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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

Ce Bulletin est surtout destiné à l'examen des publications faites depuis le 1er janvier 1856. Les principaux ouvrages antérieurs à cette date seront l'objet d'une série d'articles dans nos prochains numéros. Nous prions les auteurs qui tiendraient à voir insérer dans notre Revue un compte rendu détaillé de leurs ouvrages, de vouloir bien les faire parvenir, francs de port, au Président de la Socïété historique algérienne, 18, rue des Lotophages.

Nous croyons devoir leur rappeler ici ce qui a déjà été exprimé dans notre Introduction. Nous nous occurons surtout des faits nouveaux et positifs, et nous n'acceptons la répétition de ceux qui sont déjà connus que dans le cas où elle serait indispensable, puisée aux sources et éclairerait les questions d'une nouvelle et plus vive lumière.

• Inscriptions des Portes de fer! - Nous demandons pardon de revenir sur un fait déjà bien ancien, mais quand il s'agit des intérêts de la science il n'y a pas de prescription et mieux vaut tard que jamais.

Un heureux hasard nous ayant placé sous les yeux le n° 4 (année 1840) du Bulletin du comité historique des arts et des monuments, nous y avons lu avec quelque surprise:

• M. le marquis de la Grange annonce que M. Dauzats, dans ⚫ le voyage qu'il vient de faire en Afrique, a relevé très-exactement quarante inscriptions qu'il a trouvées aux Portes de fer » (les fameux Biban). M. Dauzats les communiquera au comité qui pourrait les examiner et faire un rapport à ce sujet.

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Cette communication sera accueillie avec empressement. » M. Mérimée sera prié de donner son avis sur ces inscriptions..

qui ont eu l'avantage elles ont déclaré una

Nous avons consulté quelques personnes assez rare de passer par les Portes de fer nimement qu'on n'y trouve qu'une seule inscription, celle-ci ; et elle n'est pas antique, assurément :

ARMÉE FRANÇAISE 1839.

Le Journal de l'expédition des Portes de fer, par le duc d'Orléans, ne cite également que celle-là (V. page 263).

Que sont donc devenues les 39 autres? Nous sommes bien tenté de croire qu'elles n'ont jamais existé, et qu'il y a ici quelque malentendu.

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On lit dans l'Akhbar du 1er mai dernier :

Longévité des habitants de la Numidie. Dans la dernière séance tenue par la Société archéologique de la province de Constantine, M. Cherbonneau, professeur d'arabe et secrétaire de la Société, a lu plusieurs épitaphes de centenaires qui offrent des exemples curieux de longévité dans la Numidie, sous la domination romaine. Quatre de ces inscriptions avaient été relevées par lui dans la première semaine du mois de mars aux environs de Constantine, l'une aux sources du Bou-Merzoug, les autres au pied du Chettába. Nous croyons devoir citer ces dernières :

1° D. M. IVLIVS. GRACILIL. VETERANVS V. A. CXX.

2o D. M. IVLIVS. PACATVS. V. A. CXX.

3o D. M. IVLIA. GAETVLA. V. A. CXXV.

4o D. M. M. IVLIVS. ABAEVS. V. A. CXXXI.

Parmi les autres épitaphes, figure celle de Souk-Haras (Thagaste) dont la copie a été offerte à la Société par M. le commandant Leroux, et qui est conçue en ces terines :

D. M. S. CLAVDIA, RVFINA. SACERDOS. MAGNA. PIA. VIXIT. ANNIS. CIII. H. S. E.

(Revue de l'Industrie publique, 10 avril 1856.) Aux faits recueillis par M. Cherbonneau, nous ajouterons les suivants :

L'épigraphie de l'antique Auzia (Aumale) fournit une centenaire, Vlpia Rogatina; une plus que centenaire, Herennia Siddina, qui vécut 120 ans. On remarquera que ces exemples de longévité appartiennent à deux femmes dont une porte un nom qui accuse une origine indigène, de même que la Julia Gaetula, citée par M. Cherbonneau.

