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Selon El-Masoudi ce sont un débris des Ghassanides et autres tribus qui se dispersèrent à la suite du Torrent d'Arim . « Ce » sont, disent quelques-uns, des gens qu'Abraha-Dou-'l-Menar 3 » laissa après lui en Maghreb; ils appartiennent, disent encore >> d'autres, aux tribus de Lakhm et de Djodam. Ils avaient ha» bité la Palestine, mais ils en furent expulsés par un roi de >> Perse. Arrivés en Égypte, ils ne purent obtenir des souve>> rains de ce pays l'autorisation d'y rester; aussi traversèrent» ils le Nil et se répandirent dans le pays [d'Afrique]. »

<«< Quelques peuplades berbères, dit Abou-Omar-Ibn-Abd<«<el-Berr, prétendent former la postérité d'en-Nôman, fils de Himyer-Ibn-Sebâ. Moi-même, dit-il, j'ai lu dans l'ouvrage » d'El-Isfendad le philosophe, qu'En-Noman, fils de Himyer>> Ibn-Seba, était le [plus grand] roi de la période qui sépare la >> mission de Jésus de celle de Mahomet. Ayant convoqué ses fils >> il leur adressa ces paroles: je veux envoyer quelques-uns » d'entre vous en Maghreb pour le peupler. Malgré leurs remon>> trances, il persista dans sa résolution, et y expédia Lemt, » l'aïeul des Lemtouna, Mesfou, l'aïeul des Messoufa, Merta, >> l'aïeul des Heskoura, Asnag, l'aïeul des Sanhadja, Lamt, » l'aïeul des Lamta, et Aîlan, l'aïeul des Heilana. Les uns se >> fixèrent dans la montagne de Deren, et les autres dans le Sous » et le Derà. Lamt s'arrêta chez Guezoul et en épousa la fille; >> Addjana, le pére des Zenata, s'établit auprès du Chélif; les Ourtedjîn et les Maghraou fixèrent leur séjour sur la frontière

↑ Abou-'l-Hacen-Ali-el-Masoudi, auteur de plusieurs traités dont le plus célèbre est l'ouvrage historique et géographique intitulé Moroudjed-Deheb (prairies d'or), naquit à Baghdad et passa une partie de sa vie en Egypte. Il mourut en 345 (956). — (Ibn-Khallikan, vol. 11, page 618, note. Notices et extraits, etc., tome vii, et Journal Asiatique de janvier, 1839.)

2 Voyez l'Essai de M. C. de Perceval, (ome 1, p. 85 et suiv. 3 Ibid, tome 1, p. 67.

Abou-Omar-Youçof-Ibn-Abd-el-Berr, célèbre historien et généalogiste, naquit à Cordoue et remplit les fonctions de cadi à Lisbonne (Ochbouna) et à Santarem (Chentérin). Il mourut en 463 (1070-1). — (Abulfede Annales.)

» de l'Ifrîkïa, du côté du Maghreb, et Masmoud alla habiter dans » le voisinage de Tanger. « Nous supprimons le reste de cette légende qui est très-longue et dont Ibn-Abd-el-Berr lui-même, ainsi qu'Abou-Mohammed-Ibn-Hazm, a contesté l'exactitude.

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Selon d'autres, les Berbères seraient tous une portion du peuple de Djalout (Goliath), et voila le généalogiste Ali-IbnAbd-el-Azîz-el-Djordjani qui dit dans son livre, des généalogies « Je ne connais aucune opinion à ce sujet qui se rap>> proche plus de la vérité que l'hypothèse d'après laquelle ils >> seraient les enfants de Djalout. » Il néglige toutefois de nous informer de quelle famille provenait ce Djalout, mais Ibn-Coteiba2 supplée à son silence et nous dit que le Djalout en question se nommait Ouennour et qu'il était fils de Hermel, fils de Djedîlan 3, fils de Djaloud, fils de Redilan, fils de Hatti, fils de Ziad, fils de Zeddjîk, fils de Madghis-el-Abter.

L'on rapporte aussi sur l'autorité du même historien, que Djalout était fils de Heryal, fils de Djaloud, fils de Dial, fils de Cahtan, fils de Fars, « personnage bien connu, dit-il, et Sefk » est l'ancêtre de tous les Berbères. » Selon les mêmes personnes, les Berbères se composent d'une foule de branches et de tribus, à savoir : les Hoouara, les Zenata, les Darîça, les Maghîla, les Ourfeddjouma, les Nefza, les Ketama, les Louata, les Ghomara, les Masmouda, les Sadîna, les Izderan, les Derendjîn, les Sanhadja, les Medjekéça, les Ouarglan, etc..

