Images de page
PDF
ePub

lapins jamais. La rareté des animaux de laboratoire à Brazzaville et la difficulté de leur élevage nous ont toujours empêché de conserver les virus.

Dans un cas, Blanchard a repris les expériences très intéressantes d'immunité croisée de Curasson. Il a pu, en vaccinant un lapin avec des moelles provenant du virus congolais, réaliser un certain degré de protection contre le virus fixe parisien.

E. CONCLUSIONS.

La maladie des chiens fous d'Afrique occidentale française et d'Afrique équatoriale française est identique à la rage. Aucune différence fondamentale ne la distingue de la rage classique si ce n'est que, même dans les régions où cette rage canine africaine est fréquente, les cas de rage humaine restent rares pour des raisons qui, en grande partie, nous échappent.

Donc, même en supposant, ce qui paraît inexact, que la rage canine africaine ne soit pas transmissible à l'homme, comme rien ne permet de la distinguer sûrement de la rage classique, les personnes mordues par des chiens suspects doivent être soumises au traitement, chaque fois que la chose est possible, et les mesures de police sanitaire doivent être appliquées ici avec la même rigueur que dans les pays où sévit la rage classique.

[blocks in formation]

Dans un article paru dans la Presse Médicale (1), nous avions passé rapidement en revue les agents thérapeutiques utilisés contre la maladie du sommeil et indiqué les résultats satisfaisants obtenus par un nouveau médicament, le tryparsamides, qui avait été mis en expérimentation au Cameroun et en Afrique équatoriale française, sur la demande de Mme la Dsse Louise Pearce, de l'Institut Rockefeller de New-York.

Van den Branden l'avait également expérimenté au Congo belge chez les trypanosomés chroniques, avec des conclusions favorables (2),

Chez les malades, dont l'examen du liquide céphalo-rachidien décèle une lymphocytose de 50 lymphocytes par millimètre cube, il avait obtenu 50 p. 100 de guérisons apparentes avec 20 grammes à 62 grammes de tryparsamide;

[ocr errors]

Chez les malades avec une lymphocytose de 50 à 100: 22 p. 100 de décès avec 33 p. 100 de guérisons apparentes et des doses de 17 grammes à 60 grammes;

Chez les malades avec une lymphocytose de 100 à 200: 25 p. 100 de guérisons apparentes, avec des doses variant de 20 grammes à 70 grammes;

Chez les malades avec une lymphocytose de 200 à 500, il avait obtenu 6.3 p. 100 de décès et 12.5 p. 100 de guérisons apparentes, avec des doses de tryparsamide variant de 15 grammes à 70 grammes;

(1)

Prophylaxie et traitement de la maladie du sommeil, 15 juillet 1925. Le tryparsamide chez les trypanosomés chroniques. (Bull, de la Soc. de Path, Exot., 14 octobre 1923.)

Chez les malades avec une lymphocytose de 500: 25 p. 100 de guérisons, avec des doses de 19 grammes à 74 grammes. Enfin, chez ceux dont le liquide céphalo-rachidien décèle la présence de trypanosomes, il avait enregistré 17.6 p. 100 de décès et 17.6 p. 100 de guérisons apparentes avec des doses variant de 19 grammes à 60 grammes.

Rappelons que les médecins des troupes coloniales: Jamot, Letonturier et de Marqueissac. qui l'avaient expérimenté à Ayos (Cameroun), et Blanchard et Laigret à l'Institut Pasteur de Brazzaville, considéraient qu'aucune autre substance trypanocide n'avait une puissance de pénétration méningée aussi grande, mais ces derniers signalaient en même temps, des accidents neurotropiques d'origine arsénicale et la nécessité de recourir à la voie endoveineuse pour éviter les abcès souscutanés.

Une dernière note publiée sur la question par Laigret, résume les résultats obtenus à l'Institut Pasteur de Brazzaville sur 95 sommeilleux, traités par le tryparsamide et qui ont été suivis pendant une période de huit à douze mois). Les conclusions de cet intéressant travail sont tellement importantes qu'elles nous paraissent de nature à transformer complètement le traitement et la prophylaxie thérapeutique de la maladie du sommeil.

Déjà, la Commission de la trypanosomiase de la Société de pathologie exotique du 11 juin 1924, avait constaté l'insuffisance de l'atoxylisation dite a minima (2 injections) pour la stérilisation des porteurs de germes et recommandait : «d'employer l'atoxyl à fortes doses, 1,5 centigr. à 2 centigrammes par kilogramme, administrées en une série annuelle de 6 injections séparées chacune par un intervalle de dix jours. Le traitement ainsi compris dure cinquante jours; c'est actuellement le traitement de choix, car il ne donne que 6 p. 100 de rechutes environ au douzième mois".

