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2॰

IMP. CAES. L. SEPTIMIO SEVERO PIO
PERTINACE (sic) AVG. BALNEAE MVNICIPVM
MVNICIPII AELII CHOBAE PP. FACTAE
DEDICANTIBUS FABIO M. FIL. QVIR
VICTORE M. AEM. FIL. ARN. HONO
RATO II VIRIS A. P. CLVII.

La pierre sur laquelle j'ai estampé la deuxième inscription forme aujourd'hui un des chambranles de la porte du gourbi du caïd. Il serait à désirer qu'on la transportât à Bougie ou à Constantine.

En dehors de l'enceinte de cette ville, la nécropole romaine offre les débris de tombeaux et des vestiges de monuments en rapport avec ce lieu funéraire. La plupart des sépultures sont très-modestes. Ce sont des espèces de grandes auges, dont le plan trace un carré long arrondi sur un de ses petits côtés. Par une disposition assez curieuse, ces tombes sont accouplées par deux et même davantage.

Sur le point culminant de ce cimetière antique, on observe un monument tumulaire de cinq mètres de côté. Il est jonché de pierres et de restes de sculptures provenant de sarcophages.

Tout cela a déjà été remuć, altéré par des mains inhabiles, ainsi que le témoigne la position d'un sarcophage que j'ai trouvé placé sur un rouleau destiné à le faire glisser sur le rampant des talus, pour l'employer à je ne sais quel usage.

Après avoir exploré les ruines de Ziama, autant que la pluic qui tombait avec force m'a permis de le faire, je me suis dirigé à l'Est sur l'autre emplacement antique dont j'ai parlé précédemment et qui porte le nom de Mansouria. Il est également situé sur une langue de terre qui s'avance dans la mer. On y remarque des restes d'édifices, des chapiteaux renversés, mais pas de remparts, comme je l'ai déjà fait observer.

La mer baigne le pied du plateau à 15 mètres au-dessus du sol des ruines. Il y a là une crique fermée au Nord par des récifs qu'on passe à gué en temps calme; et en face, à l'Est par une haute colline boisée où les Cabiles font paltre leurs chèvres. Du côté de Gigeli, la passe est ouverte; le tout constitue un petit port de 300 mètres d'ouverture sur 400 mètres, dont le fond présente des profondeurs de plus de 5 mètres.

Cet établissement antique a dû avoir de l'importance, car le pays est arrosé par une rivière intarissable qui descend des montagnes des Beni-Segoual. C'est, dit-on, le point du littoral le plus rapproché de Sétif.

Sur toute la route que j'ai suivie pour venir de Bougie à ces ruines, j'ai trouvé fréquemment des restes de postes et de centres de population.

Pelletier,

Inspecteur des Bâtiments civils à Bougie.

La notice qu'on vient de lire présente d'autant plus d'intérêt que Ziama est un des points les moins visités de l'Algérie.

La colonne du Général de St-Arnaud, partie de Mila, le 9 mai 1851, séjourna, il est vrai, le 12 et le 13 juin à Ziama; mais on se contenta alors de prendre des copies et non des estampages des deux inscriptions qui se trouvaient en cet endroit. C'est probablement par suite d'une lecture vicieuse de la seconde que s'est formée l'opinion que ce document épigraphique mentionnait deux villes, Balneae municipium et Choba. Cette opinion, reproduite par la presse de la métropole ne soutient pas l'examen et tombe d'elle-même devant la rectification du texte que nous avons pu faire facilement, au moyen de l'estampage pris par M. Pelletier.

Ziama est toujours habité exclusivement par les Cabiles, bien qu'on ait pu croire un moment que l'élément européen allait y prendre racine, pour utiliser les bancs de corail d'une grande fécondité qu'un rapport officiel signale en cet endroit e' qui, au mois d'août 1851, avaient déjà été l'objet d'un commencement d'exploitation. (Voir: Rapport sur les Opérations militaires du printemps de 1851, page 59.)

