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dem, l'aïeul de la tribu du même nom, fut fils d'Azaz, fils de Kåb, fils de Soleim; mais, j'ai appris de Selam, chef des Auladet-Torkïa, que les Mocaddem descendent de Rebiâ-Ibn-Nizar, tribu très-illustre de l'Arabie.

Avec ces peuplades se trouve aussi la tribu de Mohareb. Elle prétend descendre de Djâfer, fils d'Abou-Taleb, gendre de Mahomet; mais on assure que c'est de Djafer-Ibn-Kilab qu'elle tire son origine. On y rencontre de plus la tribu de Rouaha, branche, soit de celle de Zobeid, soit de celle de Djâfer. Les familles nomades qui font partie de ces tribus se rendent vers le midi, jusqu'aux Oasis (Ouahat), pour y prendre leurs quartiers d'hiver. Ibn-Saîd dit : « Parmi les descendants de Ghatafan, il se » trouve à Barca, les Héïb, les Rouaha et les Fezara; » les faisant ainsi appartenir à la tribu de Ghatafan; mais Dieu sait si cela est exact!

Dans la province d'El-Bahira, entre Alexandrie et le vieux Caire, on rencontre plusieurs peuplades nomades. Elles s'y arrêtent pour faire leurs semailles; mais, à l'approche de l'hiver, elles passent dans les environs de l'Acaba et de Barca. Elles appartiennent aux tribus berbères de Mezata, Hoouara, et Zenara : cette dernière est une branche de celle des Louata. Ces nomades paient une taxe au gouvernement pour la permission de cultiver la terre. Un nombre considérable d'autres familles, tant arabes que berbères, sont venues se fondre avec eux. Dans le Saïd (la Haute-Egypte ) se trouvent plusieurs tribus arabes descendues' de Hilal et de Kilab Ibn-Rebiâ. Elles ont des chevaux pour montures et vont toujours armées. Bien qu'elles s'adonnent à l'agriculture et paient l'impôt (kharadj) au sultan, elles se li

1 Le célèbre historien et géographe Ibn-Saîd, naquit à Grenade en l'an 610 (1214 de J. C). Il visita les principales villes de l'Orient et mourut à Tunis en 685 (1286-7). M. de Gayangos a donné une notice sur cet écrivain dans sa traduction anglaise de l'Histoire de l'Espagne musulmane d'El-Maccari; tome 1, page 309.

Sur les tribus établies

2 Ici l'auteur a laissé une ligne en blanc. en Egypte on peut consulter les extraits d'El-Macrîzi publiés par M. Quatremère, dans ses Mémoires sur l'Egypte.

vrent à des querelles et à des guerres intestines telles qu'on n'en voit pas parmi les tribus du Désert.

Dans le Saïd supérieur, depuis Syène jusqu'à la Nubie, et de là jusqu'à l'Abyssinie, se trouvent des tribus nombreuses et des familles isolées, appartenant toutes à la tribu arabe de Djoheina, branche de celle de Codâa. Elles pullulent dans les déserts de ce pays, et elles ont conquis les contrées habitées par les Nubiens. Elles serrent de près les Abyssiniens et partagent avec eux la jouissance des terrains limitrophes. Parmi ces tribus, celle qui habite les environs de Syène s'appelle les fils de Kenz-Ed-Dola, personnage qui acquit une certaine célébrité par sa longue lutte avec le gouvernement égyptien 1.

Depuis Syène jusqu'à Cous, le pays est habité par les Kenz et les Beni-Djâfer-Ibn-Abi-Taleb. Ceux-ci vinrent s'y établir lors de leur expulsion du terrritoire de Médine par les Beni-'lHocein. Les Beni-Djâfer sont connus parmi leurs voisins sous lejnom des Chérifs Djaférides. Ils s'adonnent principalement

au commerce.

Au midi du vieux Caire et de là jusqu'à l'Acabat Aïla 3, se trouvent des tribus descendues de Djodam par la branche d'Aïd. Elles se chargent d'escorter les voyageurs qui traversent ces contrées, et en récompense de leurs services, elles tiennent du sultan certains fiefs dont elles ont la pleine jouissance.

