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Lollius Urbicus méritait d'être appelé un homme modéré. Alors qu'il se prononçait en faveur de Pudentilla, ses alliés étaient en procès avec elle, et c'est encore Apulée qui va nous l'apprendre.

J'avais, dit-il au début de son plaidoyer, entrepris de plaider la cause de ma femme contre les Granius, quand tout-à-coup les avocats d'Emilianus se mirent à me charger d'outrages, à me reprocher des maléfices, à m'accuser de la mort de mon beau-fils Pontianus. Mais comme je reconnaissais là moins une accusation en règle que l'intention de faire du scandale, je les sommai moi-même d'articuler leurs plaintes.

Voici encore un des noms inscrits sur le monument d'El-Héri, celui des Granius. On se rappelle, en effet, que parmi les personnages dont ce monument consacre le souvenir, figurent la mère de Lollius Urbicus, Grania Honorata, et son oncle Publius Granius Paulus.

Le nom des Granius se rencontre assez souvent sur les inscriptions de l'Algérie, notamment dans la province de Constantine. Le recueil de M. Renier en compte jusqu'à quinze, dont une à Madaure.

Si les monuments épigraphiques ont surtout de l'intérêt en ce qu'ils servent à compléter les monuments écrits, on ne saurait refuser ce genre de mérite au monument des Lollius et aux inscriptions qui le complètent. Par eux est déterminée la qualité de personnages cités dans un auteur classique, personnages sur lesquels les commentateurs avaient dû rester muels. Pour nous algériens, cet intérêt est plus grand encore en ce que personnages et écrivain habitaient jadis le même sol que nous habitons aujourd'hui.

Si le monument des Lollius eût été connu plus tôt, certainement il eût figuré dans le travail de M. Feuilleret sur Apulée, travail que nous nous plaisons à citer comme un hommage rendu à la mémoire de l'un des rares écrivains dont la Numidie puisse s'honorer, et comme un des meilleurs morceaux de littérature que l'Algérie ait produits jusqu'à présent. Cet ouvrage est une excellente préparation à la lecture d'Apulée.

L. LECLERC,

Secrétaire de la Société archéologique.

MÉDAILLON DE L'ARC-DE-TRIOMPHE DE TÉBESSA

(façade nord) DÉCOUVERT EN 1863

DESSINÉ PAR M. LE CHEF D'ESCADRON FLOGNY, COMMANDANT SUPÉRIeur (4)

Extrait d'une lettre de M. Flogny au secrétaire:

Dès l'apparition de cette sculpture, qui était cachée par un revêtement byzantin, le génie avait baptisé la figure du nom de Julia Domna.

La frise qui surmonte le plein cintre N.-O. porte bien une dédicace à Julia Domna, que vous pouvez d'ailleurs voir dans l'un des volumes de la Société Archéologique ou dans l'ouvrage du capitaine Moll, mais elle ne me paraît pas avoir de rapport avec la sculpture, et les raisons données par M. Cherbonneau pour transformer Julia Domna en Théveste me semblent péremptoires.

Lettre de M. Cherbonneau au commandant Flogny :

Monsieur le Commandant,

Lorsque j'examine le charmant dessin que vous avez eu la bonté d'offrir à notre Société et dont nous nous empressons de vous remercier, je ne puis me figurer que l'artiste romain aît eu l'intention de représenter Julia Domna sur le médaillon nouvellement découvert. Ce n'est

(1) Voir la planche 26.

point ainsi qu'elle est figurée sur les médailles. La coiffure des impératrices romaines, notamment à cette époque, était plutôt relevée sur le haut de la tête ou rassemblée en chignon sur la nuque. D'un autre côté, nous ne connaissons aucune princesse romaine portant une couronne de tours.

Je suppose que l'image si habilement reproduite par votre crayon est simplement un emblême, l'emblême de Théveste, ville jeune encore à cette époque.

1° La figure est celle d'une jeune femme;

2o Le type de la figure (de la face) et la longue chevelure appartient plutôt à l'Afrique qu'à l'Europe;

30 Le diadème de murailles fortifiées est l'emblême d'une ville de guerre (la clé de la Numidie);

4o Cette fixité du regard, qui ne vous a point échappée et que je considère comme l'indice de la menace, concorde avec l'ornement de la tête;

5o Le collier, qu'il est si difficile de définir en l'état, est loin de ressembler aux joyaux d'une impératrice. Estce un ruban, est-ce un serpent?

6o Dans l'aigle éployé qui tient la foudre dans ses serres, je vois le patronage de Jupiter, sous les auspices duquel Théveste fût bâtie et dont le temple avoisine la porte Caracalla.

INSCRIPTIONS NOUVELLES

RECUEILLIES A CONSTANTINE

Toutes ces inscriptions, à part quatre ou cinq recueillies au Musée, proviennent du Coudiat-Aty.

Elles se rapportent à trois gisements les deux premiers sur les pentes qui descendent aux cimetières, le troisième sur les pentes nord.

Quant aux deux premiers, la propriété de M. Marius nous en a fourni une demie douzaine et celle de M. Bruyas une quinzaine. Le reste provient de la propriété de M. J.-J. Martin, troisième et dernier gisement.

Le terrain de M. Marius a donné quelques lampes à reliefs et des fioles dites lacrymatoires, avec quelques débris de vases en argile et en verre.

Dans le terrain de M. Bruyas on a trouvé trois stèles numidico-puniques, dont deux sculptées. L'une représente le Caducée; l'autre, simplement au trait, cette figure caractéristique des monuments numidico-puniques, sur laquelle les archéologues se sont peu accordés, et que M. Muller, dans son savant ouvrage sur la Numismatique de l'ancienne Afrique, regarde comme servant à représenter l'image de Baal Chamman ou de Baal comme

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