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Pendant les troubles de cette époque, Abd-er-Rhaman-benbou-Ifelloucen chercha asile auprès des Beni-Djaber, mais le vizir Omar-Ibu-Abd-Allah, qui était alors tout puissant dans le Maghreb, exigea et obtint l'expulsion de cet émir. Comme EnNacer-el-Ourdighi avait pris une part très-active dans toutes ces insurrections, le gouvernement mérinide le fit arrêter et le garda en prison pendant plusieurs années. Ayant ensuite recouvré la liberté, En-Nacer partit pour la Mecque; mais, à son retour du, pèlerinage, il fut emprisonné de nouveau par l'ordre d'AbouBekr-Ibn-Ghazi. Ce visir gouvernait alors le Maghreb avec une autorité absolue au nom d' [Es-Said], fils du sultan Abd-el-Azîz. Ce fut alors que le commandement des Beni-Djaber fut enlevé à la famille d'Ali-el-Ourdighi. Beaucoup de personnes assurent que les Ourdîgha appartiennent, non pas aux Djochem, mais aux Sedrata, branche de la tribu berbère de Louata. A l'appui de leur opinion elles font observer que toutes les localités habitées par les membres de cette famille, sont situées dans le voisinage du peuple berbère que nous venons de nommer. Dieu sait si elles ont raison ou non.

Les Acem et les Mocaddem. Les Acem et les Mocaddem, branches de la tribu d'Athbedj, s'établirent dans les plaines de Temsna avec les peuplades dont nous venons de parler. Sans être aussi nombreuses que leurs frères, les Djochem, ils jouirent néanmoins, d'une grande puissance. Tributaires du sultan, ainsi que ceux ci, ils lui fournissaient un contingent d'hommes, en cas de guerre. Sous les Almohades, pendant le règne d'El-Mamoun, les Acem eurent pour chef un de leurs parents appelé Hacen-IbnZeid. Cet homme se fit remarquer par son activité pendant la révolte de Yahya-Ibn-en-Nacer; aussi, en l'an 633 (4235-6), lors de la mort de ce prince, Er-Rechîd lui ôta la vie, ainsi qu'à Caïd et Faïd, fils d'Amer et cheikhs des Beni -Djaber.

Le commandement des Acem passa ensuite à Abou-Eïad, qui le transmit à ses fils, dont l'un, Eïad-Ibn-Abi-Eïad, vivait encore du temps des Beni-Merîn. Après s'être montré tantôt dévoué, tantôt hostile à cette dynastie, il s'enfuit à Tlemcen. Entre les années 690 et 700 (1300), il rentra dans sa tribu; puis il se

sauva dans la province de Sous, et en l'an 707, il reparut encore au milieu de son peuple. Pendant toute sa vie, il ne faisait que chercher les aventures et les dangers. Sous le règne de YacoubIbn-Abd-el-Hack, il s'était distingué, ainsi que son père, par sa bravoure dans la guerre sainte que ce prince avait entreprise contre les Chrétiens. Jusqu'à l'extinction des Acem et des Mocaddem, le droit de leur commander appartenait aux Eïad.

HISTOIRE DES RIAH, TRIBU QUI TIRE SON ORIGINE DE HILAL IBN-AMER.

De toutes les tribus issues de Hilal, la plus puissante et la plus nombreuse, lors de leur entrée en Ifrîkïa, fut celle des Riah. Selon Ibn-el-Kelbi, Riah était fils d'Abou-Rebiâ-Ibn-Nahîk-Ibn-HilalIbn-Amer. A l'époque de leur arrivée en ce pays, ils avaient pour chef Mounès-Ibn-Yahya-es-Sinberi, membre d'une famille issue de Mirdas, fils de Riah; et parmi leurs capitaines les plus illustres, ils comptaient El-Fadl-ben-bou-Ali, celui dont le nom est cité dans l'histoire de leurs guerres avec les Sanhadja.

Les Riah forment plusieurs branches dont quatre remontent leur origine à autant de frères: Amr, Mirdas, Ali et Saîd, fils de Riah. Une autre branche, appelée El-Akhder, a pour aïeul Khidr, fils d'Amer et petit-fils de Rîah.

