Images de page
PDF
ePub

blit d'une manière positive le nom de cette ville, qui se retrouve encore dans celui de la tribu Sigus, Siguenses, d'où dérive le nom moderne de Segnïa. Voici, du reste, la copie de cette inscription:

VICTORIAE AUG. SACR

CVLTORES QVI SIGVS CONSISTVNT

Une lettre de Cyprien nous apprend que le territoire de Sigus possédait une mine, « metallum Siguense, » où des chrétiens, ainsi que leurs chefs spirituels, avaient été déportés par suite de persécutions. >>

A l'époque romaine, le travail des mines était une des peines que subissaient les criminels. L'histoire nous a transmis les souffrances des chrétiens que l'on y enchaînait en expiation de leur foi. Les Vandales exercèrent les mêmes rigueurs au nom de l'arianisme.

Quoiqu'il en soit, les recherches entreprises, soit par les ingénieurs, soit par les officiers, n'ont encore signalé aucun indice de nature à fixer l'emplacement de l'exploitation de Sigus, la mine la plus rapprochée, celle d'où l'on extrayait de l'antimoine, il y a quelques années, se trouvant dans la montagne de Sidi Reghis à quarante kilomètres du bordj de Sigus.

Quelques personnes, supposant que les déportés chrétiens étaient aussi employés à l'exploitation des carrières du marbre, dit numidique, que les Romains recherchaient tant pour leurs meubles de luxe, ont fait, autour de Sigus, des recherches qui sont restées également infructueuses.

Durant le v siècle de notre ère, Sigus fut le siége d'un

évêché. Les ruines romaines y sont nombreuses, et on trouve même parmi elles des monuments de forme celtique, tels que dolmens, cromlechs et alignements de pierres, entre autres aux environs de Sigus même, à Aïoun Diab et à Ras el-Aïn bou Merzoug (1).

Que se passa-t-il dans cette région, depuis l'époque romaine jusqu'au moment de l'invasion arabe? L'histoire ne nous fournit, à ce sujet, aucun détail particulier. D'après Ibn Khaldoun, cette partie de la province de Constantine était habitée par la population berbère des Haouara, dont une partie professait la religion de Moïse, et au milieu de laquelle vint se fondre la tribu arabe des Soleïn. Pendant de longues années, c'est-à-dire jusqu'au commencement de la domination turque, au XVIe siècle, le territoire des Segnïa fut soumis à l'autorité des Chabbia, douaouda ou famille noble de la tribu des Dreïd de la Tunisie. A la suite de guerres et de bouleversements politiques, comme il s'en produisit souvent au moyenâge, d'autres familles influentes, lasses de leur rôle secondaire, se mirent à la tête de partisans qui, sous le nom de Hanencha, Nememcha, Haracta, Segnïa ou tout simplement de Kherareb, les fractions, réussirent à s'affranchir de la suprématie des Chabbia. C'est alors que la tribu des Segnïa se forma, et adopta pour nom patronymique celui de l'ancienne ville romaine de Sigus, autour de laquelle se dressaient ses campements, nom antique qui s'est transmis de père en fils dans la tradition locale. Ce fait est, du reste, démontré par les récits

(1) Voir le travail que nous avons publié à ce sujet, dans ce Recueil, volume de l'année 1864.

que nous ont fait les anciens du pays. Auprès de Sigus, disent-ils, vivait une petite population qui portait le nom de Oulad Seguen (les enfants de Seguen, corruption du mot latin Siguenses). Autour de ce noyau, qui doit être considéré comme le berceau de la tribu, vinrent se grouper d'autres familles dont nous aurons le soin d'indiquer l'origine, et qui formèrent de nouvelles fractions.

Les marabouts, qui ont tous la prétention de faire remonter leur origine au Prophète, affirment, mais sans en fournir la preuve authentique, que celui de leurs aïeux qui vint le premier se fixer dans le pays, provenait des cherifs du Maroc, de la postérité d'Idris. Si Mohammed ben Khelouf, disent-ils, vint du Maroc vers le xve siècle et planta sa tente près de Djamâ el-Abassi. Il eut un fils qu'il nomma Segni, qui devint le chef du pays et donna son nom à la tribu. Nous admettons parfaitement avec eux que les descendants de Si Mohammed ben Khelouf se soient multipliés dans la contrée; mais nous parviendrons difficilement à leur persuader que leur ancêtre Segni prit le nom du lieu où il était né. Comment les convaincre qu'un marabout ait pu emprunter pour luimême le nom d'une ville bâtie par une race d'infidèles?