Dans un travail, que l'Akhbar a inséré le 14 juin 1846, nous avons déjà essayé de réhabiliter Aumale au point de vue sanitaire, en exposant que sur 58 épitaphes antiques, prises au hasard dans cette localité, 29 appartenaient à des individus qui avaient dépassé la cinquantaine. Des observations analogues, recueillies sur tous les points de l'Algérie, prouvent également en faveur de la salubrité de toute cette contrée à l'époque romaine.

En allant de Constantine à Tunis par le Kef, nous avons trouvé chez les Hanencha, un peu à l'Est de la ruine appeléc Henchir-el

Mers, une pierre tumulaire encore à sa place, au bord d'un sentier et sur laquelle nous avons lu le nom barbare du centenaire CASNO qui avait vécu cent onze ans. C'est un exemple de longévité qui intéresse plus spécialement les archéologues de la province de Constantine dont les recherches embrassent surtout le terrain de l'antique Numidie. A. B.

Découvertes épigraphiques. Nous apprenons, par la voic de la presse, que M. Cherbonneau a découvert dans les environs de Constantine une centaine d'inscriptions latines, la plupart très-intéressantes et dont quelques-unes ont une véritables importance pour la géographie comparée de l'Afrique. Ces dernières sont relatives à l'Arsagalitanum castellum (Arzagal de Morcelli), le pagus Phuentium et l'ancien évêché de Sila.

L'inscription relative à Arzagal a été copiée sur le plateau de Goulia, à 22 hilomètres ouest de Constantine, par MM. le général Cruelly et Cherbonneau, près du 2e télégraphe de la ligne de Sétif. Voici le texte de ce document:

CERERI AVG

SACRVM

IVLIA MVSSOSIA

KASARIANA

EX CONSENSV ORD.

CASTELLI ARSA
CALITANI SVA

PECVNIA POSVIT
L. D. D. D.

Nous empruntons au Moniteur algérien l'article suivant qui est relatif à Sila :

Découverte de Sila, ancien évéché de la Numidie. - Entre le 13 et le 14 kilomètre de la nouvelle route de Batna, à l'entrée de la vaste et fertile plaine du Bou-Merzoug, et sur la rive droite de la rivière, existe aujourd'hui un village de création récente, que les Français ont désigné par le nom de Khroub, altération évidente du mot arabe Khouroub, måsures, ruines. C'est dans un des jardins de cette localité qu'une fouille dirigée avec soin a conduit M. Cherbonneau, professeur d'arabe à Constantine, à retrouver dans les terrains d'alluvion une colonne ou borne milliaire portant le nom ancien des habitants du pays avec la distance qui séparait leur ville de l'endroit où nous avons établi le village du Khroub. Voici la copie exacte des lignes qui ont pu être déchiffrées par M. Cherbonneau sur ce monument d'ailleurs fort mutilé :

MI. PARTHICI.

MAXIMI. BRITTANICI (sic).

MAXIMI. GERMANICI.
MAXIMI. ADIABENICI.
MAXIMI::

:::: R. P. SILENSIVM

XII.

La partie supérieure de la pierre a été brisée, ce qui explique l'absence des premières lignes de l'inscription. Mais l'on est d'autant plus autorisé à y rétablir le nom de l'empereur Adrien, qu'on le voit mentionné sur d'autres bornes du même genre relevées dans cette région. Entre le dernier MAXIMI et le nom des habitants de la ville, on peut compter deux lignes et demie qui ont été martelées avec soin. Quant au chiffre qui marque les milles, il est gravé en caractères deux fois plus hauts que ceux qui précèdent. Nous n'avons là que l'éthnique. Cependant nous pouvons apprendre avec certitude le nom de la localité en consultanil' Africa christiana de Morcelli, où il est dit: «Silensis. Ignota Sila est et a geographis prætermissa: quam tamen in Numidia fuisse, ex "Notitia discimus. (Tom. I, p. 289.) Le même auteur attribue à l'église de Sila un évêque du nom de Donatus, qui figure le 82c sur la liste des évêques de la Numidie, appelés en 484 par le roi Hunéric au concile de Carthage (loc. laud.).

