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nérable de toute ville forte. D'habitude, les portes s'ouvraient donc entre deux tours très proches l'une de l'autre qui en couvraient l'accès'. C'était le parti le plus simple; mais il ne semblait pas toujours suffisant: alors on s'ingéniait à imaginer mille moyens pour compliquer la défense. Tantôt, dans la face latérale d'une des tours de l'enceinte, on perçait une

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porte sur l'extérieur, commandée à la fois par la tour et par la courtine voisine; puis, du réduit intérieur de la tour, une seconde porte, placée à angle droit avec la première, conduisait dans la citadelle, resserrée encore à son débouché et comme étranglée entre deux puissants contreforts. Tantôt

1. Aed., p. 296. Exemple à Tébessa, Tigisis.

2. Exemple au Bellezma, Ain-Tounga.

les deux portes se trouvaient disposées dans un même axe; mais sur les côtés de la petite cour qui les séparait, des couloirs dérobés, ménagés dans l'épaisseur de la muraille, permettaient d'assaillir sur les flancs les ennemis retenus entre les deux portes, et criblés en même temps de flèches par les soldats postés sur les courtines: peut-être même pouvait-on par ce moyen tenter de couper la retraite aux assaillants. En tout cas, on s'appliquait toujours à placer les entrées de la cita

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Fig. 14.

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Mdaourouch. Citadelle byzantine. Porte principale.

delle sous l'abri tout prochain de quelque tour voisine; les poternes elles-mêmes ne sont jamais dépourvues de cette protection. Enfin on faisait les portes très étroites : les poternes ont généralement un mètre tout au plus d'ouverture3; les portes principales ne dépassent guère une largeur de trois mètres, et souvent elles ont beaucoup moins (2,25, 1,25).

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De lourds battants, épais de 0,55 et assujettis par une forte

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Fig. 15. Mdaourouch. Citadelle byzantine. Porte principale.

baie de l'arcade1 et garantissaient la sécurité de la forteresse. Quelquefois on tâchait même de dissimuler les portes aux vues de l'ennemi 2.

Enfin, dans un certain nombre de villes fortes, et d'ordinaire sur le point le plus élevé de la place, s'élevait un réduit fortifié, véritable citadelle qui pouvait, la ville prise, offrir aux défenseurs une dernière retraite. Comme l'enceinte, ce réduit était sur ses différents fronts flanqué de tours carrées; parfois il était encore renforcé par une sorte de donjon intérieur. Les murailles de cet ouvrage, moins fortes que celles des remparts de la cité, mesuraient en général 1TM,20 à 1",40 seulement.

Mais, il ne suffisait pas d'assurer la défense: il fallait encore procurer à la citadelle des approvisionnements suffisants, soit en vivres, soit en eau. Ce dernier point surtout était d'une importance particulière et l'auteur de la Tactique y insiste longuement*. Il faut que chaque citadelle ait son alimentation d'eau, que cette eau soit de bonne qualité et en quantité suffisante pour fournir aux besoins de la garnison et des populations réfugiées dans la ville; il faut, autant que possible, que la source se trouve dans l'intérieur même de la place; tout au moins en doit-elle être assez proche pour qu'en cas de siège on puisse s'y approvisionner sans difficulté. Si, sur le point qu'on veut occuper, on ne réussit à découvrir aucune source, on amènera par un aqueduc l'eau d'une montagne voisine"; s'il y a un fleuve dans le voisinage, on y embranchera un canal de dérivation'; mais surtout on s'appliquera à construire de vastes citernes où s'accumulera et se conservera l'eau de pluie. Tantôt ces réservoirs sont établis entre le mur d'en

1. Ex.: Mdaourouch.

2. Aed., p. 296.

3. Ex. Bagai, Laribus, Djeloula, Guessés (Gsell et Graillot, 1. c., p. 119-120). 4. Anon., X, 2; cf. IX, 8.

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ceinte et le potεíxopa1, plus souvent dans l'intérieur même de la place parfois même, chaque tour a une citerne particulière, qui donnera en toute circonstance l'eau nécessaire aux défenseurs'. Enfin, dans les villes importantes, on installait des magasins considérables destinés à assurer le ravitaillement des postes de la région '.

Il faut se figurer en outre l'intérieur de ces forteresses rempli de constructions de toute sorte, bâtiments pour loger la garnison, écuries pour les chevaux, magasins pour les vivres, meules et pressoirs pour l'emploi des récoltes faites dans le pays mème; souvent aussi on y rencontrait une église*. Quand la citadelle était plus considérable, une véritable ville, avec des rues et des places, se construisait au dedans de l'enceinte malheureusement la plupart de ces édifices ont à peu

près complètement disparu.

Tel est, dans ses traits généraux, le système de la fortification byzantine au vi° siècle, tel qu'il apparaît, non seulement en Afrique, mais encore dans certaines citadelles importantes de l'Orient grec. Parmi elles, l'enceinte d'Antioche était, il y a encore peu d'années, une des plus remarquables, avec ses hautes murailles crénelées, escaladant les pentes de la montagne, ses puissantes tours carrées à trois étages de défense, son chemin de ronde établi sur arcades, son énorme donjon pentagonal, et le réduit fortifié, flanqué de massives tourelles, qui se dressait tout au haut de la ville sur un rocher presque inaccessible. Dara', Nicée, Anazarbe' n'offrent pas de moins curieux spécimens de l'art militaire byzantin du vi• siècle. A

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4. Ex.: Haïdra. Cf. Saladin, I (Rapport de 1887), p. 174-175.

5. Ex. Thelepte.

6. Rey, l. c., p. 185-193 et pl. 81. Cf. Aed., p. 238-241.

7. Texier, Archit. byz., p. 53-55.

8. Texier, Archit. byz., p. 23: Asie Mineure, I, p. 39-43.

9. Texier, Archit, byz., p. 19-20; Schlumberger, Nicéphore Phocas, p. 197

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