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souffrir que les Beni-Yezid s'emparassent de toute la région que nous venons d'indiquer. Depuis lors, cette tribu continue à l'habiter et à y prélever pour elle-même les impôts et les contributions.

La tribu de Yezid se divise en plusieurs grandes familles, telles que les Hameïan-Ibn-Ocba-Ibn-Yezid, les Djouab, les Beni-Kerz, les Beni-Mouça, les Mérabéà, et les Khachna. Les ancètres de ces peuplades étaient tous fils de Yezid, fils d'Abs, fils de Zoghba.

Parmi les populations nomades de cette race on compte les Agerma-Ibn-Abs, tribu-sœur des précédentes.

Le droit de commander aux Beni-Yezid appartenait d'abord aux Aulad-Lahec, et ensuite aux Aulad-Moâfa, des mains desquels il passa dans la maison de Sâd. Sâd était fils de MalekIbn-Abd-el-Caoui-Ibn-Abd-Allah-Ibn-Said-Ibn-Mohammed-IbnAbd-Allah-Ibn-Mehdi-Ibn-Yezîd-Ibn-Abs-Ibn-Zoghba; mais les membres de cette famille prétendent que Mehdi, l'aïeul de Saîd, était fils d'Abd-er-Rahman, fils d'Abou-Bekr-es-Siddîc [le premier khalife musulman, successeur de Mahomet]. Cette opinion est inadmissible, parce qu'elle est en opposition avec le grand principe que nous avons établi ailleurs et d'après lequel on doit reconnaître que le commandement d'une tribu ne passe jamais dans une famille qui lui est étrangère par la naissance. Il y a d'autres personnes qui font descendre les Beni-Sad de Seloul, fils de Morra-Ibn-Sâsâ, mais le principe que nous venons d'invoquer s'applique également à cette opinion et en démontre la fausseté. On a même regardé les Beni-Yezid et les Beni-Seloul comme descendus d'un même ancêtre, et on les a désignés collectivement par le nom de Beni-Fatema.

Les Sad se composent de trois familles : les Beni-Madi-IbnRizc-Ibn-Sâd, les Beni-Mansour-Ibn-Sâd et les Zoghli-Ibn-Rizc

1 Ici nous avons développé la pensée de l'auteur. C'est dans un chapitre de ses Prolégomènes qu'il a discuté ce point.

2 Le raisonnement d'Ibn-Khaldoun n'est pas conclusif, car le principe qu'il invoque admet des exceptions.

Ibn-Sâd. Aux Zoghli est réservé le commandement en chef de toutes les branches de la tribu de Yezid, tant de celles qui s'adonnent à la vie nomade que de celles qui ont des demeures fixes. Il est à notre connaissance que ce privilége avait appartenu à Zîan-Ibn-Zoghli, et ensuite à Dîfel, frère de celui-ci. De Dîfel l'autorité passa successivement à son frère, Abou-Bekr, à Saci, fils d'Abou-Bekr, à Mâtouc, autre fils du même, à leur cousin, Mouça, fils d'Abou-'l-Fadl-Ibn-Zoghli, à Ahmed, frère du précédent, à leur frère, Ali-Ibn-Abi-'l-Fadl, et enfin à Abou-'lLeil, fils de Mouça et petit-fils d'Abou-'l-Fadl. Abou-'l-Leil mourut en 791 (1389) et eut pour successeur son fils.

