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» marquantes sont les Beni-Lam et les Beni-Nebhan. Les pre>> miers dominent dans le pays qui s'étend depuis Médine jusqu'à l'Irac, et ont pour confédérés les Beni-'l-Hocein, émirs » de Médine. >>

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Le même auteur dit : « Les Beni-Sakhr, autre branche de la >> tribu de Taï, habitent du côté de Teima, entre Kheiber et la >> Syrie. >>

Il dit ailleurs : « La tribu d'Azïa, branche de celle de Taï, >> eut pour aïeul Azïa, fils d'Aflet, fils de Måbed, fils de Mân, » fils d'Amr, fils d'Anbès, fils de Selaman, fils de Nål1. Cette >> tribu habite Aïn-el-Tamr et El-Anbar 2, lieux dans lesquels >> elle remplaça la tribu d'Anéza. De nos jours, elle passe l'été » à Kobeiçat 3, et l'hiver chez les Beni-Lam, branche de la » tribu de Taï. Ce peuple belliqueux, les Azïa, est maître du » pays situé entre la Syrie et l'Irac. Deux autres branches de » la tribu de Taï, nommées collectivement El-Adjoued (les » bons) et El-Batnein (les deux branches), se sont fixées aux >> environs de Mosul avec leur sœur, la tribu de Zobeid. >>

On voit qu'Ibn-Saîd compte la tribu de Zobeid au nombre de celles qui sont descendues de Taï, et qu'il ne la regarde nullement comme issue de Medhedj.

Le commandement de la tribu de Fadl appartient aujourd'hui aux Beni-Mohenna. Selon cette famille, son aïeul, Mohenna, était fils de Manê, fils de Haditha, fils de Ghadïa, fils de Fadl, fils de Bedr, fils d'Ali, fils de Moferredj, fils de Bedr, fils de Salem, fils de Casïa, fils de Bedr, fils de Semiâ. Elle ne porte pas cette généalogie plus haut, mais quelques notables de la même tribu prétendent que Semiâ fut le fils qu'El-Abbaça, sœur du khalife Haroun-Er-Rechid, avait eu de Djâfer-Ibn-Yahya, le Barmekide,

1 Variante: Bál.

* El-Anbar est situé sur l'Euphrate, en latitude 33° environ. Aïn-etTamer était situé dans le Désert de la Syrie, à l'occident d'El-Anbar.

3 El-Kobeiçat, le Cubesa de quelques cartes, est situé sur le bord du Désert de Semaoua, à quatre milles de la ville de Hit.

Ce sont maintenant les Anéza qui dominent dans ce pays.

mais à Dieu ne plaise qu'une telle calomnie soit dite de la sœur d'Er-Rechîd, et que l'on attribue à de puissants Arabes de la tribu de Taï une origine si vile, en les faisant descendre d'une race étrangère, d'une famille d'affranchis tels que les Barmekides. D'ailleurs, il est impossible, par la nature même des choses, qu'une personne descendue de Barmek ait pu exercer l'autorité suprême dans une tribu à laquelle elle n'appartenait pas par la naissance. Nous avons déjà fait une observation semblable dans les prolégomènes de cet ouvrage.

La famille de Mohenna obtint le commandement des Arabes à-peu-près vers l'époque où s'établit la puissance des Aïoubides. Eimad-ed-Din-el-Ispahani dit, dans son ouvrage intitulé ElBarc-es-Cham : « El-Adel s'arrêta au Merdj, près de Da>> mas, accompagné d'Eiça, fils de Mohammed, fils de Rebiâ, » chef des Arabes du Désert, qui s'était fait suivre d'un grand >> nombre de son peuple. Auparavant, lors de la souveraineté » des Fatemides, le droit de commander à ces Arabes appar» tenait à la famille Djerrah, de la tribu de Taï. Ils avaient >> alors pour chef Moferredj-Ibn-Daghfel-Ibn-Djerrah, auquel la >> ville de Ramla avait été concédée en fief. Ce fut lui qui arrêta >> Iftîkîn, client de la famille des Bouides, qui s'était enfui de >> l'Irac avec son patron Bakhtyar 5, en l'an 364 (9745 de J.-C.). » Iftîkîn avait envahi la Syrie et s'était emparé de Damas. >> Il marcha ensuite avec les Carmats et livra bataille à El-Azîz, >> fils d'El-Moëzz-li-Dîn-Illah, et souverain de l'Egypte; mais son

1 Comparez la Chrestomathie de M. de Sacy, tome 1, p. 372.

• Cette observation n'est pas d'une justesse absolue. Dans le cours de cet ouvrage on trouvera plus d'un exemple d'une personne parvenue au commandement d'une tribu à laquelle elle n'appartenait pas.

