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cette feuille des difficultés de la position et ne soyons même pas étonné de leur optimisme un peu exagéré à l'endroit des artistes, lesquels en fait de susceptibilité ne le cèdent en rien au genus

irritabile vatum.

RUINES ROMAINES DE LA Grande KabiliE. L'attention générale est fixée en se moment sur la Kabilie; tout ce qui s'y rapporte, dans le présent comme dans le passé, est en possession d'intéresser le lecteur. Aussi, nous nous empressons d'insérer la lettre suivante, qu'on nous donne en communication.

Mon cher monsieur Mac Carthy,

Taksebt, 25 juin 1857.

Plus heureux que nous ne l'avons été en 1855, j'ai pu, celle fois, malgré la guerre qui se fait à quelques lieues d'ici, visiter les intéressantes ruines que l'on trouve à Tagzirt, chez les Chorfa des Beni Ouaguenoun, et à Taksebt, chez les Flissa de la mer. Du cap où je suis, j'aperçois à une cinquantaine de kilomètres dans l'Est, le cap le plus élevé de Zeffoun, où se trouve le dernier des gisements de ruines qui signalent aujourd'hui les établissements romains jadis placés sur le littoral de la Grande Kabilie, entre Rusuccuru (Dellis) et Salde (Bougie).

Le temps me manque pour entrer dans des détails qui auront d'ailleurs leur place dans la Revue africaine (1). Je me contenterai donc de vous donner une esquisse rapide de ma petite excursion archéologique en Kabilie.

Il n'y a que vingt kilomètres par mer, selon les cartes, entre Dellis et Taksebt; mais la route par terre présente un développement beaucoup plus comsidérable, à cause des sinuositės du littoral et des nombreux caps et ravins intermédiaires où elle monte et descend tour à tour sur un sol pierreux.

Je suis arrivé à mule par une marche de six heures vingt minutes, sur les ruines présumées d'Iomnium (où Lominium ?), à Tagzirt. Cela suppose, en tenant compte des difficultés du terrain, une distance d'une trentaine de kilomètres.

(1) M. Berbrugger doit retourner prochainement à Tagzirt et à Taksebt et ce ne sera qu'après cette nouvelle exploration qu'il donnera le travail annoncé dans sa lettre.

N. de la R.

J'ai retrouvé, dans un petit temple, l'inscription signalée par M. Jules Barbier dans la Colonisation du 3 octobre 1856, et dont il n'avait donné que cette ligne, qui est la première :

GENIO MVNICIPII RVSVCCVRITI.

Cette leçon était fautive sur le point essentiel vous allez le voir par ma copie, qui est complète et à l'appui de laquelle je rapporte un estampage bien réussi :

GENIO MVNICIPII RVSVCCVRITANI

C. IVLIVS RVSTICI FIL. QVIR FELIX RVSVCCVRITANVS
DECVRIO AB ORDINE ALLECTVS FRAEF. PRO IIVIRIS
ATQVE AB Ordine elecTVS IIVIRV ITEM IIVIRV QQ.
FLAMEN. AVGG.. AVGVR PERPETVVS DEPOSITA AD SO
LVM DOMO SVA VETERI TEMPLVM ...M SVA PECV
NIA FECIT DEDICA...

La pierre où ce document épigraphique a été gravé est longue d'un mètre soixante-dix centimètres, haute et épaisse de cinquante-deux centimètres. L'inscription est entourée d'un filet qui dessine un carré long, détachant un trapèze en dehors de chaque petit côté. C'est un genre d'encadrement assez employé sur les monuments des derniers siècles.

Au commencement et à la fin de la première ligne, on remarque un cœur.

A la 5e, le mot augg est suivi d'un endroit fruste qui paraît avoir contenu un troisième G; ce qui fait supposer que notre Julius était prêtre flamine de trois Augustes.

A la 6 ligne, le mot qui suit templum est effacé, sauf la lettre finale M. C'est probablement quelque épithète.

La pierre étant cassée en bas et à droite, la fin de la 7 ligne manque. Mais cette lacune, qui porte sur une formule connue, est très-facile à suppléer.

Après ces diverses explications, je crois pouvoir proposer la traduction suivante de la dédicace de Julius :

Au Génie du municipe Rusuccuritain! Caius Julius, fils de Rusticus, de la tribu Quirina, surnommé Félix, Rusuccuritain; décurion adjoint par le corps municipal au préfet pour les duumvirs; et élu par ledit corps, duumvir, puis duumvir quinquennal; flamine des trois Augustes; augure perpétuel;

n

Ayant démoli au niveau du sol son ancienne maison, il a élevé, à ses frais, sur l'emplacement, un temple... el en a fait la dédicace.

Sans m'arrêter à toutes les observations que ce document comporte, je fais seulement remarquer qu'il n'en résulte nullement, comme on l'a prétendu, que Rusuccuru, que l'on plaçait jusqu'ici à Dellis, doive s'identifier désormais aux ruines de Tagzirt.

Une des preuves à opposer à la nouvelle synonymie, c'est précisément le titre de Rusuccuritain que Julius prend dans sa dédicace. Ce n'est pas lorsqu'on se trouve dans sa patrie qu'on songe à en ajouter l'ethnique à son propre nom. On ne dit pas, par exemple, d'un individu de Paris qui est à Paris M. un tel le parisien; mais s'il est dans tout autre lieu que celui de sa naissance, l'emploi de l'épithète a dès lors sa raison d'être.

Vous savez, du reste, qu'il y a des raisons bien autrement fortes pour repousser la synonymie en question.

