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meur vagabonde de cette tribu se réveilla de nouveau, elle ne pouvait supporter longtemps les volontés d'un maître.

Les Oulad-Abd-en-Nour émigrèrent auprès du cheikh du Bellezma, leur allié. El-Ouznadji attaqua les contingents réunis, et pendant sept jours on se battit de part et d'autre avec acharnement, sans obtenir de succès bien marqué. Les Oulad-Abd-en-Nour consentirent à recevoir des parlementaires, les deux partis finirent par s'entendre et l'investiture fut donnée à Tahar-ben-Bergoug de la fraction des Oulad-Mehenna. Cette nomination ne tarda pas à faire des mécontents. Tahar fut massacré et la tribu se déclara de nouveau indépendante.

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1212-1797. El-Hadj-Mustapha-Ingliz bey, profitant de l'état misérable dans lequel se trouvait le pays, réduit å la dernière extrémité par suite de deux années de sécheresse, attaqua les Oulad-Abd-en-Nour au DjebelMestaoua. Il fut, à son tour, repoussé avec pertes.

1218-1803. Son successeur, Osman bey, fut plus heureux, il réussit à les surprendre dans la plaine, entoura leurs douars et, afin de les maintenir, il leur enleva cinquante des principaux de la tribu qu'il emmena à Constantine comme otages. L'année suivante, lorsqu'il se rendit dans la vallée de l'Oued-el-Kébir à la poursuite du chérif El-Boudali qui, à la tête des populations de la kabylie orientale, avait essayé de s'emparer de Constantine, les Oulad-Abd-en-Nour fournirent un contingent de 200 cavaliers qui marchèrent avec la colonne du bey.

Dans cette désastreuse expédition, Osman bey commit la grave imprudence de diviser ses troupes et de les engager ainsi dans un pays montagneux et excessivement

difficile. Le bey succomba et la majeure partie de son armée fut massacrée par les Kabyles. Nous ne répéterons pas les détails que nous avons écrits à ce sujet dans la Revue Africaine, nous dirons, cependant, que sur les 200 cavaliers Abd-en-Nour, 32 seulement revinrent dans leur tribu.

1221-1806. Sous Hassein bey les Tunisiens étant venus faire le siége de Constantine, envoyèrent un corps de troupe chez les Oulad-Abd-en-Nour, afin d'y trouver des vivres pour la multitude qu'ils avaient trainée à leur suite. Ils dévastèrent la vallée du Roumel et poussèrent jusqu'à Mamra où étaient les silos de la tribu. Nous aurons occasion de parler de cette razia quand nous ferons l'historique de la zaouia de Mamra.

Lorsque, un mois après, les troupes de secours arrivèrent d'Alger pour débloquer Constantine, les Abd-enNour qui avaient à se venger du pillage de leurs silos, marchèrent aussi contre les Tunisiens et contribuèrent pour leur part à les mettre en déroute.

Ils accompagnèrent encore Hassein bey dans l'expédition qu'il tenta sur Tunis. Nous ignorons le rôle qu'ils jouèrent sur les bords de l'Oued-Sirat, quand les deux armées en vinrent aux mains. Firent-ils défection, comme tant d'autres, ou bien restèrent-ils fidèles à Hussein bey? 1226-1811. Sous Nâman bey, nous voyons encore une fois les Oulad-Abd-en-Nour en révolte, attaqués au Djebel-Mestaoua et repoussant les troupes du bey.

1229-1813. Tchaker bey avait assisté à l'infructueuse expédition de son prédécesseur Nâman. Dès qu'il fut élevé au pouvoir, il organisa une nouvelle armée et marcha à son tour contre les rebelles.

Les Oulad-Abd-en-Nour, campés sur la montagne de Mestaoua, résistèrent pendant trois jours. El-Bey-bouAziz fut présenté pour avoir l'investiture, Tchaker la lui donna en effet, mais l'ayant amené avec lui à Constantine, ainsi que plusieurs grands de la tribu, il leur fit trancher la tête pour les punir de la résistance qu'ils lui avaient opposée.

Get acle de mauvaise foi indigna les tribus, qui arborèrent aussitôt l'étendard de la révolte. Tchaker attaqua les Oulad-Abd-en-Nour au Djebel-Akrad, mais il fut repoussé et comme l'insurrection gagnait de tous côtés, il se vit obligé d'évacuer le pays et de rentrer à Constantine.

