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L'Oued-Selman, alimenté par les neiges des versants sud du Djebel-Madhid, a l'importance de l'Oued-Legouman, et de plus offre l'avantage de n'avoir jamais son lit à sec; cependant, on y remarque bien peu de traces de constructions hydrauliques.

L'Oued-Mnaifa et l'Oued-Magra sont à peu près dans les mêmes conditions que l'Oued-Selman; seulement, il existe encore sur l'Oued-Magra, rive droite, les restes d'un aqueduc.

A l'extrémité est du Hodna, un grand cours d'eau égale la source abondante de fécondité de l'Oued-Qçob ; prenant naissance dans le Djebel-Tourgour (1), non loin de Batna et à 2,100 mètres au-dessous du niveau de la mer, il traverse le Belezma, y reçoit divers affluents, comme lui descendant de hautes montagnes, celles des Ouled-Sellem et Ouled-Ali-ben-Sabor à gauche, et des Ouled-Sulthan å droite, et après un parcours de plus de 80 kilomètres, il arrose le canton de Barika, auquel il donne son

nom.

Près de Barika, comme près de Msila, l'antiquité avait sa ville florissante, sous la désignation de Tubuna, que ses ruines ont conservé jusqu'à ce jour. Au centre de Tubuna comme au centre de Zabi étaient de vastes citernes alimentées ici par deux aqueducs (voir la planche 1r de l'album); l'un, en partie respecté par le temps, y apportait les eaux de l'Oued-Barika, et l'autre, simplement inqué par une légère dépression du sol et quelques bétonnages, celles de l'Oued-ben-Mazouz. La remarque faite à

(1) Nous pensons qu'il faut lire Djebel-Tougourt, ainsi qu'on lit sur les cartes. NOTE DE LA RÉDACTION.

Zabi pour l'époque d'édification des travaux hydrauliques du Hodna s'applique aussi à Tubuna, où tout semble démontrer que ces constructions sont l'ouvrage des Romains; malheureusement, aucun monument épigraphique ne contrôle encore cette hypothèse.

Après avoir reconnu l'existence de tant de vestiges importants de constructions hydrauliques, exécutées dans le double but de satisfaire aux besoins de centres de population et d'arroser, au moyen d'irrigations abondantes, plus de 100,000 hectares de terres naturellement fécondes, n'est-on pas en droit de croire à l'état florissant de l'agriculture de la plaine du Hodna dans l'antiquité.

Bordj-Bou-Arréridj, le 1er avril 1863.

Le Capitaine (1),

PAYEN.

(1) Aujourd'hui commandant.

LE MONUMENT DES LOLLIUS ET APULÉE

I

LE MONUMENT DES LOLLIUS

Un des plus beaux restes de l'antiquité romaine, sinon le plus beau, que l'on puisse voir aux environs de Constantine, est le monument des Lollius. Il y a quelque temps un heureux hasard nous le fit rencontrer sur notre route, dans une excursion chez les Mouya, et nous consacrâmes à son examen tous les moments dont nous pûmes disposer.

Ce n'est pas une découverte que nous venons annoncer, puisque ce monument a été vu et représenté il y a une dizaine d'années; seulement, nous croyons qu'il vaut mieux qu'une sorte d'oubli, que les mentions par trop sommaires que lui ont consacrées deux ou trois archéologues.

M. Creuly le vit en 1852, et le premier Annuaire de la Société Archéologique de Constantine en donna, d'après lui, un dessin, sans texte à l'appui, mais reproduisant assez exactement l'ensemble et les proportions du monument restauré.

Avec M. Creuly se trouvait M. Renier, qui dans son

Recueil des Inscriptions de l'Algérie, n'a vu le monument qu'au point de vue épigraphique.

Reste notre regrettable ami, M. Delamare, qui l'a fait entrer dans son Archéologie. Mais ce magnifique ouvrage n'a pas de texte à l'appui de ses planches. De plus, M. Delamare se serait aidé, pour les inscriptions, d'un dessin de M. Boissonnet, ainsi que le rapporte M. Renier. Or, les transcriptions de M. Boissonnet, relatées par M. Renier, nous les avons reconnues inexactes. Raison nouvelle pour en rétablir la lecture. D'un autre côté, les rapports étroits qui rattachent ce beau morceau d'architecture à une inscription du Kheneg, rapports vaguement indiqués par M. Creuly, n'ont pas été suffisamment établis. Enfin, nous croyons qu'il est temps d'appeler l'attention et la sollicitude de l'autorité sur un monument qui intéresse encore sous d'autres rapports. Voilà pourquoi nous en parlons sous l'impression toute récente que sa vue nous a suscitée.

Le monument des Lollius est situé à 4 lieues N.-O. de Constantine, à une lieue à l'est du Kheneg et à une égale distance du confluent de l'Oued-Smendou et de l'Ouedel-Kébir, au lieu dit Elheri par les indigènes.

En suivant la route qui y conduit du Hamma, on rencontre sur la droite deux ou trois groupes de ruines, d'une superficie peu étendue, accusant plutôt des villas ou des fermes que des centres de populations. Nous n'y avons pas trouvé de pierres inscrites, mais, dans la plus rapprochée du monument, des fragments de colonnes, et un peu plus loin un chapiteau perdu au milieu des cultures.

Le monument couronne le sommet d'un massif dont les pentes descendent à l'Oued-Smendou, distant environ d'une demi-lieue. Près de la rivière se voit une autre

petite ruine. Comme nous aurons bientôt occasion de le redire, la famille des Lollius avait sans doute des propriétés considérables dans ce canton.

La forme du monument est celle d'un tambour ou d'un cylindre creux, relevé par un soubassement et une corniche surmontée d'une assise formant attique.

On est frappé tout d'abord par l'harmonie de ses proportions dont les détails rappellent d'une façon curieuse notre système métrique. C'est une observation que nous avons déjà faite, il y a bientôt quinze ans, en étudiant le Médracen. Ses gradins ont juste un mètre de largeur; c'était aussi la mesure de l'assise supérieure, aujourd'hui déplacée; enfin, la hauteur des gradins est de six décimètres.

Notre monument, construit en très grand appareil, se compose de onze assises superposées. Chacune d'elles ayant cinq décimètres de hauteur, l'élévation totale du monument est de cinq mètres et demi. Le diamètre est de dix.

L'épaisseur des parois, à la partie moyenne du fûl, est d'un mètre et demi.

Le soubassement et la corniche sont en saillie sur le fût de cinquante centimètres, ce qui leur donne deux mètres de profondeur.

Des onze assises, trois appartiennent au soubassement, six au fût, une à la corniche et une à l'attique.

Le soubassement comprenant, ainsi que nous l'avons dit, trois assises, mesure un mètre et demi de hauteur. L'assise supérieure se raccorde au fût par une série de moulures. En raison d'une inclinaison légère du sol, on n'aperçoit le soubassement que du côté du nord, et en

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