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mandement de la famille Sebâ-Ibn-Thàleb-Ibn-Ali-Ibn-MegguenIbn-Sakil. Ils racontent que ce Sebà s'était rendu auprès des Almohades et que ceux-ci avaient placé sur le haut de son turban une pièce d'or pesant plusieurs pièces ordinaires ; voulant ainsi lui donner une grande marque d'honneur. J'ai entendu dire à un de nos cheikhs que cette distinction lui fut accordée ponr le récompenser de sa conduite respectueuse envers l'imam El-Mehdi qui, étant arrivé à pied chez les Thâleba, reçut de lui une

monture.

Le commandement des Thâleba appartenait d'abord à la famille de Yacoub-Ibn-Sebâ, laquelle était fort nombreuse. Il passa ensuite aux Beni-Honaich, autre branche de la même maison, mais lorsque le sultan Abou-'l-Hacen se fut emparé des états abd-el-ouadites et qu'il eut envoyé en Maghreb-el-Acsa les princes descendus de Yaghmoracen, un cousin de Honaich, appelé Abou-Hamlat-Ibn-Aaïd-Ibn-Thabet, devint chef de cette tribu. Abou-Hamlat mourut de la peste, vers le milien du huitième siècle, à l'époque où le sultan Abou-'l-Hacen débarqua an port d'Alger en revenant de Tunis. Le commandement passa ensuite à Ibrahîm-Ibn-Nasr [-Ibn-Honaich]. Ce chef garda le pouvoir jusqu'à sa mort, événement qui eut lieu quelque temps après la soumission du Maghreb-el-Acsa et du Maghreb central à l'autorité du sultan Abou-Einan. Ibrahîm eut pour successeur son fils Salem. Pendant tout ce temps, les Thâleba continuèrent à payer des impôts et des redevances, d'abord aux Melikîch et ensuite aux chefs qui gouvernaient la ville d'Alger.

Entre les années 760 (1359) et 770, lors de la révolte d'AbouZian et des Hosein contre Abou-Hammou, les Arabes se remuèrent de nouveau et le chef des Thâleba prit une part très-active à ces démonstrations hostiles. Salem-Ibn-Ibrahim-Ibn-Nasr-IbnHonaich-Ibn-bou-Hamid-Ibn-Thabet-Ibn-Mohammed - Ibn-Seba [telle était sa généalogie] se montra tantôt ami, tantôt adversaire du sultan Abou-Hammou, et lors de la prise de Tlemcen par les Mérinides, il se rangea du côté des vainqueurs et continua, pendant quelque temps, à entretenir des rapports d'amitié avec la cour du Maghreb.

Abou-Hammou étant rentré dans son royaume, après la mort d'Abd-el-Aziz, dressa des piéges à Salem-Ibn-Ibrahîm, mais ce chef, les ayant découverts, fit venir Abou-Zian à Alger et le proclama souverain [du Maghreb central]. En l'an 779 (1377-8), Abou-Hammou se mit en campagne et dispersa les révoltés. Salem prit alors le parti d'abandonner Abou-Zîan et de faire sa soumission. Quelque temps après ces événemens, Abou-Hammou bloqua Salem dans les montagnes de la Metidja et au bout de quelques jours il le décida à capituler. Alors, sans avoir égard aux engagements qu'il venait de contracter, le sultan fit conduire son prisonnier à Tlemcen où on le tua à coups de lance. Telle fut la fin d'un chef que les Thâleba n'étaient pas dignes de posséder. Après cet acte de perfidie, Abou-Hammou s'acharna contre les frères, la famille et la tribu de sa victime jusqu'à ce que l'esclavage, la mort et la confiscation de leurs biens les eurent ruinés et anéantis.

