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débouchait dans l'intérieur de la maqçoûra. Quant au passage

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lui-même (sâbât), Ibn 'Adhari nous dit qu'il comportait une voûte reposant sur des arcs doubleaux'. On peut voir, dans les

1 Sabatan ma'qoudan ala handia. Ibn Adhari, II, 246.

ruines de Medinat ez-Zahrâ un passage de cette nature 1. Notre

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anteur ajoute que 'Abd Allah « fut le premier prince omeivade

1 Cf. Velazquez Bosco, Medina Azzahra. Pl. XXIII-XXIV.

d'Espagne qui introduisit cet usage ». C'était encore là un souvenir des Omeiyades de Damas. Un passage réservé conduisait de même le Khalife syrien du palais bâti par Mo'âwiya à la mosquée d'El-Walid.

'Abd er-Rahmân III, dont le long règne (912-961) marque l'apogée de la dynastie, devait mettre sa marque dans la mosquée. Il fit jeter bas le minaret de Hichâm et en fit construire un plus magnifique à la même place. Au même Khalife, le Bayan attribue «la grande coupole » devant laquelle les mueddins se rangent le vendredi 2. Le texte semble bien désigner la coupole appelée maintenant Chapelle de Villaviciosa (Fig. 119-120). On notera cependant que cette coupole est tangente extérieurement à la Mosquée de 'Abd er-Rahmân II, ce qui rend son attribution à 'Abd er-Rahmân III difficile. Le style du décor est d'ailleurs assez analogue à celui de Medînat ez-Zahrâ, œuvre de 'Abd er-Rahman III 3.

L'Addition d'El Hakam II. Les mosaïques. Il était réservé au successeur de 'Abd er-Rahman III, le très savant et très fastueux El-Hakam II, de donner à la mosquée sa plus belle parure: le mihrab et les coupoles de la qibla que nous admirons encore. Dès son avènement (350/961), il s'occupa d'agrandir la salle de prières devenue trop petite; il institua comme directeur des travaux son chambellan Ja'far eç-Çaqlabî, «lui enjoignant d'avoir d'abord à se procurer des pierres ». Le mois n'était pas achevé qu'on commençait à en apporter *.

D'accord avec les chaykhs et les architectes qu'il avait consultés, El-Hakam fit repousser le mur de la qibla en profitant de l'espace encore libre (fadhâ) qui s'étendait au Sud, entre la Mosquée et la chaussée bordant le Guadalquivir. Ainsi les onze

1 Sur ce minaret de 'Abd er-Rahmân III, qui devait disparaître en 15:3, cf. la description de Morales donnée infra, p. 395.

2 El-qaboù el-kabir, Bayân, II, 244, tr. II, 378.

3 Dans un article récemment paru (L'architecture musulmane du x siècle à Cordoue et à Tolède, ap. Gazette des Beaux-Arts, Septembre Octobre 1925), M. E. Lambert émet l'opinion que la mosquée d'El-Hakam, avec les deux coupoles antérieure et postérieure, de sa nef médiane, est directement inspirée par la Grande Mosquée de Kairouan. Le rapprochement est ingénieux. L'influence de Kairouan sur Cordoue apparaît d'ailleurs comme très probable, ainsi qu'on le verra infra, pp. 266, 280.

4 Bayan, II, 249, tr. II, 385-386.

Fig. 121.

Cordoue.

Grande Mosquée. Construction d'El-Hakam II: nef centrale en avant du mihrab.

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nefs furent prolongées de 95 coudées, (la coudée étant comme précédemment évaluée à 50 centimètres, cela donne un total de 47 m. 50, qui correspond assez bien à la profondeur de la nouvelle addition). Le passage couvert de l'émir 'Abd Allah fut naturellement supprimé et il fallut établir un mihrâb nouveau. Une discussion curieuse s'éleva, au sujet de l'orientation de ce mihrab, entre les architectes et les astronomes. Ceux-ci soutenaient que le mihrab devait, pour indiquer la direction de la Mekke, être incliné vers l'Est. Ceux-là voulaient s'en tenir à l'orientation Sud, (ou plutôt Sud-Ouest) des mihrabs précédemment construits en Espagne, et qui avait l'avantage de s'accommoder à la direction générale des nefs existantes et de l'édifice entier. Un pieux jurisconsulte mit fin à leur débat en donnant gain de cause aux architectes, pour des raisons qui n'avaient d'ailleurs rien d'esthétique. Il dit à l'Emir des Croyants que tout le monde s'était jusqu'alors tourné vers le Sud en faisant la prière, que les vénérables Successeurs des Compagnons du Prophète avaient orienté vers le Sud les oratoires qu'ils avaient construits dans ce pays. Cet argument convainquit le Khalife; la crainte des innovations dangereuses empêcha de désaxer malencontreusement le mihrâb de la Grande Mosquée.

Le mihrab et les parties avoisinantes forment un ensemble décoratif d'une grande beauté. En avant du mihrâb, des arcs enjambent la nef centrale, qui est un peu plus large que les autres, et les deux nefs adjacentes. Ces arcs sont portés par 20 colonnes, isolées, groupées ou accolées au mur de la qibla. Les espaces qu'ils délimitent sont couverts de coupoles que j'étudierai plus loin. La coupole du milieu, la plus riche, précède la niche du mihrab; les deux autres coupoles précèdent des portes donnant accès à des salles annexes de la Mosquée. Le cadre de ces ouvertures et les coupoles sont garnis de marbre sculpté et de mosaïques.

Ces mosaïques ont une place dans l'histoire du grand sanctuaire andalou. De même que son ancêtre El-Wâlid avait fait appel à l'Empereur de Constantinople pour se faire envoyer des mosaïstes afin de décorer les mosquées de Damas, de Médine et de Jérusalem, de même El-Hakam s'adressa à l'Empereur alors régnant pour obtenir de lui un artisan expert dans ce genre de technique proprement byzantine. Au reste voici comment s'exprime Ibn 'Adhari. Après avoir relaté en 965 la construction

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