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LEG X GEMINAE PRAET CANDIDAT

CAES TRIB PLEB CANDIDAT CAES LEG
PROCOS ASIAE QVEST VRBIS TRIB

LATICLAVIO LEG XXII PRIMIGENIAE

IIIIVIRQ VIARVM CVRAND

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A Quintus Lollius, fils de Marens,

(de la tribu) Quirina, (surnommé) Urbicus, consul, Légat de l'empereur dans la province de Germanie inférieure, fétial (1), légat (2)

de l'empereur Hadrien dans l'expédition

de Judée où il fut gratifié

d'une lance pure (3), d'une couronne d'or, légat
de la Xe légion Gemina, prêteur candidat (4)
de César, tribun du peuple, candidat de Cesar, légat
du proconsul d'Asie, questeur de la ville, tribun
laticlave (5) de la XXIIe légion Primigenia

un des quatre inspecteurs de la voirie,

Patron (6)

Par décret des décurious et aux frais publics.

(1) Membre d'un collège de hérauts à Rome. Rich.

(2) Le titre de légat, on lieutenant de l'Empereur, était porté par des fonctionnaires des divers ordres, civil, militaire, judiciaire et administratif. (3) Lance sans tête.

(4) C'est-à-dire sans avoir couru la chance d'un échec dans le sénat lors des élections. Renier, Mél. d'Epig.

(5) Autorisés à porter sur la tunique la bande dite laticlave.

(6) Les corporations et les villes, aussi bien que les individus, avaient leur patron.

Nous savons maintenant quel est l'homme qui a élevé le monument des Lollius. L'importance de ce personnage, Lollius Urbicus, est attestée par l'énoncé de sa carrière honorifique. La mention de l'empereur Adrien nous fait en même temps connaitre l'époque où le monument fut édifié, c'est-à-dire vers le milieu du second siècle de l'ère chrétienne. Certes, à voir sa noble simplicité, la beauté de ses lignes, l'importance et la perfection de son appareil, on se douterait qu'il appartient au beau temps de l'architecture romaine, et particulièrement au règne de cet empereur, qui se piquait d'être un artiste, au point que l'histoire lui impute la mort d'un architecte, victime de sa jalousie. Un personnage tel que Lollius, un protégé de l'empereur Adrien, ne pouvait élever un monument vulgaire.

Parmi les édifices de cette importance et d'un genre analogue, nous ne connaissons en Algérie que le Soumà, qui n'était probablement qu'une reproduction grossière du tombeau de saint Remi, car c'est à peine si nous osons parler ici du Medracen et du Kobbeur erroumya, consacrés à des dynasties. 'A Rome, à Pompeï, on rencontre des constructions funéraires dont la forme rappelle celle de notre monument.

Tel qu'il est, par son importance architecturale, sa conservation, l'intérêt qui s'attache au nom de son fondateur, le monument des Lollius nous parait devoir prendre place en Algérie après les deux colosses que nous avons cités.

Nous pensons aussi qu'il mériterait d'être protégé contre les causes de détérioration qui le menacent, et

même d'être complété, ce qui n'exigerait pas des frais bien considérables.

Quoiqu'il en soit, nous le recommandons aux photographes.

Ce serait une belle page que le monument des Lollius, dominant de son plateau la vallée de l'Oued-Smendou et se détachant sur les montagnes abruptes des Mouya. Encore un mot sur Lollius Urbicus.

Ce nom paraît deux fois dans les écrivains de l'histoire Auguste. Il a trait à deux personnages, dont le premier nous paraît être le fondateur de notre monument.

Voici ce que rapporte J. Capitolin dans la vie d'Antonin le Pieux :

Per legatos suos plurima bella gessit. Nam et Britannos per Lollium Urbicum legatum vicit, alio muro cespititio submotis barbaris ducto: et Mauros ad pacem postulandam coegit: et Germanos et Dacos et multas gentes atque Judæos rebellantes contudit per præsides ac legatos.

Il fit plusieurs guerres par ses lieutenants. C'est ainsi que Lollius Urbicus vainquit les Bretons, et fit élever un second mur de gazon après avoir repoussé ces barbares. Les Maures furent réduits à demander la paix. Les gouverneurs de provinces et ses généraux soumirent les Germains, les Daces, plusieurs autres peuples, et les Juifs qui s'étaient révoltés.

Ce Lollius Urbicus ne saurait être que le nôtre, Antonin le Pieux, successeur d'Adrien, n'ayant régné que trois

ans.

L'autre Lollius Urbicus appartient à un àge inférieur. Voici ce qu'en dit Lampride, à propos de lettres compromettantes écrites par le jeune Diadumène, mort en 218:

Lollius Urbicus rapporte, dans l'histoire de son temps, que ces lettres livrées par un garde-notes, firent beaucoup de tort à ce jeune prince dans l'esprit des soldats.

Pour en finir avec les Lollius, nous citerons deux autres membres de cette famille dont les noms se rattachent à l'Afrique.

Les médailles de la Cyrénaïque portent le nom d'un Lollius que Borghesi croit être ce L. Lollius, légat de Pompée, stationné dans la mer Égée pendant la guerre des pirates, qui aurait réduit la Cyrénaïque en province, et en aurait été le premier proprêteur. Voyez Muller, Numismatique de l'Afrique.

L'autre Lollius touche de plus près à l'Algérie; peutêtre même était-ce le fils de Lollius Urbicus.

Quoiqu'il en soit, nous allons donner, in extenso, l'inscription suivante que nous trouvons sous le no 1613 dans l'ouvrage de Zell, intitulé: Delectus inscriptionum roma

narum.

Lucio Lollio quinti filio Aniensi (tribu) (1) frontoni, tribuno militum legioni III Augustæ, præfecto fabrum tertium, præfecto equitum alae primae Numidorum, duumviro, pontifici, civitates XXXXIIII ex provincia Africa quæ sub eo censæ sunt.

Ce Lollius avait donc laissé de bons souvenirs en Afrique.

(1) On pouvait être de deux tribus, de l'une par sa naissance, de l'autre par adoption; mais on ne donnait sa voix que dans une des deux.

LES LOLLIUS ET APULÉE

Nous venons de parler du monument des Lollius comme d'une œuvre qui se recommande à un double titre sa valeur propre et le nom de son fondateur. Des documents épigraphiques trouvés dans le voisinage, nous ont présenté Lollius Urbicus comme un des personnages les plus considérables du règne de l'empereur Adrien.

Il est des documents d'une autre nature, qui donnent à ce monument et à son fondateur une importance nouvelle et qui en font en quelque sorte le commentaire vivant des écrits de l'un des plus grands esprits qu'ait produit la Numidie romaine, à savoir d'Apulée, contemporain de Lollius Urbicus.

Comme il s'agit d'un compatriote d'un autre âge, pour ainsi parler, on nous pardonnera les quelques détails dans lesquels nous allons entrer pour exposer les liens qui rattachent le monument des Lollius à la personne et aux écrits de cet illustre écrivain, sur le compte duquel nous saurions peu de chose, s'il ne nous avait tracé lui-même une partie de sa biographie. Cela, de plus, nous fournira l'occasion de toucher, chemin faisant, à quelques points d'histoire et de géographie locales.

Apulée naquit l'année 114 de l'ère chrétienne, à Madaure, ville de la province de Numidie, dont le nom s'est conservé légèrement altéré dans celui de Mdaourouch, localité située à 20 kilomètres au sud de Souk-Harras.

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