la très grande majorité des malades sont des cultivateurs d'où la nécessité ici plus qu'ailleurs, d'adjoindre à l'Asile une colonie agricole.

C'est le groupe des psychoses avec trouble général qui occupe la première place avec 339 malades, puis les dégénérescences, avec 173. Parmi les psychoses, la manie aiguë a 87 entrées; la confusion mentale hallucinatoire éthylique, 67; et la démence précoce, 59.

Ainsi qu'on peut le constater par le tableau des psychopathies associées, l'alcoolisme exerce de grands ravages sur la population cochinchinoise: 72 entrées exclusivement pour cette affection. L'alcoolisme n'est pas encore aussi invétéré qu'en France, dans certaines régions, mais progresse avec rapidité surtout dans les grands centres comme Saïgon, Cholon; il est temps de prendre des mesures énergiques contre ce fléau, si l'on veut éviter la déchéance de la race. La limitation du nombre des débits de boisson pourrait être un des moyens les plus pratiques à mettre en œuvre. Les malades sont surtout des aigus, se calmant vite, mais rechutent quelques mois après la sortie de l'Asile. Sur 67 malades, 29 ont pu quitter l'Asile, complètement blanchis", mais le retour à la ville ne peut que rendre vaine cette cure de désintoxication.

En second lieu, la syphilis se retrouve chez 53 internés; nous n'avons observé chez les Annamites, ni paralysie générale, ni tabès; il semble bien que le second facteur étiologique «syphilis, civilisation» manque encore.

Sur les 600 entrés, 56 sont des criminels (9.3 p. 100); la plupart (29) concernent des dégénérés chez qui s'ajoute souvent soit un appoint alcoolique, soit l'épilepsie. Le meurtre est commis presque toujours avec une arme tranchante ou piquante (couteau de cuisine ou coupe-coupe).

En revanche, ce sont les alcooliques et les dégénérés qui fournissent la majorité des délinquants simples.

Les critiques adressées à certains asiles de France peuvent s'appliquer ici; les criminels vivent en commun avec les autres aliénés et rien ne les distingue; les mêmes règles de sortie leur sont applicables. Il sera nécessaire de mettre en vigueur en

Indochine, les réformes en projet dans la métropole à ce sujet

L'Asile d'aliénés de Bienhoa peut être considéré, à l'heure actuelle, comme un des mieux aménagés, surtout à cause du

développement de sa colonie agricole; il a déjà donné depuis 1919, date de son ouverture, des résultats appréciables.

Il est à souhaiter que toutes les colonies françaises soient dotées d'un organisme semblable, qui permettra l'internement et le traitement sur place des malades indigènes.

Quant aux aliénés européens, bien que l'Asile soit assez bien outillé pour un traitement et un isolement de quelque durée, il ne faut pas perdre de vue que le rapatriement aussi précoce que possible donnera toujours les meilleurs résultats.

LA BILHARZIOSE

CHEZ LE TIRAILLEUR SÉNÉGALAIS.

par M. le Dr CLAPIER,

MÉDECIN-MAJOR DE 1" CLASSE.

Les travaux des médecins de colonisation et des médecins des troupes coloniales ont montré que les bilharzioses urinaire et intestinale sont très répandues dans les zones tropicales et paraéquatoriales de nos possessions africaines, et il est courant de constater cette parasitose chez le tirailleur dit sénégalais, originaire de ces pays.

Cependant, la bilharziose est encore trop méconnue dans les troupes noires de l'Afrique tropicale; elle n'est pas recherchée systématiquement et sa diffusion réelle passe inaperçue.

Nous avons voulu déterminer approximativement le taux de Finfestation bilharzienne dans les régiments de tirailleurs coloniaux où nous avons été appelé à servir.

Nous avons pu poursuivre notre enquête au 24° régiment de tirailleurs coloniaux à Perpignan, de novembre 1924 à fin mars 1925, et au 13 régiment de tirailleurs coloniaux à Alger et à Cherchell, du 20 juin au 30 juillet 1925.