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Au pied du Djebel Meziout, se voient les ruines d'un fort rectangulaire à bastions. En suivant la route qui part d'Aïn Seguen et se dirige vers Aïn Mechira, on rencontre un grand nombre de ruines. La première est Henchir Kebbaba, près du petit ruisseau qui vient de Bir Tadjerout. Ensuite, à Bir Tadjerout même, on voit à l'est de ces puits deux ruines peu importantes. Les principales sont celles qui se trouvent dans la plaine de Medjana.

A l'est de la chaîne interrompue formée par le Djebel Tadjerout et le Koudiat Timtelassin (1), sont différentes ruines dont il ne reste que bien peu de chose; aucune inscription n'est là pour venir en aide aux recherches. Les principales sont Henchir el-Baroud, ainsi nommées, parce que, jadis, les indigènes en tiraient du salpêtre. llest, du reste, bien difficile de dire le dernier mot sur les ruines qui couvrent le pays, et qu'une exploration suivie, des fouilles et des études spéciales, pourraient seules faire connaître. — La principale ruine de la plaine, à l'est, est celle dite Henchir Dakhelania; ce nom lui vient de la position qu'elle occupe à l'entrée d'une gorge. Ce devait être jadis un poste militaire important, lorsque les monlagnes étaient couvertes de forêts. Sans remonter si loin, le voyageur qui, du temps de la domination turque, s'aventurait seul dans ces gorges sauvages, courait risque d'y perdre la vie. Ce n'est guère que depuis que nous occupons le pays, qu'on peut les parcourir sans crainte.

Mosquées.

Zaouia. - Les mosquées, ou plutôt les

(1) Timtelas est le nom d'une fraction de la grande famille berbère des Zenata qui occupait jadis le pays.

quelques koubba que l'on trouve dans le territoire des Telar'ma sont les suivantes :

Koubba de sidi Mçaoud, chez les Mâhreza, près de Aïn-Kerma;

Koubba de sidi Mohammed Salah ben bou Djerad ;

La zaouïa de Méralsa, où est le tombeau de Si Mohammed ben Si Nacer dont il sera question plus loin;

La zaouïa de ben Foula, qui compte quelques élèves.

III.

LÉGENDES.

Parmi les hommes vertueux auxquels la reconnaissance des populations a donné le titre de marabouts, tant à cause de leur piété exemplaire que de leurs bonnes œuvres, le plus vénéré dans la tribu des Telar'ma est, sans contredit, Si Mohammed ben Si Nacer, de la fraction des Nouacer.

Sidi Nacer ben Rehan était un marabout des environs de Bougie; il a laissé une grande réputation de sainteté. Son tombeau se voit chez les Beni Hasseïn, près du cap Aoukaz, au fond du golfe de Bougie.

Si Mohammed, son fils, étudia le Koran aux Beni Yala, tribu kabile du cercle de Setif. Il ne tarda pas à se faire connaître comme élu du ciel, dit la légende; car déjà il vivait dans une retraite absolue, ne prenant part à aucun des plaisirs de son âge. Lorsqu'il faisait sa prière, les autres marabouts accouraient, dit-on, à sa voix, de toute la contrée, sous la forme d'oiseaux.

Une fois ses études terminées, il revint aux Telar'ma, et sa première occupation fut de faire construire la koubba où il est enterré. Mais le moment propice n'était pas encore arrivé, et à peine les murs commençaient-ils à sortir de terre qu'ils tombèrent d'eux-mêmes. A ces signes certains, Si Mohammed reconnut qu'il avait devancé le moment fixé par la Providence; aussi, renvoya-t-il immédiatement les maçons, en leur disant de laisser leur ouvrage puisque telle était la volonté de Dieu. Les choses restèrent dans cet état jusqu'au jour où il retrouva les murs tels qu'ils étaient avant leur chute. Il vit alors qu'il était autorisé à continuer son œuvre, qui, grâce au zèle déployé par les populations, fut promptement achevée.

