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étonné de la parfaite peréquation de surface à laquelle on était arrivé. Ceci deviendra très-sensible dans la petite carte dont sera accompagnée la note qui me fournit les détails généraux que

l'on vient de lire.

J'arrive enfin à la conclusion qu'exigent et de si longs détails et les recherches mêmes qui en sont l'objet.

J'ai mesuré les ruines de tous les établissements romains de la subdivision, suivant les trois dimensions de l'étendue, longueur, largeur et hauteur; j'ai jaugé à fond le matériel immeuble de cette occupation que les âges et la main de l'homme ont presque fini d'effacer. Si je l'ai fait, ce n'est pas dans le simple but d'achever quelques recherches d'archéologie, ce n'est pas seulement pour arpenter le terrain et mesurer des pierres, c'était pour interroger les restes du passé, pour dégager l'inconnu de questions restées insolubles jusqu'à présent et arriver à la vérité. De ces analyses minutieuses, voici ce qu'il ressort pour moi : c'est qu'après une lutte et une domination qui ont duré six siècles, les Romains n'étaient pas aussi solidement assis dans cette partie de la Mauritanie Césarienne qui représente la subdivision de Tlemsên, que nous après vingt ans, et que leur installation avait tout au plus le développement de la nôtre.

Veux-t-on savoir maintenant pourquoi la puissance de Rome finit par tomber sur ce sol où elle a paru à quelques écrivains si sulidement assise, c'est qu'elle repoussait la barbarie au lieu de l'absorber, ainsi que nous faisons; et qu'un jour qu'elle avait perdu de ses forces, celle-ci se resserra pour l'étouffer, comme fit le chêne du Crotoniate. Entre la civilisation moderne et la civilisation antique, il n'y a aucun rapport, quant aux destinées; l'une était sans cesse menacée par la sauvageric; contre l'autre, elle ne saurait jamais prévaloir, parce qu'à la différence de la première, elle assimile ou détruit sans espoir.

Qu'on cesse donc de rapprocher les âges modernes de l'antiquité et de nous promettre le sort de nos prédécesseurs, qui n'ont laissé de leur présence que des ruines éparses autour de nous. Je repousse toute espèce de parallèle de ce genre, parce qu'on ne saurait en établir sans violer la logique et mentir à l'histoire du progrès dans l'humanité!

O. MAC CARTHY.

İTINÉRAIRES ARCHÉOLOGIQUES EN TUNISIE. (Voir le n° 4 de la Revue africaine.)

Route du Kef à Tanis.

Les bonnes relations que j'avais eues avec le Kïaïa du Kef, Salah ben Mohammed, et avec son fils ainé, le Kaïmakan Farhat, s'altérèrent un peu à la fin de mon séjour, parce que ce dernier, ayant voulu me mêler à certaines intrigues politiques et administratives, avait essuyé un refus péremptoire de ma part. Il avait la singulière prétention de se faire nommer Bey de Constantine par le Gouvernement français et avait jeté les yeux sur moi pour l'aider dans cette poursuite. Le Caid ed Dokhan (fermier des tabacs) Haïm, honnête israélite à qui son emploi valait, disait-il, un revenu d'une trentaine de mille francs, avait été son intermédiaire dans celle absurde négociation où je ne pouvais l'aider en rien, quand je l'aurais voulu, et où je n'aurais pas voulu m'entremettre, quand j'aurais pu le faire avec efficacité.

La mauvaise humeur de mon hôte n'avait sans doute pas échappé à ses inférieurs; aussi les deux spahis qui avaient mission de me conduire à Tunis, ne croyant pas devoir se gêner, se firent attendre plusieurs heures et je ne pus me mettre en route que très-tard.

Je quittai le Kef, le 25 août, à 5 heures 40 minutes du soir. Au lieu de descendre dans la plaine, j'allai coucher dans les montagnes qu'on appelle Dir el Kef, un peu à gauche de la route de Tunis. HENCHIR EL AMMIR. A trois kilomètres Est du Kef, auprès de la source appeléc Ai. Qued el Ammir, je passai devant des ruines peu considérables.

Bordj Beurzig. Nous nous arrêtames, pour passer la nuit, à cette ferme qui est bâtic au milieu des débris d'une petite construction romaine. Elle se trouve à un kilomètre du point précédent. Il y a dans la cour une citerne considérable, profonde et qui, dit-on, s'étend très-loin.

HENCHIR EZ Zelzela.

A 6 kilomètres de là, la ruine du tremblement de terre, J. Vestiges de peu d'étendue au milieu desquels s'élève un pan de mur. Denx cents mètres plus loin, coule une petite fontaine.

HENCUIR KECHRIDA. Deux kilomètres au-delà, est la ruine des chênes Kerrouche. Elle s'étend à droite et à gauche de la route.

HENCHIR EL M'RACEL. La ruine du laveur. Quelques pierres taillées autour d'une fontaine qui est à un kilomètre du point précédent. Après cet endroit, on quitte le terrain pierreux et montueux qu'on a suivi depuis le Kef, et l'on marche dans une plaine ondulée.

HENCHIR BARA. Trois kilomètres au-delà, ruine romaine. peu considérable, autour d'une petite ferme entourée de gourbis. Un peu après ces vestiges, on aborde par Foum Kheng el Kedim (bouche du vieux défilé), pays de lions et de voleurs, une large plaine (Bheret Kaleukh), où débouchent plusieurs vallées. QUED TASSA. A 6 kilomètres d'Henchir Bara, et avant de traverser Oued Tassa : j'ai vu à gauche, et pour la première fois, la grande voie qui allait de Carthage aux frontières de la Numidie. Il en sera parlé amplement un peu plus bas.

