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bablement une mère, et deux enfants. Chacun des personnages a son nom distinctement indiqué. Celui de la mère, à la partie supérieure, est composé de trois lettres valant, en lisant toujours de bas en haut, ZMR, soit Zamar ou Azmar, Azamar. Au-dessous du petit portrait de gauche, une scule lettre м, ma, ou am, ou ama; au-dessous de celui de droite, deux lettres dont la supérieure est conjecturalement un z, soit, en complétant le carré RZ, raz ou araz, ou, en supposant un point au centre de ce carré, BZ baz ou abaz.

La disposition du nom de la mère prouve qu'il doit être lu verticalement; je viens de dire de bas en haut ; c'est ainsi, en effet, que j'ai procédé dans le mémoire précédemment rappelé. J'ai invoqué plusieurs raisons à l'appui. J'en trouve une nouvelle sur la stèle qui avoisine à gauche, sur la même planche, celle dont je viens de parler. En effet, je crois qu'à la suite des nombreux exemples que j'ai rapportés dans mon précédent mémoire, on ne peut mettre en doute ni la lecture ni l'explication de la syllabe мs. Là où il n'y a aucun indice spécial, ce groupe et, par suite, l'inscription entière peuvent être lus soit de haut en bas, soit de bas en haut, en tournant la pierre à cet effet. Mais, sur la stèle de gauche de la planche xvi de 1853, l'inscription est surmontée d'une image humaine qui manifeste évidemment le haut; or мs, qui se trouve au bas de la colonne de droite, en étant certainement le commencement, la lecture ne peut se poursuivre que de bas en haut (1).

(1) L'exactitude de ce procédé m'a été depuis démontrée par une nouvelle inscription bilingue que M. Reboud m'a adressée; elle sera publiée

Une autre remarque est suggérée par le nom de la mère. C'est que rien n'indique un nom féminin. Cette circonstance ne parait pas de nature à dissiper l'étonnement que j'éprouvais in-petto, dans le cours de mon précédent travail, en ne rencontrant aucune apparence de nom de femme, étonnement qui a dû gagner quelques lecteurs. Peut-être en existe-t-il, mais sans forme spéciale.

Des quatre textes répandus dans le volume de 1862, aucun n'est complet; en outre, le no 123, page 109, est fruste. Le no 125, seul, page 185, me paraît comporter un examen particulier. J'en ai reçu, par les soins de M. J. Roger, un très bel estampage, qui prouve avec quelle correction l'inscription avait été gravée, et fait vivement regretter la disparition d'une partie de cette inscription. Je donne une copie du fragment au no 2 de la planche 1.

Un des détails qui communiquent de l'intérêt à ce fragment, c'est le point qu'il porte dans la colonne de gauche. Je me suis expressément occupé, dans mon précédent travail, d'un point analogue. Il m'a paru, en plusieurs cas signaler un mot d'usage commun, soit substantif, soit verbe, applicable toutefois à la destination funéraire des monuments. Je suis porté à penser qu'il remplit ici le même rôle. En effet, il vient, en comptant de bas en haut, après un groupe de quatre lettres, dont la dernière est un Yen ou N, désinence possible du participe ou de la troisième personne plurielle du prétérit. On peut conjecturer que les trois lettres précédentes constituent la ra

dans les Annales des Voyages, cahier d'avril prochain, ainsi que plusieurs autres composant une nouvelle et très-intéressante série.

cine verbale. Les deux barres verticalement parallèles qui suivent immédiatement, seraient alors, non la marque de la filiation, mais le signe d'une lettre entrant, comme initiale, dans la composition d'un premier nom propre, sujet du verbe, et l'on devrait probablement supposer une suite de plusieurs noms propres remplissant les deux lignes parallèlement ascendantes.

Quel peut être, dans cette hypothèse, le verbe ? Ici, se présente un second détail non moins digne de notre attention.

Le groupe trilittère, que je regarde comme la racine verbale, a deux lettres semblables, la première et la dernière; l'intermédiaire est un Yed ou D; les deux extrêmes sont de valeur inconnue. La figure se montre sur d'autres monuments anciens. Je l'avais prise, jusqu'à présent, pour un Yek ou к, variante des deux parallèles à crochets pareillement divergents, mais non fermés.

La présence simultanée des deux figures sur notre monument, ne permet pas de persister dans cette assimilation. Aucune autre donnée ne fournit de lumière.

En cherchant dans la langue phénicienne ou carthaginoise, par l'intermédiaire de la langue hébraïque, une racine verbale applicable à la circonstance et ainsi composée ? D?, on ne trouve, je pense, que нDH, soit en lettres arabes, hadah.

Au point de vue graphique, la leçon est, à mon avis, fort admissible; car l'aspirée dont il s'agit a, avec l'articulation gutturale, un rapport phonétique qui s'accorde avec le rapport figuratif.

Je crois que, pour le sens aussi, on peut trouver de la convenance. En effet, hadah, que l'on rend par tendre,

diriger (la main vers quelque chose), est assimilé par les hébraïsants, par Gesenius entre autres, à YDH, N, yadah. Or, le substantif qui sert de base à ce verbe, YD, yad, au propre main, signifie aussi par extension, monument, monument sépulcral; il est dans cette acception, synonyme de MTZBH OU MTZBT, matzebah ou matzebat, c'est-à-dire cippe, stèle, particulièrement cipp sépulcral (1). N'est-on point de là autorisé à conjecturer que le verbe hadah égal à yadah, a pu être employé dans le sens de poser un cippe sépulcral, YAD? Dans cette hypothèse, que je pourrais appuyer sur d'autres considérations encore, en comparant surtoul yadah à yarah (2), la lecture serait :

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(2) Dans son Vollstandiges hebr.-chald.-rabbinisches Worterb., à la page 303, Fr. Nork dit expressément : «YARAH dial. von YADAH Stew. YAD, hand », et, à la page 6 ; il met précisément en regard les deux mêmes verbes en témoignage de la permutabilité du daleth ou D et du resch

ou R.

Je répète que ce n'est qu'une conjecture; je la livre pour ce qu'elle vaut. Dans les recherches enveloppées d'une pareille obscurité, à défaut de démonstration, il est souvent utile de s'aider de l'hypothèse, pourvu qu'on n'en dissimule pas, qu'on en dénonce au contraire avec sincérité le caractère transitoire. C'est ce que je fais ici en toute confiance.

Il ne me reste à parler que de deux des inscriptions qui m'ont été directement transmises par M. Cherbonneau. J'en reproduis les copies sur la planche 1.

Le n° 3 a été trouvé à Fedj el-Gomeh. Il est gravé sur une longue stèle en calcaire. La transcription en est trop peu sûre pour que je me hasarde à une explication.

Le n° 4 est très intéressant. Le texte paraît indubitablement complet. Il présente, à la colonne de gauche, en rétablissant un point dans le cercle, le groupe curieux BZS que, dans mon précédent mémoire, j'ai signalé sur dix autres monuments, formant toujours à lui seul une ligne comme ici (1). Bien que je ne puisse attribuer à ce mot un sens précis, la fréquence si remarquable de son emploi dans une condition semblable et constante d'isolement, soit à droite ou à gauche du texte, rend, à mon avis, incontestable la signification approximative que je lui ai provisoiremment prêtée.

Les textes qui contiennent ce groupe sur les dix monuments que je viens de rappeler, offrent en outre cette particularité qu'ils ne sont composés que de deux lignes,

(1) Dans la nouvelle série d'épitaphes libyques, découvertes à la Cheffia par M. Reboud, à laquelle j'ai fait ci-dessus allusion, on remarque encore quatre textes analogues.

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