3 Eimad-ed-Din fut un des secrétaires du sultan Saladin (Salâh-edDin), dont il a écrit la biographie. Cet ouvrage a été publié par Schultens. Le Barc-es-Chami formait sept gros volumes et renfermait l'histoire des guerres de Saladin en Syrie.

El-Adel, ou plutôt El-Mélek-el-Adel-Saif-ed-Din, frère de Saladin, gouverna successivement plusieurs provinces au nom de ce sultan. Voy. Abulfedæ annales, an 364.

» armée ayant été mise en déroute, il prit la fuite. Ce fut alors » que Moferredj-Ibn-Daghfel l'arrêta et le conduisit à El-Azìz. >> Ce prince l'accueillit d'une manière très-distinguée et l'éleva » à un poste important dans l'administration. » Moferredj continua à gouverner la tribu de Taï jusqu'à sa mort, qui eut lieu en 404 (4013-4). De ses quatre fils, Hassan, Mahmoud, Ali et Djerrar, le premier lui succéda et acquit une grande réputation. Il se montra tantôt dévoué, tantôt hostile aux Fatemides. Ce fut lui qui dévasta la ville de Ramla et qui, ayant défait les troupes du général égyptien, Barouk El-Torki, s'empara de ses femmes, après l'avoir tué dans le combat. Le poète Et-Tihami l'a célébré dans ses vers.

El-Mocabbihi et d'autres historiens qui ont écrit sur la dynastie des Fatemides disent qu'au nombre des parents de Hassan, fils de Moferredj, se trouvèrent Fadl, fils de Rebiâ, fils de Hazem, fils de Djerrah, et son frère Bedr-Ibn-Rebiâ, avec deux fils de celui-ci. Peut-être ce Fadl est-il l'aïeul de la tribu qui porte le même nom et dont nous discutons ici l'histoire.

Nous apprenons d'Ibn-el-Athir, que les aïeux de Fadl, fils de Rebiâ, fils de Hazem, furent les seigneurs du Belca et de Jérusalem. Quant à lui, il se rangea tantôt du côté des Francs (les Croisés) et tantôt du côté des khalifes égyptiens; mais cette conduite lui valut l'inimitié de Toghdikîn, seigneur de Damas,

Dans son histoire des Fatemides, notre auteur appelle ce général Yarokh-Tikin. (Voy. aussi la Vie de Hakem par M. de Sacy.)

2 Le poète Abou-'l-Hacen-Ali-et-Tihami fut mis à mort au Caire l'an 446 de l'hégire. (Voy. sa vie dans la traduction d'Ibn-Khallikan. Vol. I, p. 316)

3 Izz-el-Molk-Mohammed-el-Moçabbihi a laissé une histoire de la ville de Harran, et une histoire d'Egypte en douze gros volumes. Il mourut en 420 (4029). Hadji-Khalfa.

• Célèbre annaliste dont l'ouvrage se trouve maintenant complet dans la bibliothèque nationale. (Voy. sa vie dans Ibn-Khallikan ;, vol. 11, page 228.)

Le Belca est la contrée située au sud-est de la Mer-Morte.

et [ancien] tuteur des enfants de Tutuch. Expulsé de la Syrie par ce prince, il s'arrêta à Hilla, chez Sadaca-Ibn-Mezïed 2 qui lui fit cadeau de sept mille pièces d'or. Ils s'engagèrent alors par serment à se soutenir mutuellement. En l'an 500 (1106-7), lors de la dissension qui s'éleva entre Sadaca et le sultan Seldjoukide, Mohammed-Ibn-Mélek-Chah, dissension qui aboutit à une guerre, Fadl vint se joindre au premier ainsi que Kirouach, fils de Chérefed-Dola, Moslem-Ibn-Coreich, seigneur de Mosul et quelques chefs turcomans, tous alliés de Sadaca. Quand on se fut mis en marche contre le sultan, Fadl et ses compagnons, qui s'étaient placés à l'avant-garde, passèrent du côté d'Ibn-Mélek-Chah. Ce prince les accueillit avec une haute distinction, et les ayant revêtus de pelisses d'honneur, il installa Fadl dans l'hôtel que Sadaca possédait à Baghdad. Quelque temps après, le sultan marcha contre Sadaca, et s'étant laissé tromper par Fadl qui s'engageait à tenir ce chef en échec, il lui donna la permission de passer dans le Désert. Fadl traversa alors le fleuve, atteignit la ville d'El-Anbar, et à partir de cette époque, ne revint plus auprès d'Ibn-Mélek-Chah.