La branche de Mirdas se subdivise en plusieurs familles; savoir, Daouwad-Ibn-Mirdas, Sinber-Ibn-Haouaz-Ibn-Akîl-IbnMirdas, Moslem-Ibn-Akîl et Amer-Ibn-Yezîd-Ibn-Mirdas. D'Amer proviennent trois familles : les Beni-Mouça-Ibn-Amer, les BeniMohammed-Ibn-Amer et les Beni- Djéber-Ibn-Amer. Quant aux derniers, on les fait quelquefois descendre de Latif, ainsi que nous l'avons déjà indiqué 1.

Les Beni-Mohammed se composent de trois familles : MechhourIbn-Mohammed, Mâaou-Ibn-Mohammed et Ali-Ibn-Mohammed. Cette dernière s'appelait aussi Soudan. Quelques personnes ont cependant regardé les Mochahra, ou membres de la famille des Mechhour, comme se rattachant à Hilal-Ibn-Amer par un autre aïeul que Rîah.

Voyez page 56 de ce volume.

Le droit de commander à toutes les tribus rîahides, appartenait autrefois à la branche de Mirdas. Lors de leur entrée en Ifrîkïa, ce fut la famille de Sinber qui l'exerçait, mais ensuite il passa aux Douaouida, descendants de Daouwad-Ibn-Mirdas-Ibn-Rîah. La famille d'Amr-Ibn-Riah réclame pour Amr, son aïeul, l'honneur d'avoir élevé ce Daouwad.

Du temps des premiers] Almohades, les Rîah eurent pour chef Masoud-Ibn-Soltan-Ibn-Zemam-Ibn-Rodeini-Ibn-Daouwad, surnommé El-Bolt (le pavé) à cause de sa fermeté et de sa force de caractère.

[Le khalife almohade] El-Mansour, lorsqu'il transporta les Riah dans le Maghreb, laissa plusieurs fractions de cette tribu en Ifrikïa, et en confia le commandement à un frère de Masoud, nommé Açaker, chef dont il avait éprouvé la fidélité. Quant à Masoud, il l'établit, avec le reste de ce peuple, dans cette partie de la province d'El-Hebet qui s'étend depuis le Cosour-Ketama, autrement appelé El-Casr-el-Kebîr, jusqu'au pays d'Azghar. Les Riah se fixèrent alors dans la vaste plaine qui se prolonge de là jusqu'à la Mer-Verte (l'Atlantique).

Entre les années 590 et 600 (1203), Masoud s'échappa avec une petite troupe de son peuple et rentra en Ifrîkïa où il se vit rejoindre par ses neveux, les fils d'Açaker. De là, il passa dans la province de Tripoli et s'arrêta tantôt chez les Zoghb [Zoghba] et tantôt chez les Debbab. S'étant ensuite mis au service de Caracoch, il assista, sous les ordres de cet aventurier, à la prise de Tripoli. Plus tard, il alla trouver Ibn-Ghania-el-Maïorki et persista dans la révolte jusqu'à sa mort.

Mohammed, son fils et successeur, se distingua par sa bravoure dans la guerre que [Yahya-Ibn-Ghania]-el-Maïorki faisait aux Almohades. En l'an 606 (1209-10), Abou-Mohammed le Hafside ayant rencontré Yahya [Ibn-Ghanîa] près d'El-Hamma, dans le Belad-el-Djerîd, le vainquit dans une bataille qui coûta

Dans le texte arabe et dans les manuscrits on lit 618; trait de négligence de la part de l'auteur ou de son copiste. Plus loin, dans l'histoire des Hafsides, on trouve la vraie date.

aux Arabes beaucoup de monde. Abd-Allah, fils de ce Mohammed, y perdit la vie, ainsi que son cousin, Abou-'s-Cheikh ' Harakat-Ibn-Açaker.

Après la mort d'Abou-Mohammed le Hafside, Mohammed, fils de Masoud, rentra en Ifrîkïa dont il subjugua toutes les campagnes, et rallia autour de lui les nomades de la tribu d'Athbedj qui y restaient encore. Ses nouveaux alliés, qui formaient les tribus de Dahhak et de Latif, profitèrent de son appui pour accabler leurs rivaux, les Doreid [ou Drid] et les Kerfa; mais, ayant été contraints, par leur faiblesse toujours croissante, à quitter la vie nomade, ils se dispersèrent dans les villages et les hameaux du Zab. Quant à Mohammed-Ibn-Masoud, il continua à vivre sous la tente avec sa tribu et parvint enfin au commandement de tous les nomades qui occupaient les campagnes situées entre Castîlïa, le Zab, Cairouan et El-Mecîla.

