Images de page
PDF
ePub

Annuaire de la Société archéologique de Constantine. Nous continuons dans ce numéro l'examen de ce très-intéressant ouvrage (voir notre 3o no, p. 234 et suivantes).

Les auteurs de l'Annuaire disent à la fin de leur Introduction, datée du 5 novembre 1856: Nous n'avons eu d'autre ambition que de faire connaître des matériaux historiques dont le prin▪ cipal mérite est d'élre entièrement inédits. » Après cette déclaration, arrive l'Essai sur la littérature arabe au Soudan qui a déjà paru dans plusieurs journaux, puis l'article de M. Tissot sur l'Amphithéâtre d'El Djem que nous avons inséré dès le mois d'octobre dernier dans la Revue africaine.

Nous pourrions signaler encore dans ce volume d'autres communications qui ne sont pas plus inédites. Il y a là une contradiction trop flagrante pour qu'on puisse la passer sous silence.

Quant à l'Essai sur la littérature arabe au Soudan, nous nous référons pour l'appréciation de cette littérature à ce que M. de Slane en dit dans ce numéro, à la page 296, note 2.

Nous ne nous arrêterons pas non plus à l'article sur El Djem que nous avons publié les premiers. Cette insertion même témoigne du jugement favorable que nous en avions porté.

L'Exploration archéologique du Chettaba (1) par M. Cherbonneau est un travail plein d'intérêt et qui livre des matériaux vraiment neufs et importants aux études locales d'histoire et de géographie comparée. Il se décompose de quatre parties que nous allons examiner successivement.

1o La grotte dite RAR' EZ ZEMMA (Caverne des inscriptions). On savait depuis longtemps qu'elle renfermait de nombreux documents épigraphiques gravés sur le roc, mais on les avait classés parmi les monuments du christianisme. C'était une erreur que la publication faite par M. Cherbonneau dissipe complètement. Les 21 épigraphes qu'il a recueillies sont toutes de même nature et il suffira de rapporter celle-ci :

GDAS

LGABI

NIVSLV

STANVS

MAG.

P.

M. Cherbonneau y trouve ce texte :

Genio Domus Augustæ Sacrum!-L. Gabinus-Magister-Pagi.

(1) Montagne située auprès de Constantine, à l'Ouest.

Il fait remarquer avec raison qu'on peut expliquer de plusieurs inanières les abréviations de la première ligne et il rappelle que des personnes voient même un mot numide dans ces quatre lettres qu'aucun intervalle ou signe de ponctuation ne sépare. Quoi qu'il en soit, dans sa pensée cela veut dire :

« Monument au génie de la maison auguste! Lucius Gabinus Lusitanus étant maître du bourg. »

Ce bourg est celui des Phuenses dont les ruines et presque le nom se retrouvent à Aïn Foua, abondante fontaine des Oulad Rahmoun que l'on rencontre sur la route de Constantine à Sétif par les Abd en Nour, non loin du 38 kilomètre (?).

On voit que la partie incertaine dans l'interprétation est la première ligne. L'explication proposée par M. Cherbonneau est ingénieuse, mais elle laisse quelques doutes dans l'esprit.

2o AÏN-FOUA. Dans les ruines qui sont au-dessus de cette fontaine, M. Cherbonneau a recueilli beaucoup d'inscriptions parmi lesquelles en remarque quatre dédicaces dont trois offrent les mots Respublica Phuensium, ce qui établit la synonymie entre cet ancien établissement romain et le licu appelé Aïn-Foua. Ce sont-là d'importantes découvertes qui font honneur au savant professeur de Constantine.

30 AIN-KERMA. D'Aïn-Foua, on arrive à cet endroit, qui est sous Rar-Zemma, en doublant la pointe méridionale du mont Chettaba. La distance n'est que de six kilomètres. Les documents épigraphiques recueillis à Aïn-Kerma sont des épitaphes qui n'ont de remarquable que la répétition très-fréquente des noms de Sittius et de Sittia (1) et des exemples curieux de longévité. Ces dernières ont déjà été publiées dans divers journaux.

40 CHATEAU D'ARSACAL.- Nous ne mentionnons cette division du travail de M. Cherbonneau que pour mémoire, l'inscription principale qu'on y rencontre ayant déjà été insérée dans plusieurs feuilles et notamment dans le premier numéro de la Revue africaine, p. 69.

Après cet article, arrive une communication de M. Tissot, relative aux ruines de Sidi Medien, situées en Tunisie entre Krich el oued et

(1) Sittius, chef de partisans, qui avait rendu de grands services à César dans sa guerre contre les l'ompéiens, recut de lui en récompense la ville de Cirta, avec un territoire assez étendu. Sa famille paraît être restée dans le pays, à en jnger par ces nombreux Sittius et Sittia qui figurent dans l'épigraphie locale.

Medjez el Bab, sur un affluent de la Medjerda. M. Tissot voit dans ces ruines les restes de Colonia Vallis dont le nom se retrouve dans la liste des évêchés; cette synonymie est discutée par l'auteur avec cet esprit judicieux nourri de fortes études, qu'on a pu remarquer dans son travail sur la Byzacène, inséré au dernier numéro de la Revue africaine.

Dans une autre lettre, M. Tissot donne l'épitaphe d'un chevalier de Malte mort en 1554 à Mehedia, dont il commandait la citadelle.

Il joint à cet envoi, si curieux pour l'histoire des entreprises des chrétiens en Afrique, une note sur Bordj el' Arif (Château du Savant) monument sarrazin dont les ruines se voient à environ 4 kilomètres de Mehedia, à l'entrée de l'immense plaine qui s'étend jusqu'à El Djem.

