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intervalles d'environ 3,500 mètres à partir des dernières pentes.

Le premier en amont est appelé Çed-Faguès; on n'y voit plus que de petits blocs de béton dispersés çå et lå. Sa position aurait été parfaitement choisie en face d'une gorge qui permet de conduire les eaux sur le territoire. de Fagués jusqu'au Coudiat-Suam, voisin lui-même du canton de Çed-Djir. (Voir à l'album la planche no 5.) Aussi, les Ouled-Mansour ou Madhi installés à Faguès s'ingénient-ils, avec une persévérance admirable, à rétablir la levée de terre, en lui donnant pour soutien des branchages que les eaux emportent à chaque grande

crue.

Le second est désigné sous le nom de Ced-Djessessia. Il n'en reste plus qu'un bloc de béton de 7 mètres de long sur 2 mètres 50 centimètres d'épaisseur, avec élévation de 4 mètres au-dessus du sol. (Voir les nos 6 et 7 de l'album.) Cette muraille ayant fait obstacle au courant, celui-ci s'est creusé un nouveau lit plus à droite, lit dans lequel les Arabes ont élevé une digue peu solide, qui souvent réparée, reporte les eaux dans l'ancien canal pour être utilisées aux irrigations de Djessessia.

Le troisième barrage, quoique beaucoup mieux conservé que les précédents, est cependant abandonné et n'a reçu aucune dénomination des indigènes; comme celui de Çed-Djir, il serait facile de le rétablir, à peu de frais, et il a de plus l'avantage de posséder une citerne sur la berge droite et à la naissance d'un aqueduc, duquel il reste des traces jusqu'à Coudiat-Ouglif. (Voir les planches 5, 8 et 9 de l'album.)

Un mot sur ce point d'Ouglif, appelé aussi KherbetDjessessia:

Coudiat-Ouglif est un mamelon isolé, de forme conique, dominant le cours de l'Oued-Legouman et élevé de 10 mètres au-dessus du niveau de la plaine d'où il est aperçu à de grandes distances; couronné d'une construction antique, il est entouré, de son sommet à sa base, de ruines romaines qui, sous le nom de KherbetDjessessia, couvrent les environs sur une étendue de 100 hectares; au milieu de ces vestiges, traversés par ceux de la voie qui reliait autrefois Zabi à Aras, on reconnaît les emplacements des bains, de temples ou basiliques, à côté des débris de colonnes et de pierres sculptées, etc.

C'est encore au milieu de ces vestiges d'habitations agglomérées, que se voient les restes du quatrième et double barrage, ou plutôt vaste réservoir ayant pour côtés les berges de la rivière et deux barrages établis à 400 mètres de distance, bassin de la capacité de 1,200,000 litres. A 100 mètres en amont, l'eau source sous les graviers et probablement était retenue par le barrage supérieur, avec moyen de l'introduire dans le réservoir... Les arabes nomment cette filtration honçeul Ouglif... (Voir les planches 10 et 11 de l'album.)

Pour compléter ce système, un canal partant du réservoir longeait la rive droite et aboutissait, après un trajet de 1,250 mètres, à une citerne adossée sans doute à un distributeur. (Voir les planches 12 et 13 de l'album.)

III.

Ruines de barrages, bassins de retenue, aqueducs et citernes sur l'Oued-Qçob.

La rivière la plus importante du bassin du Hodna, et sans contredit la plus abondante en eaux dans les temps ordinaires, est l'Oued-Qçob, qui a aussi des crues périodiques et accidentelles très-considérables. L'Oued-Qçob prend naissance en face de Sétif, au Djebel-Braham, coule sous la Medjâna, reçoit en aval de cette plaine ondulée de nombreux affluents descendants des versants : est du Djebel-Ktef, sud du Djebel-Neetnen et du DjebelOum-el-Rican, et nord du Djebel-Madhid, toutes montagnes très-élevées, boisées et couvertes de neige en hiver. De ses sources à l'entrée du Hodna, l'Oued-Qçob a un cours de 85 kilomètres et la superficie de sa vallée, large dans le haut et resserrée au bas de la Medjâna, est de 52 lieues carrées; ces chiffres ne comprennent pas 40 kilomètres de parcours à travers les terres, cultivées ou cultivables, qui s'étendent du pied des montagnes aux abords du lac. (Voir la planche 11 de l'album.)

