Images de page
PDF
ePub

fossés; de potetxopa, on ne rencontre nulle trace. Quant aux tours, le nombre en est singulièrement réduit dans beaucoup de ces citadelles. Sans doute, aux endroits particulièrement menacés, on les accumule en aussi grande quantité que dans les places de l'Orient byzantin, et l'on constate en quelques endroits de fort belles études de flanquement'. Mais partout où les dispositions du terrain ont paru suffire à assurer la sécurité de la ville, les tours sont rares et espacées. Même dans des places fort importantes, telles que Thélepte, Thamugadi, Tubunae ou le château du Bellezma, les tours sont souvent distantes de plus de 50 mètres; un type très fréquemment employé dans les castella d'Afrique présente quatre tours seulement flanquant les quatre angles d'un carré'; enfin, la plupart des fortins de moindre importance sont de simples réduits rectangulaires, qu'aucune tour absolument ne vient. protéger.

D'autre part, dans beaucoup de villes on s'est attaché à dessein à réduire l'étendue de l'enceinte, afin qu'une moindre garnison pût suffire à en assurer la défense. A cet égard, Justinien avait donné des ordres formels à ses lieutenants : « Si Votre Grandeur, mandait-il dès 534 à Bélisaire, constate que certaines villes ou châteaux du limes sont d'une étendue trop considérable, et pour cette raison difficile à garder efficacement, elle fera en sorte de les faire reconstruire de manière à ce qu'un petit nombre d'hommes suffise à les protéger*. » Dans toutes ses constructions militaires, constamment l'empereur avait appliqué ce principe: partout où les remparts d'une ville lui semblaient trop étendus pour la défense, partout où de grands espaces vides, réservés inutilement au dedans des murailles, risquaient de compromettre la sécurité de la cité par les facilités qu'ils offraient à une surprise, résolument il avait restreint

1. Ex. Tigisis.

2. Ex. Tifech, Tigisis.

3. Cf. Aed., p. 266.

4. Cod. Just., I, 27, 2, 14.

les dimensions de la forteresse'. Il avait agi ainsi à Antioche, à Césarée de Cappadoce', ailleurs encore; il fit de même en Afrique. Procope l'indique expressément pour Leptis Magna3; les monuments montrent que la même règle fut suivie en bien d'autres endroits : à Thélepte, à Théveste, à Bagai, à Guelma, à Teboursouk, beaucoup d'édifices furent laissés en dehors de l'enceinte de la nouvelle ville fortifiée. Dans la plupart des cités on se contenta de moins encore: à Ammaedera, à Thamugadi, à Madaure, à Tubunae, à Sétif, à Thignica, une citadelle plus ou moins grande s'éleva au centre ou à côté de la ville, et servit tout ensemble à la protéger et à offrir un refuge à ses habitants.

IV

Des divers types de constructions militaires africaines.

Pour tous ces motifs, une grande variété de dispositions apparaît dans les citadelles africaines. Les textes y distinguent plusieurs sortes de constructions militaires, les villes fortifiées (civitates), les camps retranchés (castra), les grandes forteresses (castella), les redoutes de moindre importance (burgi), les murs de barrage (clisurae). L'étude des monuments confirme pleinement cette classification : ils se ramènent en effet à cinq catégories principales, dont quelques exemples particuliers, choisis dans chaque série parmi les édifices les mieux conservés, suffiront à donner une idée exacte'.

1. Aed., p. 236, 290.

2. Id., p. 238, 316, 317.

3. Id., p. 335, 336.

4. Cod. Just., I, 27, 2, 4, 8, 14, 15; C. I. L., VIII, 4799. Sur les mots castellum et burgus, Cagnat, Armée romaine, p. 674.

5. Cf. Rech. des antiquités, p. 163.

1o On rencontre en premier lieu les villes fortifiées. Tébessa en offre un fort intéressant spécimen, et ainsi qu'on l'a justement remarqué, ses fortifications, admirablement conservées, << peuvent être considérées comme un véritable type de l'art de l'ingénieur au vr° siècle 1». Selon la description d'un témoin oculaire', elles forment «< une enceinte rectangulaire de 320 mètres de longueur sur 280 mètres de largeur, flanquée par quatorze tours carrées et percée de trois portes qui sont placées

[blocks in formation]

་་

[blocks in formation]

Citadelte Byzantine .

[merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

sur les trois faces sud, est et nord. Cette dernière est formée par l'arceau nord de l'arc de triomphe de Caracalla, qui lui-même est devenu une des quatorze tours de flanquement. Les murs de l'enceinte ont une épaisseur variant de 1,50 à 2,20 et dans le principe ils atteignaient une hauteur de neuf à dix mètres. A

1. Moll, Rec. de Const., 1860, p. 204.

2. Id., p. 204-205, que je complète et corrige sur quelques points. Cf. Diehl, Rapport, p. 42-47.

[ocr errors]

sept ou huit mètres environ au-dessus du sol régnait un chemin. de ronde crénelé qui faisait le tour de la place. Il était destiné

[graphic]

Fig. 28.

1

- Tébessa. Portion de l'enceinte byzantine, face intérieure.

à recevoir les défenseurs et à faire communiquer les tours entre elles; une partie de sa largeur était prise en encorbellement, et en certains endroits il était coupé par des marches

destinées à racheter les différences de niveau. On y arrivait au moyen de trois escaliers placés chacun à côté d'une des portes. Toutes ces maçonneries sont en pierres de taille posées par assises réglées et tirées des ruines de l'ancienne ville. Celle des tours est dans un état de conservation remarquable, et il est facile de voir que l'ingénieur a mis beaucoup de soin à leur construction. Trois ou quatre assises seulement de la partie supérieure sont tombées en quelques endroits, et on peut constater sur place que la hauteur de ces tours atteignait 16 ou 17 mètres. Elles étaient divisées en rez-de-chaussée et en étage, séparés l'un de l'autre par une solide voûte d'arête également en pierres de taille. Le rez-de-chaussée s'ouvrait par une porte rectangulaire couverte d'un fort linteau et formait une haute pièce carrée, faiblement éclairée par une meurtrière assez large, ménagée sur la face intérieure. L'entrée de l'étage était de plain pied avec le chemin de ronde. Une salle carrée l'occupait, recevant le jour par une large fenêtre ouverte audessus de la porte et par d'étroites archères percées sur les autres faces de la tour. Pour recouvrir l'étage, il y avait une deuxième voûte - plus souvent un simple plancher, soutenu sur quatre forts piliers d'angle - formant une plate-forme qui était reliée au chemin de ronde par un escalier adossé contre la face intérieure de la tour. Des deux côtés de chaque tour, à l'angle formé par les flancs avec les murs de courtine et à hauteur du chemin de ronde, existait une petite guérite en pierre de taille destinée à recevoir une sentinelle. Ces guérites étaient munies de deux créneaux, l'un surveillant dans sa hauteur et sa longueur la partie de courtine adjacente, l'autre ayant vue en avant sur la campagne. L'épaisseur de la muraille des tours est variable sur leur face extérieure elle mesure en général 1,50 à 1,80; sur la face intérieure elle atteint 2,10. >>

Dans l'intérieur de la ville se trouvaient enfermés un certain nombre des édifices de l'antique Théveste. C'était le temple élégamment décoré et environné de portiques, que l'on appelle aujourd'hui temple de Minerve; c'était le forum de la ville romaine, un autre temple fort important et d'une cons

« PrécédentContinuer »