Autrefois, les Beni-Yezid comptaient les Beni-Amer au nombre de leurs confédérés ; quand ils changeaient de station, les BeniAmer les accompagnaient, et dans leurs guerres, ce même peuple leur servait d'auxiliaire. Sous le régne du khalife hafside, ElMostancer, les Riah, commandés, d'abord, par leur chef MouçaIbn-Mohammed-Ibn-Masoud, et ensuite par son fils Chibl, se li vrèrent, pendant un temps considérable, à des hostilités contre les Zoghba. Les Beni-Yezîd prirent une part très-active dans cette querelle, à cause de leur voisinage avec les parties belligérantes. En récompense des secours que leurs confédérés, les BeniAmer, leur avaient fournis pendant ces dissensions, les BeniYezid s'imposèrent une contribution annuelle de mille grands sacs (gherara) de grains; don qui fut appelé le gherara. L'on rapporte que les Beni-Amer avaient mérité cette marque de reconnaissance par leur empressement à venir en aide à AbouBekr-Ibn-Zoghli auquel, pendant ces troubles, les Rîah avaient enlevé Dehous, localité qui fait partie du Hamza. La portion des Beni-Amer qui accourut à son appel se composait des AuladChafaï, commandés par Saleh-Ibn-Balegh, des Beni-Yacoub sous les ordres de Dawoud-Ibn-Attaf, et des Hamîd, sous la conduite de Yacoub-Ibn-Moarref. Au moyen de ce renfort Abou-Bekr-IbnZoghli recouvra la possession de son territoire, qu'il greva ensuite du gherara, offrande destinée à la tribu qui l'avait secouru. Pendant un temps assez long cet impôt continua à être payé régulièrement aux Beni-Amer.

Vers le temps où Yaghmoracen établit son autorité dans Tlemcen et les pays voisins, époque à laquelle les Zenata vinrent occuper le Tell et les plateaux, les Makil se livraient dans ces régions à tous les désordres. Voulant contenir la violence de ces Arabes en leur donnant pour voisin un peuple rival, Yaghmoracen fit venir les Beni-Amer des lieux qu'ils parcouraient dans la partie du Désert appartenant aux Beni-Yezid, et les établit près de lui, dans le Désert [au sud] de Tlemcen. La tribu de Hameïan', branche des Beni-Yezid et descendue d'Ocba-Ibn-Yezîd, y suivit les Beni-Amer parce que, s'adonnant exclusivement à la vie nomade et au soin des troupeaux, elle n'avait point de séjour fixe. Encore aujourd'hui on considère les Hameïan comme faisant partie des Beni-Amer.

Le reste des Beni-Yezid occupa les campagnes fertiles de la région maritime [ à l'est d'Alger ] et s'y établit à demeure. Un très-petit nombre d'entr'eux, composé de quelques membres de la famille d'Akerma et de diverses fractions de celle d'Abs, continue, cependant, jusqu'à ce jour, à vivre en nomades ; ils fréquentent la partie du Désert que parcourent les AuladZoghli, et, presque toujours, ils s'y rendent de compagnie avec eux ou avec les alliés qu'ils se sont faits parmi les nomades de la tribu de Zoghba et ceux de la tribu de Rîah.

Entre les branches des Beni-Yezîd-Ibn-Abs-Ibn-Zoghba, on remarque celles des Beni-Khachîn [les Khachna], des Beni-Mouça, des Beni-Moâfa et des Beni-Lahec. Ces deux dernières familles avaient exercé le commandement sur toute la tribu antérieurement aux Beni-Sâd-Ibn-Malek. On y compte de plus les BeniDjouab, les Beni-Kerz et les Beni-Marbê, appelés aussi les Merabéâ. Toutes ces peuplades occupent encore le pays du Hamza 2. Une petite tribu, branche des Merabéâ, vit actuellement avec ses troupeaux dans les plaines de Tunis, où elle est connue sous le nom de Zoghba.

1 Si nous admettons l'orthographe ponctuée de ce nom, telle que les meilleurs manuscrits nous la présentent, il faut le prononcer Homeiyan.

Ils habitent maintenant entre le Hamza et la plaine de la Métidja.

Les Beni-Hosein-Ibn-Zoghba occupaient le pays qui touche à la partic occidentale du territoire habité par les Beni-Yezîd. A côté d'eux, les Thâleba, branche de la tribu de Makil, possédaient la région qui s'étend depuis la mer jusqu'à Tîteri et à Médéa. Dans la suite, cette contrée fut enlevée aux Thâleba par les Beni-Toudjîn, branche de la tribu des Beni-Badin.

Comme les Toudjîn avaient pour voisins les Beni-Hosein, tribu aux habitudes nomades, ils les obligeaient à leur fournir, sur réquisition, un contingent en hommes, et à leur payer un tribut en sus des impôts. Plus tard, les Beni-Abd-el-Ouad mirent fin à la domination que les Toudjinides exerçaient autour de Médéa, et ayant alors abreuvé les Hosein d'humiliations, ils les soumirent aux impôts et aux avanies de toute nature: les décimant par l'épée et les accablant de corvées, ils les réduisirent enfin au rang des autres peuplades soumises à l'impôt.