Selon Et-Taberi et d'autres historiens, les Berbères sont un

1 Voyez ci-dessus, page 26, note 2.

Abou-Mohammed-Abd - Allah-Ibn-Moslem-Ibn-Coteiba, grammairien, philologue et généalogiste distingué, passa une partie de sa vie à Baghdad et mourut en 296 (907). Dans le Biographical Dictionary d'IbnKhallikan, vol. I, page 22, se trouve une notice de cet auteur.

3 L'orthographe de ces trois noms varie dans les manuscrits. Probablement comme l'ancêtre des Persans.

Ou Safek; en arabe Sfk. Ce renseignement est peut-être emprunté à Josephe, Antiquités; 1, 15.

6 Abou-Djâfer-Mohammed-Ibn-Djerir-et-Taberi, célèbre historien et théologien, naquit à Amul en Taberestan, l'an 224 (838-9), et mourut à Baghdad en 310 (923). — (Ibn-Khallikan, vol. I, page 597.)

mélange de Cananéens et d'Amalécites qui s'étaient répandus dans divers pays après que Goliath fut tué; Ifricos, ayant envahi le Maghreb, les y transporta des côtes de la Syrie, et les ayant établis en Ifrîkïa, il les nomma Berbères.

Les Berbères, selon une autre opinion, descendent de Cham, fils de Noé, et ont pour aïeul Berber, fils de Temla, fils de Mazigh, fils de Canaan, fils de Cham.

«Ils descendent, dit Es-Souli: de Berber, fils de Kesloudjim » [Casluhim], fils de Mesraïm, fils de Cham. >>

Selon une autre hypothèse, ce sont des Amalécites, et ils descendent de Berber, fils de Temla, fils de Mareb, fils de Faran, fils d'Amr, fils d'Amlac [Amalec], fils de Laoud [Lud], fils de Sem. D'après cette opinion, les Berbères seraient des Amalécites ?.

« Les Berbères, dit Malek-Ibn-Morahhel 3, se composent de << diverses tribus himyerites, modérites, coptes, amalécites, «< cananéennes et coreichites qui s'étaient réunies en Syrie et << parlaient un jargon barbare. Ifricos les nomma Berbères à << cause de leur loquacité. »>

El-Masoudi, Et-Taberi et Es-Soheili rapportent qu'Ifrîcos forma une armée avec ces gens afin de conquérir l'Afrique, et que ce fut là la cause de leur émigration. Il les nomma Berbères, et [à ce sujet] on cite de lui le vers suivant :

Le peuple cananéen murmura [berberat] quand je le forçai à quitter un pays misérable pour aller vivre dans l'abondance. « On n'est point d'accord, dit Ibn-el-Kelhi, sur le nom de

1 Abou-Bekr-Mohammed- es-Sculi, célèbre polygraphe et joueur d'éhecs, mourut à Bassora en 335 (947). — (Ibn-Khallikan, vol. I, page 74)

2 Les Amalécites ne descendaient pas de Lud, fils de Sem, mais d'Esau, fils d'Isaac, fils d'Abraham.

3 Malek-Ibn-Morahhel se trouvait au service du sultan mérinide, Ya'coub-Ibo-Abd-el-Hack, dans la dernière moitié du septième siècle de

hégire.

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Abd-er-Rahman-es-Soheili, poète, historien et philologue, naquit Malaga, en 308 (1114-5). Il passa les trois dernières années de sa vie en Afrique él mourut à Maroc en 581 (1185). - (Ibn-Khallikan, vol. u, page 99).

que

» celui qui éloigna les Berbères de la Syrie. Les uns disent » ce fut David qui les en chassa après avoir reçu par une révé»lation divine l'ordre suivant: 0 David! fais sortir les Ber» bères de la Syrie, car ils sont la lèpre du pays. D'autres >> veulent que ce soit Josué, fils de Noun, ou bien Ifrîcos, ou >> bien encore un des rois Tobba qui les en expulsa. »>