1 La révolte de Kenz-ed-Dola eut lieu en l'an 670 de l'hégire. (Voy. Mémoires sur l'Egypte, tome n, p. 94.)

2 Au commencement du quatrième siècle de l'hégire, la famille des Beni-Hocein et celle des Beni-Djâfer, toutes les deux descendues d'Ali, gendre de Mahomet, gouvernaient la Mecque. Peu de temps après, les Beni-Djâfer furent expulsés de la ville par les Beni-Hocein et allèrent se fixer entre la Mecque et Médine. Chassés de lå par les Beni-Harb, ils s'embarquèrent pour la Haute-Egypte où ils ont depuis continué à de

meurer.

3 L'Acabat-Aila, ou Montée d'Aïla, est située sur la Mer-Rouge, à l'extrémité du golfe d'Acaba.

Djodam descendait de Kahtan, aïeul des tribus Himyerites.

Plus à l'Orient, du côté d'El-Kerek 1 on rencontre des tribus sorties de celle d'Ocba, autre branche des Djodam. Elles s'adonnent à la vie nomade et poussent leurs courses jusqu'à Médine. On les a chargées de protéger les voyageurs qui traversent leur territoire.

Dans les pays qui s'étendent derrière Aïla jusqu'à El-Azlem, se trouve la tribu de Bela, branche des Codâa 3. Depuis El-Azlem jusqu'à El-Yenbô, sur la Mer-Rouge, le pays est habité par des tribus appartenant à la grande famille de Djoheina; et depuis El-Yenbô jusqu'à Bedr, on trouve la tribu de Zobeid, branche des Medhedj. Les Zobeid sont les alliés et confédérés des Beni'l-Hacen, émirs de la Mecque. Depuis la Mecque jusqu'à ElMehdjem, sur la frontière du Yémen, se trouvent les BeniChoba, descendants de Kinana.

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Entre El-Kerek et Gaza, à l'Orient de cette dernière localité, on rencontre les tribus issues de Djerm, un des descendans de Codâa. Elles sont très-nombreuses, et leurs chefs très-puissants. Ils tiennent du sultan certains fiefs à la condition de faire le service militaire et de protéger les voyageurs. En hiver, ces tribus mènent leurs troupeaux à Mân et dans les bas pays de la province du Nedjd, auprès de Teima. Immédiatement à côté d'eux, et dans la Syrie, on trouve les Beni-Haretha-Ibn-Sinbis et la tribu appelée Al-Mera (famille de Mera), branche de celle de Rebiâ et sœur de celle des Al-Fadl. Les princes de la famille de Fadl régnent sur les déserts de la Syrie, de l'Irac et du Nedjd. J'ai appris d'un des émirs de la tribu de Haretha que Sinbis est une branche de la grande tribu de Taï.

1 La ville de Kerek est située à l'orient de la Mer-Morte, dont elle est éloignée d'environ sept lieues.

2 El-Azlem, ou El-Ezlem, est situé au midi de l'Acabat-Aïla, sur la route de la caravane qui se rend du Caire à la Mecque.

3 La tribu de Codâa descend de Kahtan.

↓ El-Mehdjem, ville autrefois célèbre, était située entre Loheïa el Hodeida, dans le Yémen.

5 Mân est située à environ quinze lieues à l'est de Petra.

6 Teima est à 30 lieues au nord de Médine.

Nous allons maintenant raconter l'histoire des enfans de Fadl, émirs de la Syrie et de l'Irac, et membres de la tribu de Taï. Ce récit servira à faire comprendre l'état de tous les Arabes nomades de la Syrie 1.

DE LA FAMILLE DE

BRANCHES.

FADL ET DE CELLE DE MOHENNA, UNE DE SES DE LEUR DOMINATION EN SYRIE ET EN IRAČ.

