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cette hypothèse. Ces sept travées sont également moins élevées que les trois travées postérieures. L'addition dut englober le minaret, qui, placé peut-être primitivement le long de la façade septentrionale, se trouve maintenant dans l'intérieur de la salle de prières.

Les colonnes des nefs anciennes, empruntées comme leurs chapiteaux à des édifices antiques, sont surmontées de sommiers et d'impostes, où s'engagent des tirants et que couronne une plate-bande en saillie formant corniche.

Qu'elles soient primitives ou ajoutées, les nefs sont toutes couvertes, non par des plafonds, mais par des voûtes d'arête et ceci est une nouveauté notable. On en remarquera une autre : il n'y a pas ici de nef principale:

Tombeau.

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Fig. 56. Monastir. Mosquée de la Saiyda.

Plan.

les nefs

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analogues à celles de la Grande Mosquée, dans des proportions beaucoup plus réduites. La salle de prières, qui mesure 9 m. 92 de large sur 6 m. 75 de profondeur, ne comporte que trois nefs et deux travées. Une petite salle, qui contient le tombeau de l'énigmatique Saïyda (la Dame), ayant été aménagée à l'angle Nord, a diminué la travée antérieure de la largeur d'une nef. La salle est couverte, comme celle de la Grande Mosquée, par des voûtes d'arêtes, mais elles reposent sur des piliers de plan cruciforme (fig. 56).

La date de fondation de cet oratoire ne nous est pas connue. Une tradition très recevable veut que des membres de la famille

zîrîde y soient inhumés: la Saïyda serait une princesse. Il

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1 « Le lieu de leur sépulture (des Benî Ziri) était Qaçr es-Saiyda dans le canton de Monastir, » Kairouânî (I. Abi Dinar), tr. Pellissier et Rémusat, p. 157 Voir aussi Ibn Khailikân, tr. de Slane, (Biographical dictionary), IV, 100. W. Marçais et Guiga, Textes de Takroûna, p. 223, n. 23.

semble bien qu'on doive le placer aux environs de l'an 1000. Le décor du mihrâb nous aide à préciser cette datation.

J'ai dit que ce mihrâb présentait les plus grandes analogies avec celui de la Grande Mosquée. Ce dernier est seulement d'une proportion meilleure, plus dégagée le sol de la Saïyda ayant dû être, pour des raisons inconnues, entièrement surhaussé —; il a également conservé les colonnes d'angle que la Saïyda a perdues. Je décrirai ici le mihrâb de la Saïyda, que j'ai pu étudier plus à loisir (fig. 57).

La demi-coupole de la niche est creusée de onzé cannelures rayonnant du sommet. L'arc en fer à cheval déformé est entouré d'un second fer à cheval appointé en accolade, qui retombe sur deux corbelets. Une frise à inscription coufique règne audessous de la conque. Elle portait sur deux colonnes placées aux angles de la niche mais qui ont disparu et sur de petits modillons en forme de coquilles trilobées. Au-dessous règne, dans la niche, un damier de carrés posés la pointe en bas et meublés de rosaces. La base est formée par une arcature, dont les fers à cheval enveloppent des rosaces circulaires.

Le décor épigraphique (fig. 93, 2° ligne), les modillons à coquille, apparentent cet ensemble aux oeuvres fâtimites. Mais beaucoup d'autres traits les arcatures en plein cintre outrepassé, les rosaces, les carrés posés une pointe en bas, relient étroitement ce mihrâb de la Saïyda, comme son contemporain, celui de la Grande Mosquée, au style du Ix siècle. Les colonnes à sommiers et à impostes de la Grande Mosquée sont aussi héritées de l'époque aghlabite.

