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éclata dans le Maghreb Ahmed-el-Djodami, fils de Bekr-IbnAbd-er-Rahman-Ibn-Sehl, tua Hamed-Ibn-Hamdan et envoya sa tête à Ibn-Abi-'l-Afia. Celui-ci la fit porter à Cordoue pour être présentée à En-Nacer, puis, il se rendit encore maître du pays entier.

En l'an 323 (935), l'eunuque Meiçour, général d'Abou'l-Cacem, le khalife fatemide, pénétra dans le Maghreb, et, sur la nouvelle qu'Ibn-Abi-l'-Afïa s'était enfermé dans la forteresse de Locaï pour ne pas risquer une bataille, il alla faire le siége de Fez. Voulant alors mettre en pratique une ruse de guerre, il attira dans une conférence Ahmed-Ibn-Bekr, gouverneur de la ville, et le fit arrêter et conduire à El-Mehdïa. Indigné de cette trahison, le peuple de Fez prit pour chef Hacen-Ibn-Cacem-elLouati et se disposa à faire une vigoureuse résistance. Meiçour les tint assiégés jusqu'à ce qu'ils consentirent à reconnaître la souveraineté des Fatemides et à leur payer tribut. En se retirant, il confirma Hacen-lbn-Cacem dans le gouvernement de la ville. Tournant ensuite ses armes contre Ibn-Abi-'l-Afïa, il lui livra plusieurs batailles dans une desquelles il fit prisonnier ElBouri, fils de ce chef. El-Bouri fut envoyé à El-Mehdia, et son père, accablé par le dernier revers qu'il avait essuyé, quitta le Maghreb et traversa les territoires du Molouïa et d'Outat pour se réfugier dans le Désert. 'Meiçour reprit le chemin de Cairouan, et en passant auprès d'Archgoul, il en arrêta le gouverneur, IdrîsIbn-Ibrahim (descendant de Soleiman-Ibn-Abd-Allah, frère d'Idrîs l'ancien), qui s'était présenté devant lui dans l'espoir de gagner sa bienveillance par l'offre d'un cadeau. Après avoir enlevé à ce prince toutes ses richesses, il le remplaça par Abou'l-Aïch-Ibn-Eïça, membre de la même famille. De là il se porta rapidement vers Cairouan où il arriva en l'an 324 (935-6).

Mouça-Ibn-Abi-'l-Afïa quitta alors le Désert et reprit possession de tous ses états. Ayant accordé le gouvernement du quartier des Andalous à Abou-Youçof-Mohareb-el-Azdi, le même qui avait converti en ville cette place qui n'était auparavant qu'une citadelle, il alla s'établir dans la forteresse de Koumat. Il marcha ensuite sur Tlemcen à la tête d'un renfort de troupes que

sur sa demande, En-Nacer, l'oméïade, lui avait expédié d'Espagne. Abou-'l-Aïch s'empressa d'abandonner cette ville pour aller s'enfermer dans Archgoul; puis, en l'an 325, il s'enfuit au château qu'il s'était fait construire près de Nokour et laissa Archgoul au pouvoir de son adversaire. Celui-ci se dirigea ensuite contre la ville de Nokour et l'ayant emportée à la suite d'un siége, il la détruisit de fond en comble après en avoir tué le gouverneur Abd-el-Bediâ-Ibn-Saleh. Son fils Medîn, auquel il avait donné l'ordre d'assiéger Abou-'l-Aïch, obligea ce prince à livrer le château pour obtenir la paix.

Ibn-Abi-'l-Afïa, dont la fortune venait de prendre ainsi un grand ascendant, étendit promptement son autorité jusqu'à la frontière du pays de Mohammed-Ibn-Khazer, prince des Maghraoua et seigneur du Maghreb central. En l'an 327 (938-9), pendant qu'il travaillait de concert avec ce puissant voisin à fortifier la cause des Oméïades, la mort vint le surprendre ?.

Son fils Medîn, qu'il avait envoyé faire le siége de Fez, lui succéda dans le commandement du Maghreb, et s'y étant fait confirmer par En-Nacer, il contracta avec El-Kheir, fils de Mohammed-Ibn-Khazer, une alliance semblable à celle qui avait existé entre leurs pères. A la fin, cependant, cette bonne intelligence se troubla, et les deux chefs avaient déjà commencé à se faire la guerre, quand En-Nacer chargea son cadi, Monder-Ibn-Saîd, d'aller examiner la cause de la querelle et de travailler à un raccommodement. Monder remplit cette commission de manière à satisfaire les souhaits de son souverain.