Mais les conclusions de Laigret sont encore plus significa

trypar

Note sur le traitement de la trypanosomiase humaine par le samide et l'utilisation de ce produit dans la pratique prophylactique. (Bull. de la Soc. de Path. Exot., 9 décembre 1925.)

tives. Tous ses malades observés étaient des trypanosomés à la deuxième période.

Chez ceux appartenant à la période secondaire avancée avec modifications profondes du liquide céphalo-rachidien et symptômes cliniques graves (somnolence, paralysies, tremblement, troubles mentaux, etc.), le tryparsamide a amené la disparition des trypanosomes dans le liquide céphalo-rachidien, le retour de la formule albumino-cytologique à la normale et des améliorations cliniques tellement rapides que les indigènes ont crié au miracle, comme dans la thérapeutique du pian et de la syphilis par les arséno-benzols. Accidents constatés sur 20 cas : 1 amaurose légère et 1 décès par suite, sans doute, de l'emploi de trop fortes doses.

A la période terminale, chez des impotents, cachectiques et gåteux condamnés à une mort rapide, Laigret a obtenu, dans 13 cas sur 18, des survies qui se maintiennent depuis huit mois à un an. La mortalité des grabataires, isolés au lazaret de Brazzaville, qui variait de 4 à 12 p. 100, avant l'avènement du tryparsamide, est tombée rapidement à 3, 2 et même o p. 100 certains mois.

S'appuyant sur ses constatations personnelles et celles de Van den Branden, qui signale que sur 100 malades à la première période traités, la stérilisation s'est maintenue entière après un an d'observation, Laigret estime qu'il y aurait le plus grand intérêt à substituer le tryparsamide à l'atoxyl dans la pratique courante de la prophylaxie. Cette opinion est aussi celle du médecin-major Jamot qui nous a déclaré, dans une communication orale, avoir obtenu de véritables résurrections dans des cas paraissant désespérés.

Nous laissons ici la parole au Dr Laigret :

La supériorité du tryparsamide est faite de ce que, contrairement à l'atoxyl, il ne limite pas son action stérilisante aux trypanosomes du sang et des ganglions, mais l'étend jusqu'à ceux du système nerveux central. Or, dans la pratique courante, parmi les sommeilleux qu'on peut dépister, nombreux sont ceux qui ont déjà des trypanosomes dans leurs centres nerveux (la moitié ou les deux tiers des cas suivant les régions);

ces malades, incurables ou non stérilisables par l'atoxyl, entretiennent l'endémie si on les laisse dans leurs villages; les isoler tous dans des camps serait difficilement réalisable. Au contraire, avec le tryparsamide, on peut obtenir des stérilisations durables. Et ceci permet d'envisager sous un jour tout à fait nouveau, l'avenir de la lutte entreprise contre la maladie du sommeil. "

La cure doit comporter 6 injections hebdomadaires aux doses croissantes de 4 centigrammes par kilogramme (2 injections); 5 centigrammes (2 injections); et 6 centigrammes (2 injections); soit au total 15 grammes pour un adulte de 50 kilogrammes.

La voie endo-veineuse ne doit plus être considérée comme un obstacle, car elle est devenue aujourd'hui d'une pratique courante en Afrique tropicale. Le prix du médicament est élevé; chaque cure revient en moyenne à 30 francs; mais elle est, en définitive, moins onéreuse que le traitement d'un syphilitique, et quelles compensations ne trouvera-t-on pas dans l'avenir, par la conservation d'une main-d'oeuvre précieuse menacée par une endémie mortelle.

Les Belges fabriquent d'ailleurs, un produit analogue, meilleur marché que le produit américain, et Laigret, en collaboration avec Me de Trévise, a mis en expérience, à l'Institut Pasteur de Brazzaville, de nouvelles préparations, le 270 et le 273 de M. le professeur Fourneau, qui paraissent doués de propriétés comparables à celles du tryparsamide.

Dans ces conditions, nous croyons devoir conclure que les principales mesures prophylactiques dans la trypanosomiase doivent être désormais, les suivantes :

1° Substituer à l'atoxylisation, la tryparsamidation;

2o Dans un secteur, poursuivre la stérilisation complète des porteurs de germes jusqu'à la rencontre du zéro;

3 Assainir chaque village par le débroussaillement, et déplacer ceux qui sont mal situés, de manière à empêcher les réinfections des trypanosomés guéris par de nouvelles piqûres des glosines infectantes;

« PrécédentContinuer »