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Il n'y a aucune séparation de mols ni aucun signe de ponctuation dans cette épitaphe dont nous allons essayer de rétablir le texte un peu altéré par le lapicide ou par le copiste :

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qui vixit essit

Deo maximo sanctissimo Mesuleolus Resus Ponponius minus XLI f. e. precessit — in pace Domini el disc

annis plus septimo calen

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‹ Au Dieu très-grand, très-saint! Mesuleolus Resus Ponponius, qul a vécu 41 ans, plus ou moins, a précédé son fils (?) dans la paix du Seigneur, et est mort le sept des calendes d'août (26 juillet) de l'année provinciale C...... V>

Cette inscription, évidemment chrétienne, ne laisse aucun doute sur le sens particulier que les chrétiens donnaient aux lettres D. M. S. abréviation de Dis manibus sacrum, quand ils les employaient sur leurs sépultures. Voir à ce sujet le no 3 de la Revue africaine, p. 221.

Il ne reste que le premier et le dernier chiffre de la date provinciale qui devait se composer de six caractères, en supposant que le copiste ait reproduit fidèlement les distances relatives.

Cette épitaphe est gravée sur une plaque de marbre haute de 0,33 et large de 0,42. La forme des lettres est grossière et on a vu que l'orthographe est assez négligée.

Outre ces documents épigraphiques, on a trouvé dans les ruines de Timici (Aïn Temouchent) les objets suivants :

1o Une statuette en bronze haute de six centimètres. La tête et l'avant-bras gauche manquent. Le personnage est nu, sauf aux épaules où l'on aperçoit entre le bras gauche et le corps une amorce de manteau court ou chlamyde dont une extrémité descend au-dessous de l'enfourchure.

2o Une des deux pièces d'un moulin à bras, celle qui était fixe et portait sur le sol.

3° Quatre vases de ménage en argile.

4o Deux petites lampes funéraires à becs simples. Sur l'une d'elles, on voit un poisson, emblême essentiellement chrétien; sur l'autre, on remarque un animal en course qui peut être aussi bien un mouton qu'un chien.

Nous ignorons si d'autres objets ont été découverts à Temouchent et même si ceux que nous venons de décrire s'y trouvent encore. Ce doute nous fournit l'occasion de renouveler le vœu qu'un lieu de dépôt soit enfin créé à Oran pour recevoir les antiquités de la province.

Nous ne terminerons pas cet article sans signaler une erreur assez grave du savant auteur de l'Africa christiana.

Après avoir rappelé que la localité qui nous occupe est appelée • Oppidum Timici dans Pline, et Timice par Ptolémée; après avoir cité les deux seuls évêques timicitains dont les noms soient parvenus jusqu'à nous, Morcelli ajoute (T. I, p. 325): Legioni Augustae tertiae inter alia adtributum fuisse Ptolomaeus idem significat (L. 4, C. 3).

Il résulterait de ce passage que Timici appartenait à la circonscription militaire de la 3e légion romaine dont le chef-lieu se trouvait en Numidie, à Lambèse, au Sud de Constantine. Cela paraît d'autant plus extraordinaire que la Mauritanie a eu sa légion spéciale, la 2e qui avait son siège à Cartennae (Ténès).

En étudiant le chapitre consacré par Ptolémée à la 3o légion impériale, on trouve, en effet, Timica dont le nom est presque identique à Timici. Mais cette mention, placée dans une liste de positions indiquées entre la ville de Thabraca et le fleuve Bagrada, appartient évidemment à un lieu situé sur les frontières d'Alger et de Tunis et n'a, par conséquent, aucun rapport avec l'établissement romain dont les ruines sont aujourd'hui connues sous le nom d'Ain Temouchent.

A. BERBRUGGER.

NOTICE sur une Tête- en marbre diadêmée,

Trouvée dans les ruines des Thermes occidentaux de Julia Cæsarea.

Une tête imberbe, diadêméc, un peu supérieure à la grandeur naturelle et d'une exécution fort remarquable, a été exhumée, le 9 octobre dernier, sur les huit heures du matin, de la salle de bains des Thermes occidentaux de Césarée de Mauritanie. Il est regrettable que cette tête ait le nez et le menton martelés.

Ce beau vestige de l'antiquité ne peut appartenir qu'au commencement du Haut-Empire; or, si cette tête diadêmée est celle d'un souverain, ce n'est certes pas celle d'un empereur romain, car, à cette époque, les maîtres du monde étaient représentés, sur les médailles, du moins, avec la tête nue, laurée ou radiée.

Mais si on ne retrouve pas, dans cette tête, les traits d'un empereur, j'y vois ceux de Juba II, le fondateur de Julia Cæsarea.

Pour appuyer mon dire, j'ai comparé cette tête avec beaucoup de médailles de ce souverain, et, sans oser, toutefois, affirmer que c'est bien elle, je crois être parfaitement dans le vrai (1).

J'hésitais beaucoup à me prononcer dès les premiers jours de cette importante trouvaille; mais un objet, rencontré quelques jours après, est venu confirmer mon opinion: je veux parler d'une massue qui a été déterrée des fouilles, le 11 octobre écoulé (2).

