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christianisme. De plús mûres réflexions m'ont fait abandonner celte conjecture; et je suis persuadé que le monument de Khemissa est tout payen. Voici comment j'établirais mon opinion. La croix n'est pas un signe exclusivement chrétien. Caylus l'a très bien constaté au siècle précédent. Plus récemment, MM. Raoul Rochette, Letronne, Layard, et Rosellini ont recherché scrupuleusement l'origine et la parenté des croix qui se trouvent parmi les antiquités égyptiennes, phéniciennes et assyriennes (1). La croix ansée à la main des dieux de l'Egypte cst le signe de la vie divine. Ansée ou non, elle avait un rapport avec l'idée de la vie future et de l'immortalité de l'âme. Peutêtre même dérivait-elle du thau prophétique des Hébreux. Pour ne point allonger cette note en dissertation, je me borne à citer un passage de l'historien Socrate. Il rapporte qu'à la démolition du Sérapeum d'Alexandrie, les plus savants interprêtes des hiéroglyphes expliquèrent aux chrétiens que les croix gravées sur les matériaux des murailles du temple signifiaient la vie future : Dùm isti inter se hac de re digladiantur, gentiles quidam ad fidem christianam conversi, qui lilleras hieroglyphicas accuratè noverant, formam crucis quid sibi vellet interpretantur: vitam venturam significare docent (2).

Voilà, si je ne m'abuse, une interprétation qui résoud le problême de la croix unie au croissant sur un tombeau payen. Elle a terminé une bataille entre Alexandrins; ne doit-elle pas empêcher une guerre de plume entre archéologues?

LÉON GODARD.

(1) T. XVI et XVII des Nouveaux mémoires de l'Académie des inscriplions.

(2) Hist. eccl., liv. V, ch. 17, p. 690; Cologne, 1612.

ANCIENNES MONNAIES ARABES. S. Exc. le maréchal duc de Malakoff vient de faire don à la Bibliothèque impériale de quelques médailles arabes, parmi lesquelles se trouvent deux monnaies d'or d'une extrême rareté ces deux monnaies ont été frappées, l'une au quatorzième et l'autre au quinzième siècle, dans le royaume de Maroc, par des princes de la dynastie des Beni-Merin. (Akhbar.)

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HISTOIRE D'ORAN. Nous apprenons avec plaisir que M. Léon Fey, auteur de l'Histoire d'Oran, va livrer cet intéressant document à l'impression; le chiffre de ses premiers souscrip⚫leurs dépassant déjà le nombre de 300. »

CERCLE LITTÉRAIRE D'ORAN. Il vient de s'ouvrir à Oran, sous les auspices des autorités civiles et militaires, un Cercle littéraire que l'un de ses commissaires, M. le capitaine Coquille, définit ainsi après en avoir tracé l'historique : « Le Cercle n'a point de ⚫ tendances exclusives; les discussions politiques ou religieuses ⚫ y sont interdites, les jeux d'argent sont proscrits. C'est un ⚫ cercle de causeries, un salon de lecture, une vaste biblio⚫thèque, une réunion d'amis. S. M. l'Impératrice a envoyé des livres à cet établissement naissant auquel nous souhaitons tout le succès possible.

LE PÊCHEUR.- Un de nos correspondants d'Oran, M. Combarel, professeur d'arabe à la chaire publique de cette ville, vient d'autographier intégralement l'un des plus jolis contes des Mille el une Nuits, le Pécheur et le Génie. Le texte est ponctué avec soin et de manière à aplanir les difficultés sérieuses qui arrêtent les débutants dans un ouvrage dépourvu de signes-voyelles. L'auteur a joint à la narration principale, une fable et une pièce de vers inédites, formant avec le conte du Pêcheur, un ensemble gradué qui offre un spécimen des principales formes de rédaction usitées en arabe. Les personnes étrangères aux études orientales trouveront dans des instructions en français placées en tête du volume, des renseignements précis sur la nature de l'arabe et surtout sur son usage. Oran, chez Perrier, éditeur. (Écho d'Oran.)

RELIZAN.

L'Akhbar annonce qu'en exécutant des déblais pour les travaux de barrage que l'on fait sur la Mina, à Relizan, des terrassiers marocains ont trouvé des sols d'or du BasEmpire. Voici la description d'une de ces pièces, dont nous avons l'empreinte sous les yeux.

Face. D. N. ZENO PERP. AVG.. notre seigneur Zénon, ⚫ perpétuel auguste. Cette légende entoure le buste de l'empereur dont la tête est coiffée d'un casque el vue de face. Revers. Victoire debout tenant une grande croix. Dans le champ est une étoile. La légende porte VICTORIA AVGGG., Victoire des Augustes. On lit à l'exergue CONOB, abréviation que l'on expliquait par Constantinopoli obsignata, frappé à Constantinople. Mais nous lisons dans l'histoire de Justinien, par M. Isambert (t. 1°r, p. 289): CONOB.., d'après un mémoire • récent de M. Friedlander, conservateur du cabinet de Berlin ■ (1851, in-8°), devait se décomposer en deux parties, dont les ⚫ trois premières lettres seraient l'initiale de Constantinople et ⚫ les deux dernières, OB, deux lettres grecques signifiant 72, ⚫ nombre de ces pièces (des sous d'or) à la livre romaine. »

Cette explication ne peut pas s'appliquer à tous les cas. Elle n'est pas admissible, par exemple, pour le médaillon d'or unique de Justinien dont l'exergue porte aussi l'abréviation Conob, abréviation qui figure même sur des pièces de bronze du plus petit modèle, ainsi que M. Isambert le fait remarquer avec raison. Zénon, à qui se rapporte la médaille que nous venons de décrire, avait été associé à l'empire par son fils Léon, cn 474. Il mourut en 491.