L'inscription n° 2, détermine à la fois, le nom antique de Ziama et l'orthographe de ce nom, qui se rencontrait sous les formes Coba, Cobo, Chobat et Choba dans les anciens documents. Elle nous apprend aussi que ce municipe prenait le surnom d'Aclius, peut-être en l'honneur de l'empereur Hadrien.

Mais en mesurant sur les cartes modernes, réputées les meilleures, la distance indiquée entre Choba et Salde (Bougie), on ne trouve que 45 kilomètres, tandis que Ptolémée, l'Itinéraire et la carte Peutingérienne comptent de 55 à 57 milles, ou plus de 80 kilomètres. On ne peut se tirer de cette grande difficulté, qu'en supposant que les Romains, pour quelque raison politique et stratégique, fesaient passer leur route dans l'intérieur, ce qui l'aurait allongée en raison de la grandeur du détour obligé. C'est ainsi qu'une voie romaine de Salde (Bougie) à Igilgili (Gigeli) fait un coude très-prononcé sur Sétif et présente un développement de 159 milles, soit un tiers de plus que celui qui eut été nécessaire, si l'on avait suivi la ligne droite et naturelle.

Cependant, la présence de Muslubio, localité intermédiaire. entre Salde et Choba, sur la ligne maritime, dans l'Itinéraire et dans la carte de Peutinger, constitue une objection fort grave contre la solution proposée.

En somme, c'est une question qui reste à l'étude.

Comme nous déduisons le texte des deux inscriptions de Ziama, de l'estampage de M. Pelletier, la responsabilité de la lecture repose sur nous seuls et notre correspondant reste toutà-fait en dehors des fautes que nous pourrions avoir commises. Voici comment nous développons et nous traduisons ces deux documents épigraphiques:

1o

et Vibiae

Dis manibus Caio Vibio Phaedro Oviniae conjugi; parentibus — piissimis posuit - Vibia Aphrodisia, filia.

• Aux dieux mânes. A Caïus Vibius Phædrus et à Vibia Ovinia, ..son épouse, Vibia Aphrodisia, leur fille, a élevé ce monu

» ment. »

On remarquera ici que, contre l'ordinaire, l'âge des défunts n'est pas indiqué.

20

Imperatori Cæsari Lucio Septimi Severo pio pertinaci Augusto Balneae municipum - Municipii Aelii Choba pecunia publica facta; dedicantibus Fabio, Marci filio, Quirina, Victore; Marco, Æmilii filio, Arniensi, Honorato-duumviris. Anno provinciae 157.

« A l'empereur César Lucius Septimius Severus, pieux, sur⚫ nommé Pertinax, Auguste. Bains des citoyens libres du muni⚫cipe d'Elius-Choba, construits aux frais du public et dédiés par Fabius, fils de Marcus, de la tribu Quirina, surnommé Victor; et par Marcus, fils d'Emilius, de la tribu Arnienne, ⚫ surnommé Honoratus, tous deux duumvirs, en l'an de la Province 157. »

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La date qui termine cette inscription répond à l'année 197-198 de J.-Ch. C'est l'époque où Septime Sévère, débarrassé de ses rivaux Pescennius Niger et Albin, restait seul maître de l'empire. Le Moment du triomphe est naturellement celui des hommages; et les citoyens libres de Choba n'auront pas voulu laisser échapper cette occasion de saluer le soleil levant. Note de la Rédaction.

Ruines de Tassadan.

(Route de Constantine à Gigeli.)

En traçant la route qui doit mettre Gigeli en communication avec le chef-licu de la province orientale, on a visité un village cabile appelé Tassadan où l'on a trouvé les traces d'un établissement

romain et quelques inscriptions que M. le Colonel du génie, à Constantine, a bien voulu communiquer à l'un de nous. Sauf une épitaphe qui est complète, ce ne sont que des fragments; mais tout est précieux à recueillir dans ces contrées si peu explorées jusqu'ici.

