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plus se séparer de lui. Il avait reconnu en lui un vaste savoir et il le destinait à le remplacer. Il avait pour lui les plus grands égards et tant qu'il vécut il exhorta son entourage à se former d'après l'exemple d'Ibrahim et à lui prodiguer la vénération et le respect.

A la mort d'El Hooudri, Ibrahim le remplaça. Il avait encore agrandi sous son dernier maître le cercle de ses connaissances et nul ne put lui disputer le premier rang. A son instruction profonde, il joignait une grande élévation de caractère et une remarquable distinction. Il était éminent jurisconsulte et son esprit était imbu des doctrines du Soufisme. Entre toutes ses qualités, on remarquait la libéralité, la résignation et la patience. Il aimait les grands et supportait patiemment leur caractère. Oran brilla par lui d'un vif éclat. Sa population s'accrut rapidement d'un nombre extraordinaire d'étrangers qu'attirait la réputation d'Ibrahim.

Ibn Sa'ad, renchérissant sur tous ces éloges, dit de lui: • Ibrahim fit d'Oran une sorte de marché de la réputation et de la gloire; il déploya dans cette ville les bannières de l'Islam ⚫et de la foi; il y organisa des solennités religieuses, appela les . hommes à l'étude des choses humaines et divines et les fixa » dans le pays de la science, loin de laquelle ils erraient » avant lui. "

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Ibrahim fit construire une Zaouia célèbre, tant par la réputation du fondateur que par l'importance de l'édifice, qui renfermait dans son enceinte des chapelles (mesdjed), des jardins, des medersa, des appartements destinés aux étrangers qui venaient le visiter; des bains, des réservoirs d'eau, des bibliothèques, des magasins d'armes, etc., etc. Cet établissement n'eut point son pareil dans toute l'étendue du Mor'reb du milieu.

Avant El Tazi, l'eau manquait à Oran; on avait souvent pensé à remédier à cet inconvénient, mais la bonne volonté ou les ressources suffisantes avaient jusque-là fait défaut. Ibrahim fit, à ses frais, exécuter de grands travaux dans les environs de la ville et, grâce à son activité et à ses dépenses, il parvint à faire arriver dans son enceinte l'eau de sources assez éloignées. L'auteur du Djoumani réfute l'opinion de ceux qui prétendent que ces sources furent trouvées dans le terrain compris cutre les forts et il cite à ce sujet un vers d'une qasyda en idiome vulgaire composée par un certain Sidi Za'im dont le tombeau est à Mazar'an (Mazagran). Dans ce vers il est dit :

Ibrahim et Tazi choisit Oran pour séjour c'est lui qui » réunit à Ras el A'ioun l'eau des sources depuis Ifry jusqu'à » El H'ora? »

On attribua à Ibrahim plusieurs autres constructions de moindre importance toutes fondées de son argent et toutes léguées comme H'abous aux divers établissements pieux. Je ne trouve nulle part mention de la fortune personnelle de ce ouali. Il est donc probable que les revenus de sa profession, dus soit à la reconnaissance de ses nombreux élèves, soit aux dons offerts par les fidèles étaient fort considérables.

Il sut toutefois en faire un bien noble usage et c'est le cas de dire avec un poète arabe :

• Les traces qu'il a laissées apprennent ce qu'il fut et la pensée se le figure aussi bien que si l'œil l'avait vu. »

Dévoué tout entier à la chose publique, il dépensa sans compter et sans rien garder pour l'avenir; aussi son fils n'hérita pas de lui, même une rognure d'ongle, suivant l'énergique expression de l'auteur qui nous instruit de sa vie. Souvent, ses amis lui reprochaient ses prodigalités, sa générosité sans limite qui amenaient la pauvreté dans sa demeure; il se contentait alors de leur réciter ces vers d'Abou 'l'Abbas ben el Arif :

On me reproche d'être généreux, mais la libéralité est dans ⚫mon caractère et je ne puis prétendre changer ce que la nature » a formé. D'ailleurs, je ne vois rien de comparable à la géné

