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core l'assise inférieure est elle à demi enterrée. Au sud, le sol est au niveau du fût.

La partie moyenne du monument, avons-nous dit, se compose de six assises: elle mesure en conséquence trois mètres de hauteur. Chacune d'elles est constituée par cinquante pierres larges de six décimètres hors-d'œuvre. Nous avons déjà dit que la profondeur de ces pierres était d'un mètre et demi. Tous ces blocs sont creusés à leurs faces inférieure et supérieure, d'une cavité de cinq centimètres de largeur sur dix de longueur et autant de profondeur.

La sixième assise ou autrement l'assise supérieure, porte quatre inscriptions occupant chacune une pierre d'une largeur double, c'est-à-dire un mètre deux décimètres. Chacune de ces inscriptions est orientée. Leur encadrement est coloyé à droite et à gauche d'un relief en queue d'aronde. De ces quatre inscriptions, celle du sud est la mieux conservée. Celle de l'est l'est un peu moins. Celle de l'ouest est presque illisible. Celle du nord a complétement disparu. Toutes ces inscriptions sont identiques, et comprennent six lignes d'écriture. Nous y reviendrons tout-à-l'heure.

La surface de ce cylindre n'est pas unie. A leur point de jonction, les pierres sont creusées d'un retrait de cinq centimètres de largeur et d'autant de profondeur, ce qui rompt merveilleusement la monotonie d'une surface plane.

Nous avons déjà dit que la corniche était d'un demi-mètre en saillie sur le fût, ce qui donne à ses blocs une profondeur de deux mètres, Comme ceux du fût, ils sont creusés d'une cavité à leur partie moyenne. Ils ont de plus, sur

chacun de leur côté, une double cavité en queue d'aronde şe raccordant avec une cavité pareille du bloc voisin.

Quant à l'attique, ses éléments sont pareils à ceux du fùt comme forme, comme dimensions, comme position et comme nombre.

D'après l'épaisseur des parois, que nous avons dites d'un mètre et demi, le diamètre dans œuvre serait de sept mètres.

Voilà notre monument complet. Nous devons dire les dégradations que dix-sept siècles lui ont infligées.

Le soubassement et le fût sont à peu près intégralement conservés. C'est à peine s'il y a ça et là quelques écaillures.

A gauche de l'inscription du sud, la sixième et dernière assise a une lacune de quatre pierres ou de deux mètres et demi, lacune qui existe naturellement aux parties superposées, c'est-à-dire à l'attique et à la corniche.

Deux autres lacunes existent à la corniche, de deux et de quatre pierres. Nous n'avons compté que trente-cinq pierres à l'attique.

La partie saillante de la corniche est fréquemment ébréchée.

En somme, le monument est peu dégradé, mais une végétation parasite le menace.

Au nord, un térébinthe s'est implanté entre deux pierres de l'attique, légèrement écartées. Cet arbre, qui compte peut-être plus d'un siècle d'existence, a le tronc de la grosseur d'un homme, et étend au nord et au sud deux branches vigoureuses, issues d'une souche à demi rongée. Sur la brèche faite à la dernière assise pousse une aubépine.

Quant à l'intérieur du monument, le fond en est à peu près de niveau avec le sol extérieur. Il est envahi par des arums, des asperges et des pariétaires. Deux ou trois blocs, peu volumineux, percent à travers ce tapis de verdure. Au sud, sur les parois, sont implantés un petit figuier et un petit térébinthe. Ça et là se voient aussi des asperges.

Le reste de la surface est légèrement inégal, quelques blocs ayant été rongés.

A l'extérieur se voient une quinzaine de blocs détachés du monument ou appuyés contre lui. Comme nous l'avons déjà dit, le sol environnant s'incline du sud au nord, de telle sorte que le soubassement enterré, au sud, apparaît a peu près complétement au nord.

Parlons maintenant des inscriptions, qui ont aussi leur intérêt.

De la collation des trois qui restent, nous avons établi la restitution suivante :

M.LOLLIO SENECIONI PATRI
GRANIAE HONORATAE MATRI

L.LOLLIO SENECIONI FRATRI

M.LOLLIO HONORATO FRATRI

P.GRANIO PAVLO AVONCVLO

Q.LOLLIVS VRBICVS PRAEF VRBIS

Ces lettres sont d'un beau style, en rapport avec celui du monument. Aucune n'est liée. Elles remplissent complétement l'espace compris dans leur encadrement.

Telles sont les variantes que M. Boissonnet a données à M. Renier.

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Ces variantes doivent être écartées comme erronées. Notre transcription diffère de celle de M. Renier en un seul point, à la troisième ligne.

Nous lisons SENECIONI, là où M. Renier lit SENI.

C'est effectivement à cet endroit que les pierres inscrites sont le plus frustres et que la lecture est le plus difficile. La position respective des lettres lisibles nous paraît autoriser notre lecture.

Tel est en français le sens de l'inscription :

A Marcus Lollius Senecio, mon père.

A Grania Honorata, ma mère.

A Lucius Lollius Senecio, mon frère.

A Marcus Lollius Honoratus, mon frère.
A Publius Granius Paul, mon oncle.

Quintus Lollius Urbicus, préfet de la ville. (1)

Voilà donc un monument, sans doute un cénotaphe, un tombeau honoraire, une sorte de mausolée élevé par un Lollius à cinq membres de sa famille. Mais qu'était-ce donc que cette famille, à laquelle un de ses membres, le dernier inscrit, élève un monument de cette importance et d'un appareil princier?

(1) Cette charge consistait à remplacer, dans la ville, les rois d'abord, puis les consuls, quand ils sortaient pour aller se mettre à la tête des armées. Bache, Dign. rom. Revue africaine, VI, p. 414.

Les inscriptions recueillies non loin de là, au Kheneg, et même à Constantine, vont répondre à cette question. Trois inscriptions funéraires, trouvées à Constantine, ont trait à des Lollius; elles sont reproduites par M. Renier sous les nos 2033, 2034 et 2035. La première nous donne un surnom qui nous est déjà connu, celui d'Honoratus. La seconde nous donne la tribu du défunt, la tribu Quirina, celle précisément de Lollius Urbicus. Nous voilà donc en pleine parenté.

Deux autres inscriptions funéraires de Lollius ont été découvertes au Kheneg (1) par M. Renier. La première est relative à Lollia Saturnina, femme de Lucius, peutêtre le frère d'Urbicus. La seconde est celle de Lollius Pinna. Enfin, M. Cherbonneau a découvert trois nouvelles inscriptions relatives à des Lollius, dont deux tumulaires et une dédicatoire.

Voilà donc des Lollius ayant vécu non loin de notre monument. Mais il est une troisième inscription, découverte également au Kheneg par MM. Renier et Creuly, d'une bien plus grande importance et qui va nous donner sommairement la biographie du fondateur.

La voici telle que l'a reproduite M. Renier :

Q' LQLLIO' M' FILIO

QVIR VRBICO COS

LEG AVG PROVINC GERM
INFERIORIS FETIALI LEGATO
IMP HADRIANI IN EXPEDITION
IVDAICA QVA DONATVS EST
HASTA PVRA CORONA AVREA LEG

(1) L'ancienne Tiddis.

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