A partir de cette époque, jusqu'à l'avénement d'ElHadj-Ahmed bey, l'histoire locale n'a à enregistrer aucun événement important.

Les Oulad-Abd-en-Nour, dont l'insurrection était l'état normal, toujours prêts à se livrer au désordre et ne demandant qu'un prétexte, quel qu'il fut, pour le commettre, furent tantôt soumis aux beys, tantôt indépendants, selon leurs caprices. Chaque fois qu'un bey veut leur imposer son autorité, on les voit se retirer, à l'abri d'un coup de main, dans les montagnes des Oulad-bou'Aoun, leurs alliés, attendre les colonnes turques et, presque toujours, les repousser avec succès. La période de leur asservissement date d'El-Hadj-Ahmed bey. Celuici va les maintenir dans l'obéissance par la crainte qu'il leur inspire. Mais, avant d'arriver à ce résultat, il est obligé de les ruiner et de les menacer sans cesse d'envahir leur pays avec les nomades sahariens.

L'an 1241 de l'hégire (1825), El-Hadj-Ahmed, ancien

khalifa, fut nommé au beylik de Constantine. Sa position de famille lui donnait un immense ascendant sur les tribus de la province, il était koulougli, c'est-à-dire fils d'un turc et d'une femme arabe de la famille des Ouladben-Ganâ, cheikhs des arabes sahariens. On le considérait donc comme Arabe et sa domination était acceptée par les populations avec plus de facilité. Il convoqua, à Constantine, les principaux de toutes les tribus, les réunit à Djamâ-el-Kebir, la grande mosquée, et là, en présence du cheikh El-Islam, il nomma des cheikhs et leur donna l'investiture. Les Oulad-Abd-enNour promirent, comme les autres, de rester fidèles et de maintenir l'ordre chez eux.

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En rentrant dans leur pays, ces derniers parlèrent de la réception bienveillante que leur avait fait le bey, et montrèrent les cadeaux qu'ils en avaient reçu. Mais l'intrigue et la jalousie allaient détruire le calme et le bon esprit qui s'annonçaient sous d'heureux présages. Ceux qui avaient espéré obtenir une position sous le nouveau gouvernement tournèrent en ridicule les nouveaux élus et enfin finirent par déclarer que, puisque le bey donnait aussi facilement l'investiture et des cadeaux, c'était parce qu'il voulait se faire bien venir des populations, qu'il avait peur sans doute des Oulad-Abd-en-Nour, alors très puissants. Ceux qui venaient de prêter serment de fidélité se laissant entraîner par les conseils et les excitations des mécontents, détruisirent eux-mêmes les insignes du commandement qu'on leur avait donnés et entrèrent, sans coup férir, dans le parti qui se déclarait contre les Turcs.

Dès le lendemain, des groupes de maraudeurs inter

ceptaient les routes et poussaient même l'audace jusqu'à aller aux portes de la ville dévaliser les habitants de Constantine. El-Hadj-Ahmed occupé à bien asseoir sa domination, fit semblant de ne point s'apercevoir de ce manque de foi, attendant une occasion favorable pour en tirer une vengeance éclatante.

1830.

Sur ces entrefaites, Hussein-Pacha, prévenu de la prochaine expédition que la France se disposait à diriger sur Alger, ordonna å El-Hadj-Ahmed bey d'accourir à son aide avec les contingents de la province. Ce dernier s'était déja mis en route pour Alger, allant comme d'habitude y porter son denouche ou impôt triennal. Il se hàta de faire connaître aux tribus l'appel qui lui était fait par le Pacha menacé.

Devant l'annonce de la guerre sainte toutes les haines particulières s'éteignirent, on ne songea plus qu'à aller combattre les chrétiens. Les Oulad-Abd-en-Nour s'empressèrent de fournir un contingent de 300 cavaliers, choisis parmi les plus braves et les mieux montés.

Nous allons laisser la parole aux vieillards de la tribu qui assistèrent à cette campagne :

Le contingent de la province de Constantine, recruté dans toutes les tribus, formait un effectif de trois mille chevaux environ. Arrivés auprès d'Alger, on nous fit camper sous le bordj El-Harrach et ce n'est que quelques jours après que nous aperçumes devant la baie les premières voiles de la flotte française.

Quand on apprit que le débarquement avait lieu sur la plage de Sidi-Ferruch, on nous dirigea, en toute hâte, dans cette direction.

Le débarquement s'était déjà effectué et nous vîmes le

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