A la Zaouïa, ou école du village, on a copié ces quatre inscriptions:

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C'est sans doute un fragment de ce début assez connu de quelques inscriptions du Bas-Empire: Beatissimis temporibus Dominorum nostrorum, etc. Dans les temps très-heureux de nos seigneurs, etc. »

3o
...VTE...

..RTINA...

...REGIAI...

..SVAE X-1- 0..

40

...RIA IMPE..
...AVRELIANI...

...LICO AB IISDEM D.. (1)
....ITAN... A................

Nous ignorons, n'ayant pas vu les originaux, s'il y a entre les lettres de ces deux fragments une identité de forme et de dimensions qui puisse autoriser à croire qu'ils proviennent d'une même inscription. Cependant, nous en doutons; car sur l'un on lit une partie du mot Pertinax qui reporte à l'époque des Sévères et sur l'autre le nom d'Aurelien qui leur est postérieur d'un-demi siècle environ.

Il est donc plus probable que nous avons ici les fragments de deux inscriptions différentes, dont l'une commençait par les mots Pro salute, etc., et l'autre par Victoria imperatoris, etc.

Au même village de Tassadan, on lit sur une colonne antique employée dans la koubba consacrée à Sidi Hamed-El-Faci :

CONSTAN
TINO MAXI

MO INVICTO
SEMPER AVG. (2)

P. P. P. TRIB. P. COS.

To B

(1) Les deux 11 qui commencent le mot IISDEM sont liés dans l'original. (2) L'A et le V du mot AVG, sont liés dans l'original.

5

. A Constantin le grand, invaincu, toujours auguste, pieux, perpétuel, investi de la puissance tribunitienne, consul...... Le fût où cette dédicace a été gravée, présente la forme habituelle des colonnes milliaires. Les cinq premières lignes occupent la surface carrée et légèrement fouillée qui sert de cadre à l'inscription. La dernière ligne est en dehors et au-dessous de la place consacrée ordinairement aux indications itinéraires. Toutefois, il ne paraît pas facile de déterminer comment on doit développer ces abréviations To B. qui sont tout-à-fait exceptionnelles. Comme les conjectures que nous pourrions formuler à cet égard ne nous semblent pas avoir des bases suffisamment solides, nous préférons nous abstenir.

On voit, par l'étude des anciens itinéraires, que pour aller de Cirta à Gigeli, on arrivait à Cuiculum (Djimila). De là, par Mopti, on allait gagner le chemin de Sétif à Bougie, en tournant les Babor par l'Est. La nouvelle route laisse cette voie romaine assez loin dans l'Ouest.

-M. Louis Piesse, ancien Algérien, aujourd'hui employé au Ministère de la guerre et un de nos correspondants à Paris, s'oc cupe de réunir, à la Bibliothèque impériale de la rue Richelieu, les plans et vues ayant trait à l'Algérie. Ces documents sont inédits pour la plupart. Il a obtenu de M. Deveria, conservateur des estampes, l'autorisation de les calquer.

Comme échantillon de son travail, dont nous n'avons pas besoin de faire ressortir l'importance, il vient d'adresser à la Société historique algérienne :

1° Un croquis de Gigeli, représentant la flotte française au mouillage, avec le nom des principaux vaisseaux, le Saint-Louis entre autres, à bord duquel se trouvait Duquesne; puis les lignes de retranchements des Français, la citadelle projetée, etc. Ce curieux document se rapporte à la malheureuse expédition du duc de Beaufort, en 1664;

2o Un plan à la plume (vue cavalière) d'Oran, daté de septembre 1732, époque où les Espagnols, sous la conduite du duc de Montemar, reprirent cette place aux Algériens;

3o Un plan d'Alger, sans date. Comme le fort de l'Étoile (Bordj-Moula-Mohammed) y figure et qu'il n'existait déjà plus en 1750, nous sommes assurés que ce document est antérieur à cette époque.

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