--

Dans ce même endroit, il y a quelques pierres taillées sur un

lertre.

.....

A 600 mètres au-delà, sur un tertre à droite de la route, et sur deux autres à gauche, restes d'un petit établisscment romain.

.....

ment.

.....

A 100 mètres plus loin, restes d'autre petit établisse

Après un kilomètre et demi, petites ruines.

OUED EL LOUZ. (Rivière de l'amandier). A un kilomètre audelà, est un tombeau en pierres de taille, haut de 5 mètres sur 5 mètres de large; sa forme est celle d'un tétrapyle surmonté d'une coupole, et dont les piliers visibles seulement à l'intérieur sont enveloppés extérieurement par quatre parois également en pierres de taille. Sur la face septentrionale, on lit:

N° 19.

M. CORNELIVS RVFVS VIXIT AN. LXV ET

« Marcus Cornelius Rufus a vécu 65 ans, ct... .D

Les deux dernières lettres sont liées et précédées par un cœur ; l'inscription attend un complément qui se trouvait sans doute sur une autre face du monument.

Tout autour de ce tombean, il y a des ruines, surtout à l'Ouest. Leur ensemble donne l'idée d'une bourgade assez considérable. Elle commandait un passage. Les indigènes donnent souvent le nom de boutique de barbier aux petits monuments romains de cette forme.

Bordj Msaoudi, une des étapes de cette route, est à 150 mètres Sud du tombeau de Cornelius.

..... Environ 1,400 mètres au-delà, quelques pierres laillées un peu avant de déboucher dans la vallée de Garsa.

.....

500 mètres plus loin, beaucoup de pierres taillées sur un tertre à droite et sur un autre à gauche.

SIDI ABD REUBBOU. Après avoir laissé à droite Henchir Korib, ruines assez importantes dans le canton de ce nom, à l'angle des plaines de Garsa et de Gorfa, on arrive à des ruines considérables, au milieu desquelles s'élève la jolie Koubba de Sidi Abd Reubbou, à côté d'un jardin arrosé par une belle

source.

De magnifiques peupliers blancs, aussi gros que l'ancien platane de Bab-Azzoun, ombragent cette fontaine, à côté de laquelle sont les vestiges du nymphaeum romain. Une multitude de petits peupliers ont surgi autour des grands et rappellent les jeunes arbres qui entourent l'arbre de Sétif, et qui en sont autant de rejetons. A côté de la chapelle du Santon, est un joli jardin planté de figuiers ordinaires et de cactus.

Le développement de ces ruines m'a paru être d'environ 1,500 mètres. Elles sont limitées à l'Ouest et à l'Est par deux arcs de triomphe dont le dernier est le moins maltraité par le temps. J'ai trouvé parmi les pierres tombées au pied de ce monument, ce fragment d'inscription.

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A côté de cette inscription, est une pierre retournée, où j'ai senti des lettres avec le doigt; son poids ne m'a pas permis de remettre l'écriture en haut. C'est sans doute le complément du fragment qu'on vient de lire, et qui donne dans l'ethnique Mustitanis l'ancien nom de cette ville (Musti).

Bien que la moitié au moins de cette inscription manque, on voit, par ce qui subsiste, que celui à qui on doit ce monument

(1) Les lettres out 0 m. 09 c.; épaisseur de la pierre, 0 m. 15 c.; hanteur, 1 m. 66 c.; largeur, 0 m. 80 c.

l'avait élevé en accomplissement d'une promesse et par suite de son affection pour les gens de Musti.

Ces arcs de triomphe sont à une seule porte flanquée en avant et en arrière de deux plédestaux engagés, qui paraissent avoir supporté une statue. L'architecture en est assez ornée.

Dans la rue qui conduit d'un arc à l'autre, j'ai copié ces deux inscriptions:

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...VM. M...RIA LVCINA FLAM. ET E.FVLVIVS KASTVS FVL RI ANI...AE INFERIOR FILI EIVS CVM OB HONE... EIVS D RTVTIS DECVRIONIBVS ET EPVLIS CIVIBVS DATIS

Le n° 22, auquel manque le commencement des lignes, a 2 mètres de long sur 33 centimètres de large. Les lettres ont 8 centimètres.

La première partie de cette inscription de dédicace est à côté de celle qu'on vient de lire, mais retournée. Je n'avais pas les moyens de déplacer un monolithe de cette dimension.

Les ruines de Sidi Abd Reubbou, situées au pied d'un contrefort Sud du Djebel Sera, sont évidemment les restes de Musti. L'inscription n° 20, où on lit Mustitanis le fait supposer; le nom de Henchir Mest (2) que les Arabes donnent encore à ces débris, confirme cette hypothèse que la comparaison des distances indiquées dans les anciens itinéraires achève de mettre hors de doute.

L'arc de triomphe occidental de Musti n'offre plus que la base des pieds droits; la partic supéricure est écroulée. Les pieds droits de celui de l'Est s'élèvent encore à huit mètres. La largeur du monument est de sept mètres. Il est d'ordre dorique. A 1 kilomètre des ruines de Musti, et à environ 400 mètres sur la droite de la route, on aperçoit des ruines de médiocre étendue. La plaine est très-large en cet endroit.

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AIN M'ARS ALLAH. Cette fontaine de R'ars Allah, dont l'eau est excellente, coule entre des pierres taillées, au-dessous d'une carrière romaine qui est à environ 400 mètres du point précé

(1) Pierre haute de 0 m. 25 c., et large de 2 m.

(2) On appelle Mest. en Tunisie, des bas de cuir, espèce de boltes molles qui collent sur la jambe.

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