Dans la suite, les Beni-Merin étendirent leur domination sur toutes les populations d'origine zenatienne, comme nous le raconterons plus tard, et ces mêmes Hosein devinrent les sujets les plus obéissants de leur empire.

La puissance des Arabes commença à se faire sentir de nouveau quand la mort du sultan Abou-Einan eut permis à AbouHammou-Mouça de rétablir le royaume des Beni-Abd-el-Ouad. La puissance des Zenata fléchit vers la même époque; leur empire éprouva le sort de tous les autres et tomba en décadence; alors les Hosein s'emparèrent de Tîteri, c'est-à-dire, de la montagne d'Achir, et s'y fortifièrent. Ils y étaient déjà établis quand Abou-Zian, cousin du sultan Abou-Hammou [et fils d'Abou-Saîd, sultan] qui régna avant celui-ci, passa chez eux. Il s'était échappé de l'espèce de captivité dans laquelle les Mériņides le retenaient, et après avoir visité Tunis, il annonçait maintenant l'intention de monter sur le trône que son père avait occupé, et d'enlever le pouvoir à son cousin par les armes. Après plusieurs aventures dont je ferai le récit ailleurs, il s'arrêta chez les Ho

1 Dans le texte arabe, il faut lire Li-Beni-Toudjin, à la place de MinBeni-Toudjin.

sein au moment le plus opportun, car ils cherchaient une occasion comme celle-là afin de secouer le joug dont le gouvernement de Tlemcen les avait chargés. Aussi, lui firent-ils l'accueil le plus empressé, et s'étant engagés à le soutenir, ils en écrivirent à leurs frères et aux chefs des autres tribus zoghbiennes, telles que les Beni-Soueid et les Beni-Amer. Ayant obtenu la promesse de leur appui, ils se retranchèrent dans la montagne de Titeri et repoussèrent, à plusieurs reprises, les troupes qu'Abou-Hammou avait envoyées contre eux Alors, ce sultan marcha en personne pour les combattre, mais il eut à essuyer un nouveau revers. Par suite de ce dernier combat les Zoghba recouvrèrent la prépondérance qu'ils avaient tant ambitionnée.

Depuis ce temps, ils ont continué à résister avec succès aux prétentions du gouvernement [abd-el-ouadite], et ayant obtenu la concession de cette partie de la province, ils se la sont partagée entre eux. Abou-Zîan passa chez les Riah après avoir fait la paix avec son cousin. Les Hosein ayant acquis par son moyen la puissance qu'ils conservent encore, se firent concéder par le gouvernement tous les territoires dont ils s'étaient emparés aux environs de Médéa et dans le pays des Sanhadja.

La tribu des Hosein forme deux grandes branches, les Djondel et les Kharrach. A celle de Djondel appartient la famille de SadIbn-Khonfer-Ibn-Mobarek-Ibn-Fodail-Ibn-Sinan-Ibn-Sebȧ-Ibu

Mouça-Ibn-Komam-Ibn-Ali-Ibn-Djondel. Le droit de commander cette branche appartient à Ali et à Séïdhom, fils de KhalifaIbn-Sad, mais les Aulad-Khachà-Ibn-Djondel l'avaient exercé avant eux. Les Khachà ont maintenant pour chef Ali-Ibn-SalehIbn-Debbab-Ibn-Mobarek-Ibn-Mahya-Ibn-Mohelhel-Ibn-Chokr

Ibn-Amer-Ibn-Mohammed-Ibn-Khachà.

Les Kharrach, seconde branche des Hosein, se composent de trois grandes familles : les Aulad-Masoud-Ibn-Modaffer-Ibn-Mohammed-el-Kamel-Ibn-Kharrach, qui obéissent aux fils de Rehab-Ibn-Eïça-ben-bou-Bekr-Ibn-Zemam-Ibn-Masoud; les AuladFeredj-Ibn-Modaffer, commandés par les fils de Khalifa-Ibn-Othman-Ibn-Mouça-Ibn-Feredj, et les Aulad-Tarif-Ibn-Måbed-IbnKharrach. Cette dernière famille, que l'on appelle aussi El-Méà

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