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V. PIQUET. - Les Civilisations de l'Afrique du Nord.

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GARAMANTES

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AFRIQUE DU NORD

ANCIENNE ET ROMAINE

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s'empare de Cirta et, confirmé par les Romains dans la possession de la Numidie entière, devient bientôt le véritable maître de l'Afrique.

Massinissa, tout-puissant, reste le premier cavalier de son royaume; mais, au contact des civilisations de Rome et de Carthage, où l'influence grecque se fait alors sentir, il a appris ce que doit être une cour. Aussi le voit-on s'entourer de tous les raffinements des civilisations romaine et grecque, et d'un luxe égal à celui que déploient les puissants généraux, ses alliés ou ses rivaux.

Il jette des regards d'envie vers cette riche Carthage dont les Romains ont déjà ébranlé la puissance, et toute la première moitié du second siècle est occupée par ses campagnes contre la capitale punique. En 193, il pousse jusqu'à Gabès et va soumettre les tribus de Tripolitaine. Il reste maître indiscuté du sud et du centre tunisiens, et, dès lors, s'attache à faire des peuplades sans lien de ces régions une nation unie: il s'efforce de les fixer au sol et de les intéresser à l'agriculture.

Enfin Carthage, au milieu du e siècle, se décida à le combattre. On vit alors le vieux prince - il avait quatrevingt-huit ans - charger encore à la tête de ses cavaliers, et la guerre se termina par la défaite des Carthaginois. Elle devait être reprise immédiatement par Rome, qui saisit le prétexte du différend avec son allié, le roi de Numidie, pour réduire et détruire Carthage : la troisième guerre punique se termina, en 146, par la ruine de la puissante cité.

Massinissa mourut avant cette guerre, et ne vit pas la destruction de Carthage; il commandait, à la fin de sa vie, à un puissant empire indigène, sur lequel il avait régné plus d'un demi-siècle et qu'il s'était efforcé d'amener à la civilisation.

Nos regards, aujourd'hui, se tournent uniquement vers cette Carthage punique, et ce qu'on remet au jour de la brillante civilisation qui s'y développa résume pour nous tout l'intérêt que présente l'Afrique à cette

époque. Nous méconnaissons, en ne voyant que Carthage, entrepôt de riches marchands et ville isolée sur la côte d'un pays non pénétré, la vie propre de ce pays. La population de l'intérieur, proche parente des autres races méditerranéennes, était nombreuse et, au contact des civilisations européennes, commençait à s'organiser. Alors que les Carthaginois disparaîtront sans laisser de traces, les Numides vont prendre au contraire dans l'histoire une place de plus en plus grande.

Carthage disparue, les rois numides paraissent toutpuissants et, de fait, pendant toute la fin du e siècle (146-89), les Maures et les Numides, que Rome tenait dans une vassalité toute nominale, furent pour elle des adversaires redoutables 1.

Micipsa succéda à son père Massinissa et, tandis que les Romains s'établissaient autour d'Utique, dans cette région agricole qu'ils appelaient Africa, il put régner tranquillement à Cirta, sur un empire qui s'étendait de la Molocath aux Syrtes. Il s'appliqua à continuer l'œuvre de civilisation commencée par Massinissa.

A sa mort, la partie orientale du pays fut partagée entre ses fils Adherbal et Hiempsal, et Jugurtha, son neveu. Mais Jugurtha rêva bientôt de reconstituer le royaume de Massinissa, et la lutte qu'il soutint contre Rome le fait apparaître comme un des plus grands

1. Au début de la domination romaine, le pays est ainsi divisé : 1° Cyrénaïque ou Libye pentapole,

2o Région syrtique où vivent les Nasamons et les Psylles, 3o Afrique propre (Tunisie actuelle). (Le sud est occupé par des peuplades que les Romains nomment Musulames et Zouèkes), 4° Numidie comprenant la Massylie et la Massésylie, 5° Maurétanie (Maroc actuel),

6° Gétulie s'étendant au sud de la Numidie et de la Maurétanie, 7° Libye intérieure comprenant les régions désertiques que les Romains croyaient habitées par des peuplades fabuleuses comme les Blommyes qui avaient le visage au milieu de la poitrine et les Egypans aux jambes de bouc.

princes que l'histoire de cette époque ait rencontrés. Nous nous trouvons en même temps en présence du premier des grands empires indigènes qui s'élèveront en Afrique au cours des siècles: il convient de souligner sa puissance. Les Carthaginois, nous le répétons, n'ont jamais exercé leur domination sur la Numidie, et, si les Romains ont réellement pris possession du pays entier, c'est par une suite de longs et patients-efforts; en cette fin du пo siècle avant l'ère chrétienne, ils ont à peine pris pied à Utique. La Zeugitane, qui forme antour de ce port un pays agricole extrêmement riche, n'est alors qu'une enclave dans le royaume numide. Aussi, dès le début du 1er siècle, les Romains sentent-ils la nécessité de conquérir la Numidie c'est l'origine des guerres fameuses entreprises contre Jugurtha, et dont le récit nous a été conservé par Salluste.

Jugurtha organisa véritablement la résistance de l'Afrique. Maître de toute la Numidie, il s'allie tout d'abord avec le roi des Maures Bokkus, à qui il représente que les Romains, après avoir soumis la Numidie, ne manqueront pas de s'emparer de la Maurétanie.

Puis, s'emparant de Cirta où se défend Adherbal, il n'hésite pas à mettre à mort les Romains qui s'y trouvent. Dès lors, il est en lutte ouverte avec Rome. Le premier général qui tient la campagne est un certain Bestia, que Jugurtha gagne à sa cause à force d'or. Mandé à Rome, il répand habilement l'or et regagne l'Afrique où le suit une nouvelle armée romaine. Mais celle-ci échoue devant Suthul (Guelma), et se laisse surprendre dans son camp (108). Metellus prend alors la direction des opérations.

Jugurtha dispose d'une infanterie disciplinée. Son armée, à la bataille du Muthul, est divisée en 2 corps : l'infanterie, avec les éléphants, se retranche pour attendre l'ennemi; la cavalerie, dissimulée dans les gorges environnantes, attend le moment favorable pour entrer en scène. Mais, en bataille rangée, les Numides se montrent inférieurs aux légions romaines. Vaincu,

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