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avec les femmes pour obtenir de voir les inscriptions qui étaient à l'entrée. On ne voulut pas me permettre d'aller plus loin. C'est une mine que je signale au savant explorateur de la Tunisie, à notre digne correspondant M. Tissot.

Pour terminer cette courte notice dont j'ai recueilli les matériaux pendant quatre jours passés au Kef, je vais donner les antres inscriptions que j'y ai copices.

Dans la cour d'une maison juive appuyée à Dar el Kous, sur deux pierres en forme d'autel, dont les moulures sont fort travaillées et dont les côtés présentent des amphores et des patères :

N° 12.

D. M. S.
SEX. LAETV

HONORAT
VS TERMIN

MVS HON.
EQVI.R VIXIT

ANNIS LXV
V. ORNATVS

H. S. E.

N° 13.

D. M. S.
Q. MVSSIVS

VICTOR
POPILIANVS

...BEBIVS
VIXIT ANNIS

(H. S. E.

Sur une pierre en forme d'autel, dans une maison où il y a des restes de constructions antiques :

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Sous la voûte d'une des portes de la ville, après plusieurs lignes frustes :

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(1) Au dernier mot de la 2 ligne, les lettres ET sont liées.

(2) Il est assez probable que la porte actuelle est une reconstruction moderne de la porte neuve romaine dont il est question ici.

Dans une muraille extérieure de maison:

N" 16.

Q. OCTAVIO RVFO FRV
GIANO EQVIT. R. FL. PP. E. V.
PATRIQ. OCTAVI FORTV
NATI FRVGIANI STELLAT
STRATONIANICI

L. SALLVSTIVS SATVRNINVS
OMNIBVS HONORIBVS FVNCTVS
IVSTO VIRO OB NOTISSI
MAM OMNIBVS IN SE BONI

TATEM QVA IN PERPETV

VM EST RESERVATVS

Il n'avait été donné jusqu'ici que des copies incomplètes ou fautives de cette inscription qui, placée à l'envers et à demienterrée, n'est pas d'une lecture facile.

Le texte que je viens de donner admet cette traduction :

• A Quintus Octavius Rufus Frugianus, chevalier romain, sla• mine perpétuel, homme très-éminent, père d'Octavius Fortuna⚫tus, de la tribu Stellatina, et surnommé Stratonianicus; — Lu>> cius Sallustius Saturninus, qui a passé par la série des fonctions » municipales, à l'homme juste et à cause de sa bienveillance très» connue envers tous et pour laquelle son souvenir sera éternel. Sous le porche de la maison de Si Farhat, fils du Kïaïa du Kef:

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J'ai eu le regret de ne pouvoir visiter Henchir Bordj et Teurki qui se trouve dans la plaine au sud du Kef, et qu'on dit être une ruine considérable.

(A suivre.)

A. BERBRUGGER.

LES RIR'A DE LA SUBDIVISION DE MILIANA.

L'origine de la tribu des Rir'a se perd dans la nuit des temps. Il est difficile de reconstituer son passé, d'après les légendes qui ont cours dans la tribu. Toutefois, il paraît certain que les Rir'a n'ont pas une origine purement berbère, mais qu'ils sont une tribu formée de diverses émigrations. On connait des Rir'a qui assurent descendre des Trara, d'autres des Akerma (1), d'autres, enfin, qui prétendent tirer leur origine d'une tribu appelée Kouarcha, située dans le Maroc. Il est possible que les uns et les autres aient raison et que les Rir'a, regardés comme Kabiles aujourd'hui, ne soient qu'un composé d'éléments divers. Les Rir'a de la subdivision de Médéa sont frères de ceux de Miliana, dont certaines discordes intestines les ont séparés, il y a plusieurs siècles. Il serait difficile aussi de rattacher les Rir'a d'aujourd'hui à ceux dont parle Eben-Khaldoun et qui formaient une ramification des Sedoufkich (2).

La tribu des Rir'a, qui est maîtresse de la route de Miliana à Alger, jouissait autrefois d'une très-grande influence. Ses luttes. acharnées contre tous ses voisins réunis, Beni Menasser, Beni Menad, Bou Halouan, Hachem et gens de Miliana, prouvent qu'elle était puissante.

Elle subissait avec peine le joug du gouvernement qui nous a précédé et cherchait sans cesse à le secouer. Dans un état permanent d'hostilité contre l'oppression turque, elle avait souvent recours aux armes pour maintenir ou reconquérir son indépendance. A la suite d'actes d'insoumission de cette nature, la tribu entière, cernée dans la plaine du Chélif, près d'Aïn es Soltan, fut enlevée, il y a environ 40 ans, et transplantée dans la province d'Oran.

Vers 1830, pendant que notre marine bloquait le port d'Alger, les Rir'a vendirent leurs troupeaux, réalisèrent tout ce qu'ils purent en argent, afin de quitter la terre d'exil. Alors, ils curent à repousser les populations de l'ouest, notamment les Oulad Hamien, qui se ruèrent sur eux; ils coururent d'innombrables dangers. Ceux qui s'embarquèrent sur les navires loués par Hassan, bey de l'Ouest, arrivèrent à Cherchel sans encombre; mais un

(1) Traduction d'Ibn Khaldoun par M. le baron de Slane, pages 91, 97, 102, tome 1".

