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TRIBUS ET DYNASTIES BERBÈRES

DE L'AFRIQUE SEPTENTRIONALE.

HISTOIRE DES ZENATA, DES CONQUÊTES FAITES EN MAGHREB PAR LES PEUPLES DE CETTE RACE BERBÉRE ET DES ROYAUMES QU'ILS Y ONT FONDÉS.

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Depuis une époque très-reculée la race zenatienne a habité le Maghreb, où, par son existence actuelle et par les souvenirs de son ancienne gloire, elle s'est fait assez connaître. De nos jours, on remarque chez ce peuple beaucoup d'usages propres aux Arabes il vit sous la tente, il élève des chameaux, il monte à cheval, il transporte sa demeure d'une localité à une autre, il passe l'été dans le Tell et l'hiver dans le Désert, il enlève de force les habitants du pays cultivé et il repousse le contrôle d'un gouvernement juste et régulier. Parmi les Berbères, les Zenata se distinguent par leur langage, qui diffère en espèce1 de tous les autres dialectes employés par les peuples de cette grande famille; et, cependant, ils habitent, comme eux, les diverses contrées de l'Ifrîkïa et du Maghreb. On les trouve dans les pays des dattiers, depuis Ghadams jusqu'au Sous-el-Acsa, et l'on peut même dire qu'ils formert à peu près toute la population des villages situés dens les régions dactylifères du Désert. Dans le Tell, on les rencontre aux environs de Tripoli, au milieu des plaines de l'Ifrîkïa et dans la montagne de l'Auras. Cette dernière localité nous présente quelques débris zenatiens installés à côté des

1 Notre auteur aurait mieux rendu sa pensée en disant que les Zenata parlent un dialecte particulier de la langue berbère.

Arabes hilaliens dont ils subissent la domination. La grande majorité des Zenata habite, toutefois, le Maghreb central; ils y sont même tellement nombreux que ce pays a reçu le nom de territoire des Zenata. D'autres peuplades de cette race se montrent dans le Maghreb-el-Acsa. Maintenant, comme autrefois, on trouve des royaumes et des dynasties zenatiennes dans les deux Maghrebs; la souveraineté et la puissance s'étant transmises d'une branche de cette grande tribu à une autre, ainsi que nous allons l'exposer.

OPINIONS DIVERSES AU SUJET DE L'ORIGINE DES ZENATA.

DONT CETTE RACE SE COMPOSE.

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TRIBUS

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Les généalogistes qui appartiennent à la race berbère s'accordent tous à dire que les Zenata tirent de Chana leur origine et leur nom. Abou-Mohammed--Ibn-Hazm1 écrit, dans son Djemhera (collection de généalogies) : « Quelques-uns d'entre eux » [les Berbères] disent que Chana est le même personnage que » Djana, fils de Yahya, fils de Soulat, fils d'Ourçak, fils de Dari, >> fils de Zeddjîk [ou Zahhîk], fils de Madghis, fils de Berr. » Dans le même livre il dit : « La généalogie suivante m'a été com» muniquée par Youçof-el-Ouerrac, qui la tenait d'Aïoub, fils » d'Abou-Yezid : »— C'est-à-dire sous le règne d'En-Nacer [l'oméïade espagnol], quand Aïoub se rendit à Cordoue, chargé d'une mission par son père, chef de la révolte qui agita toute l'Ifrîkïa. — « Chana, me dit-il, est le même que Djana, fils de » Yahya, fils de Soulat, fils d'Ourçak, fils de Dari, fils de Chac>> foun3, fils de Bendouad, fils d'Imla, fils de Madghis, fils de » Herek, fils d'Herçac, fils de Guerad, fils de Mazîgh, fils d'He

1 Voy. t. I, p. 18.
Voy. t. 1, p. 534.
3 Variante: Chacfou.

Variante: Temla.

» rak, fils d'Herîk, fils de Bedîan, fils de Kenan [Canaan], fils >> de Ham [Cham]. »

D'après cette liste, Madghis ne descend pas de Berr. Nous avons déjà indiqué la diversité d'opinions à ce sujet '; mais nous regardons celle-ci comme la vraie, car l'autorité d'Ibn-Hazm mérite toute confiance et ne saurait être contrebalancée par celle d'aucun autre écrivain. D'ailleurs, il rapporte la généalogie en question d'après le fils d'Abou-Yezîd, chef des Zenata. En adoptant cette liste, on est obligé de reconnaître que les Berbères seuls descendent de Bernès, et que les Botr, c'est-à-dire les enfants de Madghis-el-Abter, n'appartiennent pas à la race berbère. Les Botr se composent des Zenata et de quelques autres familles, ainsi que nous l'avons déjà exposé; et bien qu'ils ne fassent pas partie des Berbères, ils en sont néanmoins les frères, puisqu'ils descendent, ainsi que les Berbères, de Canaan, fils de Cham, fait qui ressort de cette liste généalogique.

On rapporte, sur l'autorité d'Abou-Mohammed-Ibn-Coteiba?, que les Zenata ont pour ancêtre Djalout (Goliath). Dans une liste transmise par cet historien, il est dit que Zenata est le même que Chana, fils de Yahya, fils de Darîs, fils de Djalout lequel est la même personne que Ouennour, fils d'Herbil, fils de Djedîlan, fils de Djaloud, fils de Redîlan, fils de Haci, fils de Bad, fils de Zeddjîk, fils de Madghis-el-Abter 3, fils de Caïs, fils de Ghailan. Une autre liste, fournie par le même généalogiste, représente Djalout comme fils de Djaloud, fils de Dîal, fils de Cahtan, fils de Fars, personnage connu. Une troisième tradition, fournie par

Voy. t. 1, p. 178 et suivantes.

2 Voy. t. I, p. 175, note.

› On retrouve ce passage, avec plusieurs variantes, dans le premier volume de cette traduction, p. 175. A moins d'avoir entre les mains un exemplaire, un bon exemplaire, de l'ouvrage d'Ibn-Coteiba, on ne saurait rétablir l'orthographe de ces noms propres.

Dans son histoire de l'époque antéislamique, notre auteur représente Fars, c'est-à-dire les Persans, comme descendus de Laoud (Lud), fils de Sam (Sem).

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