Mais où était l'évêché de Sila? De nouvelles recherches ont conduit M. Cherbonneau à en fixer le siège à Ksar-Mahdjouba, près du col de Bou-Ghåreb. Ksar-Mahdjouba est le nom d'un mamelon couvert de ruines importantes, au milieu desquelles, on remarque une tour haute de 42 pieds et les restes d'une église. De celle ancienne ville au Khroub, il y a une distance de 13 milles, comme l'indique la borne milliaire.

(Moniteur algérien.)

L'examen des conclusions données par M. Cherbonneau a soulevé dans notre esprit quelques difficultés que nous prenons la liberté de lui soumettre, parce que personne mieux que lui ne peut les lever, puisqu'il a l'avantage de se trouver à portée du terrain d'étude.

Il nous semble que la présence du qualificatif Adiabenicus ne permet pas d'attribuer l'inscription du Khroub à l'Empereur

Hadrien, qui n'a jamais porté ce titre, ni même à ses prédécesseurs Trajan et Nerva, dont les noms figurent souvent à côté du sien sur les monuments épigraphiques. Trajan, il est vrai, de même que le Grand Pompée, avait conquis l'Adiabène ou Osrhoène; mais il ne prit pas pour cela le titre d'Adiabenicus; sans doute, parce que la soumission ne fut qu'éphémère et que le pays renira dans l'indépendance dès que le vainqueur eut tourné ses pas d'un autre côté.

Nous croirions donc plutôt qu'il s'agit ici de la famille de l'Empereur L. Septime Sévère qui reçut, en effet, co surnom d'Adiabénique. Le martelage indiqué sur la dédicace de Sila nous fortifie encore dans cette opinion.

Il nous semble difficile d'admettre que l'emplacement de Sila doive être à Ksar-el-Mahdjouba; el c'est la nature même de l'indication itinéraire placée sous l'inscription du Khroub qui nous fait douter de cette synonymie. Mais nous ne pourrions pas développer cette thèse ni la précédente sans dépasser de beaucoup les bornes d'un article de bulletin bibliographique. Nous aimons mieux les réserver pour un moment plus favorable.

- M. Cherbonneau, qui est aussi un orientaliste distingué et laborieux, alimente le Journal asiatique et les feuilles de l'Algérie avec des travaux intéressants et substantiels. On a particulièrement remarqué son Histoire de la Littérature arabe au Soudan, qui a paru au Moniteur algérien du 29 février dernier. L'auteur a mis en œuvre avec science et habileté des matériaux qui jettent quelque lumière sur la partie la moins connue de la littérature de l'Afrique du Nord, liitérature qui attend encore son d'Herbelot.

L'heureux retour du docteur Barth de ses longues et périlleuses pérégrinations dans l'Afrique centrale est le fait culminant de l'année, en ce qui concerne la géographie et l'histoire de la partic si longtemps inexplorée de ce continent. Les extraits de lettres adressés à M. Jomard par le savant et courageux voyageur, n'ont fait qu'exciter la curiosité publique. Elle sera bientôt plei nement satisfaite, l'ouvrage du docteur l'arth étant en voie de publication.

L'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen, a mis au concours la biographie du général Duvivier, né à Rouen. L'auteur de la meilleure notice biographique sur le Général, notice qui devra comprendre une apréciation raisonnée de ses ouvrages, recevra, dans la séance annuelle du mois d'août 1857, une médaille d'or de 300 fr. (ou sa valeur en argent).

-M. Geslin, employé au bureau arabe de Laghouat, dont les feuilles locales ont annoncé récemment la mort prématurée et si

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