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rosité. Récente, elle charme; ancienne, elle fait encore la joie » des souvenirs. Celui qui n'a pas vécu de sa vie n'a rien connu » de beau dans ses jours. Laissez-moi donc être libéral à mon aise, l'avarice est un opprobre. Quel mal me fait d'être appelé prodigue; l'homme libéral a tout le monde pour famille, celui ⚫ dont la main se ferme toujours n'a ni parents, ni amis. Pourquoi redouter la pauvreté, pourquoi établir un rempart autour ⚫ de ses richesses. Soyons généreux; la générosité n'est-elle pas un attribut de Dieu. »

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Et Tazi mourut à Oran, le 9 dimanche, 3 de cha'bán, en l'année 866 (1461). Les Arabes prétendent qu'il est enterré à El Gala'a.

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Recherches sur la coopération de la Régence d'Alger

A LA GUERRE DE L'INDÉPENDANCE GRECQUE.

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A mon très-fortuné seigneur, etc. Puisse votre seigneuric être favorisée d'un bonheur constant, etc.; votre esclave se consacre à votre service jour et nuit et considère son accomplissement comme un devoir rigoureux, une obligation qui n'admet aucune tiédeur. Il se consacre aussi à prier incessamment pour la prolongation des jours de votre grandeur.

Cette année bénie, votre serviteur Mustapha Koplan a été désigné par vous pour commander une division de huit navires faisant partie de la flotte de la régence victorieuse, et destinés à rallier et à renforcer la flotte de la Sublime-Porte. Cette division est partie accompagnée par la protection divine, la meilleure des compagnes, et elle a rejoint la flotte Ottomane en Morée, où elle est encore. Sa seigneurie le très-fortuné Khesraw Mohammed pacha ayant ordonné à votre division de se rendre à Souda, elle est partie pour cette destination, il y a cinq ou six jours. Que le très haut les enrichisse du salut et du triomphe; et certes il est libéral et généreux ! Amen!

Les navires des mécréants croisaient sur les côtes de Morée au nombre de 70, et lorsque la flotte entra dans le détroit un combat s'engagea. Le second jour du combat, les mécréants lancèrent quatre brûlots sur la flotte Ottomane. On assure que l'une de nos corvelles a été la proie des flammes. La manœuvre ordinaire de ces mécréants, sur mer, est de lancer des brûlots qui viennent aborder les navires, s'y accrochent et causent ainsi de grands ravages. Puisse le Dieu très-haut et glorieux les exterminer! Amen!

Le généralissime de la Moréc, sa seigneurie le très-fortuné Ibrahim Pacha, s'occupe activement de combattre et de ravager.

Il a pris la citadelle de Navarin. Le Capitan pacha a rencontré dans la suite de son voyage les mécréants dans le détroit d'Andra et il s'en est suivi un combat et des incendies. Tous ces événements vous sont racontés en détail par votre serviteur Moustafa Koptan. Le seul but de votre infime esclave est de vous donner de nouvelles assurances de son dévouement sans bornes, etc.

Fin de choual de l'année 1240 (mi-juin 1825,) Ali, agent (oukil) actuel de la ville bien gardée d'Alger d'occident.

(Signature et cachet.)

PIÈCE NO 12.

