombre toute l'histoire des Omeiyades, fournissent l'occasion de constructions militaires. Cordoue elle-même, après la grave insurrection du Faubourg, voit ses remparts consolidés et entourés d'un fossé. Tolède, révoltée et domptée sous El-Hakam Ier (797), est pourvue d'un château situé près de la porte du Pont, remaniement probable de l'ancien palais des rois Wizigoths. Ce château est restauré en 835 par 'Abd er-Rahmân II. Près d'un siècle après (932), En-Nâcir, ayant dù reprendre la ville, s'occupe des aménagements que nécessitait l'installation d'une forte garnison.

Pour venir à bout de cette place si bien défendue par la nature, il avait fallu un siège de plus de deux ans. Pendant l'investissement, En-Nacir avait pris le parti de bâtir, sur une montagne voisine de Tolède, la ville d'El-Fath (la Victoire). Ces villes-camps jouent, nous le verrons, un rôle curieux dans l'histoire de l'art musulman. J'indiquerai à propos de Mançoûra (la Victorieuse), ville-camp élevée devant Tlemcen assiégée, comment la création un peu paradoxale de semblables cités apparaît, après examen, comme naturelle et en quelque sorte spontanée.

Les guerres civiles provoquèrent bien d'autres créations militaires. Beaucoup furent le fait des chefs en révolte, de ces émirs féodaux jouant aux princes, dont le premier acte était de se retrancher contre le pouvoir khalifien. L'un renforce les murailles de Carmona et la dote d'une citadelle; l'autre construit un château à Mentesa. Peut-être ces burgs, qui abritèrent leur dynastie éphémère, ont-ils laissé quelques traces. On souhaiterait de les voir rechercher. Leur description comblerait une grosse lacune.

Quels ouvrages militaires pouvons-nous en effet attribuer à l'époque des Khalifes ? En l'absence d'études méthodiques, aucun ne nous offre de certitude. Il est permis cependant de supposer que certaines parties des fortifications de Cordoue conservent, bien que remaniées, quelque chose des dispositions si soigneusement prises par les Khalifes pour assurer la sécurité de leur capitale. Sans doute postérieures aux murailles de Cordoue, les murailles de Séville, qui semblent mieux conservées, présentent une

1 Elle furent bâties ou rebâties sous 'Abd er-Rahinân II (Ibn el-Qoutiya, tr. Fagnan Fatraits inedits, p. 209, renforcées à l'époque almohade (1221). Cf. infra, p. 356.

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