La Mosquée d'Achir. On n'imagine pas que les Çanhâjiens aient apporté avec eux du Maghreb central une architecture nettement caractérisée. Nos notions sur Achîr, la citadelle qu'occupaient leurs émirs avant de venir en Ifrîqya, sont encore embryonnaires. Cependant la mosquée a été reconnue. Les murs sont en pierres grossièrement équarries, comme tous les édifices de ce champ de ruines. Le mihrâb est nettement dessiné, mais nous ignorons où se trouvait le minaret. Rien ne prouve que

1 Cependant le fleuron terminal des lettres longues, caractéristique du xr siè cle, y apparaît parfois.

2 Cf. mon article: Achir (Recherches d'archéologie musulmane), ap. Rerue africaine, 1922, n° 310.

la salle de prières fût précédée par une cour. Quant à la salle de prières elle-même, elle comptait sept nefs divisées par six rangs de quatre colonnes. Certaines de ces colonnes étaient cannelées et octogonales; elles présentent des mortaises qui pouvaient recevoir les bouts d'une balustrade limitant une maqçoûra, enceinte réservée à l'émir.

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Grande Mosquée de Sfax. Intérieur de la salle de prières.

On

Fig. 58. remarque les impostes surmontant les colonnes et les voûtes d'arêtes établies au-dessus.

La Grande Mosquée de Sfax1. Plus encore que la Grande Mosquée de Monastir, celle de Sfax a subi de profondes transformations. On est même tenté de croire qu'elle a été entièrement reconstruite. La première mosquée fut bâtie sous la direction

1 Sur l'histoire de la mosquée, voir surtout Ibn Maqdich, Nozhat el-andár, II, pp. 74-75.

du qâdî 'Alî ben Sâlem el-Jibinyânî, vers 235 de l'hégire (849 J. C.). Détruite en grande partie au cours des guerres civiles, elle dut être reconstruite à la fin du x° siècle. Plusieurs inscriptions de cette époque figurent dans la belle façade orientale. L'une a subi un martelage, qui a dû faire disparaître les formules fâtimites, mais a laissé intacte la date de 370 (981 J. C.). On y retravailla durant l'époque turque. En 1171 (1757 J. C.) notamment, on aurait déplacé le mihrâb. Tout ce qu'on nous en dit nous laissent et la difficulté qu'il y a à en étudier l'intérieur 1 dans une complète incertitude. Les inscriptions de la façade et le caractère très particulier du minaret, que j'étudierai plus loin, attestent que le début de l'époque çanhâjienne y est encore assez largement représenté. Ce qu'on peut connaître des nefs ne dément pas cette conclusion.

Ces nefs sont au nombre de huit ou neuf. Les colonnes, dont à l'Ouest de la nef centrale actuelle une rangée au moins se présente en groupe de trois, sont surmontées de sommiers et d'impostes à corniches. Des tirants s'implantent au haut des impostes; parfois les sommiers font défaut. Les arcs sont en fer à cheval plein cintre ou déformé. Des voûtes d'arêtes, que surmontent des terrasses couvrent les nefs comme à Monastir. Le mihrab, qui, d'après les chroniqueurs, aurait d'ailleurs été déplacé, n'est précédé par aucune coupole.

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La Mosquée de la Qal'a des Benî Hammâd. La Mosquée de la Qal'a des Beni Hammâd, aujourd'hui complètement ruinée, se signale encore par un minaret de 25 mètres. Paul Blanchet et le général de Beylié l'ont fouillée, ce qui a permis d'en établir le plan 2. Elle couvre un rectangle de 64 m. de long sur 56 m. de large. La salle de prières compte 13 nefs et 8 travées. Les colonnes qui les divisaient ont presque toutes disparu; des contreforts peu saillants épaulaient l'enceinte. Les murs latéraux étaient percés de cinq portes assez irrégulièrement distribuées. Deux portes s'ouvrent dans le mur de la qibla. Une

1 Je l'ai examinée à travers les fenêtres et j'en ai étudié les terrasses du haut d'une maison voisine. Je dois aussi à M. L. Poinssot la communication de photographies prises à l'intérieur.

2 Cf. Blanchet, Nouvelles archives des Missions, t. XVII, pp. 3, ss.; de Beylié, La Kalaa des Bent Hammád, pp. 77, ss.

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