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regrettable pour la science, avait fait sur les populations méridionales de l'Algérie des travaux consciencieux et remarquables. La Revue des Sociéiés savantes (no d'avril 1856) analyse en ces termes le rapport lu par M. Reinaud, au nom d'une commission de l'Académie des Inscriptions et belles-lettres, sur divers tra

vaux :

. M. Geslin a recueilli des vocabulaires de tous les dialestes berbers parlés, tant en Algérie que dans les contrées limitrophes; il a reuni des poésies et des monuments littéraires de cette langue, il a profité de ses relations avec les Arabes qui » avaient pénétré dans l'intérieur de l'Afrique pour dresser des " vocabulaires des langues du Haoussa et du Bornou.

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M. Reinaud entre dans des considérations sur l'histoire des » Berbers et sur celle de leur langue. Il rappelle que des dialec⚫tes de leur idiome se parlent dans tout le pays des Touareg et dans l'Afrique septentrionale jusqu'au Sénégal.

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Il donne des détails sur les inscriptions en caractères tifnag » découvertes sur différents points du territoire des Touareg et dont l'identité avec les caractères libyques a été constatée par . M. de Saulcy, à l'aide de l'inscription bilingue de Tougga, » écrite en punique et en libyque. Cette circonstance donne à ⚫ penser qu'une même langue était parlée dans tout le nord de I'Afrique au moment de l'arrivée des colonies phéniciennes, et » qu'elle était celle en particulier des Numides, des Gélules et » des Garamantes. L'étude du berber ou cabile a donc un extrême intérêt et mérite tous les encouragements des amis de l'histoire. » Aussi, M. Reinaud est-il heureux d'apprendre à l'Académie, qu'en même temps que M. Geslin poursuit ses intéressantes recherches, M. de Slane, interprète principal de l'armée d'Afri» que va bientôt faire paraitre une traduction de l'histoire des Berbers, d'Ebn-Khaldoun (1), que M. le capitaine du génie "Hanoteau rédige une grammaire des dialectes des populations » du Jurjura; enfin que M. le colonel de Neveu rassemble les » éléments d'un vocabulaire touareg.

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- Epitaphe d'Echmounazar, roi de Sidon. - Le 22 février 1855, M. Peratié, chancelier du consulat de France à Bérout, ayant entrepris des fouilles sur un terrain situé à 25 minutes de marche au sud de Saïda, l'ancienne Sidon, découvrit un sarcophage de basalte noir, ayant la forme des caisses de momies égyptiennes. Mais au lieu d'être orné d'hieroglyphes, il portait dans presque toute sa hauteur une inscription en vingt-deux lignes écrites en caractères phéniciens gravés en creux et parfaitement conservés.

(1) Le 1 et le 2 volumes de cette traduction ont déjà paru et l'impression des deux autres est terminée.

Quelques savants étrangers ont traduit et commenté ce curieux document épigraphique, mais comme ils opéraient sur des copies fautives, leur travail s'en est fâcheusement ressenti, dit-on.

Placé dans des conditions plus favorables, M. le duc Albert de Luynes a publié, sur ce sujet, dans le courant de février 1856, un ouvrage intitulé: Mémoire sur le sarcophage et l'inscription funéraire d'Esmunazar, roi de Sidon.

Plus récemment, M. l'abbé Bargès a fait paraître sur cette épitaphe un mémoire dans lequel ce même roi de Sidon est appelé Eschmounazar (1).

Comme on trouve, de temps à autre, des inscriptions phéniciennes ou libyques en Algérie, nos lecteurs ne seront pas fâchés de connaître l'état de la question, quant à la lecture et la traduction de ce genre de documents épigraphiques.

Ce qui étonne tout d'abord, en examinant l'alphabet phénicien dressé par les écrivains qui ont fait une étude spéciale de celle langue, c'est la multitude de caractères qu'ils donnent quelquefois pour une seule et même lettre. On a peine à comprendre ce luxe de signes alphabétiques et on craint naturellement qu'il n'y en ait beaucoup d'incertains.

Sur la plupart des inscriptions phéniciennes, les mots ne » sont pas séparés; et, dans les conditions inhérentes aux lan⚫gues sémitiques (on n'y exprime pas les voyelles), cette conti

nuité est le seul véritable obstacle à la certitude des traduc⚫tions. C'est M. l'abbé Bargès qui constate le fait; et nous n'y trouvons rien à redire; mais nous croyons que ce n'est pas là le seul obstacle à la certitude des traductions.

Car, il n'y a ni grammaire ni dictionnaire de la langue phénicienne; il est vrai qu'on se tire de cette difficulté en disant qu'elle ressemble tellement à l'hébreu, que savoir l'un c'est connaitre l'autre. Mais l'arabe ressemble beaucoup à l'hébreu ; et, cependant, nous doutons fort qu'un hébraïsant qui, du reste, n'aurait jamais étudié l'arabe, pût traduire exactement un texte, même très simple, dans ce dernier idiome.

Pour être parfaitement convaincu, d'ailleurs, que dans la question qui nous occupe, la science est encore loin d'être faite, il

(1) A cette occasion, nous demanderons pourquoi certains orientalistes français persistent à représenter le chin par sch. En Allemagne, nous comprendrions cette figuration; mais avec notre système phonographique elle n'a pas de raison d'etre. Cela nous rappelle le temps où le nom de CHERCHEL était écrit officicliement Scherschell. On a fait justice depuis longtemps des deux S parasites; mais il y a encore des gens qui tiennent à doubler là consonne finale. Tant il est vrai que les procédés simples et rationnels ont le plus de peine à se faire accepter.

suffit de comparer les traductions que divers auteurs nous donnent d'un même texte phénicien.