Lettre adressée à un haut fonctionnaire de la Régence d'Alger. A mon seigneur heureux et béni, etc., à mon très-honorable agha. Puisse votre seigneurie jouir à jamais de la santé et de la félicité. Le dix-huitième jour après notre départ de la ville bien gardée d'Alger, un lundi béni, nous avions rallié la flotte de la Sublime-Porte à Navarin. Nous y avons trouvé le Koplana de la Sublime-Porte, Makhtar Bey, le Patrouna de la SublimePorte, Hassaïn Bey, la division égyptienne et les quatre bâtiments de Tripoli, en tout quatre-vingt-deux navires de guerre. Trente-cinq bâtiments de guerre appartenant aux Grecs mécréants croisaient devant Navarin, à peu de distance de nous. Nous employâmes trois jours à faire de l'eau au port de Miouna (Modon). Au bout de ces jours, le vent s'étant mis à souffler du point où se trouvaient les mécréants voués à la ruine, ils en profitèrent pour lancer sur nous sept brûlots qu'ils appuyèrent d'une force de vingt-huit voiles, laissant tout arriver sur nous. Sur le champ, nous levâmes l'ancre, nous déployâmes les voiles et nous manoeuvråmes pour sortir à leur rencontre. Après notre départ, les navires égyptiens dont la mention suit furent détruits: Deux frégales, une corvette, trois bricks de guerre et sept bâtiments marchands. Ensuite, favorisés par le vent, ils prirent la fuite.

Sa seigneurie el Hadj Ibrahim pacha a bloqué la citadelle de Navarin et l'a vigoureusement attaquée. Le troisième jour après la noble fête, cette forteresse a été prise. Les armes des prisonniers, qui y ont été faits sont devenues le butin des troupes de l'islamisme. Les drapeaux musulmans y ont flotté; l'Idzan Mahometan (l'appel à la prière) a retenti sur les minarets, les

canons de la forteresse et de la flotte ont salué cette conquête par des salves. Ensuite, so seigneurie el Hadj Ibrahim pacha désigna vingt navires pour se rendre à Alexandric avec le navire Papay Khelil Bry. Le reste de la flotte reçut l'ordre de se rendre à l'ile de Can:lic pour y prendre des troupes et les transporter en Morée. Le 16e jour de choual, ils partirent et firent route vers Souda. Pondant la traversée, ils soulinrent trois engagements sérieux contre les mécréants, mais grâces au Dieu trèshaut, nous arrivâmes sains et saufs et nous entrâmes dans le port de Souda, où nous fimes le meilleur des séjours.

Sa seigneurie le Capitan pacha, accompagné de Tahar Bey, Reala Bey (vicc-amiral) de la Sublime-Porte, sortit de Constantinople le 17 du noble mois de Ramdan (5 mai 1825) avec trois frégates, neuf corvettes et divers bricks et navires de transport, en tout cinquante-huit voiles. A la hauteur de Kozli hassar ils furent attaqués par des navires d'infidèles voués à la destruction, au nombre de trente-sept. Le combat s'engagea el devint des plus vifs. Les mécréants, profitant de la position de deux frégates, d'une corvette et d'un brick, lancèrent sur eux des brûlots, qui les abordèrent et causèrent leur destruction. Un certain nombre de navires firent force de voiles vers Akribouz el atteignirent ce port. Le Capitan pacha, accompagné du Reala. entra le 22o jour du noble mois de choual, dans le port de Souda avec vingt-six navires. Les mécréants croisaient devant Souda; et il y cut un engagement sérieux dans lequel une corvette séparée de la flotte fut abordée par cinq brûlots et détruite. Quatre mille sept cents hommes de trompe qui se trouvaient à Souda furent répartis sur les divers bâtiments de la flotte de la Sublime-Porte qui sortirent de ce port et firent route pour leur destination. Après leur sortie, ils furent a saillis par cinquante et un navires et il s'ensuivit un grand combat. Deux brùlots furent lancés sur les navires algériens. Mais, grâces an Dieu très-haut, nous n'éprouvâmes aucune avarie et les navires des infidèles furent obligés de se retirer devant nous. Nous continuȧmes notre route; et le 10 nous entrâmes dans le port de Navarin, où nous débarquámes les troupes que nous transportions et où nous fimes un séjour de trois jours. Ensuite, HassaïnBey, Patrouna de la Sublime-Porte, partit avec ving! navires pour Alexandrie. Quant à nous, nous sortimes de Navarin avec sa seigneurie le Capitan pacha, au nombre de 51 voiles et nous arrivȧmes le 4 jour à Mouslenk où nous mouillâmes. Arrivés là, nous nous sommes empressés d'adresser cette lettre à votre sci

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