Je voudrais pouvoir vous entretenir longuement des ruines de Tagzirt et de celles de Taksebt que j'explore en ce moment, et qui sont fort intéressantes; mais le temps me manque, et je me borne à vous dire que le Dr Shaw était bien inspiré lorsqu'il voyait dans les premières l'emplacement du municipe d'Iomnium; et dans les autres le Rousoubeser de Ptolémée. Rousoubeser veut dire, vous le savez, le cap Beser. Or, précisément, le promontoire élevé de Taksebt est un des principaux épanouissements du Djebel Bizar.

Veuillez agréer, je vous prie, mon cher monsieur Mac Carthy, elc.

(Akhbar.)

A. BERBRUGGER.

HISTOIRE DE PHILIPPEVILLE. Nous avons reçu les 132 prcmières pages de cette histoire qui paraît par livraisons et dont l'auteur est M. E. V. Fenech, conseiller municipal de Philippeville. La couverture porte la date de 1852, ce qui nous fait craindre que la publication n'ait pas été continuée. Ce serait assurément très-facheux, car c'est une intéressante monographie de la ville française qui s'est élevée si promptement sur les ruines de Rusicada. Quand le maréchal Valée y arriva avec la colonne expéditionnaire, en 1833, l'emplacement était occupé par les gourbis el les jardins d'un village de Kabiles à qui on acheta ce terrain. pour une somme de 150 fr. ! La partie imprimée de l'ouvrage de M. Fenech s'arrête au commencement de l'année 1845. Désirons que l'auteur la continue et désirons aussi qu'il ait des imitateurs sur tous les points de l'Algérie que nous avons dotés

de cités nouvelles et sur ceux où nous avons approprié aux besoins de notre civilisation des villes déjà existantes. Il ne faut pas que les générations qui nous succèderont sur le sol d'Afrique puissent nous reprocher de ne pas leur avoir légué la connaissance de ces intéressantes origines.

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Les journaux vous ont sans doute informé de la trouvaille qui a été faite au pont de Salah Bey, et vous avez su que deux belles pierres épigraphiques ont été retirées de la culée droite de cet édifice. Si vous avez l'intention de mentionner le fait dans la Revue, je m'empresserai de vous offrir les moyens d'y introduire uue rectification importante (1). A la 2 ligne de la 2o pierre, il faut lire A E au lieu de A F, qui est simplement une faute de typographie; quant à la forme des pierres, la disposition du journal l'Africain n'ayant pas permis d'en donner une idée exacte, on s'est contenté de dessiner deux petits moëllons. Voici une copie conforme au modèle.

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Je crois, comme tous les connaisseurs, que ces deux pierres appartenaient à la même inscription: mais il me semble que pour restituer la lecture, on devrait placer contre elles une ou deux autres pierres. ANI peut-être aussi la fin du mot TRAIANI.

On a écrit dans l'Africain que cette légende latine était la dédicace du pont. Mon avis est tout différent. Voici des renseignements puisés dans mon mémoire sur les antiquités de Constantine (p. 13 et 14 du tirage à part) qui vous permettront de démontrer comment ces deux pierres ont pu se trouver dans la culée droite, immédiatement au-dessous du tablier.

Les voyageurs, Peyssonnel entre autres, ont décrit l'arc de triomphe qui avait été bâti en face de la ville des Romains... Enfin

(1) Voir le n° 4 de la Revue, p. 316. N. de la R.

-

Salah bey vint, qui,.... fit démolir un portique inutile à ses yeux et en offrit les meilleures pierres à l'ingénieur mahonnais........... »

Je vous apprendrai en même temps qu'on a retiré des décombres · entassés au pied du pont une figurine en plomb de 0 m. 10 c. de hauteur, qui représente un guerrier. La tête est coiffée d'un bonnet aplati.

Les bords du bonnet sont retroussés, et au-dessous pendent deux grandes boucles d'oreilles, rondes et à jour. Je ne suis point assez osé pour faire un Vandale de ce guerrier: mais en tous cas, je ne le prends point pour un Romain.

Notre Musée s'est enrichi pendant le premier trimestre de 1857 de plus de 40 pierres épigraphiques, parmi lesquelles je citerai la dédicace à Septime Sévère et l'épitaphe de la dame Mnesithea.

Tout à vous.

A. CHERBONNEAU.

CONSTANTINE. Il y a quelque temps déjà, nous annonçions avec chagrin à nos lecteurs que l'importante ruine romaine connue sous la désignation d'arcades nous semblait toucher à sa dernière heure, de larges fissures s'étant déclarées. Aujourd'hui, nous pouvons rassurer les amis de l'archéologie. Sur la proposition de M. le Maire, le Conseil municipal a voté une somme de 1,000 fr. pour des travaux de consolidation qui préviendront la chute de ce remarquable spécimen de l'art antique (le tétrapyle?) » (Africain.)

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THAGASTE. Nous avons reçu un exemplaire (tirage à part) d'un article que M. Léon Renier vient de publier sur Thagaste, etc., dans la Revue archéologique. Ce savant épigraphiste, reprenant la thèse développée dans notre 3o numéro (pages 197-207), conclut, -ainsi que nous l'avions déjà fait, -d'après l'inscription décisive que M. le capitaine Lewal nous avait adressée, — que les ruines de Souk-Harras sont bien celles de la patrie de Saint-Augustin. Nous aimons surtout, dans cet auteur, le soin religieux qu'il met à citer tous les travaux antérieurs qui se rapportent aux questions qu'il traite; ce qui lui est d'un accomplissement bien facile, avec sa grande érudition et les immenses ressources bibliographiques de la métropole. Il est écrit, nous le savons, que toute règle doit avoir ses exceptions; mais nous regrettons, néanmoins, que l'exception, cette fois, tombe précisément sur notre publication qui, plus qu'une autre, a besoin de trouver, dans les princes de la

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