La tribu des Segnïa se compose, actuellement, de treize fractions qui se subdivisent elles-mêmes en plusieurs sous-fractions; ce sont :

1o Les Oulad Seguen, subdivisés en Oulad Saïd, Haddada, Oulad Djatir et Oulad Sidi Mohammed ben Ali. Ils savent, par tradition, qu'ils sont les plus anciens de la tribu et habitent le pays depuis un temps immémorial. Quelques-uns d'entre eux prétendent même descendre de la population qui habitait jadis la ville de Sigus. D'autres

se disent originaires de l'Aurès. Ce sont des gens paisibles, de bons cavaliers employés souvent pour le service du makhzen. Ils possèdent un territoire très-étendu, au nord et à l'est du Malessi et du Fortas. Leurs terres de culture sont nombreuses. Il existe chez eux une belle fontaine dite Aïn Gouça, au pied des ruines de la ville de Sigus, dont les eaux abondantes coulent dans l'oued Kleb, qui se jette dans le Roumel (Amsaga). Les ruines romaines y sont nombreuses, surtout auprès des sources-fontaines et des puits à Bir Tandja, Aïn el-Azereg, Aïn Cherchar, Aïn Oum er-Roumel et autres. C'est sur le territoire de cette fraction que le gouvernement français a fait construire une maison de commandement dite Bo rdj de Sigus, dans laquelle réside le kaïd de la tribu. Non loin de ce bâtiment, on a également construit un caravanserai pour les voyageurs, sur le bord de la route qui traverse la plaine allant de Constantine à Aïn Beïda;

2o Les Oulad Khaled, qui se disent originaires des montagnes de l'Aurès, vivent à côté des précédents, avec lesquels ils ont des intérêts communs. Il s'y trouve aussi des ruines romaines ;

3o Les Oulad Sekhar sont un mélange de Chaouïa de l'Aurès et de quelques familles arabes venues de divers points de la province ils occupent l'azel de ce nom au nord; leur territoire est petit, mais il a les meilleures terres permettant de récolter, quelle que soit la sécheresse, en raison de leur altitude;

4o Les Oulad Djahich, originaires de l'Aurès, se subdivisent en Oulad el-Hadj, Oulad Toumi, Oulad Amar. Ils occupent le Fortas et ses contreforts; Ils ont peu de

terres de culture. On y voit plusieurs belles fontaines, entre autres à Aïn el-Djenan;

50 Les Oulad Ouendadj, originaires de l'Aurès, se subdivisent en Oulad el-Eulmi, Oulad Aïça, Oulad Nacer, Oulad Sellam et Oulad Achour. Ils occupent les contreforts ouest du Fortas, et leurs cultures sont dans la plaine de Fesguia. Cette fraction avait autrefois pour industrie la fabrication des bois de selle et des bâts de chameau. Du temps des Turcs, elle était tenue de fournir les bâts pour les chameaux portant les approvisionnements de l'armée. C'était le seul impôt que l'on exigeait d'elle à cause de sa pauvreté. Elle a une belle fontaine dite Aïn Serira, auprès de ruines romaines ;

6o Les Oulad Gassem, originaires des Oulad Gassem de l'ouest, se subdivisent en Oulad Bakha, Oulad Achour, Zahfa et Bahtia ;

7o Les Oulad Aicha, subdivisés en Oulad Sultan, Oulad bou Ali et Oulad Rihan, venus, les uns du Sahara et les autres de l'Aurès.

Ces deux fractions vivent ensemble dans l'espace compris entre le Guerioun et le Fortas; leurs terres de culture sont au pied de ces deux montagnes; Behira elBer❜la, qui leur appartient, est une plaine produisant un blé très renommé dans la contrée. Elles possèdent plusieurs fontaines très abondantes;

80 Les Oulad Mçaâd, originaires des Beni Imeloul, de l'Aurès, se subdivisent en Oulad Mohammed ben Otman, Brakna, Oulad Abbas et Roumrian. Ils occupent le centre de la plaine de Kercha. On trouve chez eux plusieurs ruines romaines et de nombreuses fontaines;

9o Les Oulad Sassi, d'origine berbère, se subdivisent

« PrécédentContinuer »