En l'an 335 (946-7), Medîn vit arriver chez lui son frère ElBouri qui s'était échappé du camp d'El-Mansour [le fatemide], pour aller se joindre à Abou-Yezîd. Ahmed-Ibn-Bekr-el-Djodami, qui avait accompagné El-Bouri, se rendit à Fez sous un déguisement et trouva bientôt l'occasion d'arracher le pouvoir au gouverneur, Hacen-Ibn-Cacem-el-Louati. Medîn et ses frères El-Bouri et Abou-'l-Monked, se partagèrent alors les états

1 Les manuscrits et le texte imprimé portent ici Abou-'l-Abbas. 2 Selon l'auteur du Cartas, il fut tué.

de leur père, de sorte qu'ils soutinreut, à eux trois, tout le poids des affaires. El-Bouri passa en Espagne, l'an 335, et fut reçu avec de grands honneurs par En-Nacer. S'étant alors fait confirmer dans l'exercice de son autorité, il repartit comblé de faveurs, et mourut en 345 (956-7), pendant qu'il assiégeait son frère Medîn dans la ville de Fez. Il eut pour successeur son fils, Mansour, lequel tint sa nomination d'En-Nacer. Le nouveau chef se rendit en Espagne, accompagné de son frère Abou-'lAïch, et reçut du khalife les mêmes témoignages de faveur que ce prince avait déjà accordés à leur père. Lors de la mort de Medîn, En-Nacer le remplaça par Abou-Monked. A la suite de cette nomination, les Maghraoua s'emparèrent de la province de Fez ainsi que de la ville, et établirent leur domination dans le Maghreb, d'où ils expulsèrent les Miknaça. Les vaincus rentrèrent dans les limites de leur ancien territoire, et Ismail, fils d'El-Bouri, passa en Espagne avec Mohammed, fils d'Abd-Allah et petitfils de Medîn. En l'an 386 (996), pendant que le vizir El-MansourIbn-Abi-Amer gouvernait l'empire espagnol, ils rentrèrent en Maghreb avec Quadeh [ général envoyé par le gouvernement oméïade], pour comprimer la révolte de Zîri-lbn-Atïa. Ouadeh soumit tout le pays et rétablit ces chefs dans leurs états.

Quand Bologguîn-Ibn-Ziri [le sanhadjite] eut enlevé le Maghreb central aux Beni-Khazer, princes de la tribu des Maghraoua, les Miknaça formèrent une alliance avec lui, et s'attachèrent désormais à la dynastie zìride en qualité de sujets et d'auxiliaires. En l'an 405 (1044-5), Ismail, fils d'El-Bouri, mourut à Chelif, dans une des batailles que Hammad [prince de la famille ziride] livra à [son neveu] Badîs.

Les descendants de Mouça-Ibn-Abi-'l-Afia continuèrent à régner jusqu'à l'apparition des Almoravides et la conquête du Maghreb par Youçof --Ibn - Tachefîn. El - Cacem, fils de Mohammed, fils d'Abd-er-Rahman, fils d'Ibrahîm, fils de MouçaIbn-Abi-'l-Afia, marcha contre les envahisseurs, et s'étant assuré le concours du peuple de Fez et l'appui des Zenata, lesquels venaient de perdre [leur chef] Moannecer le maghraouien, il rencontra l'armée almoravide auprès du Ouadi-Safir et la mit en

pleine déroute. Youçof-Ibn-Tachefin leva aussitôt le siége du château de Fazaz, et alla emporter d'assaut la ville de Fez après avoir dispersé les troupes zenato-miknaciennes qu'El-CacemIbn-Mohammed avait voulu lui opposer. Passant ensuite dans le pays des Miknaça, il s'empara de la forteresse de Teçoul et tua El-Cacem.