La tribu arabe qu'on désigne par le nom d'Al-Fadl, ou la famille de Fadl, parcourt les régions situées entre la Syrie, la Mésopotamie et le désert du Nedjd, dans le Hidjaz. En été, elle fréquente les premières localités, et en hiver, les secondes. Elle se rattache, par son origine, à la tribu de Taï. Plusieurs familles appartenant aux tribus de Zobeid, de Kelb, de Hodeim et de Medhedj se sont confédérées avec les Al-Fadl.

La famille de Mera rivalise en puissance et en nombre avec celle de Fadl. On assure que ces deux peuplades sont branches de la tribu de Rebiâ et que les descendants de Fadl forment deux catégories, la famille de Mohenna et celle d'Ali. Selon les mêmes autorités, toute la tribu de Fadl habitait le Hauran; mais, en ayant été expulsée par les Mera, elle se fixa à Emesse et dans les contrées voisines. Toutefois, ses alliés de la tribu de Zobeid restèrent dans le Hauran. Leurs descendants s'y trouvent encore et n'en sortent jamais. Les mêmes narrateurs ajoutent que la famille de Fadl s'étant mise au service des sultans, reçut d'eux le commandement de tous les Arabes nomades et la jouissance de certains fiefs, à condition de protéger les caravanes qui'voyageaient entre la Syrie et l'Irac.

Ces avantages la mirent en état de lutter contre la famille de Mera et de lui enlever le pays où elle prenait ses quartiers d'hiver. Depuis lors, l'Al-Mera s'est bornée à parcourir les limites de la Syrie, dans les environs du pays cultivé et des

L'auteur aurait dû ajouter ici et à faire connaitre la souche d'où proviennent les tribus arabes établies maintenant en Afrique.

Le pays du Hauran, l'ancien Auranitis, est situé au nord-est du lac de Tibériade.

villages, ne se hasardant que bien rarement, à entrer avec ses troupeaux dans le Désert. Plusieurs familles d'Arabes nomades, appartenant aux tribus de Medhedj, d'Amer et de Zobeid, s'attachèrent aux Mera en qualité de confédérées et firent avec eux un seul corps, ainsi que cela était déjà arrivé pour la famille de Fadl. De toutes les tribus qui se réunirent aux Mera, la plus nombreuse fut celle des Beni-'l-Haretha-Ibn-Sinbis, branche de la tribu de Taï.

Tels sont les renseignements que j'ai reçus de quelques-uns de leurs chefs, dont les paroles me paraissent mériter toute confiance.

Les Beni-'l-Haretha fréquentent encore les plateaux de la Syrie et ne s'aventurent jamais dans le Désert.

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• Les régions que la tribu de Taï occupe dans le Nedjd sont » très-étendues. Ce peuple, à sa sortie du Yémen ', s'établit >> aux Deux-Montagnes, Adja et Selma 2, qu'il enleva à la tribu » d'Aced dont il devint le protecteur. Il posséda aussi des terri>> toires à Someira 3 et à Feid, lieux de halte pour la caravane des pèlerins. Les Beni-Aced s'étant éteints dans la suite, » leurs possessions, situées aux environs de Kerekh, dans le >>> Nedjd, devinrent l'héritage de la tribu de Taï. Il en fut de » même des territoires possédés par la tribu de Temîm dans le » Nedjd, entre Basra, Koufa et Yemama, ainsi que des terres appartenant à la tribu de Ghatafan et situées auprès de Ouadi>> 'l-Cora dans le Nedjd.

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Telles sont les paroles d'Ibn-Saîd. Il ajoute, ensuite : « Parmi >> les branches de la tribu de Taï qui habitent le Hidjaz, les plus

La tribu de Taï quitta le Yémen plusieurs siècles avant la naissance de Mahomet.

2 Ces montagnes sont situées dans l'intérieur de l'Arabie, près de la route qui mène de l'Irac à Médine.

3 L'auteur du dictionnaire géographique, le Meracid, place Someira auprès de Honein. Ce dernier endroit est à une lieue de la Mecque.

Feid est à 10 lieues de la montagne de Selm.

* Ouadi-'l-Cora (la vallée aux villages), est à dix lieues au nord de Médine, sur la route de la Syrie.

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