Les nœuds du bois et l'écorce sont figurés sur cette massue qui a été rencontrée à environ un mètre de distance de la tête qui fait l'objet de cette notice. On y remarque le bout d'une bandelette ou plutôt l'extrémité de l'attache d'un diadême.

En effet, Juba II avait la fantaisie de se faire représenter comme Hercule, quelquefois sans, quelquefois avec la peau du lion (3).

(1) Nous avons sous les yeux un assez grand nombre de médailles de Juba 11: elles offrent des têtes assez diverses, de sorte que, sans la légende, on ne croirait pas qu'elles appartiennent au même personnage. Ce ne sont pas seulement des différences d'âge qu'on y remarque, mais des différences de type fondamental très-caractérisées. N. de la R.

(2) Le Musée d'Alger possède une tête de massue en marbre provenant de Cherchel. N. de la R.

(3) Les Africains croyaient que Juba II descendait de l'Hercule de Libye, qui avait épousé la veuve d'Antée et en avait eu Sophax, de qui était issu Diodorus qui fut roi de Mauritanie. Juba ne faisait donc qu'accepter une croyance populaire. N. de la R.

Plus tard, Commode et Maximien-Hercule eurent aussi cette manie.

Le roi de Mauritanie est souvent représenté avec l'arme du dieu aux douze travaux sur l'épaule gauche, et sa tête, quand elle n'est pas coiffée de la peau du lion (ce qui n'est pas très-commun, du reste), est presque toujours diadêmée, rarement nue et jamais laurée ni radiée (1).

La tête dont il est parlé plus haut porte un si grand caractère de majesté qu'elle inspire le respect. Cette expression puissante a été, du reste, savamment ménagée par les statuaires grecs. La seule inspection du front de cette figure royale frappe, et on y reconnait la grandeur, la sagesse, la dignité, le génie et la fermeté qui devaient être échus en partage au protégé d'Auguste, au civilisateur des Maures turbulents et des Gétules indomptés.

Cette statue, dont le marbre est blanc et africain, pouvait avoir un peu plus de deux mètres de hauteur.

Par une heureuse combinaison de l'artiste qui a exécuté ce chef-d'œuvre et qui a su profiter d'un ton favorable purement accidentel, la teinte du visage est rosée, surtout quand on le mouille ou que le temps est chargé d'humidité.

Au lieu d'employer du statuaire qu'il eût fallu, sans doute, emprunter à l'étranger, Juba aura voulu que son image fût représentée dans un bloc de marbre tiré du pays de ses pères.

C'est un artiste hors ligne qui nous a laissé les traits de ce prince allié du peuple-roi. Le fini du travail et la pureté des lignes l'indiquent surabondamment.

P. DE LHOTELLERIE,

Conservateur du Musée archéologique de Cherchel.

(1) Ici M. de Lhotellerie cite un grand nombre de médailles qui établis⚫ sent que Juba Il prenait les attributs d'Hercule, fait dont nous avons indiqué la cause à la note précédente et qui est depuis longtemps acquis à l'histoire. N. de la R.

NUMIDIE CENTRALE.

NOTES ARCHÉOLOGIQUES RECUEILLIES PAR M. L'ABBÉ GODARD.

M. l'abbé Godard nous a adressé 41 inscriptions et quelques notes archéologiques qu'il a recueillies à 'Aïn Drea, à Tifèche, à Mdaourouche (Madaura), à Tahoura (Tagora?), à Souk Harras (Thagaste) et à Khemissa (Tipasa de l'Est). Ce terrain, situé au Sud de Bône, entre Constantine et la frontière de Tunis, forme le cœur de la Numidie (1); il n'a guère été vu qu'en passant et attend encore une exploration suivie faite avec tous les moyens d'action nécessaires pour obtenir des résultats sérieux et complets.

Nous avons sous les yeux un exemplaire du tirage à part fait, en 1856, d'un article inséré dans la Revue archéologique par M. le commandant de La Mare. Ce savant y reproduit un travail d'exploration fait à Khemissa, en juin 1843, par le chef d'escadron d'artillerie Mitrecé. La richesse épigraphique de cette localité est telle que parmi les inscriptions que M. l'abbé Godard y a copiées, deux seulement se retrouvent dans la brochure du commandant de La Mare. Il en est ainsi des autres endroits visités par notre voyageur.

Avant de donner les inscriptions recueillies par cet honorable correspondant, il est utile d'indiquer son itinéraire et de décrire ses points d'observation.

Cet itinéraire commence à Tifèche, à dix kilomètres en arrière de Khemissa, c'est-à-dire à 110 kilomètres au Sud de Bône et 124 à l'Est de Constantine. Il se dirige ensuite dans l'Est-SudEst sur Mdaourouche avec 22 kilomètres, puis remontant vers la côte, il rencontre Tahoura à 20 kilomètres. A huit kilomètres plus au nord, il arrive à Souk Harras, puis se termine à 20 kilomètres de là dans l'Est, à Khemissa, c'est-à-dire à 10 kilomètres au Nord de son point de départ.

Les détails que nous allons donner sur chacun des endroits visités par notre voyageur sont empruntés surtout au Journal de Marche de la colonne expéditionnaire dirigée sur ces divers points

(1) La partie du travail de M. l'abbé Godard, relative à Souk Harras, l'ancienne Thagaste, a été donnée dans notre 3 numéro, pages 204 à 206.

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