Images de page
PDF
ePub

en marbre reposant sur des faquets ménagés dans leur intérieur, lors du creusement.

Ces couvercles étaient en brêche africaine et de l'épaisseur d'un centimètre. L'un des ossuaires, qui est cintré, possédait un couvercle en plomb qui existe encore actuellement. Ce dernier n'avait pas, comme les autres, de plaque en marbre. Il se trouvait dans la niche no 5.

Les cinq plaques en brêche africaine qui servaient à fermer bermétiquement les ossuaires n'existent plus au Musée de Cherchel et on ne sait comment s'est opérée leur disparition.

Six petites fioles en verre blanc, appelées par les anciens archéologues lacrymatoires, et qui sont regardées aujourd'hui comme des vases ayant servi à renfermer des onguents, des huiles et des baumes odoriférants, ont été trouvées dans les ossuaires, parmi les ossements et les cendres, ainsi que des plaques en bronze, de forme ronde, d'environ 4 ou 5 centimètres de diamètre, et d'un demi-millimètre d'épaisseur. Ces plaques étaient oxydées, et on n'a pu voir si elles avaient autrefois contenu des inscriptions. Il pouvait y avoir une plaque dans chaque ossuaire. Ces objets en bronze ont disparu.

Voici les inscriptions qui se trouvent sur les ossuaires tirés du columbarium des affranchis du roi Juba II, fondateur de Julia Cæsarea, la riche capitale de la Mauritanie Césarienne :

[blocks in formation]

(1) L'examen de l'estampage que nous possédons de cette épitaphe, nous fait penser que la dernière ligne contenait les abréviations des formules: Hic silus est. Sil illi (ou tibi) lerra levis ! Cet ossuaire a 23 c. de haut sur 32 de large; les lettres sont de 2 c.

L'inscription est au-dessous d'un triangle isocèle, dont la base s'appuie sur la première ligne; elle est cantonnée par quatre triangles rectangles isolés. N. de la R.

(2) Cette épitaphe est gravée sur une face d'un ossuaire carré en marbre, haut de 20 c. et large de 33 c. Elle est au millicu d'un carré en relief, haut de 16 c., large de 15 c. intérieurement et formé de deux pilastres à chapitaux empannelés, surmontés d'une arcade surbaisséc; à la 2o ligne, les lettres finales ES sont liées. N. de la R.

[blocks in formation]

Le dessin de ces six ossuaires est annexé à celle notice (5). Un autre coffret, en plomb, a été également trouvé au même endroit; il était de la même dimension que ceux en marbre, de peu d'épaisseur et soudé. Celui-ci était totalement caché dans le mur, mais toujours dans une niche (c'est celle n° 7 du croquis ci-joint du columbarium). Il renfermait aussi des ossements calcinés et ne possédait pas d'inscription.

On a rencontré également, dans cet édifice, un vase en terre cuite de 0m 25° de hauteur environ; il était privé d'anses et avait

(1) Coffret carré en marbre, haut de 20 c. et large de 31 c. Les lettres assez irrégulières, quant à la forme et aux dimensions, ont généralement 2 c.

Le bord supérieur étant brisé, le haut des lettres ...GIS IVB.., de la prcmière ligne, manque plus ou moins. Il faut lire Caelaelo, à la fin de la 1" ligne. N. de la R.

(2) Coffret carré en marbre, haut de 23 c. et large de 32 c. Les lettres ont 2 c.; l'épitaphe est dans un cadre en relief semblable à celui du no 2. Seulement, ce cadre est inscrit lui-même dans un encadrement carré, large de 3 c., les deux étant séparés par un intervalle creux de 4 c. 112. - N. de la R.

-

(3) Coffret carré en marbre, haut de 25 c. et large de 28 c.; les lettres ont 1 c. 112.

-

Les observations contenues dans cette note et les quatre précédentes sont rédigées d'après des estampages faits par M. Berbrugger. Note de la R. (4) Coffret carré en marbre de 0 m. 29 c. sur 0 m. 22 c., avec couvercle en plomb. Cet ossuaire est plat du côté de l'inscription et cylindrique d'ail· leurs. Les lettres hautes de 0 m. 04 c. sont élégamment tracées. — N. de la R.

(5) N'ayant pu être terminé à temps pour paraltre avec ce numéro, il sera adressé aux souscripteurs avec le 1" numéro de la 2' année. — N. de la R.

le col très-court et fort large. Maçonné en partie, il est tombé en morceaux lorsqu'on a voulu le tirer de sa niche (c'est une de celles du côté nord qui n'est pas représenté sur croquis).

Un tombeau en maçonnerie de briques carrées de 0m 30° environ, de côté, se trouvait adossé au mur de fond du columbarium et était surmonté d'un buste de jeune femme en marbre blanc, parfaitement conservé. Ce buste était tourné vers le sud, c'est-àdire vers la porte d'entrée de ce monument funéraire. Le tombeau renfermait des ossements encore passablement conservés ; et la tête, qui est actuellement disparue, possédait encore toutes ses dents.

Ce buste de femme et les six petites Coles dont il a été parlé plus haut ont été remises à l'administration par M. Riffard père, pour augmenter la collection des antiques du Musée de Cherchel. Ces objets précieux n'ont malheureusement jamais fait partie du Musée, et le buste est disparu de Cherchel depuis longtemps (1). L'hypogée était complètement rempli de terres d'alluvion.