Les Doui-Mansour, ou Beni-Mansour - Ibn-Mohammed, forment la grande majorité de la tribu de Makil et occupent la frontière méridionale du Maghreb-el-Acsa, depuis le Molouïa jusqu'au Derâ. Ils se partagent en quatre branches : les Aulad-Hocein, les Aulad-Bou'l-Hocein, les Amarna et les Monebbat. Hocein et Bou'-l'Hocein [tous deux fils de Mansour] naquirent d'une même mère; et leurs frères consanguins, Amran, l'aïeul des Amarna et Monebba, l'aïeul des Monebbat, naquirent aussi d'une même mère. Les descendants d'Amran et de Monebba s'appellent collectivement les Ahlaf (confédérés). Les Aulad-Bou-'l-Hocein, devenus trop faibles pour se livrer davantage à la vie nomade, s'établirent à demeure fixe dans des bourgades qu'ils érigèrent au milieu du Désert, entre Tafilelt et Tigourarin. Les AuladHocein sont assez nombreux pour former la masse des Doui-Mansour, et assez puissants pour dominer sur le reste de cette tribu. `Ils reconnaissent à la famille de Ghanem-Ibn-Djermoun le droit de leur fournir des chefs, et sous le règne d'Abou'l-Hacen, ils obéissaient à Ali-Ibn-Djermoun, petit-fils de Djerrar-Ibn-ArefaIbn-Fars-Ibn-Ali-Ibn-Fars-Ibn- Hocein-Ibn-Mansour. Ce chef mourut à la suite du revers éprouvé par les Mérinides à Tarifa

[ en Espagne]1, et cut pour successeur son frère Yahya duquel le commandement passa à Abd-el-Ouahed, fils de Yahya. Abdel-Ouahed transmit l'autorité à son frère Zékérïa. Ahmed-IbnRahhou-Ibn-Ghanem, cousin de Zékérïa, lui succéda et fut ensuite remplacé par son frère Yaïch auquel succéda son cousin, Youçof-Ibn-Ali - Ibn-Ghanem, le même qui gouverne, la tribu aujourd'hui.

Sous le regne de Yacoub-Ibn-Abd-el-Hack et sous celui de son fils Youçof, les Mérinides livrèrent plusieurs combats aux Makil. Dans l'histoire de cette dynastie nous parlerons de l'expédition que Youçof-Ibn-Yacoub entreprit contre eux, quand il partit de Maroc et leur infligea un rude châtiment dans le désert du Derà.

A l'époque où ce prince se trouvait dans la partie orientale de ses états, et s'occupait de faire le siége de Tlemcen, les Makil envahirent les frontières du Maghreb, depuis le Derà jusqu'au Molouïa et Taourìrt; ils livrèrent même plusieurs combats à Abd-el-Ouehhab-Ibn-Saed, gouverneur du Derà, client de la famille royale et grand officier de l'empire. Dans une de ces rencontres, Abd-el-Ouehhab perdit la vie. Les Mérinides étant rentrés en Maghreb après l'assassinat de leur sultan YouçofIbn-Yacoub, se hâtèrent de venger la mort du gouverneur du Derà, et ayant forcé ces Arabes à rentrer dans l'obéissance, ils les obligèrent à payer dorénavant l'impôt en toute soumission. Dans la suite, l'influence de l'empire s'affaiblit à un tel degré, que les Makil ne payaient plus rien à moins d'y être contraints par la force des armes, et cela dans les rares occasions où le sultan en avait les moyens à sa disposition. Entre les années 750 (1349-50) et 760, après la prise de Tlemcen par Abou-Einan, les Makil accordèrent leur protection à Sogheir-Ibn-Amer qui s'était réfugié chez eux. Ayant ainsi encouru la colère du sultan, ils prirent tous la résolution de répudier son autorité, et jusqu'à sa mort, ils continuèrent à se maintenir en état de révolte. et à rester dans le Désert avec Sogheir.

1 Il s'agit ici de la défaite des Africains sous les murs de Tarifa par Alphonse XI, roi de Castille, en l'an 1310 de J.-C Le lecteur en trouvera le récit dans un autre volume de cet ouvrage.