A la sortie de la vallée, commence le territoire des Beni-Msil, autrefois celui de Zabi, sur lequel le visiteur rencontre à chaque pas des ruines romaines, lui imposant de reconnaître qu'une population très-dense a dû habiter ce district.

Au milieu du labyrinthe, de vieilles murailles écroulées et de pierres éparses, on distingue des constructions hydrauliques très-importantes, ayant pour point de départ

les berges de l'Oued-Qçob, un peu au-dessus des jardins de la belle oasis de Msila. Là, les vestiges de plusieurs barrages se succèdent à des intervalles très-rapprochés, faisant supposer que leur ensemble formait un vaste bassin à compartiments qui distribuait la réserve d'eau sur les deux rives.

En effet, ce réservoir avait deux issues sur ses flancs : 1o Celle de gauche était un aqueduc alimentant, de proche en proche, cinq citernes de moyenne capacité, avant d'aller aboutir, à 5 kilomètres des barrages, dans d'autres citernes plus grandes réunies au centre des ruines de Zabi, aujourd'hui Kherbet-Bchilga. Au faîte de l'aqueduc régnait un double chenal dont chaque voie avait 0m20 en longueur et 0m30 en hauteur, mais rien n'indique plus, exactement, si ce chenal était recouvert ou à ciel ouvert. (Voir la planche 19 de l'album.) L'ensemble de l'aqueduc représente une crémaillère dont chaque crochet est occupé par l'une des citernes désignées ci-dessus, citernes qui devaient faire office de filtre en recevant et retenant en dépôt la vase charriée par les eaux bourbeuses de la rivière.

Aucunes fouilles n'ayant été pratiquées, des indications plus détaillées ne peuvent être données dès à présent : il semble cependant possible de déduire ici une hypothèse parfaitement acceptable qui assignerait la période d'édification des travaux hydrauliques dans le Hodna. L'aqueduc de Zabi étant du même genre de construction, en béton et cailloux roulés, que les autres vestiges de travaux hydrauliques existant dans tout le Hodna, n'est-il pas judicieux d'admettre que celui-ci et les autres ont été exécutés, si non simultanément, au moins à la même

époque et par un même peuple; or, il est probable, si par hors de doute, que l'aqueduc de Zabi a été érigé au temps où cette ville devait être dans sa splendeur, et ce temps était, sans contredit, celui de l'occupation romaine, on peut donc, sans trop se hasarder, conclure que les nombreux vestiges de travaux hydrauliques existant dans tout le Hodna sont une œuvre romaine.

2o L'issue de droite du bassin était une conduite en maçonnerie dirigeant les eaux d'irrigation au loin dans la plaine; il en reste encore de belles ruines sur la rive même de l'Oued-Qçob et dix piles d'un pont-aqueduc au passage du ravin dit Oued-el-Benia. (Voir les planches 14, 17, 18, 19, 20, 21, 22 et 23 de l'album.)

Avant de quitter les environs de Msila, il y a lieu de ne pas omettre ce qui existe aussi au nord et près de Bchilga, sur l'Oued-Deb, petit torrent presque toujours à sec et ne recevant d'eau qu'après des pluies abondantes ; mais il est à supposer qu'autrefois on y faisait aboutir un canal de dérivation partant de l'un des barrages de l'Oued-Qçob, sans quoi le distributeur avec citerne et l'aqueduc dont les vestiges sont près des rives auraient été d'une utilité secondaire. (Voir les planches 14, 15 et 16 de l'album.)

Barrages, canaux, aqueducs et citernes dans l'est

du Hodna.

Des travaux hydrauliques du même mode que ceux indiqués sur l'Oued-Chelal, l'Oued-Legouman et l'OuedQçob ont existé sur l'Oued-Selman, l'Oued-Mnaifa, l'OuedMagra, l'Oued-Barika, l'Oued-ben-Mazouz, et peut-être aussi sur l'Oued-Mçif.

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