Images de page
PDF
ePub

s'est exercée directement ou si la transmission s'en est faite par l'intermédiaire de l'Egypte. Les peintres et les céramistes égyptiens n'ont pas ignoré ces motifs asiatiques 1.

[graphic][graphic][graphic]

Fig. 96. Kairouan. Grande Mosquée. Décor peint des entraits.

1 Voir le manuscrit grec à ornements musulmans de 1090 étudié par S. Flury, ap. Der Islam, 1916, pp. 155, ss.

La faune. Le décor humain. Si cet art nous était mieux connu, il faudrait sans doute réserver, dans le décor, une place à la faune à côté de la flore. On sait le rôle des animaux dans les objets d'art industriel créés en Egypte à l'époque des Fàtimides, et l'on connaît, au moins par des descriptions les peintures à personnages de leurs palais du Caire. Nous ne doutons pas qu'il en ait figuré dans leurs fondations de Berbérie et dans celles des princes çanhâjiens. On a trouvé dans les ruines de Cabra trois fragments de bas-reliefs de plâtre représentant des oiseaux. Une sorte de perroquet tient dans son bec un fruit ovale,

Fig. 97.

Cabra. Frag ment de plâtre à décor animal.

peut-être une olive. Un autre fragment de même provenance porte un griffon modelé dans la terre cuite et émaillé de vert.

[graphic]
[merged small][ocr errors]

Mahdiya. Bas relief de marbre (Musée du Bardo).

1 Voir fig. 94 B une curieuse stylisation de deux oiseaux s'abreuvant dans un calice. Ce décor est emprunté à une bague de colonne çanhâjienne, remployée à la zaouïa de Sidi 'Abid el-Gariani, à Kairouan.

1

A la Qal'a des Beni Hammâd aucune pièce d'architecture sculptée ne porte d'êtres animés; mais l'on possède une stèle de marbre décorée d'un lion sur une de ses faces. Les animaux se trouvent fréquemment dans la céramique hammâdite. On voit notamment une chimère peinte sur une petite plaque de revêtement. Les représentations humaines elles-mêmes ne sont pas exclues du répertoire décoratif des faïenciers. Enfin le Musée du Bardo conserve un bas-relief trouvé à Mahdîya et qui montre un roi écoutant une musicienne (Fig. 98).

La nature de cette scène, le costume des personnages, la forme de la couronne du prince avec ses fleurons triangulaires et ses incrustations de plomb qui maintenaient sans doute des pierres de couleur, tout révèle l'influence mésopotamienne. Il se peut

[graphic][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small]

au reste que cette sculpture soit importée d'Orient, mais je considère comme très admissible qu'elle ait été exécutée en Ifriqya.

L'élément géométrique. -L'élément géométrique n'occupe. on s'en souvient, qu'une place restreinte dans l'art aghlabite. Nous ne l'avons trouvé nettement exprimé que dans le décor de bois, accessoirement dans quelques frises ou quelques bordures de pierre. Nous avons vu qu'il y conservait des formes très byzantines d'entrelacs dérivant du carré ou du cercle. Il semble que ce soit à l'époque fâtimite que cet élément prend la tour

1 Voir la stèle dans mon Album de pierre et plâtre sculptés, pl. III ter, B, la plaque de revêtement dans mes Poteries et faiences de la Qal'a, pl. XVII, C et toute cette planche.

nure si caractéristique qu'il affecte dans l'arabesque. L'Egypte paraît avoir assumé un rôle important dans cette élaboration. Je n'ai pas ici à examiner cette question délicate. Toutefois je rappellerai ce que Van Berchem a déjà montré que dans les beaux mihrabs en bois de Sitta Roqaïya et de Sitta Nefissa, œuvres égyptiennes du XII° siècle, l'entrelacs géométrique est vraisemblablement l'aboutissement d'une longue période de recherche, que nous devinons sans la bien connaître 1, mais que les sculptures en pierre des minarets d'El-Hâkim suffiraient à nous révéler 2.

[graphic]

Fig. 100. Kairouan.

Panneau à la porte de la bibliothèque.

Nous sommes loin de posséder en Berbérie des documents aussi significatifs. Nous n'aurons qu'à enregistrer les œuvres où se trahit l'influence du travail poursuivi sur une autre terre.

La porte en bois du tombeau de Sîdî 'Oqba près Biskra est surmontée d'un linteau encore très chrétien de style. Des cercles y sont groupés suivant une ordonnance

Grande Mosquée. qui rappelle la géométrie des incrustations de marbre et des sculptures

byzantines. L'œuvre, que Blanchet plaçait avec quelque vraisemblance aux siècle, présente en certaines parties une analogie évidente avec les portes çanhâjiennes de la bibliothèque, annexe de la Grande Mosquée de Kairouan. Dans ces portes du x1° siècle, au décor foisonnant mais clairement distribué, on voit des pan

1 Van Berchem, Notes d'archéologie, p. 126.

2 Cf. Flury, Die Ornamente der Hakim Moschee, pl. XXIX, XXX, XXXI.

3 P. Blanchet, La porte de Sidi Oqba (Publication de l'association historique pour l'étude de l'Afrique du Nord, II, Paris, 1900). Voir aussi mon Album de pierre, plâtre el bois sculptés, pl. III.

neaux à entrelacs rectiligne d'agencement très ingénieux, mais qui n'éveillent pas encore l'idée de la géométrie proprement musulmane. Celle-ci se caractérise par l'emploi du polygone étoilé, où les angles rentrants alternent avec les angles sortants, ces polygones étant composés par l'entrecroisement de galons continus, qui vont, suivant un rythme régulier, former plus loin des figures identiques.

pas

L'étoile la plus simple est l'étoile à huit pointes, dont tous. les angles sont droits. Cette étoile, du reste, n'est absente des boiseries de la Grande Mosquée de Kairouan, mais elle n'y est pas engendrée par un entrecroisement de lignes continues. A la Qal'a des Beni Hammâd, elle apparaît avec ce caractère indispensable pour constituer l'arabesque géométrique; nous l'y trouvons taillée dans des plaques de faïence. Dans les pavages du Dâr el-Bahr, des croix à branches égales terminées en pointe se combinent avec des étoiles (fig. 70, à gauche); et cette forme, ainsi que la technique qui la traduit, s'affirme comme une importation égyptienne ou persane. Aux lambris du même. palais elle apparaît sculptée dans le plâtre, formée par les entrecroisements d'un galon orné de pastilles (fig. 101). On déterminerait sans trop de peine les modèles d'Egypte qui ont ici inspiré le décorateur hammâdite 1.

[graphic]

Fig. 101.

måd.

Qal'a des Beni HamEntrelacs

geométrique

sculpté en plâtre.

A l'élément géométrique s'apparente un genre de décor qui met également en œuvre des galons de largeur constante, mais dont l'épure procède des formes architecturales, en particulier de l'arc festonné. Souvent un galon accompagne ces arcs, les circonscrit et les relie au cadre par un noeud circulaire. L'emploi de ce galon est très ancien et très général dans l'art musulman. L'époque aghlabite le connaît déjà et, dès le x1° siècle, on le

[ocr errors]

1 Cf. supra, fig. 73. Voir aussi la voûte en berceau du Borj ed-Dafar, reproduite par Creswell, ap. Bulletin de l'Institut français du Caire, XVI, pl. X.

« PrécédentContinuer »