En 634 (1233-4), lors de la mort d'Ibn-Ghanîa et de la chute de son empire, le sultan hafside [l'émir Abou-Zékérïa] Yahya, fils d'Abd-el-Ouahed, profita de l'affaiblissement de l'empire almohade établi à Maroc, pour usurper le khalifat de Tunis. Il acquit ainsi une telle supériorité sur les Arabes qu'il brisa toutà-fait le parti qu'Ibn-Ghanîa s'était formé dans les tribus de Rîah et de Soleim. La présence des Douaouida sur le sol de l'Ifrîkïa, leur esprit d'insubordination et leur attachement à IbnGhania avaient indisposé les Hafsides contre eux; aussi l'émir Abou-Zékérïa s'empressa de gagner les Soleim et les attacher à son gouvernement.

Cette tribu était alors établie à Cabes, à Tripoli et dans les cantons voisins de ces villes, et elle reconnaissait à la famille de Mirdas et aux Kaoub le droit de la commander. L'administration hafside l'ayant maintenant autorisée à se fixer dans Cairouan et la province de Castilia, ne cessa de fomenter la mésintelligence qui régnait entre elle et les tribus rîahides.

Quelque temps auparavant, Mohammed - Ibn - Masoud était

4 Les manuscrits et le texte imprimé portent Abou-'s-Cheikh-IbnHarakat, faute qui provient du premier copiste ou de l'auteur lui-même.

maître de la ville d'Obba. Dans une année de disette il vit une troupe de Mirdacides arriver chez lui pour se procurer du blé. Ces gens ayant convoité les richesses dont on jouissait dans cette localité, essayèrent de s'en emparer de vive force. Un combat s'ensuivit et coûta la vie à Rizc-Ibn-Soltan, oncle de Mohammed - Ibn - Masoud. Il en résulta une guerre entre les Riah et les Soleim, et après plusieurs rencontres, ceux-ci forcèrent leurs adversaires à quitter la partie orientale de l'Ifrîkïa et à se transporter dans la partie occidentale de la même province. Les Kaoub et les Mirdas prirent alors possession de toutes les plaines de l'Ifrikïa orientale, depuis Cabes et Nefta jusqu'à Bône, pendant que les Douaouida s'en éloignèrent afin d'occuper les plaines de Constantine et de Bougie, les plateaux du Tell et les pâturages du Zab, du Righ, de Ouargla et du Désert qui s'étend de là vers le midi.

Après la mort de Mohammed-Ibn-Masoud, son fils et successeur, Mouça, parvint à une haute considération dans la tribu à cause de sa résistance opiniâtre au gouvernement hafside. Quand le célèbre Mohammed-el-Mostancer fut proclamé khalife et monta sur le trône de son père Abou-Zékérïa, il eut à soutenir une lutte contre son frère [Abou-Ishac] Ibrahîm qui essaya de lui disputer le pouvoir. Les Douaouida accueillirent le prétendant, et lui ayant prêté le serment de fidélité aux environs de Constantine, ils le mirent à leur tête, d'un mouvement unanime. En l'an 666 (1267-8), quand El-Mostancer se fut mis en marche pour les attaquer, ils prirent la fuite et leurs bandes finirent par se disperser. Une de leurs tribus, les Beni-Açaker-Ibn-Soltan, abandonna alors la confédération et passa sous les drapeaux du monarque hafside. A cette époque, le commandement des BeniAçaker appartenait à la branche des Mehdi-Ibn-Açaker.

Les Douaouida ayant ensuite renoncé aux engagements qu'ils avaient pris envers Abou-Ishac-Ibrahim, mirent ce prince dans la nécessité de se retirer à Tlemcen. Il passa de là en Espagne, et fixa son séjour [à Grenade] sous la protection du sultan, Ibnel-Ahmer-es-Cheikh.

A la mort de Mouça-Ibn-Mohammed, son fils Chibl succèda au

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