Bulletin des TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE D'ALGER. Dans sa séance du 10 février dernier, cette société a décidé qu'elle publierait tous les trois mois un bulletin renfermant » les rapports qui auront été soumis à son approbation sur divers ⚫sujets de culture. Il contiendra, de plus, des avis aux cultiva⚫ leurs sur les travaux des champs à pratiquer dans le trimestre ⚫ suivant, de sorte que chaque bulletin puisse servir de memento » aux habitants des campagnes. Ces bulletins seront disposés de ⚫ manière à former un corps d'ouvrage et à devenir un jour le guide des cultivateurs algériens. La Société a déjà publié un numéro de son bulletin. Notre spécialité ne nous permet pas d'en aborder ici l'analyse; mais nous fesons des vœux pour que

le succès couronne cette création qui était indispensable et désirée depuis longtemps.

SOCIÉTÉ PHILHARMONIQUE. Le Moniteur algérien, ces archives. de la colonie, nous apprend qu'en 1833, notre ville était déjà dotée d'une société philharmonique qui fesait résonner de mélodieux accords les voûtes de la mosquée Setlina Meriem, au coin des rucs Sidi-Féruch et Bab-el-Oued. Les mêmes causes qui ont toujours empêché tant de créations scientifiques, littéraires et artistiques de prendre racine sur le sol d'Afrique, ont sans doute fait avorter celle-là dans son berceau et ont rendu infructueux d'autres essais consécutifs. Mais la musique compte ici trop de fidèles et fervents adoralcurs pour que son culte y restât sans autel grâce au zèle de M. Van-Ghele, dont le nom dispense de tout éloge, grâce au concours empressé de beaucoup d'amateurs, une société philharmonique vient enfin de se constituer sur des bases sérieuses; et elle s'est révélée au public dans un concert qui a obtenu un succès mérité. Bien que la Muse de l'histoire soit sœur de celle de la musique, nous n'abuserons pas de cette parenté pour nous lancer dans un sujet qui nous est étranger, après tout. Nous nous bornerons à faire des vœux pour le succès de cette nouvelle entreprise; car nous ne sommes pas de l'école du célèbre docteur à qui notre ami Désiré Léglise adressait ces

vers:

Place à l'industriel! place à l'utilitaire !

Vous n'aimez que les choux et la pomme de terre.
Eh bien, bon appétit! Moins exclusif que vous,

Je ne dédaigne pas les navets et les choux;

J'aime tout ce qui sert, mais j'aime aussi les choses
Qui ne servent à rien les perles et les roses,

:

Les parfums, le bon vin, les beaux yeux espagnols,
Dans les tièdes étés, la voix des rossignols.

L'ILLUSTRATION. - L'Akhbar renouvelle ses reproches de négligence contre l'Illustration qui, ayant à reproduire une photographie, c'est-à-dire la nature dessinée par elle-même, y a pourtant fait quelques changements malheureux. Il est certain que l'Ilustration, avec sa belle réputation, bien méritée sous beaucoup de rapports, devrait modérer le zèle de ses metteurs en œuvre parisiens qui se permettent trop souvent d'altérer les dessins qu'on leur envoie. Le temps est passé où l'on pouvait impunément décrire, peindre ou dessiner l'Afrique au gré de sa fantaisie.

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REVUE AFRICAINE. La Revue des Sociétés savantes rend compte de nos deux premiers numéros dans ses dernières livraisons (novembre-décembre 1857, janvier 1857) el apprécie favorablement notre publication.

GAZETTE MÉDICALE. Cette feuille, habilement rédigée par M. le docteur Bertherand, son fondateur, et par de nombreux collaborateurs du corps médical militaire de l'Afrique, offre un intérêt croissant et qui ne se borne pas à la spécialité pour laquelle elle a été créée. On y trouve des matériaux historiques, géographiques, etc. d'une grande importance, tels que l'Histoire médico-chirurgicale de l'expédition de la Grande Kabilie en 1854, par le rédacteur en chef; la Médecine du Prophète, par M. le docteur Perron; les Oasis de la province d'Oran, ou les Oulad sidi Chikh, par M. le Dr Leclerc, etc., etc. Cette publication a obtenu un succès bien mérité, et ce ne sont pas seulement des personnes vouées à l'art de guérir qui la lisent avec plaisir et utilité. Dans la nouvelle édition de l'ouvrage si justement estimé de M. Parent Duchâtelet, M. le docteur Bertherand a fourni un intéressant chapitre, le vite, sur la prostitution en Algérie. Il a été fait un tirage à part de ce travail.

PETITES AFFICHES ALGÉRIENNES. Il paraît ici sous ce titre, le jeudi et le dimanche, une feuille d'annonces qui en est à son 93 numéro, y compris le Bulletin commercial et maritime qui sc distribue chaque jour aux abonnés. Par la nature même de sa spécialité, cette felle échappe à notre appréciation.

LE DERBOUKA.- Puisque nous abordons le chapitre de la presse algérienne, disons un mot du, ou, pour mieux dire, de la Derbouka, journal de musique, théâtre, etc., qui parait deux fois par semaine, depuis le 10 octobre 1856, dale de son premier numéro; nous pouvons d'autant moins le passer sous silence, qu'il se souvient quelquefois de la Revue africaine dans la distribution de ce qu'il appelle ses petits coups d'archet. Un journal gai et railleur avec esprit, est assurément une création désirable en Algérie où la matière ne lui fait pas défaut. Mais est-elle bien possible encore? Rire aux dépens des forts serait dangereux; el à se moquer des faibles, il n'y a ni sel ni générosité: cela rappellerait trop le programme tracé dans le vers énergique et bien connu de Juvénal. Tenons donc compte aux rédacteurs de

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