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- Un trésor à Matifou. Pour comprendre le récit que nous allons faire et même pour pouvoir admettre qu'il ait été fait sérieusement, il faut savoir d'abord que les Indigènes s'intéressent beaucoup aux ruines romaines, mais à leur manière. Ce n'est pas l'amour de l'antiquité ni le désir d'exhumer quelques lambeaux des anciennes annales des peuples, qui les poussent à s'en occuper; c'est tout simplement l'auri sacra fames! Ils supposent que ces ruines renferment des trésors qu'il est possible de trouver par des procédés magiques dont les taleb Marocains ont surtout le secret. Nous avons sous les yeux quelques-unes des notes manuscrites arabes où se trouvent indiqués ces précieux gisements; en voici un échantillon:

⚫ Dans un endroit appelé Hamza, il y a une ruine qu'on nomme • Ar'bal, au milieu de laquelle est une mosquée et dans cette mos⚫quée une colonne rouge et dans cette colonne il y a trois trous. » A partir des trois trous jusqu'au sommet, comptez trois empans: ⚫en frappant là avec un instrument, vous casserez une pierre remplie d'or. >

Guidés par des renseignements de cette nature, un Marocain et trois Indigènes d'Alger se rendirent, il y a deux mois environ, dans les ruines de Rusgunia, au cap Matifou. Voici ce que l'un d'eux a raconté à un de nos collègues sur leur excursion archéologicomagique :

Nous avons trouvé sur le bord de la mer l'entrée d'un sou⚫ terrain à l'endroit indiqué par nos renseignements; après avoir ■ brûlé des parfums, selon l'usage, nous avons pénétré dans un › caveau en pierre, qui nous a conduits dans un autre, de mème > construction, et de celui-ci dans un troisième également maçonné. Là, nous avons aperçu trois bassins: l'un était rempli de mercure, le second contenait de l'eau bouillante et le troisième était plein, jusqu'à la margelle, de pièces d'or plus larges que ⚫ des douros. Au-dessus de ce dernier, pendait une longue épée ⚫nue, par un fil tellement fin qu'il était presque invisible à l'œil. Après avoir fait les conjurations et les fumigations obligatoires, ⚫le maugrebin voulut prendre des pièces d'or, mais le bassin à l'eau bouillante lui lança des jets d'eau en si grande abondance ⚫ qu'il fut affreusement échaudé et se trouve encore aujourd'hui » forcé de garder la chambre en attendant la guérison. •

Croyant avoir trouvé la formalité essentielle qui avait dû être

omise la première fois, les compagnons du Marocain firent une deuxième tentative; mais au moment où ils allaient mettre la main dans le bassin aux pièces d'or, une rivière profonde surgit tout à coup et se mit à couler entre eux et le trésor.

Après avoir mûrement réfléchi sur ce double échec, nos gens ont pensé que la présence d'un chrétien était indispensable pour le succès de l'opération; et ils se sont adressés à un de nos collègues, par l'intermédiaire d'un coulougli d'Alger, lesieur Dahmanben-Tchikikoun-el-Boumbadji. Notre collègue, comme on le pense bien, a eu la modestie de refuser la direction d'une entreprise où un habile magicien du Maroc n'a réussi qu'à se faire rudement échauder.

-DELLIS.-M. Raoul, adjoint de 1re classe à l'Intendance militaire, un de nos correspondants de Dellis, nous adresse quelques observations sur l'inscription copiée dans les ruines de Chorfa et dont un fragment a été publié dans le journal la Colonisation (V. le 2 numéro de la Revue, page 146). M. Jules Barbier nous ayant promis d'en adresser prochainement un estainpage à la Société, nous attendrons d'avoir cette pièce essentielle du procès sous les yeux, avant de traiter la question de géographie comparée qui s'y rattache. Quand ce moment sera venu, nous publicrons les observations de notre honorable correspondant.

-COLLO. M. Cermeix, inspecteur des bâtiments civils à Philippeville, nous adresse le renseignement que voici:

Je viens d'être informé par un de nos plus actifs chercheurs de médailles, arabe d'origine, qu'il existe, à quelques kilomètres de Collo, des ruines importantes, dans lesquelles il prétend avoir remarqué de grandes caisses, dit-il, en marbre, avec bas-reliefs et inscriptions, plus un certain nombre de bustes et têtes.

Votre amour d'antiquaire pour tous ces objets d'art vous portera, sans doute, à recevoir ces renseignements avec plaisir, et si vous tenez à en avoir de plus précis, veuillez m'en instruire, je le questionnerai et vous rendrai compte de tout ce qu'il m'aura été possible d'en obtenir, jusqu'à ce qu'un voyage sur les lieux nous ait tous éclairés sur leur exactitude. Recevez, etc.

V. GERMEIX.

Nous remercions beaucoup M. Germeix pour cette communica

tion et nous le prions instamment de donner suite à son enquête, et de demander à l'indigène le nom du licu, avec toutes les circonstances de gisement, l'étendue approximative des ruines, leur nature; en un mot, toutes les indications qui peuvent fixer. sur leur importance.

