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« Les Arabes conservaient une grande partie des impôts qu'ils percevaient au nom de l'état; partout, les cultivateurs des campagnes et les commerçants des villes étaient les constantes victimes de leur oppression.

<< Cet état de choses se prolongea jusqu'à ce que Dieu, ayant voulu chasser les ténèbres de l'oppression par les lumières de la justice, et délivrer les peuples des maux de la tyrannie, de la famine et de la terreur, suscita le sultan Abou l'Abbas Ahmed (1369).

<«< Bientôt, ce prince dirigea du fond de sa capitale un regard menaçant sur les repaires de ces malfaiteurs qui opprimaient le pays; il les combattit tous successivement et fit rentrer sous son autorité El-Medhia, Souça, et l'île de Djerba. «< Abou l'Abbas s'efforça de relever la puissance des vieilles tribus berbères et rendit aux Merendjiça 1 leurs anciennes franchises.

« Ces Merendjiça, autrefois puissants, avaient été réduits par les souverains fatémides pour avoir pris part à la révolte d'Abou Yezid. Ils erraient depuis lors entre Tunis et Kairouan.

<«< Lorsque les Kaoub, à leur tour, occupèrent le pays entre Gabès et Béja, ces Arabes, en récompense du dévouement qu'ils montrèrent au gouvernement hafside, reçurent la concession de l'impôt (kharadji) des Merendjica.

<< C'est au moyen des ressources qu'ils se procuraient ainsi, que les Kaoub purent faire peser leur domination sur l'empire. Ils tiraient des Merendjiça des chevaux pour la remonte, des subsides pour subvenir à leurs dépenses, des chameaux pour transporter leurs bagages, et des cavaliers pour les aider dans leurs guerres.

« Ce peuple était, en un mot, une proie pour les nourrir et un esclave pour les servir. Mais lorsque Dieu eut relevé le khalifat qui penchait vers sa ruine, alors le ciel s'éclaircit, l'horizon se dégagea, les Merendjiça, affranchis du joug du Kaoub, reprirent l'habitude de payer l'impôt au sultan de Tunis.

<«< Le sultan Abou l'Abbas se porta ensuite contre le Sud, où les chefs des villes du Djerid s'étaient organisés en conseil

1. Fraction des Ifrene.

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administratif. Ils avaient pris les allures et les emblèmes de la royauté : ils osaient s'asseoir sur des trônes, parcourir les rues en grand cortège et traiter avec une hauteur insolente les hommes de bien qui se présentaient à leur cour. Dans les jours de fêtes, ils apparaissaient entourés des attributs de la souveraineté et, égarés par la vanité, s'arrogeaient les titres réservés au khalife.

« Quand Abou l'Abbas dompta l'Ifrikya, et que Tunis eut trouvé en lui le faucon sans cesse vigilant, le lion toujours prêt à s'élancer de sa tanière, les chefs du Djerid, prédestinés à devenir sa proie, croyaient à chaque instant le voir fondre

sur eux.

<< En 1378, il mit en effet le siège devant Gafsa; comme les habitants persistaient dans leur insoumission, il commença à faire couper les dattiers: aussitôt la ville reconnut son autorité. On trouva, dans la maison des princes, des trésors immenses, fruits d'un long règne, et d'une extrême diligence à thésauriser.

<«< Le seigneur de Tozeur s'enfuit dans le Zab : l'émir prit possession de la ville, des palais et des trésors du fugitif. La quantité de meubles, d'armes, de vases d'or et d'argent qui tomba entre ses mains dépassa tout ce qu'on pouvait imaginer on aurait cru impossible au plus grand monarque de la terre de rassembler autant d'objets précieux. On y trouva encore des pierreries, des bijoux et des étoffes, car les Arabes avaient entassé là toutes les richesses de l'Ifrikya.

<< En 1379, il marcha de nouveau contre Gabès et commença par dévaster les environs de la ville; les forêts de dattiers furent abattues, de sorte qu'un grand territoire que recouvrait un bois épais fut mis entièrement à nu. Il en résulta que l'air y circula librement, et qu'une localité, rendue malsaine par l'épais ombrage des arbres, fut parfaitement assainie. Ainsi un acte de sévérité devint une bénédiction de Dieu, de même que certaines maladies rétablissent la santé du corps.

<< Partout, il abolit le gouvernement des cheikhs et incorpora le pays dans ses États. Les populations purent alors jouir de quelque repos; il étendit sur elles son ombre tutélaire; les routes si longtemps infestées de brigands n'offrirent plus aucun danger aux voyageurs, et les portes de la miséricorde divine s'ouvrirent enfin, pour répandre des flots de bonheur sur le peuple. »

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