Dans le voyage que tout bon musulman est tenu d'accomplir au moins une fois dans sa vie, Si Mohammed donna une preuve éclatante de la puissance dont il était investi. A son passage à Alexandrie, ses compatriotes le prièrent avec instance de leur faire servir un plat de couscous préparé par les gens de sa tente des Telar'ma. Non-seulement le désir de ses compagnons fut accompli, mais encore, ajoute la légende, il poussa la condescendance jusqu'à faire joindre, au plat de couscous si désiré, les ustensiles dont l'usage était personnel à chacun d'eux lorsqu'ils étaient au pays.

Si Mohammed, contemporain des beys Bou Komia et Azereg el-Aïn, cut de nombreux rapports avec eux. Il paraît même que la nature de ces rapports ne fut pas toujours des meilleures, et que le marabout, offensé, fut contraint de punir l'irrévérence de Bou Komia.

Lorsque le bey de Tunis s'avança sur Constantine, Azereg el-Aïn, fortement préoccupé par cette marche de

l'ennemi, eut recours à la sagesse bien connue du saint personnage, qui demanda la nuit pour réfléchir. Le lendemain, il répondit au bey: « Je te fais cadeau de Tunis. » Sa prophétie s'accomplit, et, plus tard, en effet, Azereg cl-Aïn s'empara de cette ville où il fit un ample butin.

IV.

HISTORIQUE.

Les Telar'ma, dont le territoire est en grande partie composé de plaines facilement accessibles, ne pouvaient guère résister aux Turcs, dont les forces consistaient principalement en cavalerie.

D'ailleurs, environnés d'ennemis ou, du moins, de gens qui ne demandaient pas mieux que de les piller, la position délicate dans laquelle ils se trouvaient a toujours été cause qu'ils ont tout supporté de la part des gouvernants. Ceux-ci ne se préoccupaient que médiocrement de la disposition de la tribu à leur égard, sûrs et certains qu'elle ne pouvait leur porter aucun préjudice.

Le mécontentement général soulevé par El-Hadj Ahmed bey, la certitude d'être soutenus par leurs voisins, également rebelles, ont pu seuls les porter, comme on le verra plus loin, à braver ouvertement la toute puissance du bey.

Les faits historiques qui nous ont été racontés sont les suivants :

Azereg el-Aïn (1753). Sous le gouvernement de ce bey, les Zemala, fraction importante qui occupe une partie

du sud des Telar'ma, vinrent camper à Aïn Mechira, territoire des Oulad Abd en-Nour. Ceux-ci se levèrent en masse pour chasser les intrus, les razèrent et leur tuerent vingt-cinq hommes. Les Telar'ma, à leur tour, marchèrent au secours de leurs frères et tombèrent sur le dos de l'ennemi, qui se retirait fier de sa victoire et sans précautions. Les Oulad Abd en-Nour perdirent le butin. qu'ils venaient de faire, et une centaine de leurs cavaliers furent tués ou blessés.

Salah bey (1771-91). Les Telar'ma eurent encore d'autres démêlés avec les Oulad Abd en-Nour, leurs voisins, notamment à propos des paturages de Mordj Hariz, près du confluent du Roumel et de l'oued Dekri.

Lors de l'arrivée de Salah bey au pouvoir, les Oulad bel-Kassem des Telar'ma, et les Gueracha des Oulad Abd en-Nour, en vinrent aux mains au sujet de la prairie en question. Chacun en revendiquait la propriété, et considérait son droit comme le seul vrai. Suivant l'usage, on fit appel au jugement de Dieu. La rencontre eut lieu sur le terrain en litige, et chaque parti perdit de nombreux combattants. Après les coups, on commença alors à parler de s'entendre. Le marabout Si Seliman intervint et se plaça au milieu de la prairie, partageant ainsi le différend entre eux. Depuis cette époque, chacun est resté de son côté, sans jamais empiéter sur le bien du voisin, et les querelles ont complètement cessé.

Ali Bey (1808). Sous le gouvernement d'Ali bey, Taïeb ben el-Hadj, kaïd des Telar'ma, fut cause d'un démêlé qui eut lieu entre la tribu et l'autorité. Le kaïd, par sa manière d'agir, se fit tellement détester, que les

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