Ces renseignements d'Ibn-el-Athîr et les paroles d'El-Mocabbihi prouvent clairement que Fadl appartenait, tout aussi bien que Bedr, à la famille de Djerrah. D'ailleurs, la généalogie des Djerrah, telle qu'on nous la donne, démontre que leur ancêtre, Fadl, est bien le même individu que celui-ci. En effet, pendant que les uns l'appellent Fadl, fils de Rebiâ, fils d'El-Djerrah, les autres le nomment Fadl, fils de Rebiâ, fils d'Ali, fils de Moferredj.

Dans cette dernière généalogie on donne Rebiâ comme un descendant de Moferredj, aïeul de la tribu de Djerrah: erreur dans laquelle on a pu tomber à cause de l'ancienneté des faits, ou par suite du peu de soin que des nomades tels qu'eux ont pu mettre à garder le souvenir d'une circonstance de cette

nature.

Voy. l'ouvrage de M. Reinaud intitulé Extraits des historiens arabes, relatifs aux Croisades, page 22 et suiv.; et Ibn-Khallikan, trad. t. I, page 273.

2 Voyez la traduction d'Ibn-Khallikan, vol. 4, page 634.

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3

Sur la question de savoir si la maison de Fadl, fils de Rebià, fils de Felah, fils de Moferredj, tire son origine de l'aïeul des Taï, quelques-uns de cette famille font le récit suivant : « Le >> commandement de la tribu de Taï appartenait à Aïas-IbnCabîça, descendant de Homa, fils d'Amr, fils d'El-Ghauth, fils » de Taï. Ce fut à cet Aïas que Chosroës [Parviz] confia le >> gouvernement de la ville de Hira, après avoir fait périr En-No» man-lbn-el-Mondir 2 et enlevé l'autorité à la famille Mondir. >> Ce fut encore le même Aïas qui obtint de Khaled-Ibn-el>> Ouélid que Hira ne serait pas attaqué, pourvu que les habi>> tants payassent la capitation. Depuis ce temps, les descendants » de Cabiça ont continué à exercer le commandement dans la >> tribu de Taï avec l'autorisation du gouvernement de l'empire » musulman. » Il se peut que les familles d'El-Djerrah et de Fadl tirent leur origine de ce Cabîça; si, au contraire, la postérité de Cabîça s'est éteinte, ces deux maisons en sont proches parentes. L'on sait que le droit d'exercer le commandement dans une tribu appartient à ceux qui lui sont alliés par le sang et qui partagent, avec elle, le même esprit de corps. Ceci est un principe que j'ai établi dans la première partie de mon ouvrage 1. Ibn-Hazm dit, en parlant de la généalogie de la tribu de

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↑ Jusqu'à présent, le raisonnement de notre auteur est peu clair; par l'introduction de cette nouvelle généalogie dans laquelle le nom de Felah est substitué, apparemment, à celui d'Ali, il l'a embrouillé tout-à-fait.

2 Voyez l'histoire des Beni-'l-Mondir dans l'Essai sur l'histoire des Arabes avant l'islamisme, par M. Caussin de Perceval, tome ..

3 Un des principaux généraux du khalife Abou-Bekr. (Voy. son histoire dans le tome ni de l'Essai de M. C. de Perceval).

Le chapitre dans lequel Ibn-Khaldoun discute ce principe se trouve dans la seconde section de ses Prolégomènes, ouvrage dont M. Quatremère va publier une édition.

5 Abou-Mohammed-Ali, surnommé Ibn-Hazm, naquit à Cordoue en 384 (994). Il composa plusieurs ouvrages dont on trouvera les titres dans Ibn-Khallikan. Il mourut dans la première moitié du cinquième siècle de l'hégire. Sa vie se trouve dans ma traduction d'Ibn-Khallikan, vol. 2, page 267 et suiv.

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