El-Bekri les fait chasser de la Syrie par les Israélites, après la mort de Goliath, et il s'accorde avec El-Masoudi à les représenter comme s'étant enfuis dans le Maghreb à la suite de cet événement. Ils avaient voulu rester en Egypte, dit-il, mais ayant été contraints par les Coptes à quitter ce pays, ils allèrent à Barca, en Ifrîkïa et en Maghreb. Ayant eu à soutenir dans ces contrées une longue guerre contre les Francs et les Africains, ils les obligèrent à passer en Sicile, en Sardaigne, en Maïorque et en Espagne. Ensuite la paix se rétablit à la condition que les Francs n'habiteraient que les villes du pays. Pendant plusieurs siècles, les Berbères vécurent sous la tente, dans les régions abandonnées, et ne s'occupaient qu'à mener paître leurs troupeaux aux environs des grandes villes, depuis Alexandrie jusqu'à l'Océan, et depuis Tanger jusqu'à Sous. Tel fut l'état dans lequel l'Islamisme les trouva. Il y avait alors parmi eux [des tribus] qui professaient la religion juive; d'autres étaient chrétiennes, et d'autres, païennes, adorateurs du soleil, de la lune et des idoles. Comme ils avaient à leur tête des rois et des chefs, ils soutinrent contre les musulmans plusieurs guerres trèscélèbres.

«Satan, dit Es-Souli-el-Bekri 1, sema la discorde entre les

1 Abou-Obeid-Abd-Allah, fils d'Abd-el-Azîz-el-Bekri, seigneur de Huelva, en Espagne, fut vizir de Mohammed-Ibn-Mân-Moëzz-ed-Dola, souverain d'Alméria. Il composa un dictionnaire géographique et un grand ouvrage historique et géographique intitulé Meçalek oua Memalek (routes et royaumes). Il mourut en 487 (1094).- (Ibn-Khallikan, vol. 1, page 319, note.)

2 Es-Souli-el-Bekri. Ceci paraît être une erreur commise par l'auteur qui, ayant voulu remplacer le nom d'El-Bekri par celui d'Es-Souli, ou vice versa, aura oublié d'en effacer le premier de son manuscrit après y avoir inséré l'autre.

>> enfaus de Cham et ceux de Sem; aussi, les premiers durent se >> retirer dans le Maghreb où ils laissèrent une nombreuse pos>> térité. >> « Cham, ajoute-t-il, étant devenu noir par » suite de la malédiction prononcée contre lui par son père, » s'enfuit en Maghreb pour y cacher sa honte, et il y fut suivi >> par ses fils. Il mourut à l'âge de quatre cents ans. Berber, >> fils de Kesloudjîm [Casluhim], un de ses descendants, laissa >> une nombreuse postérité en Maghreb. >>

Ailleurs, le même auteur dit : « Aux Berbères se joignirent << deux tribus d'Arabes yémenites, les Ketama et les Sanhadja, qui venaient de quitter Mareb . » Il dit encore que Hoouara, Lamta et Louata sont les enfans de Himyer-Ibn-Seba.

Selon plusieurs généalogistes berbères, dont nous nous bornerons à nommer Hani-Ibu-Bekour-ed-Darîci, Sabec-Ibn-Soleiman-el-Matmati, Kehlan-Ibn-Abi-Loua et Aïoub-Ibn-Abi-Yezîd, les Berbères forment deux grandes branches, les Beranès et les Botr. Ceux-ci, disent-ils, tirent leur origine de Berr, fils de Caïs, fils de Ghailan; mais les Beranès descendent de Berr, fils de Sefgon, fils d'Abdedj, fils de Hanah, fils d'Oulil, fils de Cherat, fils de Nam, fils de Douîm, fils de Dam, fils de Mazîgh, fils de Canaan, fils de Ham.

Voilà l'opinion soutenue par les généalogistes appartenant à la nation berbère.

«Berr, fils de Caïs, dit Et-Taberi, sortit pour chercher une >> chamelle qui s'était égarée dans les tribus berbères, et ayant >> conçu de l'amour ponr une jeune fille, il l'épousa et en eut des >> enfants.

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De leur côté, lès généalogistes berbères disent qu'il quitta son pays pour échapper à la haine de son frère, Amr-Ibn-Caïs, et qu'à ce sujet [leur frère] Tomader prononça les vers suivants :

Toute femme qui pleure la perte d'un frère peut prendre exemple sur moi qui pleure Berr, fils de Caïs.

Il quitta sa famille et se jeta dans le Désert. Avant de le retrouver, la fatigue aura amaigri nos chameaux.

1 Voyez l'Essai de M. C. de Perceval, tome 1, page 85.

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