(2) Idem, p. 293 et 294, tome 1".

grand nombre, obligés d'aller par terre, furent complètement dépouillés en route; tous cependant mirent le pied sur leur terre promise.

Après avoir établi ces faits généraux, je laisse parler Saïd ben Abd Allah ben Kouchih, l'un des grands de la tribu. Comme tous les siens, il accuse les Turcs d'avoir agi traîtreusement envers les Rir'a. Voici, du reste, ce qu'il raconte :

"Nos alliés étaient les Beni Ferah, les Chenoua, les Soumata, les Djendel, les Matmata, les Beni Zougzoug, les Attaf et les Beni Romerian.

. Nous avions pour ennemis les Turcs d'abord, puis les Beni Menad, les Beni Menasser, les Bou Halouan, les Hachem et les gens de Miliana. Mais les Beni Menad, Beni Menasser et Bou Halouan, ainsi que les Soumata, les Beni Ferah et nous-mêmes, nous n'avions point plié sous le joug des Turcs: nous ne subissions aucune corvée pour eux; nous ne leur payions aucun impôt.

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Cependant, nous jouissions de l'aman et, tous les vendredis, nous allions au marché de la ville de Miliana, qui, alors, était très-bien garnie de troupes.

» Or, un vendredi, à l'époque où Si Kouïder bel Medjedoub nous commandait, les Rir'a s'étaient rendus en grand nombre au marché. Mon père, qui était grand ami du Hakem, fut mandé près de lui en toute håte.

"

• O Abd Allah, lui dit le Hakem, je ne suis plus maître de la Djema. Elle a résolu de frapper les tiens trattreusement; elle » va faire massacrer tous ceux d'entre vous qui sont aujourd'hui dans les murs de la ville. Fuyez !»

» Mon père court avertir les Rir'a. Aussitôt nous prenons tous la fuite, abandonnant bœufs, moutons, chèvres et toutes les denrées que nous étions venus vendre. Nous sortons par El Bab ech Chergui; des coups de fusil se font entendre; six des nôtres tombent sans vie; sept autres sont blessés. Les Coulouglis s'étaient déjà embusqués derrière les haies des jardins et, avec la plus infame perfidie, tiraient sur nous qui étions sans armes. Un de nos frères, Moussa, qui existe encore et que tu peux questionner, fut fait prisonnier. Nous fùmes poursuivis jusqu'à El Hammama.

» Cependant nous avions emporté nos morts. Le samedi matin, pendant que nous les enterrions, des cris retentissent dans nos montagnes. Nous voyons nos ennemis de la veille s'avancer avec leurs étendards, se répandre dans nos douars et allumer l'incendie dans nos gourbis et nos tentes. Nous nous élançons à

leur rencontre et parvenons à les repousser. Pendant la nuit, cinq de nos frères délivrent Moussa.

Il y eut des morts de part et d'autre.

Les Beldia (1) se rendirent à Alger auprès du sultan Omar Pacha, et, lui montrant les effets ensanglantés de ceux qui avaient succombé dans le combat, ils lui dirent: Vois! nous avons » donné l'aman aux Rir'a, et ils y répondent par la trahison. »

» Omar Pacha, d'autant plus ému et indigné que l'une de ses femmes résidait à Miliana (2), envoya l'ordre au bey de l'Ouest, Ali, au bey de Médéa, Moustafa Bou Mezrag, et au Khodja d'Alger (3) de marcher contre nous. Ils nous accordèrent l'aman et nous firent descendre à Aïn es Soltan. Cultivez ces terres, ⚫ nous dirent-ils, les montagnes seront néanmoins toujours à » vous, et vous faites dorénavant partie du makhzen. ♦

Les beys voulurent tendre le même piège aux Beni Menad; mais ceux-ci résistèrent par les armes et ces chefs furent impuissants contre eux.

Après deux nuits passées à Aïn es Soltan, nous fùmes expulsés des contrées de nos pères et dirigés sur Oran.

• Nous étions au cœur de l'hiver; les grandes pluies tombaient sur nous; les provisions nous manquaient à nous et à nos animaux, par suite du désordre des combats des jours précédents; ruinés par l'incendie, arrachés subitement du sol de nos aïcux, nous avions perdu tous nos effets, et c'est à peine vêtus qu'il nous fallut subir le froid, la faim, les fatigues d'une longue route et chercher en nous des forces contre l'abattement du désespoir. Combien de uos frères avons-nous enterrés pendant cette marche pénible! Si'l Medjedoub ben Mohammed ben Yahya, père de Si'l Mokhtar, notre caïd actuel, montra, dans ces circonstances, le plus grand dévouement et déploya toute l'activité possible pour soutenir le moral de nos frères. Quelques-uns de nous, pendant notre pérégrination, parvinrent à trouver asile dans les tribus que nous avions à traverser et s'y fixèrent.

. Enfin nous arrivâmes à Arzéou (Arzeu), réduits de près de

(1) Gens de la ville.

(2) On sait que le fils d'Omar Pacha, ex-agha des Beni Zougzoug, continue à demeurer à Miliana, depuis qu'il a donné sa démission.

(3) A cette époque, le Khodja savait écrire et combattre. Il avait une très-grande influence.

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