En traitant cette question, dans l'Ahhbar du 3 mars 1846, nous citions un exemple remarquable en ce genre. Il s'agissait d'une très-courte inscription phénicienne trouvée en Tunisie.

Un premier interprète la rendait ainsi :

@ Tombeau de Habig, esclave de Bomel-Kart, fils d'Azrubaal, » fils d'A... "

Mais un deuxième y voyait ceci :

« Il détourna les conseils timorés; et entraina violemment les hommes inertes et sans cœur; on fut réuni pour briser le » joug; rapidement la toute puissance revint.

Les divergences eutre les différentes versions ne sont pas toujours aussi radicales que dans cet exemple; mais elles sont assez fréquentes et assez graves pour qu'il soit permis de dire que la lumière ne s'est pas encore faite sur ces idiomes mystérieux dc la Phénicie et de la Libye.

Ce n'est pas une raison pour que les archéologues algériens négligent la recherche de ce genre de monuments. Fournissons autant que possible des pièces à cet intéressant procès; mais attendons prudemment le fiat lux.

- Inscription phénicienne du sérapéum de Memphis. M. l'abbé Bargès va nous fournir un autre exemple de la nécessité de rester neutre dans la question phénicienne.

M. Mariette a rapporté d'Égypte, pour le musée du Louvre, une pierre à libations provenant du sérapéum de Memphis. La surface en est creusée de manière à former deux cavités séparées par une cloison. Sur le côté antérieur est une inscription phénicienne dont M. le duc de Luynes donne une traduction dans le Bulletin archéologique de l'Athénæum français, et M. l'abbé Bargès une deuxième dans la Revue d'Orient (no de mars 1856).

Si l'on a bien compris nos explications sur la question phénicienne, on ne sera pas étonné d'apprendre que les deux honorables orientalistes ne sont pas d'accord.

-Les Touareg, par M. Oscar Mac-Carthy. Ce travail a paru dans la Colonisation, journal algérien, et dans la Revue d'Orient (nos de février et mars 1856). L'auteur a réuni les données fournies par plusieurs voyageurs anglais sur les Touareg. Dans ses nos des 10, 20 et 24 janvier 1856, l'Akhbar avait publié des articles de M. le commandant Galinier et de M. Berbrugger sur le même sujet, au moment même où la députation des Touareg, envoyée au Gouverneur général, se trouvait à Alger.

mas.

- De l'éducation du Faucon en Barbarie, par M. le général DauOu sait que la chasse au faucon se fait encore ici comme elle avait licu chez nous au moyen-âge, surtout dans la partie orientale de l'Algérie, où la tradition s'en est conservée dans quelques grandes familles. M. Daumas a traité ce sujet intéressant dans la Revue d'Orient avec la finesse d'observation et le talent descriptif qui caractérisent tous ses ouvrages sur l'AIgérie.

- Inscriptions romaines de l'Algérie. M. Léon Renier a commencé la publication de cet important ouvrage. Les livraisons qui nous sont parvenues contiennent 1409 inscriptions, de Lambėse seulement ! Nous reviendrons sur cette œuvre capitale.

De la tolérance dans l'Islanisme. Sous ce titre, M. Ismaël Urbain a publié un très-remarquable article dans la Revue de Paris (no du 1er avril dernier). M. Urbain a vécu longtemps en Égypte et en Algérie, il connaît parfaitement la langue arabe et n'est pas de ceux qui ont la prétention d'étudier les mœurs d'un peuple sans le moindre contact avec les nationaux. Appelé par la nature des fonctions qu'il exerçait ici à se trouver en rapports continuels avec les indigènes, il a'complété par des études historiques, les notions pratiques qu'il avait pu acquérir ainsi. La thêsc qu'il a entrepris de démontrer heurte bien des prejugés et même des opinions qui ne semblent pas conçues légèrement. Mais il cite des textes authentiques, des faits positifs, d'où il parait résulter, en effet, que l'islamisme n'est pas virtuellement entaché d'intolérance et que certains événements exceptionnels assez gċnéralement connus n'infirment nullement cette conclusion.

Le travail de M. Urbain est de ceux dont on ne saurait trop louer le but et l'exécution; car il indique avec lucidité une des voies qui conduisent vers ce point d'engrenage par lequel la civilisation chrétienne pourra entraîner la civilisalion musulmane dans sa sphère d'activité.

- Les Arabes à Amboise, par M. A. Duplessis. - Cette étude faite à l'époque où Abd-el-Kader et ses compagnons étaient détenus au château d'Amboise, contient 34 pages dans le tome 5o des Mémoires de la société des sciences et des lettres de Blois. La figure de l'Emir, ses mœurs, les aspirations de son intelligence, l'homme tout entier est dessiné dans cet opuscule par une plume dont la fidélité a sa preuve dans la netteté de la sincérité du style.

- Primavera y flor de Romances, collection des plus vieilles romances Castillanes; Berlin, Asher; Paris, Klincksieck, 1856, 2 vol. 8°, prix 20 fr. On remarque dans le 1er volume quarante romances dites fronterizos, parce qu'elles sont relatives aux batailles et combats livrés sur les frontières entre les Chrétiens et les Maures. C'est un excellent choix fait dans les poésies populaires de nos vosins de la Péninsule ibérique.

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A une séance récente de l'Académie des Inscriptions et belleslettres, M. Charles Lenormand a lu pour M. François Lenormand, son fils, une note sur un scarabée découvert en Algérie.

Bibliographie séismique, par M. Alexis Perren, catalogue des ouvrages qui concernent les tremblements de terre, les éruptions de volcans, etc. 112 pages dans la 2e série, tome IV, des Mémoires de l'Académic impériale des sciences, arts et belleslettres de Dijon.

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