A la mort d'Abou-Einan, le sultan Abou-Hammou occupa Tlemcen, entreprise dont nous parlerons ailleurs, et les Mérinides marchèrent encore sur cette ville. Abou-Hammou et Sogheir prirent alors la fuite et cherchèrent un asile chez ces Arabes. Une victoire remportée par les Makil sur l'armée mérinide aux environs de Tlemcen, compléta la rupture qui s'était déclarée entre eux et l'empire; aussi, dès ce moment, ils s'attachèrent au parti d'Abou-Hammou, et en récompense de leurs services, ils obtinrent de ce prince la concession d'une partie des plaines que renferme le territoire de Tlemcen. En l'an 763 (1361-2), lors de la mort du sultan Abou-Salem, une grande commotion se manifesta dans le Maghreb par suite de la révolte des fils du sultan Abou-Ali, lesquels s'étaient emparés de Sidjilmessa. Tant que dura cette insurrection, les Makil y prirent une part très-active.

[Leur chef] Ahmed-Ibn-Rahhou eut ensuite un démélé avec Abou-Hammou, et pour se venger de ce sultan, il fit venir AbouZian, petit-fils du sultan Abou-Tachefin, et envahit avec lui le territoire de Tlemcen. Cette démonstration lui coûta la vie, ainsi que nous le raconterons ailleurs. Plus tard, les Makil devinrent assez redoutables pour se faire concéder par le gouvernement [mérinide] la plus grande partie des impôts fournis par le Derà et la possession des territoires qui dépendent de Tedla et d'ElMâden; territoires situés aux débouchés des défilés par lesquels ils entraient dans le Maghreb, soit pour y passer les printemps et les étés, soit pour y faire leur provision de blé. Quant à Sidjilmessa, cette ville n'appartient pas à eux, mais bien à leurs frères, les Ahlaf.

Parlons maintenant du Derà. Ce pays méridional est traversé par un grand fleuve qui prend sa source dans le Deren [l'Atlas], montagne qui donne aussi naissance au fleuve OmmRebià. Celui-ci traverse les plateaux et les plaines du Tell, mais le Derà coule vers le sud-ouest et se perd dans les sables du pays de Sous. C'est sur les bords de cette rivière que s'élèvent les

1 Plus loin, l'auteur nous apprend que le Derà se jette dans l'Atlantique.

ourgades du Derà. Il y a aussi un autre grand fleuve qui se dirige vers le midi, en dérivant un peu vers l'est, et qui se perd dans les sables un peu au-delà de Tigourarin. Sur la rive occidentale de ce fleuve on rencontre successivement les bourgades de Touat, de Tementît, et de Regan. C'est auprès de cette dernière localité qu'il disparaît dans les sables. Au nord de Regan se trouvent les bourgades de Tementît, et au nord-est, on rencontre ceux de Tigourarîn. Tous ces endroits sont situés derrière la ligne des dunes appelées l'Areg.

Les montagnes de Deren forment par leur assiette, une ceinture qui enferme le Maghreb El-Acsa depuis Asfi jusqu'à Tèza. Au midi de cette chaîne s'élève le Neguiça, montagne occupée par les Sanhadja et dont l'extrémité qui touche au mont Heskoura s'appelle Djebel-Ibn-Homeidi. De là plusieurs autres chaines de montagnes se détachent parallèlement les unes aux autres, et vont atteindre la Mer-Romaine [la Méditerranée], auprès de Badis. L'on peut donc considérer le Maghreb [El-Acsa] comme une île, entourée au sud et à l'est par des montagnes, et à l'ouest et au nord par la mer. Ces montagnes et les plaines qu'elles renferment sont habitées par des peuplades berbères dont personne, excepté celui qui les a créées, ne peut estimer le nombre. Les rares chemins qui mènent dans le Maghreb à travers ces hauteurs sont toujours couverts d'une foule de voyageurs appartenant aux tribus qui occupent ces localités.

Le Derâ, après s'être perdu dans les sables, entre Sidjilmessa et le Sous, reprend sa course et va se jeter dans l'Océan entre Noun et Ouadan. Ses bords sont couverts de bourgades entourées de dattiers en quantité innombrable. Tadénest', la capitale de cette région, est une grande ville, fréquentée par des marchands qui y vont acheter de l'indigo: ils le paient d'avance, en attendant son extraction de la plante par les moyens de l'art. Les Aulad-Hocein sont maîtres de ce territoire, ils ont soumis les Berbères - Sanaga et les peuplades

Un des manuscrits porte Tidici, et en marge d'un autre, on lit: la bonne leçon est Tebdeci; mais c'est là un point qui mérite examen.

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