Parmi les ouvrages que nous possédons sur l'histoire du Maghreb, il y en a qui placent la mort d'Ibrahîm, fils de Mouça-IbnAbi-l'Afïa, en l'an 405 (1044-5). Ibrahîm eut pour successeur un fils nommé Abd-Allah ou Abd-er-Rahman. Celui-ci mourut en 430 (1038-9), laissant l'autorité à son fils Mohammed. ElCacem, fils de Mohammed, succéda au pouvoir après la mort de son père et perdit la vie à Teçoul en l'an 463 (1070-4), quand cette forteresse succomba aux assauts des Almoravides. La chute de la dynastie maghraouienne entraîna celle des Miknaça.

Encore de nos jours on trouve dans les montagnes de Tèza quelques fractions de la grande tribu des Miknaça. Elles ont continué à rester dans leur ancien territoire, bien que les différentes dynasties qui se sont succédées en Maghreb leur aient fait une guerre acharnée, et que plusieurs autres peuples soient venus se fixer dans leur voisinage. Ils sont renommés pour l'importance des impôts [dont ils ont reçu la concession] et pour la fierté de leur caractère. Les grands services qu'ils ont rendus au gouvernement dans ses expéditions militaires leur ont même acquis la faveur toute particulière de la dynastie régnante. Leurs cavaliers se comptent par centaines. Quelques débris de la tribu de Miknaça se trouvent dispersés dans l'Ifrîkïa et le Maghreb central, mais ils se sont mêlés avec les diverses peuplades qui habitent ces provinces.

Ayant terminé la notice des tribus issues d'Ourstîf, nous passerons aux Berbères-Beranès, peuples dont nous avons à traiter l'histoire.

HISTOIRE DES BERBÈRES-BERANÈS [DESCENDUS DE BERNÈS].

Nous commencerons cette section de notre ouvrage par un ↑ Pour Beranès l'auteur a mis, par mégarde, Zenata.

chapitre sur les Hoouara et par l'indication des branches dans lesquelles ce peuple se partagea. Nous y ajouterons une esquisse de leur histoire jusqu'à l'époque de leur dispersion dans les provinces de l'Ifrîkïa et du Maghreb.

Les généalogistes arabes et berbères s'accordent à regarder la tribu de Hoouara comme issue de Hoouar, fils d'Aurîgh, fils de Bernès. Nous devons toutefois faire observer que parmi eux il y en a qui prétendent rattacher les Hoouara aux Arabes du Yémen, en les faisant descendre tantôt d'Amela, rejeton de Codâa, et tantôt d'El-Misouer, fils d'Es-Sekacek, fils de Ouathel, fils de Himyer. Veulent-ils exposer cette filiation avec plus de précision, ils disent qu'El-Misouer était fils d'Es-Sekacek, fils d'Achrès, fils de Kinda, et que Hoouar était fils d'Aurîgh, fils de Khabbouz, fils d'El-Mothanna, fils d'El-Misouer. Ils donnent aussi le nom d'Enfants de Tiski aux Hoouara, aux Sanhadja, aux Lamta, aux Guezoula et aux Heskoura, et ils regardent El-Misouer comme l'aïeul de toutes ces tribus.

Selon eux, El-Misouer arriva, par hasard, au milieu des Berbères, et s'étant arrêté chez les fils de Zeddjîk [ou Zahhîk-] IbnMadghis-el-Abter; savoir, Loua, Darîs, Addas et Nefous, il obtint d'eux, en mariage, leur sœur Tîski-el-Ardja (la boiteuse). De cette union, disent-ils, naquit El-Mothenna, père de Hoouar. Après [la mort d'] El-Misouer, Tîski épousa Acîl, fils de Zéazâ et père des Sanhadja, des Lamta, des Guezoula et des Heskoura, renseignement que nous aurons plus tard l'occasion de rappeler. Ainsi ces quatre individus étaient frères utérins d'El-Mothanna, et ils formaient avec lui la famille appelée les Enfants de Tîski. Les mêmes généalogistes disent : « D'El-Mothenna, fils d'El>> Misouer, naquit Khabbouz, lequel engendra Rîgh, le même que >> l'on nomme Aurìgh - Ibn - Bernès, et de lui se propagèrent » toutes les branches des Hoouara. » Ils rapportent ensuite que cette tribu fut appelée Hoouara parce qu'El-Misouer, s'étant trouvé en Maghreb après avoir parcouru plusieurs pays, avait prononcé ces paroles : « nous voici hoouarisés » [c'est-à-dire, arrrivés où nous ne pensions pas nous rendre.]

Voilà ce que racontent certains généalogistes berbères, mais

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