Nous continuerons, dans le prochain numéro, l'examen de cet annuaire, dont la publication fait le plus grand honneur à la Société archéologique de Constantine.

Époques militaires de la Grande Kabilie, par M. A. Berbrugger (1). Cet ouvrage, que nous annoncions dans notre dernier numéro, est en vente depuis le commencement de mars. La presse locale en a rendu un compte favorable. Il est certain qu'autant que la chose est possible aujourd'hui, il comble une lacune bibliographique assez importante; car il résume toutes les notions qu'on pouvait rassembler sur une contrée aussi intéressante dans le passé que dans le présent. Ce volume, d'un format portatif et d'un prix très-modéré, deviendra le vade-mecum de toutes les personnes qui prendront part à la prochaine expédition en Kabilie, comme de toutes celles, et elles sont nombreuses, - qui s'intéressent aux résultats de cette grande entreprise.

-

Nolice sur le Sahara oriental, au point de vue de l'établissement des puits artésiens (2) par M. Ch. Laurent, ingénieur civil. Nous donnerons quelques extraits de cet intéressant travail dans notre prochain numéro.

POUR LA CHRONIQUE ET LE BULLETIN:
A. BERBRUGGER.

(1) Un volume petit in-8°, prix 2 fr., chez Bastide, libraire-éditeur à Alger.

(2) Brochure in-8°, de 72 pages, avec une carte de sondages géologiques, etc., Paris, chez Guiraudet et Jouaust, 388, rue Saint-Honoré.

Revue africaine, no 4.

20*

NOTES DIVERSES.

QUESTIONNAIRE DE GÉOLOGIE (1).

Les premières annales du monde sont écrites dans les couches terrestres, et la géologie qui étudie leurs révolutions se lie à la geographie et à l'histoire.

(CUVIER, Discours sur les révolutions du globe.)

L'écorce du globe présente deux grandes classes de terrains. d'origine différente :

1o Les terrains d'origine aqueuse;

2o Les terrains d'origine ignée.

Les terrains d'origine aqueuse sont ceux qui se sont déposés dans le sein des eaux soit douces, soit salées. Ils sont formés de sédiments déposés d'abord en couches régulières, sensiblement horizontales. Des mouvements du sol, postérieurs à l'époque du dépôt, ont parfois redressé ces couches et leur ont imprimé des inclinaisons qui peuvent varier de 0 à 90°. Dans une couche redressée, on distingue sa direction et son inclinaison.

La direction d'une couche est délerminée par l'intersection de la couche avec le plan horizontal du lieu où l'on se trouve; l'angle formé par cette direction avec la trace horizontale du méridien du lieu, sert à fixer sur le terrain la direction d'une couche. - On mesure cet angle avec une boussole quelconque; on place la ligne NS du limbe graduě, suivant la direction de la couche. L'aiguille aimantée se place alors dans le plan du méridien magnétique. Lorsqu'elle est au repos, on lit sur le limbe l'angle ACN compris entre la pointe Nord de l'aiguille aimantée et la ligne NS du limbe. Si la pointe Nord de l'aiguille fait un angle de 125° avec la ligne NS du limbe, on dira que la couche est dirigée du N 125° Em au S125° 0 m., ou plus simplement qu'elle est dirigée N 125° E m. Pour déterminer d'une manière complète la position d'une couche, il faut aussi faire connaitre

[ocr errors]

(1) L'épigraphe placée en tète de ce questionnaire nous dispense d'expliquer en quoi il se rattache au plan des études de la Société historique algérienne. N. de la R.

son inclinaison. A cet effet, il faut concevoir un plan perpendiculaire à la direction de la couche. Il tracera dans le plan horizontal et dans le plan de la couche deux lignes, qui comprendront entre elles l'angle d'inclinaison de la couche, c'est-à-dire l'angle que celle-ci fait avec le plan horizontal. - Les boussoles de géologue renferment ordinairement un petit pendule qui sert à déterminer cet angle; mais, faute de ce pendule, on arrive, avec un peu d'habitude, à évaluer à vue d'œil l'angle de pente d'une couche. On peut se servir, dans ce but, d'une canne que l'on tient verticalement à la main, devant soi.

Les terrains d'origine aqueuse ont été divisés par les géologues en plusieurs groupes, suivant leurs âges respectifs, c'est-à-dire suivant l'époque à laquelle ils se sont déposés à la surface du globe terrestre. On distingue ainsi, en allant de bas en haut :

1. Les terrains de transition;
2. Les terrains secondaires;

3. Les terrains tertiaires;
4. Les terrains quateruaires;

5. Les terrains alluviens.

Chacun des quatre premiers groupes est divisé lui-même en une série d'étages qu'il est inutile de mentionner ici.

Les terrains secondaire, tertiaire, quaternaire et alluvien paraissent constituer d'une manière générale le sol apparent de la province d'Alger. Les terrains de transition sont, au contraire, fort rares.

On a signalé aux environs d'Alger et au Fondouk et dans la Kabilie des roches qui présentent les caractères minéralogiques des roches des terrains de transition; ces caractères donnent aux terrains de transition une grande ressemblance avec les terrains d'origine ignée et c'est ce qui a valu aux précédents le nom de terrains de transition. Ceux-ci établissent, en effet, le passage entre les terrains d'origine ignée et les terrains d'origine aqueuse ou sédimentaire. Ils se sont déposés, les premiers, dans les mers qui étaient répandues sur l'écorce encore chaude du globe; de sorte que les couches les plus anciennes des terrains de transition ont un cachet de cristallinité très-prononcé. Les roches sédimentaires sont généralement formées de grès, d'argiles et de calcaires. Les grès sont des roches plus ou moins solides, composées de grains d'une nature quelconque réunis par un ciment d'une nature quel

« PrécédentContinuer »