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Qal'a des Beni Hammåd.

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1

Plan du Dâr el-Bahr. E, entrée; S, grande salle : B, bains; M, magasins (?); N, niches.

noyées dans un massif de maçonnerie à l'un des angles de ces salles devaient contenir une provision d'eau (M du plan).

Enfin des salles encore plus exiguës, disposées au Nord du bâtiment central, étaient édifiées sur des hypocaustes, munies de tuyaux et de dallages en brique. C'étaient des bains, annexe indispensable des grandes habitations musulmanes (B du plan).

Un mur d'enceinte, composé d'un noyau de pisé entre deux parements de pierre, reliait le Dâr el-Bahr aux deux systèmes de construction qui se superposent le long de la pente, vers le Nord. Le premier, orienté Sud-Est-Nord-Ouest, comprenait trois cours, dont le sous-sol était perforé de longs réservoirs parallèles. Une grande citerne circulaire, située un peu plus bas, réunissait les eaux descendues de la montagne qui s'étaient décantées dans les réservoirs.

Au-dessus du bâtiment aux citernes s'étendait, suivant une orientation Sud-Sud-Ouest-Nord-Nord-Est, un troisième groupe d'édifices. Une tradition le désigne comme la demeure particulière du sultan. Peut-être convient-il plutôt d'y voir un palais d'âge antérieur ou postérieur au Dâr el-Bahr, mais ayant répondu aux mêmes besoins. Ici, comme au Dâr el-Bahr, mais sur une échelle beaucoup plus réduite, deux cours étaient entourées de constructions de grandeurs variables. Les salles sont des rectangles très allongés. Les pièces d'apparat sont munies de vestibules ou d'antisalles et ont des portes en enfilade. Les pièces d'usage privé ont des entrées coudées ou détournées en sorte qu'à une ouverture s'oppose un mur plein.

Les fouilles n'ont pas permis de reconnaître l'entrée de six salles parallèles où abondaient les débris de poteries grossières et de lampes. Il est possible qu'on se trouve là en présence de magasins 1.

Une tour située à l'extrémité supérieure de l'enceinte, au pied des escarpements du Tagarboûst, dominait la perspective à la fois grandiose et pittoresque de ces palais, avec leurs coupoles et leurs toits de tuiles, des jardins qui les parsemaient et de la ville tout entière.

On n'a pas assez dit, semble-t-il, que l'Algérie possède, avec le Dâr el-Bahr de la Qal'a et ses annexes, un des seuls plans complets de palais musulmans, un des mieux datés et l'un des

1 Voir t. II, la description des magasins dans les qaçba marocaines du XVII siècle.

moins remaniés que l'on ait étudié jusqu'à ce jour. Chronologiquement, il se place entre les palais de Samarra et l'Alhambra de Grenade. Assez différent de l'un et de l'autre, il s'en rapproche cependant par plusieurs traits. Comme eux il comportait un assemblage de constructions et de jardins; les parterres d'eau jouaient de même un rôle dans ces différentes résidences prin-cières. Dans les uns et les autres, on reconnaît des pièces d'apparat plus vastes et plus largement ouvertes, et des habitations privées plus exiguës et

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des parties rentrantes. Saladin a rapproché ces avant-corps hammâdites de ceux du palais de Warka, en Mésopotamie 2, et il semble bien, en effet, que ce parti soit d'origine mésopotamienne. Il en est de même des longues niches qui défoncent les avant-corps et les rentrants des façades. Etablies au-dessus d'un soubassement, ces niches semi-circulaires, d'environ un mètre de diamètre, étaient séparées par des pieds droits qui portaient peut-être, à

1 J'indiquerai aussi infra, p. 217, un rapprochement possible avec une partie exhumée du palais omeiyade de Medinat ez-Zahra.

2 Saladin, Deuxième nole sur les monuments arabes de la Kalaa des Beni Hammad, ap. Bulletin archéologique, 1905, p. 189.

leur sommet, une voussure concentrique à l'arc de la demicoupole.

Les niches cylindriques figuraient-elles dans les intérieurs ? Un des bâtiments donnant sur une

Fig. 62. måd.

T

Qal'a des Beni Ham-
Porche orné de niches.

cour est précédé d'un porche dont les côtés étaient ornés de deux défoncements circulaires (fig. 62). Saladin l'a rapproché du porche de Mahdîya, avec lequel cette entrée hammâdite pouvait, en effet, pré

senter quelque analogie. Mais ce que l'on trouve surtout, à l'intérieur des salles, ce sont les niches à fond plat, thème fécond, et dont il est intéressant de suivre le développement. Parfois un seul

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défoncement couvert en berceau se creuse au milieu du mur opposé à l'entrée (fig. 63, A), là ou nous le retrouvons dans les intérieurs modernes. Parfois deux autres défoncements sem

blables prolongent les faces latérales de la pièce (B). Ces niches. latérales présentent même, dans des salles particulièrement ornées, deux défoncements successifs (D). Une autre salle dans le palais des Emirs est pourvue de ces trois niches à fond plat et précédée d'une antisalle de même largeur (E) également accrue par deux niches plus petites à droite et à gauche. Parfois l'un de ces défoncements est percé d'une porte. Enfin le palais du Manâr nous a fourni un exemple de plan cruciforme (F) obtenu au moyen de niches placées sur les quatre faces d'une salle carrée.

Les coupoles. Les trompes et les autres encorbellements. Nous ne savons quelle forme affectaient les coupoles dont un texte nous a vanté le bel effet. Les seules voûtes hammâdites qui nous soient parvenues ne sont pas apparentes à l'extérieur : les escaliers du minaret et les rampes du Manâr sont couvertes en berceaux appareillés, ceux du Manâr se pénétraient aux angles et y formaient voûte d'arête.

La salle basse du même donjon est couverte d'une voûte en arc de cloître; elle porte, aux angles, sur des trompes très simples formées d'une portion de berceau butant contre les murs verticaux. La coupole qui couvrait la salle cruciforme était établie sur des demi-voûtes d'arête. C'est le premier exemple qu'on rencontre en Occident de ce genre de trompe dont on verra l'emploi fréquent dans les édifices maghribins du xII° siècle. Il faut sans doute en chercher l'origine en Mésopotamie, qui pratiqua la voûte d'arête et donna de la trompe d'angle des solutions si variées.

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Presque

Palais de Bougie et autres palais du même temps. rien ne nous est parvenu des édifices de Bougie, où les Benî Hammâd s'efforcèrent de faire revivre le souvenir de leurs demeures de la Qal'a désertée. Les palais du moins ont entièrement disparu. Nous identifions seulement avec quelque vraisemblance l'emplacement de trois d'entre eux: le palais de

1 La compilation moderne déjà citée à propos de la Mosquée de Bougie (supra p. 116) nous donne sur le palais de l'Etoile des renseignements curieux dont nous ignorons la valeur. Il avait neuf portes dont les battants de bois étaient sculptés. Il comptait un rez-de-chaussée et deux étages. Au-dessus de la porte du milieu régnait la salle du trône, ornée d'arceaux et de frises. (De Beylié, Kalaa, 99-102).

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