-PARIS. Un de nos correspondants de la Métropole, M. Louis Piesse, à qui nous devons déjà plusieurs plans el vues ayant trait à l'Algérie (V. le no 1er de la Revue, p. 66), nous adresse nn nouvel euvoi, ainsi composé :

10 Fac-simile d'un plan sans date, œuvre grossière du 16e siècle. Il représente Alger au moment d'une attaque par terre et par mer. Les aigles qu'on remarque sur les enseignes des troupes espagnoles indiquent qu'il se rapporte à la désastreuse expédition de Charles-Quint en octobre 1541. La légende est en italien. On y lit Porte Barbaso, pour Bab Azzoun, sans doute; mais celle-ci est placée, par erreur, à l'Occident. Ce plan, quand il aura été bien étudié, pourra fournir quelques renseignements curieux sur l'ancienne topographie d'Alger.

2o Croquis à la plume représentant Oran et la disposition des troupes turques, lors du siège qu'elles fircnt de cette ville en 1707. La légende complète celle d'un premier plan d'Oran dont nous avons déjà parlé au 1er numéro.

Nous devons remercier bien vivement M. Piesse pour ce deuxième et très-intéressant envoi. Les historiens de la période turque sont souvent inintelligibles, faute de plans et cartes contemporains, quand ils décrivent les attaques maritimes faites, à diverses époques, par les nations européennes. Les recherches entreprises par M. Piesse et poursuivies si heureusement, combleront donc, sous ce rapport, une très-fâcheuse lacune.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

Ruines romaines sur les hauts plateaux.

Dans un trèsintéressant feuilleton que M. le docteur Leclerc a publié dans la Gazette médicale de l'Algérie (no du 30 janvier 1857), sur les oasis de la province d'Oran, nous remarquons qu'entre Mascara et Saïda l'auteur ne signale de ruines romaines qu'à Draa-er-Remal, à 20 kilomètres environ de Ouizert. Là, dit-il, dans une tente, se » voit une inscription latine dont la présence semblerait indiquer que ce canton, ou du moins la banlieue, était plus habité sous les Romains qu'aujourd'hui. Ce n'est, du reste, qu'un » tronçon sur lequel on peut déchiffrer seulement ces quelques ⚫ mots :

.TRIB. POT. COS. PROCOS..

La suite de ce feuilleton nous fera connaître, sans doute, si la limite des établissements romains au Sud, limite qui indique celle de leur domination, est, comme on l'a observé dans les deux autres provinces, le bord septentrional du Sahara.

Souvenirs d'Afrique. Le n° de décembre 1856 de la Revue d'Orient contient, sous ce titre, un article qui se rapporte surtout à la dernière expédition dans la Grande Kabylie, cette contrée qui fait aujourd'hui les frais de toutes les conversations et est en possession d'exciter toutes les curiosités. Partageant à cel égard la préoccupation générale, nous nous sommes empressé de lire les Souvenirs d'Afrique, et voici un échantillon de ce que nous y avons trouvé :

De là, nous sommes allés à la Maison-Carrée, ancien bordj turc qui commande la plaine de l'Arba et qui est assis sur la rive droite et près de l'embouchure de l'Harrache, torrent impétueux qui descend du Jurjura et traverse l'Arba, plaine qui sépare la Métidja du Fondouk, qui lui-même s'avance dans la » direction du cap Matifoux..

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C'est tout à fait arbitrairement que l'auteur enrichit la topographie des environs d'Alger d'une plaine de l'Arba. On connait une

commune de ce nom, qui fait partie de la Mitidja, laquelle s'étend nous sommes honteux d'avoir à le rappeler - depuis Marengo jusqu'au delà du Fondouk.

Nous ne pouvons pas admettre non plus que l'Harrache descende du Jurjura. Nous n'entreprendrons pas de dire pourquoi, de peur que le lecteur ne suppose que nous voulons nous moquer de lui. Nous nous contenterons de renvoyer à la carte de la province.

On lit ailleurs :

... la route d'Alger à Delhis qui a été exécutée par nos soldats, el que protège, dans ces régions encore inoccupées par les Européens, le petit fort d'Azib Ammoun (azib, esclave)..

Nous ferons remarquer que le véritable nom du fort dont il s'agil, ou, pour mieux dire, du caravansèrail, cst Azib ben Zamoum. Nous ajouterons qu'Azib ne veut pas dire esclave et que l'auteur confond sans doute ce mot avec 'abid, qui, en effet, a cette signification.

Nous avons lu jadis, du même auteur, des articles intéressants, remplis d'observations vraies, rendues avec exactitude. Nous supposons qu'alors il parlait de choses qu'il avait eu le temps. d'étudier.

On ne saurait trop l'engager à revenir à ce système, le seul qui ait puissance de produire des œuvres rationnelles et fécondes.

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« Des ruines considérables viennent d'être découvertes vers le milieu du lac Fezzara, par les conducteurs des ponts-ct-chaussécs, chargés d'y faire des sondages. Elles sont en pierres de taille et voisines d'une puissante source dont les eaux recueillies à la surface du lac sont bonnes à boire. Cette découverte éclaire un problème historique vainement discuté jusqu'à ce jour.

. Les géographes grecs et romains, non plus que les anciens itinéraires, ne font aucune mention de ce lac. Saint Augustin luimême, évêque d'Hippone, à quelques licues de là, n'y fait aucunc allusion. Parmi les auteurs arabes, Bekri est le seul qui, sans le nommer, l'indique assez clairement pour qu'on ne puisse le méconnaître: il dit qu'il abonde en gros poissons et qu'il est fréquenté par un oiseau, auquel il donne le nom de kaïkel, • oiseau singulier par son industrie de faire des nids flottants..

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