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sur les angles. Au-dessous de cette zone de raccord, les quatre piles portent quatre arcs brisés à voussures appareillées par claveaux rayonnants. Une de ces voussures est formée de bossages en boudins très analogues à ceux qu'on voit dans certains monuments fâtimites du Caire, notamment à Bâb el-Fotoûh (1060 J. C.) 1.

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Autres édifices de même époque. Girault de Prangey, qui discerna avec une rare clairvoyance la place occupée par les édifices normands de Sicile dans l'art musulman, signale les bains de Cefala, à 18 kilomètres de Palerme, comme appartenant à la même époque. Une source thermale remplit deux piscines abritées par une voûte en berceau brisé. L'espace couvert par cette voûte est divisé en deux salles de grandeurs inégales par un tympan porté sur trois arcs plein cintre ou déformés au sommet.

1 Cf. Saladin, Manuel, p. 98.

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des trompes en demi-voûtes d'arête précédées de voussures.

Arabes et des Mores', le dessin d'un pont dit (( pont de l'Amiral », dont les arches présentent le tracé en arc brisé très caractéristique du style.

1 Pl. 10.

D'autres édifices siciliens, et non des moindres, s'apparentent à l'art musulman; je veux parler des admirables édifices chrétiens comme Sainte-Marie-de-l'Amiral (la Martorana), la Chapelle Palatine, Saint-Jean-des-Ermites, et San Cataldo, les cathédrales de Palerme et de Cefalù. Ils nous intéressent, non par

Fig. 110. Palerme, Eglise San Cataldo.

leur plan, qui est proprement chrétien, mais par certains éléments constructifs ou ornementaux.

Dans la

Les grandes formes de l'architecture sicilienne. plupart, on notera l'emploi de l'arc brisé. La brisure en est souvent peu sensible; elle n'est parfois qu'une déformation supérieure. Au reste cet arc n'est jamais outre passé; sauf erreur, l'arc en fer à cheval n'existe pas en Sicile. Girault de Prangey

1

et, après lui, Amari ont signalé ce trait pour marquer la parenté

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Grande Mosquée. Crénelage en bois à la bibliothèque.

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Reconstitution d'un crénelage de la Qal'a des Bent Hammåd.

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1 Girault de Prangey, Essai, p. 100; Amari, Storia, III, 843.

des monuments siciliens avec les monuments du Caire, les mosquées d'Ibn Toûloûn ou d'El-Hâkim. On notera que l'arc brisé non outrepassé apparaît de même dans les fortifications de Mahdîya, au minaret de la Qal'a des Benî Hammâd et à la porte Sarrazine de Bougie.

Les murs de l'église San Cataldo sont couronnés d'une crête en pierre découpée, sorte de crénelage décoratif, se profilant en fines dentelures (Fig. 113). L'Egypte a connu des motifs analogues depuis l'époque toûloûnite. Nous les avons rencontrés au minaret de la Grande Mosquée de Sfax. Des fragments de marbre incrustés de stuc exhumés à la Qal'a paraissent avoir joué ce rôle (Fig. 112). Au haut de la porte de la bibliothèque de Kairouan nous en trouvons une traduction en bois découpé (Fig. 111).

Le kiosque de la Cubola, Saint-Jean des Ermites, San Cataldo se signalent au loin par des coupoles hémisphériques surhaussées. Cette forme est peu fréquente dans l'art musulman. Les vieux tombeaux tlemceniens d'El-'Eubbâd présentent avec la Cubola une frappante analogie, mais leurs coupoles hémisphériques ne sont pas surhaussées. En existait-il dans la Berbérie orientale? Nul ne peut l'affirmer. Je rappellerai seulement que le donjon du Fanal, si proche parent des palais siciliens', devait être surmonté d'une coupole visible de l'extérieur, ce qui laisse supposer un surhaussement assez sensible. Quoi qu'il en soit, le terme même de Cuba, dont on désignait un des palais, paraît établir l'origine musulmane de leurs coupoles. L'archéologue Saverio Cavallari et l'historien Amari ont souligné le fait que ces coupoles n'étaient pas portées par des pendentifs, suivant la formule byzantine, mais par des trompes suivant la formule persane 2. Bien que les architectes byzantins n'aient pas ignoré la trompe, il est certain que celles-ci semblent bien d'inspiration asiatique. A Saint-Jean-des-Ermites et au kiosque de la Cubola, ces trompes sont en demi-voûte d'arête, tout comme au Fanal de la Qal'a.

J'ai parlé des stalactites ou encorbellements en nids d'abeille des palais voisins de Palerme. La Chapelle Palatine offre aussi un plafond dont la corniche est composée de ces savantes combinaisons de trompillons et de plans incurvés; la partie centrale

1 Cf. supra, p. 122.

2 Amari, Storia, III, 844.

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