Le dessin ci-joint ne représente pas le mur de fond de celle chambre, qui est le côté du nord. C'est par là que l'on a pénétré pour la déblayer.

La destination primitive de ce monument a bien changé !....... Ce paisible et vénéré tombeau, élevé par la piété et renfermant autrefois des restes chers et sacrés, est transformé aujourd'hui en unc étable infecte el inabordable.

Une espagnole, qui habite actuellement ia campagne Riffard, nous a fait cadeau d'une poterie à une anse, dont le dessin est ci-joint; il renfermait, nous a-t-elle affirmé, des ossements mélangés de terre, et avait été trouvé dans l'ex-colombarium par un de ses enfants: le contenu en avait été jeté au vent, el ce pot servait alors de récipient à un peu de chaux. Il fait aujourd'hui partie du Musée de Cherchel, où il augmente le nombre des objets trouvés dans le monument funéraire des affranchis de Juba le savant.

P. DE LHOTELLERIE,

Conservateur du Musée archéologique de Cherchel.

(1) Il se trouve dans la collection Costa, dont la ville de Constantine vient de faire l'acquisition. A propos de bustes, nous demanderons ce qu'est devenu celui dont le Journal des Débats du 23 juin 1844 annonçait la découverte, et qui était, selon cette feuille, le portrait d'un homme dans tout l'éclat de la virilité, dont le front est orné du bandeau royal. Il offre, » ajoute cette feuille, une évidente ressemblance avec celui qu'on voit sur les monnaies du fils de Juba 11, Ptolémée second et dernier roi de la › Mauritanie...? » Note de la R.

Nous ajouterons à l'intéressante communication de M. de Lhotellerie quelques développements, d'après nos observations personnelles et les estampages que nous avons pris nous-même. Il est essentiel de faire remarquer, d'abord, que M. Riffard a fourni les renseignements qu'on vient de lire cinq ans après la découverte, et qu'il n'est pas extraordinaire que ses souvenirs l'aient mal servi sur quelques points que nous aurons à rectifier.

Nous pouvons affirmer, par exemple, quant au no 3, qu'il n'a pas été trouvé en 1850 dans l'hypogée de la campagne Riffard; car nous l'avons copié en 1840 dans la grande mosquée, lors de la prise de possession de Cherchel. Il est certain d'ailleurs, qu'on n'a trouvé que cinq ossuaires dans cette chambre sépulcrale; et la preuve résulte du catalogue même du Musée local, dont nous possédons une copie. Nous voyons dans ce document, daté de 1853, qu'un os-uaire en plomb el quatre en marbre, dont un contenait des ossements carbonisés, mais assez intacts du reste, ont été trouvés dans un même tombeau et inscrits sous les nos 55, 56, 57, 58 et 59.

Le n° 6, figure dans le 3e volume (pl. 44, F. 10) du travail archéologique de M. Ravoisie, dont la publication a commencé en 1848 et s'est continuée les années suivantes. Mais il n'est pas nécessaire d'invoquer cette circonstance, et il suffit d'examiner les lettres de cette épigraphe pour demeurer convaincu qu'elle est d'une époque bien postérieure à celle des affranchis du roi Juba. Les éléments graphiques qui affectent généralement la forme rectiligne dans les épigraphes du premier siècle de notre ère, ont tous dans celle-ci ce type curviligne qui accuse des temps moins antiques.

Si C. Julius (V. n° 2) n'est pas le frère d'Aeschines du n° 1 -et nous le pensons, Aeschinis étant le génitif d'Aeschines el non d'Aeschinus, s'il n'est pas le frère d'un des affranchis du roi Juba, disons-nous, à quel titre se trouvait-il dans leur hypogée ainsi que Julia Faustilla, affranchie d'Hélène (V. no 4) et Titus Claudius le Zénatien ? Cependant, comme il n'y a rien ici dans l'aspect des caractères qui puisse leur faire refuser la haute antiquité des autres documents épigraphiques, nous n'élevons aucune objection contre l'attribution indiquée plus haut.

En somme, il n'y avait dans l'hypogée Riffard qu'un seul affranchi du roi Juba, celui dont voici l'épitaphe:

[merged small][merged small][ocr errors]

Les autres inscriptions peuvent se traduire ainsi :

No 2.

« Caius Julius Faustus, frère d'Eschinès. Il git ici..

No 3.

« A Caelaetus, affranchi du roi Juba. Il gît ici. ■

No 4.

• Julia Faustilla, affranchie d'Hélène. Elle git ici. »

No 5.

Titus Claudius, frère du Zénatien Claudius Chresimus. Il git ici.»

[ocr errors][merged small]

L'inscription du no 5 est remarquable en ce qu'elle prouve que le nom de Zenata était connu à l'époque romaine, bien qu'on le cherche vainement dans les écrivains grecs et latins. Nous avons communiqué cet document épigraphique à M. le baron de Slane, qui le cite dans le 4 volume de sa traduction d'Ebn Khaldoun, à la p. 575.

A. BERBRUGGER.

« PrécédentContinuer »